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évèque (1); à bien plus forte raison, ni un évêque, ni plusieurs évêques, ni même la totalité des évêques ne saurait avoir autorité sur Pierre. Si l'Église repousse, condamne toute comparaison qui tendrait à égaler Paul à Pierre, encore moins tolérerait-elle que l'on prétendît lui égaler les évêques (2). Pierre, et, comme lui, son successeur, est le monarque qui gouverne l'Église, en qualité de vicaire de Jésus-Christ. Pontife suprême, ce qu'il a lié, nul ne peut le délier, nul, ni sur la terre ni dans le ciel; comme ce qu'il a délié, nul ne peut le lier, nul, ni sur la terre ni dans le ciel. Docteur au-dessus de tous les docteurs, ce qu'il a enseigné à l'Église restera vrai dans toute l'éternité, ce qu'il aura condamné comme erroné restera éternellement condamné. Roi monarque et juge souverain, ce qu'il a décidé reste décidé, et il n'y a sur la terre aucune autorité à laquelle on puisse en appeler de sa sentence (3). Dans cet exercice de sa suprématie gouvernementale, comme dans celui de son pouvoir des clefs et de son haut enseignement prophétique, il n'y a jamais à en référer de sa décision à un concile général; tandis que toute décision d'un concile dont le pape ne fait point partie est réformable et ne devient obligatoire que par la sanction du pape. Pas de jugement dont on ne puisse en appeler à son tribunal; pas de tribunal où l'on puisse en appeler de son jugement (4). Il est le pontife monarque, le docteur monarque, le souverain, le juge monarque (5). Autour de son pouvoir existe une foule d'autres pouvoirs; mais le sien plane au-dessus de tous les autres, les règle et les détermine. Les évèques, il est vrai, occupent, immédiatement au-dessous de leur chef, le premier rang dans l'ordre hiérarchique; ils

(1) Ballerini, de Potest. eccl., p. 11.

(2) Ballerini, De vi ac rat. prim., cap. ш, n. 2, p. 12.. Vindiciae auctorit. pont., p. 165.

(3) Gelas, I. Commonit. ad Faustum legat. ann. 493, in Can. Ipsi sunt 16, c. 9, q. 3. Ivo Carnot., Epist., 183, ad Paschal. Papam.· Gregor. VII, lib. VIII, Epist. 21, ad Mettens. Episc. - Mauclerus, loc. cit., l'. II, lib. III, c. 10, col. 406 sqq.

(4) Can. Cuncta per mundum, 18, c. 9, q. 3. (Gelas, ad Episc. Dard. can. 428.)

(5) Orsi, loc. cit., p. 563, 568, 569. Mauclerus, loc. cit., c. 7, col. 245.

Devoti, loc. cit., § 12, p. 193.

sont, après lui, les membres les plus distingués du corps de JésusChrist, ils forment la haute noblesse de l'Église; mais la constitution du royaume divin ne perd rien pour cela de son caractère; les monarchies temporelles elles-mêmes ne cessent pas d'être véritables monarchies, parce que la noblesse ou les états ont des droits réels, des prérogatives, et les exercent sous l'autorité du roi. On donne à celles qui sont ainsi constituées le nom de monarchies tempérées (1); mais une semblable qualification ne saurait, en aucune manière, convenir à l'Église (2), en ce qu'elle dérive de la fausse supposition que l'idée mème de monarchie emporte nécessairement quelque chose d'exorbitant et d'excessif. Or, ici, une telle supposition ne serait admissible qu'autant qu'on considérerait abstractivement la disproportion existant entre les pouvoirs divins et les forces humaines auxquelles ils sont confiés. Cette disproportion est incontestable; mais elle ne peut pas être effacée par l'addition à ces forces humaines d'autres forces de même nature. Dieu seul pouvait la faire disparaître, et il y a pourvu en faisant contribuer à ce but l'élément humain dont il se sert. Le pouvoir du pape dans l'Église est souverain; mais, comme le remarque saint Bernard, il n'y est pas seul (5); au-dessous de ce pouvoir suprême subsistent d'autres pouvoirs réels, mais coordonnés entre eux et subordonnés au pouvoir souverain, de manière à l'appuyer, sans l'affaiblir ni diminuer en rien son autorité. Ils ne sont point là comme un contre-poids, un tempérament opposé à l'immense puissance du chef de l'Église. Ce contre-poids, ce tempérament, ils en ont besoin eux-mêmes tout aussi bien que celui du pape; et, nous l'avons dit, celui qui a tout pouvoir dans le ciel et sur la terre y a sagement pourvu. On le voit, pour ce qui concerne son représentant, dans la manière même dont il l'a institué. Pais mes agneaux, pais mes brebis : cette formule à elle seule, en déterminant le caractère de la royauté ecclésias

(1) Lupoli, Jur. eccles. prælect., vol. I, p. 122. Zaccaria, loc. cit., p. 351. — Duval, de Suprem. Rom. Pontif. auct., p. 1, q. 2. (2) Devoti, loc. cit., § 9, p. 190; § 10, p. 191.

(5) Bernard, de Considerat., lib. III, c. 4, n. 17. — Ballerini, loc. cit., p. 177.

tique, lui trace sa sphère, son mode d'action, et lui donne sa mesure. Elle confère au vicaire du Christ un pouvoir absolu, universel dans l'Église; mais ce pouvoir ne doit être exercé que pour le bien de l'humanité, pour édifier, et non pour détruire (1); il doit présenter dans tous ses actes l'empreinte de la douceur et d'une bonté toute paternelle. Placé par une dignité sans égale à la plus grande hauteur où il pût jamais être donné à un mortel d'atteindre, celui qui en est revêtu doit voir dans la mesure même de son élévation celle de sa mansuétude et de son humilité (2). En considérant donc comme son plus beau titre d'honneur la qualité de serviteur des serviteurs de Dieu, il ne fait que se conformer à la parole et à l'exemple du Christ. Ce titre, témoignage de l'humilité et de la modération des papes, n'a pas été pour eux une formule vaine et stérile; généralement, ils l'ont justifiée par leur langage et leurs actions (3). Sans oublier ce qu'ils devaient à leur sublime dignité, comme lieutenants du Christ, sans permettre, comme ils le devaient, qu'il y fût porté atteinte, ils ont su distinguer dans leur personne l'homme faible et fragile du représentant de Dieu. A l'exemple de Pierre, qui avait supporté avec douceur et en toute humilité l'opposition de Paul (4), ils ont accueilli dans les mêmes sentiments les remontrances que pouvaient provoquer leurs actes, les critiques mêmes dirigées contre leur personne, pourvu qu'elles fussent inspirées par une intention bienveillante et qu'elles ne sortissent pas de la réserve respectueuse commandée par leur auguste caractère.

Or, c'est dans ces sentiments de mansuétude et d'humilité dont Jésus-Christ a été le parfait modèle (5), et dans l'assistance permanente de l'Esprit d'en haut, que se trouvent la mesure, le tempérament de la monarchie ecclésiastique. Le pape ne pour

(1) II Cor. XIII, 10.— Ballerini, loc. cit., p. 165.

(2) Ev. Luc. XXII, 26.

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(3) Ballerini, loc. cit., pag. 179. Mauclerus, loc. cit., cap. vi, col. 248 sqq.

(4) Mauclerus, loc. cit., cap. x, col. 251 sqq.; II, lib. III, cap. XVII, col. 461.

(5) Greg. Magn. Epist. lib. XI, Epist. 45, ad Theoctit. Patric., tom. II, col. 1129.. Can. Petrus, 40, c. 2,

q. 7.

rait, sans pécher contre le Saint-Esprit, cesser un instant d'avoir l'oreille ouverte à cette voix divine qui ne cesse de lui parler. Constamment attentif aux inspirations célestes, il doit encore prendre conseil de l'époque à laquelle il a été appelé à s'asseoir sur la chaire de Pierre (1). Tout gouvernant qui veut marquer sa conduite au coin de la sagesse, éprouve les moyens qui penvent répondre à ses vues et mener ses projets à bonne fin; le pape doit également s'appliquer, par un examen approfondi, à discerner, à employer sagement tous les moyens que son époque peut lui offrir, pour propager et affermir le règne de Jésus-Christ sur la terre. C'est dans ce sens qu'il est vrai de dire que le pape doit consulter l'esprit de son temps (2).

Maintenant, si le pape, perdant de vue la sage modération que lui impose la sublimité même de son ministère, vient à franchir les limites qui lui sont tracées, perd-il sa souveraineté? En résulte-t-il pour les pouvoirs qui lui sont subordonnée le droit de sortir également de leur sphère, de l'appeler à leur tribunal, et, s'ils le reconnaissent coupable, de le déposer?

§ XXXI.

2. Du principe: Prima sedes à nemine judicetur.

De même qu'il n'y a aucune puissance à laquelle on puisse en appeler d'une sentence du pape, il n'y a non plus aucun tribunal humain auquel sa personne puisse être déférée. Juge suprême, il ne connaît ici-bas aucune autorité au-dessus de lui et ne relève que du trône de Dieu (3): Prima sedes, etc. C'est là, là

(1) Hist. pol. Blaetter, Bd. 8, S. 282.

(2) Walter, Lehrbuch des Kirchenrechts, S. 282.

(3) Can. Aliorum 14, c. 9, q. 3. Concil. Roman. 3, sub Sylvestr. I, cap. 3, 20, act. 2: Neque præsul summus a quoquam judicabitur, quoniam sicut scriptum est. Non est discipulus supra magistrum.-S. Walter, Lehrbuch des Kirchenrechts, 19, not. y et z, § 126. — Mauclerus, de Monarchia eccles., p. 2 (lib. III, cap. 10, vol. I, col. 406), lib. IV, cap. 1 (ibid., col. 471). – Orsi, de Irreformabili Roman. Pontif. judicio, vol. III, p. 556. — Ballerini, de Potestate ecclesiastica, cap. 5..

seulement, qu'il aura finalement à rendre compte de sa conduite (1).

Ce principe est si évident par sa formule même, que l'on conçoit à peine qu'il puisse laisser subsister l'ombre même d'un doute. Cependant ne peut-il pas se présenter des cas exceptionnels où la situation de l'Église soit telle, qu'il soit impossible pour elle d'y rester jusqu'à la mort du pape, et qu'il soit indispensable d'y mettre un terme par la décision d'un concile œcuménique? Nous avons déjà eu lieu de faire remarquer (§ 24) qu'il n'y a pas de concile œcuménique sans le pape. Toutefois, approfondissons la question en face des cas particuliers qui lui ont donné naissance. En première ligne, il faut mettre celui du pape devenu, par ses infractions des lois de l'Église, par l'indignité de sa conduite, un sujet de scandale dans la maison de Dieu (2).

Les fautes, les crimes mêmes du pape prévaricateur, quelque graves, quelque condamnables qu'on puisse les supposer, ne le dépouillent pas de sa primauté et ne sauraient créer en faveur de qui que ce soit un droit qui ne dérive point de l'institution de Jésus-Christ. Le pape tient la primauté de Dieu, et non des hommes; comment pourrait-elle lui être enlevée par ses inférieurs? L'autorité épiscopale dérive bien aussi de Dieu; mais en la co:lférant, Dieu l'a en même temps subordonnée à l'autorité souveraine du pape. Or, l'unité avec le chef suprême de l'Église étant pour tous les chrétiens, et plus encore pour les évêques, un devoir sacré, indispensable, la rupture de cette unité étant le plus grand crime qui puisse se commettre dans l'Église, comment le concile pourrait-il s'élever au dessus du pape prévaricateur sans le devenir lui-même ?

Une éventualité d'une autre nature qui semble infirmer le principe que nous soutenons est celle où, en présence de la compétition simultanée de plusieurs papes, un schisme éclate dans l'Église, et où la chrétienté se divise en deux obédiences, comme vers la fin du quatorzième siècle, ou mème en trois,

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