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Le système nerveux central est une sorte de « vallée des rois », explorée depuis plus d'un siècle par des fouilleurs superbement qualifiés, comme Deiters, Kölliker, Golgi, Ramon y Cajal, Van Gehuchten, Nissl, Marchi et tant d'autres. Ils ont exhumé de ce chaos, de troublants hieroglyphes, dont la lecture parfois ardue a livré à l'anatomie, à la physiologie, à la neuropathologie, des documents d'une inestimable valeur. Ils sont parvenus, les initiés savent au prix de quel labeur patient, à posséder la clef des secrets que gardaient les momies embaumées de leurs millions de coupes microscopiques. Ils ont révélé dans le système nerveux l'existence d'un seul pouvoir, d'une seule hiérarchie, d'une dynastie neuronique unique à laquelle sont soumises toutes les autres fonctions de l'organisme. Le système nerveux est un. Ils ont mis en pleine lumière cette notion si simple que la structure du système nerveux, en apparence si complexe, peut se ramener en dernière analyse au schéma élémentaire de la superposition et de l'enchevêtrement d'un nombre plus ou moins considérable d'arcs nerveux réflexes, passant tous par le névraxe, moelle épinière et encéphale.

Ceux-ci constituent donc le centre nerveux unique où aboutissent et d'où partent les fibres de nature végétative aussi bien que celles de nature animale. La chaîne sympathique n'est pas un centre nerveux, elle ne constitue pas la partie centrale du système nerveux végétatif ; elle est déchue de ce rôle, que pendant des siècles on lui avait attribué.

Mais n'anticipons pas, tâchons d'abord de définir l'objet de nos études en précisant, si possible, ce qu'il faut entendre par système nerveux végétatif.

Dès ce premier pas nous nous heurtons déjà à des difficultés. Ne reproche-t-on pas au neurologue de ne pouvoir définir le système nerveux végétatif sans recourir à des

notions physiologiques? à des conceptions d'ordre fonctionnel? Mais en est-il autrement pour les autres systèmes anatomiques? Par exemple, on n'entrevoit pas le moyen de définir les systèmes digestif, circulatoire, urinaire, génital, endocrinien, etc., sans qu'il soit fait appel aux concepts physiologiques de digestion, de circulation, de sécrétion urinaire, de génération et de sécrétion interne. Pourquoi tant de rigueur à l'égard du neurologue ?

Au demeurant, les tentatives de définition purement anatomique du système nerveux végétatif ne font guère défaut, mais elles ne satisfont point l'esprit. L'essai le plus fameux est en même temps le plus malheureux ; il est, on ne le devinerait pas, de Langley lui-même, le maître incontesté de l'exploration physiologique du système.

Voici la phrase par laquelle débute le dernier travail (1) de l'illustre physiologiste de Cambridge.

« Le système nerveux autonome est constitué par des cellules et des fibres nerveuses qui conduisent l'influx efférent aux tissus autres que les muscles striés multinucléaires. »

Cet énoncé consacre au moins quatre erreurs anatomiques.

1o Selon Langley, le système nerveux végétatif ne comporterait que des fibres à conduction centrifuge. Il est regrettable qu'un savant d'une si haute valeur ait méconnu l'existence de fibres afférentes de nature végétative, qu'il ait refusé droit de cité dans le système végétatif aux innombrables fibres à conduction centripète qui relient le cœur, le poumon, l'estomac, l'intestin, le foie, le rein, la vessie, l'utérus,etc., aux centres du névraxe. N'est-il pas téméraire de nier, entre autres, la nature végétative du nerf dépresseur de Cyon, des fibres centri

(1) J. N. Langley, Le système nerveux autonome, 1923, page 11.

pètes cheminant le long des grands et petits splanchniques ou de celles que G. Debaisieux a découvertes au sein du nerf pelvien, érecteur d'Eckhardt? Ce sont là des faits que personne n'est tenté de nier, sauf peut-être quelques cliniciens pour lesquels l'attrait du paradoxe tient lieu de la jouissance que procure la vérité scientifique.

Bornons-nous ici à constater l'existence réelle de fibres végétatives centripètes, reliant les viscères au névraxe; nous reviendrons plus loin sur ce sujet important, parce que l'existence établie de ces fibres soulève certains problèmes parfois très délicats à résoudre.

2o Il est inutile de se faire encore des illusions sur la réalité de l'innervation végétative des muscles striés multinucléaires. Question palpitante d'intérêt et d'actualité que celle de l'acquisition de l'innervation végétative des muscles striés ! Si le côté physiologique de cette question est encore des plus obscurs, le côté anatomique au contraire a été bien fouillé par J. Boeke, Dusser de Barenne, Agduhr, etc. Ces auteurs ont démontré en effet que les muscles striés de relation sont innervés par des fibres dont la cellule d'origine se trouve dans les ganglions de la chaîne latéro-vertébrale. Cela suffit pour ruiner définitivement la définition de Langley.

3o N'oublions pas que certains muscles striés appartiennent incontestablement à la vie végétative et sont pourvus d'une innervation végétative. Le muscle diaphragme est sans cesse tant à l'état de veille qu'à l'état de sommeil au service de la respiration, fonction végétative; outre son innervation animale par le nerf phrénique, il est abondamment pourvu de fibres végétatives d'origine caténaire, qui lui arrivent soit par le phrénique luimême soit par le plexus cœliaque. Tous les traités d'anatomie signalent le ganglion phrénique, dont Langley, certes, n'ignorait pas l'existence.

4o Enfin, est-elle bien exacte, l'affirmation qu'une fibre nerveuse, innervant une fibre musculaire lisse, soit toujours une fibre végétative ? L'histologie comparée donne un démenti formel à cette thèse. Dans le vaste embranchement des mollusques et chez de nombreux helminthozoaires, presque tous les muscles volontaires de la vie animale sont lisses; seuls, quelques muscles à mouvements rapides sont striés. Les fibres nerveuses innervant ces muscles lisses volontaires ne peuvent donc pas être considérées comme végétatives.

On présente encore d'autres objections pour discréditer la dénomination de « système nerveux végétatif ». Cette expression, dit-on, est de sens trop vague, le système ainsi nommé est bien mal délimité, ses éléments étant trop souvent confondus avec ceux du système nerveux animal, de relation, cérébro-spinal.

C'est exact, si l'on considère le système du point de vue macroscopique, mais on oublie que, précisément, la conception contemporaine du système nerveux végétatif repose tout entière sur des notions et des réalités d'ordre microscopique; on oublie qu'il en est de même pour le système animal, cérébro-spinal, au travers duquel, exception faite jusqu'à nouvel ordre pour les nerfs olfactif, optique et acoustique, il est presque impossible de pratiquer une coupe, sans rencontrer ensemble, intimement confondus, des éléments végétatifs et des éléments de relation.

Ensuite, nous le répétons, pourquoi tant de rigueur envers la neurologie, quand, à première vue, on accepte la complexité dans d'autres systèmes organiques qui présentent aussi des éléments confondus ou hétérogènes ? Le pharynx n'appartient-il pas à la fois aux voies digestive et aérienne, et les muqueuses nasale et linguale aux organes des sens ? Le cloaque ne dessert-il pas les systèmes digestif, urinaire et génital ? Le foie, le pancréas, l'hypophyse, le testicule, etc., organes

à structure complexe hétérogène et à fonctions diverses, ne se rapportent-ils pas à de multiples systèmes ? Le système réticulo-endothélial et le tissu phaeochrome ne sont-ils pas répandus au sein d'autres systèmes ?

Sans consistance, ces objections manquent leur but ; elles sont utiles cependant parce que, résultant d'une manière spéciale de comprendre l'être vivant, elles nous conduisent jusqu'au cœur de la question.

En effet pour comprendre la morphologie complexe, l'histogénèse, l'organogénèse et, à fortiori, les fonctions encore plus énigmatiques, d'un organe, il faut choisir parmi les multiples points de vue auxquels on peut se placer dans l'étude des êtres vivants et surtout des mammifères, ceux qui permettent de faire de la synthèse et non, comme on l'a trop fait jusqu'ici, celui de l'analyse. Il est légitime d'admirer le labeur formidable des fervents de la biologie qui ont méticuleusement divisé l'être vivant, depuis le système jusqu'à l'organe, depuis l'organe jusqu'aux tissus, du tissu jusqu'à la cellule, et à ses moindres constituants; franchissant même les bornes du visible, l'imagination enthousiaste supplée parfois aux réalités optiques.

Mais il est non moins légitime de constater qu'au bout de cet effort gigantesque, ne se trouvent que le néant, le mystère ! L'essence de la propriété « vie » que nous reconnaissons à certains êtres se dérobe. Cruelle déception, nullement déshonorante pour le travailleur impartial qui sait en faire l'aveu !

D'aucuns n'ont pu s'y résigner et ont échafaudé un raisonnement dont la conclusion est erronée, parce qu'elle contredit formellement les faits. Ils ont tenté de synthétiser, de reconstruire l'être vivant, dans le secret espoir de fournir une formule explicative de la vie, en additionnant, purement et simplement, les phénomènes perçus aux extrêmes confins du domaine des travaux d'analyse. C'est la négation pure et simple des

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