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de sa bouche, avait appelé à l'existence tout ce qui est, semble s'arrêter comme pour recueillir sa pensée : « Faisons l'homme, dit-il, à notre image et à notre ressemblance; et façonnant de la terre de sa propre main, il lui imprime la forme humaine et l'inspire du souffle de vie. C'est que le premier Adam était le type, le modèle du second; pendant que les doigts de Dieu donnaient à l'argile une configuration sublime, son œil était fixé sur l'homme futur (1). De même, en effet, que, jusqu'à la création de l'homme, la substance spirituelle et la substance corporelle avaient existé isolément, et ne s'étaient réunies qu'en lui; de même, jusqu'à l'apparition du Christ, la divinité et l'humanité étaient séparées; que dis-je? placées depuis le péché à une telle distance l'une de l'autre, que l'homme n'osait pas même concevoir la pensée de s'approcher de Dieu. Mais en Jésus-Christ, formé selon le type du premier Adam, la divinité et l'humanité furent unies; et de même encore qu'Adam est vrai esprit et vrai corps, de même le Christ est vrai Dieu et vrai homme (2).

Telle était l'immensité de l'abîme qui séparait Dieu de l'homme, qu'à part le peuple choisi par grâce spéciale du Seigneur, le genre humain tout entier était prosterné aux pieds de fausses déités, et voué au culte et à la pratique de tout ce que le vice peut présenter de plus hideux et de plus atroce. Ce peuple privilégié, lui-même, conduit d'une manière si merveilleuse par la main de Dieu, ne connaissait vis-à-vis de lui d'autre sentiment que celui d'une crainte servile, et criait éperdu de terreur à Moïse Tu loquere nobis; ne loquatur nobis Dominus, ne forte moriamur (3). Il ne fallait rien moins que le plus grand de tous les prodiges pour opérer la réconciliation de l'homme avec Dieu, et ce prodige, conçu et réalisé par celui à qui rien n'est impossible, était l'Incarnation. Dieu seul, descendu sur la terre, dans la personne de son Fils, et allant comme le médecin tout-puis

(1) Genes.. I, 15.

(2) S. Athanase, Symb. Sicut anima rationalis et caro unus est homo; ita Deus et homo unus est Christus; unus omnino non confusione substantiæ, sed unitate personnæ. Ventura, le Bellezze della fede, t. I, p. 50.

(5) Exod., xx, 19.

sant à ce grand malade que l'on appelle l'homme (1), pouvait, par ses souffrances et par sa mort, satisfaire pour ses péchés et lui rendre la santé (2). Non, aucune âme, aucun ange, mais lui seul, le Dieu fait homme, qui pût rassembler les hommes dans une société fondée sur l'unité avec Dieu, et appelée à traverser le monde en combattant, pour aller recueillir son triomphe final dans le sein de Dieu.

Mais le Christ ne devait pas se manifester dans tout l'appareil de sa majesté divine; éblouis de tant d'éclat, les hommes, effrayés, auraient fui devant la splendeur de sa gloire; il devait venir comme le faible enfant de la Vierge, ne se révélant comme le monarque suprême qu'à la lueur de l'étoile de la foi, semblable à celle qui conduisit les sages de l'Orient à l'humble toit du roi nouveau-né (3). Or, cette société fondée par ce divin monarque, et qui l'a pour chef, voilà son royaume, le royaume du Seigneur, voilà l'Église.

Jésus-Christ n'est donc pas l'auteur d'une religion (4), mais le fondateur de l'Église. Établir une religion, c'est-à-dire, proposer une doctrine nouvelle sur les rapports des hommes avec Dieu, plusieurs ont pu le faire. Confucius, Zoroastre, Mahomet, Luther, Calvin et Zwingle furent inventeurs de nouvelles religions; ils ne

(1) August., serm. 7, de Verbo evang. Epist. ad Tit., III, 4. Benignitas et humanitas apparuit Salvatoris nostri Dei, qui noctis nostræ tenebras sua luce dispulit, atque hominem lassum et laborantem ope gratiæ roboravit. (2) Hebr., 11, 17. Per omnia debuit fratribus similari, ut misericors fieret. - Præf. miss. Epiph. Dum in substantia mortalitatis nostræ apparuit. (3) Petr. Chrysol., serm. I, Epiph. Innoc. III, In adv., Dom. serm. I.

-

- Bernard, de Font. salvo. Noli fugere, noli timere. Ne forte dicas etiam nunc : Vocem tuam audivi et timui. Ecce infans est et sine voce; nam vagientis vox magis miseranda est, quam tremenda. — Į Epiph. Parvulus est, leviter placari potest; quis enim nesciat quia puer facile donat?

(4) La véritable religion existait avant Jésus-Christ. Elle est aussi ancienne que le monde. C'est en ce sens que l'auteur dit ici qu'elle n'a pas été fondée par Jésus-Christ. La religion qu'il a prêchée n'était pas nouvelle dans son fond, quoiqu'elle le fût dans ses développements dogmatiques et moraux. Néanmoins, à raison de ces clartés plus vives jetées sur les rapports de l'homme avec Dieu par la prédication de l'Évangile, d'autres auteurs ont pu dire sans contradiction que c'était une religion nouvelle. Il en est de l'ensemble de la doctrine chrétienne comme du précepte spécial de la charité fraternelle que Notre-Seigneur a qualifié tout à la fois de précepte ancien et (Note du traducteur.)

nouveau.

furent pas fondateurs d'Églises; établir une Église, c'est une œuvre au-dessus de toute puissance humaine : une seule main pouvait l'accomplir : la main du divin (1) Sauveur (2).

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2 Comment l'Église a-t-elle été fondée ?

L'heureux événement de la naissance du Messie eut lieu à Bethléem, sous le règne d'Hérode (3). Baptisé par Jean, son précurseur, dans les eaux du Jourdain (4), Jésus-Christ débute dans sa carrière évangélique en appelant autour de lui douze disciples, désignés sous le nom d'apôtres, et soixante-dix autres compagnons. Mais le dessein du Sauveur n'était pas seulement d'annoncer et de faire annoncer par ses apôtres les vérités divines au genre humain dispersé (5); il voulait encore réunir tous les hommes en une seule famille, pour en faire son royaume. Ce royaume, qui est non de ce monde, mais bien dans ce monde (6), forme, par conséquent, sur la terre, une société d'hommes, et, comme tel, soumis, dans une certaine mesure, aux conditions de tout gouvernement terrestre, il a besoin de chefs visibles pour le diriger et le gouverner. Or, ces chefs ne peuvent être que ceux

(1) Oui, l'homme peut inventer une religion, formuler un symbole, tracer des prescriptions, instituer un ordre hiérarchique; mais réussir à faire de ce symbole, de ces prescriptions, de cet ordre hiérarchique, un lien intellectuel, moral et organique, qui, se déroulant dans la double sphère de l'espace et du temps, embrasse, retienne dans l'unité de foi, d'action et d'obéissance, une multitude innombrable d'intelligences et de volontés, formant ainsi une société universelle et permanente : c'est là un prodige qui 'ne pouvait être l'œuvre que d'une main divine. (Note du traducteur.) (2) Cette pensée est exposée d'une manière très-ingénieuse dans Hurter, loc. cit., 3.

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(6) August., tract. 115, in Joann. Christus non dixit: Regnum meum non est hic, sed non est hinc; non dixit: Regnum meum non est in mundo, sed de hoc mundo. Hic enim est regnum ejus usque in finem sæculi. V. Gotti, Vera Eccles. Christi, t. II, part. 1, p. 25, n. 32.

que Jésus-Christ lui-même a institués; de même que ce royaume ne peut être régi que d'après la forme qu'il a déterminée luimême (1). Maintenant, écoutez.

« Je vous envoie comme le Père m'a envoyé. Allez et enseignez « tous les peuples, et baptisez-les au nom du Père, du Fils et du « Saint-Esprit (2). » Ce sont les paroles du Sauveur à ses apôtres. Le divin Sauveur avait dit : « Tout pouvoir m'a été donné dans le « ciel et sur la terre. » Ce pouvoir, qui ne peut être que l'attribut de la divinité, Jésus-Christ le confère à ses apôtres, et par là il les investit, vis-à-vis du genre humain, d'une souveraineté qui ne pouvait émaner que du Très-Haut, du roi des rois (3). Le Christ est envoyé; les apôtres, comme le nom même le porte, sont envoyés (4); tout pouvoir, toute autorité dans l'Église, repose sur la mission (5), le mandat, la délégation.

Cependant, parmi ses apôtres, le Christ en choisit un, Simon, fils de Jean, qu'il revêt spécialement du pouvoir souverain, et dont il fait la pierre fondamentale de l'Église, le centre de l'unité (6). Il lui dit : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai << mon Église.» Cette promesse prophétique s'accomplit alors que les apôtres rassemblés à Jérusalem reçoivent l'infusion de l'esprit consolateur qui leur avait été promis (7). Dès cet instant leur mission commence. Pierre, le premier, comme chef de l'Église, promulgue l'Évangile, et trois mille personnes, suivies bientôt de cinq mille autres, font leur entrée, par le baptême, dans le royaume du Christ. Dans la même année ou dans la suivante, les apôtres voient entrer dans leurs rangs l'un des plus acharnés ennemis de l'Église naissante, Paul, nommé Saul auparavant,

(1) Gerdil, De sacri regiminis ac pontif. prim. jure, t. II, p. 220. (2) Evang. Joann., c. XX, 21. Pax vobis, sicut misit me Pater, et ego Chrysostom., Homil. 86 in cap. 20 Joan. - V. Coeffeteau, Sa

mitto vos.

cra monarch. Eccl. cath., t. I, p. 42.

(3) Bolgeni, l'Episcopato, part. 1, n. 2, p. 3.

(4) August., Tract. in Joan., 168.

V. aussi Coeffeteau, p. 39.

(5) V. Hist. pol., Blaetter, bd. 8, s. 129.

(6) Hieron. Adv. Jovin., I, c. 26. Propterea inter duodecim unus eligitur, ut, capite constituto, schismatis tollatur occasio.

(7) Act. II, 41.

appelé par un prodige de la puissance divine et placé dans l'Église comme vase d'élection (1). Bientôt ils se répandent sur la surface de la terre; ils établissent partout des églises; ils leur donnent des chefs, des évêques et des prêtres, auxquels ils confèrent, de leurs plénitudes, les pouvoirs nécessaires à l'accomplissement de leurs fonctions. Et l'Église est fondée, et à jamais inébranlable. Les apôtres peuvent consommer leur course; lorsque le martyre viendra les appeler à opposer de leur sang le sceau suprême à leur témoignage, leurs pouvoirs leur survivront dans la personne des évèques.

L'épiscopat dérive donc de l'apostolat, ainsi institué immédiatement par le Christ; mais comme l'apostolat, disons mieux, comme l'Église entière, il est fondé sur Pierre, le représentant, le vicaire de Jésus-Christ, institué par lui. Les apôtres étaient subordonnés à Pierre, leurs successeurs sont subordonnés aux siens sur le siège de Rome. (Vide infra, chap. IV.)

CHAPITRE II

PIERRE, PRINCE DES APÔTRES, VICAIRE DE JÉSUS-CHRIST.

§ XI.

1. Du pouvoir par lieutenance en général.

Aucun pouvoir sur la terre qui ne dérive de Dieu, et qui, par conséquent, n'ait mission de se vouer à son service. Fondé sur l'institution immédiate, ou sur la permission de Dieu, tout pouvoir est un pouvoir de délégation, de lieutenance, une portion

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