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l'Église, en cessant de voir Pierre et Paul, puisse un seul instant se considérer comme abandonnée. A leur place, elle voit ceux qu'ils ont engendrés spirituellement, et elle les considère comme leurs fils, héritiers de la promesse que le Christ leur a faite d'ètre avec eux jusqu'à la consommation des temps (1); cette promesse, adressée aux apôtres, ne pouvait se restreindre à leurs personnes; elle embrassait nécessairement tout l'avenir de l'Église, et s'étendait à tous ceux qu'ils appelleraient à l'honneur de leur succéder. Et, en les instituant, ils n'ont pas été guidés par les lumières d'une sagesse humaine, mais par celle d'une inspiration toute divine; en sorte que l'on peut appliquer ici dans toute leur portée ces paroles de Tertullien: « Les apôtres du Seigneur nous sont garants que, pour toutes les institutions qu'ils ont faites, ils n'ont rien tiré de leur volonté propre, et n'ont fait que transmettre fidèlement aux peuples le plan tracé de la main même du Christ (2). » Il fallait autant que possible, comme le dit le pape saint Clément Ier, aller au-devant des contestations qui devaient inévitablement s'élever dans l'Église... Dans l'Ancien Testament, Dieu avait mis fin aux prétentions riconséquent il est possible à l'Église de se passer aujourd'hui. On lit à la p. 52, n. 207: « Si, comme nous le prétendons, l'épiscopat est une institution << apostolique, nous devons considérer comme une circonstance tout à fait << providentielle qu'il soit impossible de réunir sur ce point des preuves plus « évidentes. Il ne fallait pas que la chrétienté pût jamais être exposée à la << tentation de voir dans l'épiscopat une institution ex jure divino, et, en << prenant ainsi une mesure temporaire de la sagesse humaine pour un oradre de choses permanent et divin, de rester à tout jamais sous un joug « qu'elle s'était imposé elle-même. » N'est-ce pas chose déplorable de voir que l'on puisse n'aller si près de la vérité que pour lui tourner le dos? Quoi qu'il en soit, il est précieux pour l'Église catholique de pouvoir, à la faveur des investigations si profondes d'un protestant, se niontrer dès les temps apostoliques dans la plénitude de son existence. Il y a quelques années seulement, c'est à peine si on daignait la faire remonter au huitième siècle ; les plus généreux lui accordaient tout au plus le septième. Enfin voilà qu'on consent, depuis quelque temps, à la faire dater du siècle de saint Cyprien, à qui Rothe fait l'honneur de le regarder comme l'inventeur de la primauté. Ainsi, on croit à l'entendement humain, et on refuse de croire à la parole éternelle du Sauveur : « Tu es Pierre, etc.! »

(1) Matth. XXVIII, 20.

2) Tertull., de Præscript., cap. VI. — Bolgeni, l'Episcopato, p. 308.

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vales des différentes tribus par le miracle de la verge d'Aaron (1); dans le nouveau, il a voulu que les apôtres se choisissent, dès leur vivant, des coopérateurs et des collègues qui, après avoir été, pendant leur vie, associés à leur pastorat, se trouvassent naturellement, au moment de leur mort, leurs successeurs dans tous les pouvoirs de l'Église (2).

Ainsi que la primauté et l'épiscopat de l'évêque de Rome, l'épiscopat de chaque évêque est donc d'origine divine (3). Par une institution immédiate, primordiale et surnaturelle, le Christ a placé un chef suprême au sommet de la hiérarchie sacrée de son royaume, et établi les sacrements pour le salut de tous les sujets; par une disposition semblable, il a institué ensuite les membres de cette hiérarchie, les dispensateurs des sacrements; et une telle puissance ne pouvait avoir une autre origine, une origine humaine, comme la puissance temporelle (4). Ainsi, le successeur de Pierre est obligé, en vertu de l'institution divine, de reconnaître dans les évêques les successeurs des apôtres, et de se les associer dans le gouvernement de l'Église. Ainsi c'est l'épiscopat qui gouverne le royaume du Christ (5); car il est investi du pouvoir des clefs, de l'infaillibilité et de la souveraineté sur l'Église. Mais, en disant qu'à l'épiscopat appartient le souverain pouvoir dans l'Église, il ne faut pas oublier un instant que non-seulement l'évêque de Rome fait partie intégrante de l'épiscopat, mais en

(1) Numer. XVII, 1. Clem. I, Epist. I ad Corinth., cap. 44. Voyez sur ce passage, dont le sens est très-vivement discuté, Rothe, p. 377; Mohler, Einheit der Kirche, S. 225.

(2) Mamachi, Origin. et antiquit. christ., vol. IV, p. 316 sq.

(3) Cyprian., Ep. 27, lapsis: Inde (il a parlé précédemment de l'institution divine de la primauté) per temporum et successionum vices episcoporum ordinatio et Ecclesiæ ratio decurrit; ut Ecclesia super episcopos constituatur et omnis actus Ecclesiæ per eosdem præpositos gubernetur. Quum hoc itaque divina lege fondatum sit, etc.

(4) J. Gerson, Tract. de Stabil. eccl., tit. de statu prælat. - Petr. Guerrerus, archiepisc. Granatens. in conc. Trident. Vide Hist. conc. Trid., lib. XVIII, cap. XIV, n. 5.

(5) Bolgeni, p. 304 : Questa universal giurisdizione è annessa per istituzione de Giesù Christo al carattere episcopale, e si conferisce da Dio immediatamente ad ogni vescovo nella sua ordinazione,

core que, en vertu de sa primauté, il plane au-dessus du reste de l'épiscopat et qu'il est essentiellement le canal principal par où les trois pouvoirs divins sont transmis à l'Église.

pou.

Les évêques sont donc les successeurs des apôtres, et c'est des apôtres mêmes qu'ils tirent ce caractère épiscopal inséparablement inhérent à leur personne (). Ils le partagent avec eux; comme eux, ils ont le sacerdoce, l'autorité doctrinale et le voir gouvernemental; comme eux, ils ont non-seulement été mis à la place des patriarches et des prophètes de la synagogue, mais nvestis de la souveraineté sur toute la terre; c'est à eux comme aux apòtres que le prophète royal s'adressait quand il disait : Pro patribus tuis nati sunt tibi filii; constitues eos principes super omnem terram (2).

Toutefois, les évèques ne participent pas à toutes les prérogatives qui avaient été le partage des apòtres. Ils n'ont point été, comme eux, les témoins immédiats de la vie et de la résurrection du Seigneur. Cet avantage manque même au successeur de Pierre (3). Les apôtres avaient, en outre, de plus que les évêques, le don des langues et l'inspiration personnelle. En vertu de ce privilége, ils avaient le droit, individuellement, de définir le dogme, de composer des écrits canoniques et d'établir des règles immuables et obligatoires pour tous les héritiers futurs de leurs pouvoirs, pour l'héritier même de Pierre. L'infaillible autorité de chacun d'eux dans l'enseignement n'a pas passé à chacun de leurs

(1) Bolgeni, p. 125; 303.
p.
-

(2) Psalm. 44, v. 17. Saint Augustin commente ainsi ce passage (Comm. in can. VI, D. 68) : Quorum vices in Ecclesia habeant episcopi, et quis eis hanc dignitatem dare debeat, S. Augustinus ostendit, inquiens: Pro patribus tuis nati sunt tibi filii. Quid est pro patribus nati sunt tibi filii? Patres missi sunt apostoli, pro apostolis filii nati sunt tibi, constituti sunt episcopi. Hodie enim episcopi, qui sunt per totum mundum, unde nati sunt? Ipsa Ecclesia patres illos appellat, ipsa illos genuit, et ipsa illos constituit in sedibus patrum. Non ergo te putes desertam, quia non vides Petrum, quia non vides Paulum, quia non vides illos per quos nata es de prole tua tibi crevit paternitas. Pro patribus tuis nati sunt tibi filii : constitues eos principes super omnem terram. — Petav., de Eccl. hierarc., lib. III, cap. IX, p. 103.

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(5) Coeffeteau, p. 338. Bianchi, della Potestà e della politia della Chiesa, lib. I, cap. II, § 11, ni 7.

successeurs; le successeur de celui-là seul pour la foi duquel le Christ a prié, afin qu'il confirmât ses frères, le successeur seul de Pierre a recueilli ce magnifique héritage.

Mais avons-nous marqué toute la différence qui existe entre les apôtres et les évêques, entre la succession épiscopale et celle du souverain pontificat?

§ XXIII

2. Détermination du sens précis dans lequel les évêques sont les successeurs des apôtres.

Les évèques sont les successeurs des apòtres; mais qui est le successeur de saint André ou de saint Jean? Qui a succédé à saint Philippe ou à saint Jude (1)? Je vois le siége de Pierre et le successeur du prince des apôtres qui y est assis: est-il entouré de douze siéges apostoliques? A l'exception de Pierre et de Jacques le Mineur, quel est l'apôtre qui eût même occupé régulièrement un siége épiscopal particulier? Où sont les séries non interrompues d'évêques qui, dans les divers évêchés, remontent jusqu'aux apôtres (2)? Dira-t-on que tous les évêques institués par saint André sont ses successeurs? Et de qui les évêques ordonnés par Pierre sont-ils les successeurs? Seraient-ils tous ses successeurs, au même titre que l'évêque de Rome? Et de qui alors sont successeurs les pasteurs qui ne sont pas immédiatement institués par les apôtres, mais que d'autres évêques ont ordonnés pour des diocèses qu'il s'agissait de fonder? Quel évêque a, dans sa plénitude, le pouvoir des clefs, de telle sorte que ce pouvoir s'étende à tous les fidèles? Quel est l'évêque qui, semblable aux apôtres, décide avec une autorité infaillible les questions de doctrine? Enfin, quel est l'évêque dont le pouvoir souverain s'exerce sur toute la terre? Chaque apôtre avait cependant le pouvoir des clefs, l'infaillible enseignement et une autorité véritablement royale dans tout le royaume de Jésus-Christ? Et, néanmoins, l'évêque de

(1) Coeffeteau, Sacra monarc. eccl. cath., p. 335. (2) Bolgeni, l'Episcopato, cap. V, p. 124 et seq.

Coeffeteau, p. 337.

Rome est le seul qui apparaisse avec la plénitude de ces pouvoirs apostoliques! Serait-il le seul successeur des apôtres ? Dans quel sens donc avons-nous pu dire que l'épiscopat renferme la plénitude du pouvoir des clefs, l'inébranlable infaillibilité, et le pouvoir souverain pour tout le royaume de Jésus-Christ: Dans quel sens, en un mot, les évêques sont-ils les successeurs des apôtres ?

La réponse est facile et se présente d'elle-même. Il n'y a que l'évêque de Rome, le successeur de Pierre, prince des apôtres, qui soit, rigoureusement parlant, le successeur d'un apôtre. La personne et la dignité de Pierre sont toujours vivantes dans l'évêque de Rome; et ce n'est que dans leur ensemble, ce n'est que comme formant un seul et même corps, que les autres évêques sont les successeurs des apôtres : l'épiscopat remplace l'apostolat ; le collége des apôtres vit et subsiste dans le collége des évêques (1); ni André, ni Jacques, ni Jean, ni aucun autre, sauf Pierre, ne revivent dans leurs successeurs (2). Bien plus, l'épiscopat n'est précisément l'épiscopat que parce qu'il renferme le successeur de Pierre, le chef de toute l'Église; il reste tel, lors même que tel ou tel successeur particulier des apôtres s'en sépare, et, si grand qu'en puisse être le nombre, les évêques qui se séparent du successeur de Pierre (3), se séparent, par cela seul, de l'épiscopat véritable du corps sacré dont les membres puisent la vie dans leur union avec le chef (4). Un épiscopat séparé du successeur de Pierre ne serait qu'un épiscopat acéphale, privé de la suprême puissance de lier et de délier, de l'infaillibilité et du pouvoir souverain. Car c'est avec Pierre, et par lui, que l'épiscopat gouverne le royaume de Jésus-Christ (5); avec Pierre, et par lui, qu'il an(1) Bolgeni, l'Episcopato, cap. V, p. 124 et seq. - Coëffeteau, p. 337. (2) Bolgeni, p. 192; — p. 304. Hilar., Frag., II, cap. XVIII. Voyez ce que ce saint Père disait ironiquement des évêques qui avaient condamné saint Athanase: 0 veros Christi discipulos! ô dignos successores Petri et Pauli.

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(3) Pacian., Epist. I ad Sympr. : Quod etsi nos ob peccata nostra temerarii vindicamus, Deus tamen illud, ut sanctis et apostolorum cathedram habentibus non negabit, qui episcopis etiam unici sui nomen indulsit. Voilà un langage interdit à l'épiscopat anglican. Vid. Bolgeni, p. 163. (4) Bolgeni, p. 125.

(5) Bennettis, Privil. S. Petri vindic., tom. I, p. 94.

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