Sayfadaki görseller
PDF
ePub

dans Pierre l'apòtre choisi entre tous les autres par Jésus-Christ et placé par lui-même à la tête de l'Église. Quelques-uns, peu contents de l'appeler le coryphée des apôtres (1), lui donnent cette qualification intraduisible dans nos langues modernes, xopupaótatos (2). « Salut, ô toi, s'écrie saint Éphrem, toi, le témoin des disciples du Seigneur, la voix des hérauts, l'œil des apôtres, la sentinelle des cieux, le premier-né d'entre ceux qui portent les clefs (3). » D'autres le nomment le premier, le grand, le chef, le pasteur suprême, le prince (Eagxos, princeps apostolorum), le docteur et le supérieur de toute la terre, le fondement de l'Église et de la foi (4).

Immédiatement au-dessous de Pierre, nous voyons la sainte Écriture et les saints Pères donner à Paul un rang très-distingué; certains passages semblent même égaler le second au premier, ou plutôt lui donner une sorte de prééminence (5). L'un et l'autre avaient travaillé à la fondation de l'Église de Rome, et voilà pourquoi plusieurs Pères les appellent l'un et l'autre les premiers d'entre les apôtres et d'entre les évêques, les princes de l'Église, les yeux de Rome, les coryphées des saints, les pères et les pasteurs de Rome (6). La dénomination d'apôtre est même affectéc à Paul d'une manière toute spéciale, de telle sorte qu'appliquée dans le sens absolu, elle est devenue le synonyme de son nom. Mais, s'il est vrai de dire qu'au point de vue de l'action apostolique Paul l'emporte incomparablement sur Pierre, il est également vrai de dire que la dignité de Pierre, comme fondement de l'Église, ne souffre aucune atteinte de cette sorte d'infériorité, et le place à une hauteur où Paul est tout aussi loin d'atteindre (7). Collaborateur de Pierre dans la fondation de l'Église de Rome,

(1) Chrysost., ad Jud., II, 8.

(2) Cyril., de Jerusalem, et Epiphanius.

(5) Epiph., Hær., 27.

in Epist. ad Rom.

- Cyrill., Hieros., cat. 6. Chrysost., Homil. 52,

(4) On trouve dans Klee un recueil précieux des passages des SS. PP. re

latifs à ce sujet.

(5) S. Ambr., Serm. 66, de Nat. Petri et Pauli.

(6) Lev., Serm. 1, de Natal. apostolor.

(7) Coeffeteau, Sacra monarch. Eccl. cath., t. I, p. 74.

Paul peut absolument être décoré comme lui du titre glorieux de prince de cette Église, mais ce titre n'implique pas pour lui celui de chef suprême de l'Église universelle (1).

Paul résiste à Pierre à Antioche, après le concile de Jérusalem. On ne peut conclure de ce conflit que Paul ne reconnaissait pas la suprématie de Pierre; ce serait se mettre en contradiction flagrante avec Paul lui-même, qui, en attachant une si grande importance à son opposition au prince des apôtres, rendait par là même un éclatant hommage à sa primauté (2).

Concluons ce simple exposé en disant que l'Église, en cela fidèle écho de la parole divine, des saints Pères et de toute la tradition, a de tout temps considéré le dogme de la prééminence de saint Pierre comme un dogme sacré, et condamné comme hérétiques toutes les propositions dont le sens ou la tendance est de placer sur le même rang que Pierre, soit tout le corps des apolres, soit l'apôtre saint Paul (3).

Parmi les magnifiques prérogatives que Jésus-Christ a données à saint Pierre, la plus éminente est celle qui le constitue la pierre fondamentale de l'Église. C'est elle qui est tout à la fois la clef de voûte de l'édifice de l'Église et la base de tous les autres priviléges de Pierre, lesquels se résument dans les trois grands pouvoirs qui lui ont été départis. Nous allons les examiner successi

vement.

) August., ad Bonif., III, 3.

(2) Bellarmin, de Rom. pontif., 1. I, c. 27.- Klee, p. 211.

Rome vit le même jour (29 juin 67) les deux saints apôtres sceller de leur sang leur glorieuse mission. Voir, pour les preuves historiques de ce fait, Clém., Epist. 1, ad Corinth., c. 5, dans Schænemann, Pontif. Rom., Epist. geminæ. Tertull., de Præscript., c. 36.- Felix ecclesia (Roma) cui totam doctrinam apostoli cum suo sanguine profuderunt; ubi Petrus passioni dominicæ adæquatur, ubi Paulus Johannis exitu coronatur. c. 5. Atticotius, Summa augustiniana, part. I, p. 169. — Cortesius, p. 88; Natal. Alexander, Hist. eccles., t. IV, p. 49. Devoti, Jus can. univ., I, p. 79. Des protestants même ont rendu hommage à ce fait. Richter, Lehrbuch des Kathal., a. prot. Kirchenrechts, p. 34. `

[ocr errors]

Leo, Serm. 82,

-

(3) Decr. Innocc., X, 29 janvier 1647. — V. Bellarmin, de Vi ac ration. prim., c. 5. Bolgeni, l'Episcopalo, p. 18.

§ XIII.

5. Pierre, considéré comme pierre fondamentale sur laquelle l'Église est bâtie.

« Tu es Petrus!» Matth. XVI. 48.

Cette parole: Tu es Pierre, a fait de Simon le fondement de l'Église, le roc qui sert de pierre angulaire à l'édifice divin (1). Ainsi c'est sur Jésus-Christ et sur Pierre, devenu son lieutenant, en récompense de la confession et de la fermeté de sa foi, que l'Église est fondée, fondée non-seulement sur lui mais par lui; ce sont ces mains sacrées qui, immédiatement après l'effusion de l'Esprit saint, ont posé les premières assises de cette merveilleuse construction (2), contre laquelle doivent venir se briser et la furie des enfers et la perversité humaine. On en voit l'inébranlable solidité jusque dans l'impuissance des efforts mille fois tentés par l'hérésie pour corrompre le sens si naturel de la parole du Sauveur, devenue elle-même un rocher à l'épreuve de tous les chocs (3).

Et d'abord, à combien d'interprétations diverses n'ont pas donné lieu les mots Petrus et Petra, dont s'est servie la traduction grecque pour rendre celui de Céphas, seul employé dans l'original syriaque, ainsi que dans les traductions que nous fournissent le persan, l'arménien et le copte! Cette différence tient à ce que dans le grec le mot répa, du genre féminin, ne pouvant être appliqué un à homme, le traducteur s'est trouvé forcé, par le

(1) Tertull., de Pudic., c. 21. In ipso Ecclesia exstructa est, id est, per ipsum.

(2) Aster., Amasen. homil. in SS. apost. Petr. et Paul., n. 4. l'Episcopato, p. 50.

- Bolgeni,

(3) Hieron., Comment. ad. h. I. Ego portas inferi, vitia reor atque peccata: vel certe hæreticorum doctrinas per quas illecti homines ducuntur ad Tartarum. — Gregor., Expos. in 7 psalm., pœn. p. 5: Portæ inferi hæreses sunt quæ dum multos in fide infirmos fucata verborum calliditate decipiunt, quasi notum aditum eis pandunt. Sunt etiam portæ inferi quædam potestates hujus mundi. Quid enim Nero, quid Diocletianus, quid denique iste qui hoc tempore Ecclesiam persequitur, numquid non omnes portæ inferi?

génie de sa langue, à changer la physionomie du mot pour l'approprier à l'usage qu'il était obligé d'en faire; de là méτpos, au lieu de méta, deux fois répété. Cette explication, si plausible par ellemême, a été en outre admise même par les plus acharnés adversaires de la primauté de saint Pierre (1). Quelle induction donc peut-on tirer d'une différence purement syllabique et matérielle? Dira-t-on, pour la faire pénétrer dans le sens même des mots, que éτpa signifie un gros roc, tandis que méτpos n'éveille que l'idée d'une petite pierre? Cette interprétation, adoptée par de récents lexicographes (2), est, ainsi que nous venons de le voir, dénuée de tout fondement. Nous l'admettrons cependant, si l'on veut, mais sous la réserve d'une condition que l'on ne peut nous contester: c'est que si tétpos signifie une petite pierre, cette petite pierre devient, par la transmutation que lui fait subir Jésus-Christ en la convertissant en érpa, un roc volumineux et solide; et alors la prétendue petite pierre sera cette pierre mystérieuse, image du royaume de Dieu, que Nabuchodonosor voit se détacher de la montagne, grossir, grossir toujours et venir, rocher énorme et impétueux, fondre contre la statue colossale de la puissance

(1) Hioron., in c. 2 ad Gal. Non quod aliquid significat Petrus, aliud Cephas. Sed quia quam nos latine et græce petram vocamus, hanc Hebræi et Syri propter linguæ inter se vicinium cephan nuncupant. Jansène, in Tetrateuch, sive Comment. in sanct. Evang.: Tu homo me filium Dei dixisti : ego filius Dei tibi rependo vicem ac vicissim dico non omnibus, sed tibi soli, non casso sermone, sed quem effectus sequatur. Quia tu es Petrus, id est, quod tu sicut olim a me vocatus es verissime, non nomine solo, sed reipsa, es petra, saxum seu rupes. Græce enim Пéτpos et Пé-pa, quod sequitur idem prorsus significant. Sed quia de viro loquebatur, masculine loqui maluit, deinde vero feminine et usitatius: Et super hanc petram, ut nimirum sic ita repetitione et mutatione vocabuli et verbis adjunctis: Edificabo Ecclesiam meam, explicaret per metaphoram et mysterium nomine Petri contentum, quod videlicet eum ita vocaverit non propter sterilitatem vel alias aliquas causas, sed propter immobilem firmitatein, qua, instar rupis, divina virtute solidandus erat, ut molem tantam superædificandam posset sustinere. - Basnage, Annal. politico-ecclesiast., t. I, p. 264. - Béza, in I c. Evang. Matth. Dominus syriace loquens, nulla usus est agnominatione, sed utrobique dixit Cephas: quemadmodum et vernaculum nomen Pierre, tam de proprio, quam de appellativo dicitur. In græco quoque sermone Héros et Пpa non re, sed terminatione tantum differunt.

(2) Passow, Griech, deutsches Wörterburch.

terrestre, renversée, mise en poussière par son choc puissant, irrésistible (1).

Pierre est donc, en vertu de l'institution de Jésus-Christ et de l'assistance de l'Esprit-Saint, le fondement réel et véritable de l'Église, et on ne peut voir une déclaration de déchéance dans cette réprimande du Sauveur à l'apôtre cherchant à le détourner de son sacrifice Éloigne-toi de moi, Satan (2); » car alors l'Église n'était pas fondée (3). Les paroles de l'institution sont d'une clarté que rien ne saurait obscurcir. Elles sont d'une précision telle, qu'il est impossible de les appliquer ni à celui qui les prononce, ni à aucun autre, mais à celui-là seul à qui elles s'a

dressent.

Après avoir proclamé heureux Simon Bar-Jona, le distinguant ainsi par son surnom de l'autre apôtre Simon, surnommé Zélotès (4), le Sauveur ajoute: Et moi je te dis: Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église. Il n'y a pas ici d'équivoque possible. L'application du mot pierre, dans le second membre de la phrase, est évidemment identique à celle qui en est faite dans le premier (5); dans l'un comme dans l'autre, il se rapporte nécessairement à l'apôtre. Le texte original, nous l'avons déjà vu, ne permet aucun doute à cet égard, et la logique est, s'il est possible, encore plus impérative. Car, supposez que Jésus-Christ ait voulu se désigner lui-même par Пéτpα, voici exactement quelle serait, avec une légère modification dans la forme, la contexture de sa phrase: Tu es Pierre, et c'est sur moi que je bâtirai mon Église; et voilà que je te donnerai les clefs du royaume des cieux.

(1) Dan., II, 34.

(2) Evang. Matth., xvi, 23.

(3) Hieron., in h. I. Prudens lector inquirat, quomodo post tantam beatitudinem: Beatus es, Simon Bar-Jona, nunc audiat: Vade post me, Satana? Sed consideret, qui hoc quærit, Petro illam benedictionem, beatitudinem et potestatem et ædificationem Ecclesiæ super eum, in futurum promissam, non in præsenti datam: Edificabo, inquit, super te Ecclesiam

meam.

(4) Lupoli, p. 95.

(5) F.-A. de Simeonibus, de Romani pontificis judiciaria potestate. v. I,

« ÖncekiDevam »