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ses regards sur lui: «Tu es fils de Jean, lui dit-il; tu t'appelleras Céphas, c'est-à-dire Pierre (1). »

En annonçant ainsi à l'apôtre le changement futur de son nom, le divin Sauveur lui prédisait en même temps sa vocation à devenir, à sa place, la pierre fondamentale de l'Église. Tant de solennité, de la part d'un Dieu, dans la substitution d'un nom, a nécessairement une signification profonde (2). En changeant le nom d'Abram en celui d'Abraham, le Seigneur le désignait comme le père des croyants; en nommant Jacob Israël, il signalait celui par qui il voulait se laisser vaincre; en faisant ajouter par Moïse au nom d'Osée celui de Josué, ou Jésus, il indiquait au peuple juif qu'il lui fallait un chef de ce nom pour l'introduire dans le pays de ses pères. Est-ce en vain qu'il aura dit à son apôtre « Tu t'appelleras Céphas? » Non pour chacun des trois personnages que nous avons rappelės, le nouveau nom qui lui était imposé avait un sens prophétique, et ce sens s'est vérifié : il en sera de même pour Simon, ou mieux pour Pierre; car bientôt nous verrons le divin Maître lui faire l'imposition solennelle du nouveau nom dont il a résolu de le décorer, en l'accompagnant de la promesse formelle de la faveur incomparable dont il est l'expression. Il ne lui dira plus : « Tu es Simon; mais bien : « Tu es Pierre, » et par cette appellation il le désignera comme la pierre fondamentale de l'Église (3).

Le Sauveur venait d'arriver avec ses disciples à Césarée (4). «Que dit-on du Fils de l'Homme? leur demande-t-il. Les uns disent que c'est Jean-Baptiste; d'autres, que c'est Élie ; d'autres encore, que c'est Jérémie ou un autre prophète. Et vous, reprend Jésus, qui dites-vous que je suis? » A cette question le silence se fait parmi les disciples; une seule voix se fait entendre: « Vous êtes le Christ, le Fils du Dieu vivant. » C'est la voix de

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(2) Devoti, Jus canon., univ.. I, 24, 25. — Gotti, Vera eccl. Christ., t. II, p. 12, n. 18. Coeffeteau, Sacra monarchia eccles. 4, t. II, p. 191. Zaccavia, Antifebrorius, vol. I, p. 439.

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(3) Cyril., 1. 11, c. 12. in Joann. (4) Ev. Matth., XVI, 15.

Simon, acclamant dans le fils d'Adam le Fils de Dieu. Et Jésus lui répond: « Tu es heureux, Simon Bar-Jona, parce que ce n'est ni la chair ni le sang qui t'ont révélé cela, mais mon Père qui est dans le ciel. Et moi je te dis: Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église, et les portes de l'enfer ne prévaudront point contre elle. Et je te donnerai les clefs du royaume des cieux, et ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans le ciel, et ce que tu auras délié sur la terre sera délié dans le ciel. »

Pierre est donc le premier dont la puissance dans l'Église est acclamée (1), et cela au moment même où le céleste fondateur pose la première pierre de l'édifice divin. En lui commencent tous les pouvoirs, et ils lui sont conférés avec une solennité qui en révèle toute l'étendue et toute l'éminence. Ils le sont aussi à tout le corps des apôtres, mais ce n'est que postérieurement à la collation qui en a été faite d'abord à Pierre, et sous la réserve de cette première investiture (2). Les collègues de Pierre s'inclineront dans la suite avec une respectueuse soumission devant cette prééminence de leur chef, en plaçant constamment son nom en tête de ceux des autres (3), et ils la proclameront par ce préambule consacré de tous leurs décrets: Pierre et les onze (4). Mais, dès maintenant, ils lui rendent hommage par la jalousie qu'ils en conçoivent (5). Cette prééminence, Jésus-Christ se plaît à la faire éclater en toute occasion. Il pourra bien en honorer d'autres de quelque faveur de distinction, mais Pierre sera toujours admis à y participer. C'est ainsi que nous le voyons sur le Thabor avec les deux autres témoins privilégiés de sa glorieuse transfiguration (6). Mais c'est en faveur de Pierre seul qu'il opé

(1) L'auteur nous semble confondre ici la promesse avec la collation de la puissance. (Note du traducteur.)

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Ev. Matth., xvii, 18.

5 S. Thom. Aquin. Tract. c. err. græc. Quod quidem humanum scandalum conceperunt, quod et jam in se occultare non poterant, et tumore cordis non sustinebant in eo quod viderunt Petrum sibi præferri et præhonorari.

(6) Ev. Matth., xvi, 1.

rera l'admirable prodige de la mer apaisant instantanément ses flots, non plus, comme autrefois, pour les ouvrir devant les enfants d'Israël, mais pour les affermir sous les pas de l'apòtre (1). C'est Pierre qu'il charge d'aller chercher dans la bouche du poisson la pièce de monnaie destinée à acquitter la taxe pour tous les deux (2), circonstance qui, en paraissant mettre Pierre sur une sorte de pied d'égalité vis-à-vis du divin Maître, excita à un si haut degré la susceptibilité des autres apôtres (3).

Les saints Pères ne sont pas unanimes pour reconnaître si la touchante cérémonie du lavement des pieds commença par Pierre; mais ils le sont tous pour voir dans la double pèche mentionnéc par l'Evangile, et dans la barque de Pierre montée par le Sauveur, des emblèmes éclatants de la primauté de cet apôtre (4). Jésus-Christ dit bien aux autres de jeter leurs filets; mais à Pierre seul, comme pilote, il donne l'ordre de voguer vers la pleine mer. Comme Pierre, et peut-être plus que Pierre, les autres apôtres ont partagé les labeurs de cette pêche, ainsi que ceux de la pêche spirituelle, et Paul a été autorisé à dire : J'ai travaillé plus qu'aucun autre (5); mais Pierre, comme maître du navire, est à la tête des pêcheurs, et à nul autre qu'à lui il n'est donné de conduire sa barque en pleine mer (6).

Mais nous allons voir le Sauveur marquer d'une manière plus nette encore la place de Pierre au-dessus des autres apôtres.

Au moment de se rendre sur la montagne des Oliviers, éveillant son attention par une interpellation itérative, il lui dit : « Si

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Chrysost., Hom., 47 in Matth.

-

- Chrysost., Hom., 59 in Matth.

Mamachi,

(1) Ev. Matth., IV, 29. (2) Ev. Matth., xvii, 26. Origin. et antiq. christ., t. V, p. 131. (3) Ev. Matth., XVIII, 1. S. Jérôme, in h. 1. Quia viderant pro Petro et Domino idem tributum redditum, ex æqualitate pretii arbitrati sunt omnibus apostolis Petrum esse prælatum, qui in redditione tributi Domino fuerat comparatus; ideo interrogant quis major sit in regno cœlorum.

(4) Pseudo-Ambros., serm. 11. Hanc igitur solam ecclesiæ navem ascendit Dominus, in qua Petrus magister est constitutus, dicente Domino: Super hanc petram ædificabo Ecclesiam meam. Greg., Moral., X, 1. VII, c. 26:

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Per navem Petri quid aliud, quam commissa Petro ecclesia, designatur?

(5) I Cor., xv, 10.

(6) Coeffeteau, p. 197.

mon! Simon! Satan vous a demandés pour vous cribler comme du froment. Mais j'ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille pas. Un jour, converti, confirme tes frères (1). » Que d'inductions à tirer de ce texte seul! Mais dans ce moment nous ne faisons que narrer. Poursuivons, en transcrivant littéralement cette scène, à la fois touchante et solennelle, où le disciple, un moment prévaricateur, expiant le crime d'un triple reniement par une triple protestation d'amour, est récompensé instantanément par la collation de la plus haute dignité dont un mortel pût jamais être investi.

Dicit Simoni Petro Jesus: Simon Joannis, diligis me plus his? Dicit ei: Etiam, Domine, tu scis quia amo te. Dicit ei: Pasce agnos meos. Dicit ei iterum: Simon Joannis, diligis me plus his? Ait illi: Etiam, Domine, tu scis quia amo te. Dicit ei: Pasce agnos meos. Dicit ei tertio: Simon Joannis, amas me? Contristatus est Petrus quia dixit ei tertio, Amas me? et dixit ei: Domine, tu omnia nosti: tu scis quia amo te. Dixit ei: Pasce aves meas (2).

Immédiatement après ces paroles, par une faveur qu'il n'accorda à aucun autre apôtre, le Sauveur prédit à celui qu'il vient d'instituer son représentant dans le suprême pastorat, le genre de mort qu'il lui a destiné, et pour le distinguer encore davantage des autres apôtres, il termine en lui disant Suis-moi. Pierre s'étonne de voir un autre disciple les suivre, et interroge le Sauveur Que t'importe? réplique le divin Maître. Quant à toi, viens à ma suite. Comme s'il lui disait : « Qu'as-tu à t'enquérir de mes intentions à l'égard des autres? Pour toi, mon lieutenant dans la vie, tu me représenteras jusque dans la mort par la similitude du trépas (3). »

La vertu divine, nécessaire à Pierre pour exercer l'apostolat en commun avec les apôtres, lui fut départie comme aux autres par l'effusion du Saint-Esprit. Pierre, appelé par sa dignité de vicaire de Jésus-Christ, non-seulement aux fonctions de l'apostolat, mais

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encore à la direction générale de l'Église, devait être plus abondamment pourvu de ce secours divin. Chaque apôtre reçut la grace dans la mesure du don de Jésus-Christ; mais Dieu avait réparti inégalement l'esprit entre Moïse et ses soixante-dix compagnons ainsi il en fut pour Pierre et les apôtres. Tous brillaient de la lumière de l'Esprit-Saint partout où ils allaient : dans l'Inde, à Rome, dans l'Illyrie, dans l'Achaïe; mais à leur tête brillait Pierre, le représentant de Jésus-Christ, le chef des apôtres. C'est lui qui le premier promulgue l'Évangile, d'abord à Jérusalem, puis au sein de la gentilité (1); lui qui opère le premier prodige. Jean est avec lui; mais c'est lui qui tend la main au boiteux, et qui lui rend l'usage de ses jambes. C'est ce miracle de Pierre, suivi peu après de l'annonce solennelle du salut qui s'obtient par Jésus-Christ, qui tire cinq mille âmes du tombeau du péché et les fait entrer dans la voie de la vérité, introduites dans l'Église par le baptême, que Pierre leur confère de sa propre main (2). C'est lui qui, par une seule parole, frappe de mort Ananie et Saphire, à cause de leur mensonge; lui qui, comme le général au moment du combat, examinant l'ordre de bataille, parcourt, visite les églises naissantes, et qui, à l'annonce de sa captivité, voit l'Église entière tomber à deux genoux et élever pour sa délivrance des supplications incessantes et universelles (3); lui qui, dans l'assemblée des apôtres et des anciens, élève la voix après les discussions animées du concile, et met fin aux débats par la décision qu'il prononce (4). Enfin, c'est à lui, et pour saluer en lui le chef de l'Église, que Paul accourt des régions? ›intaines où il exerce la mission qu'il tient immédiatement de Jésus-Christ (5).

Toutes ces prérogatives de Pierre, si authentiquement consignées dans la sainte Écriture, tous les Pères, ceux d'Orient comme ceux d'Occident, s'évertuent à l'envi à les célébrer. Tous exaltent

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