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port, l'Église entière avec son chef, le Sauveur parlera de la manière la plus formelle.

Entouré de tous les apôtres, il choisit Pierre, et, s'adressant spécialement à lui, il leur annonce à tous les dangers dont les menace l'ennemi du genre humain : les combats qu'ils auront à soutenir de la part de l'infidélité et de l'hérésie. « Simon, Simon, Satan vous a demandés (toi et les autres) pour vous cribler (toi et les autres), comme du froment. » Et, continuant de s'adresser à Pierre, il dit, non : « J'ai prié pour vous, » mais : « J'ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille point. » Si, en dépit d'un langage si clair, on voulait néanmoins prétendre que Jésus-Christ a en vue tout le corps des apôtres, cette supposition tomberait immédiatement devant la mission spéciale dont il charge Pierre à l'égard de ses frères dans l'apostolat. Il doit recevoir, par l'effusion du Saint-Esprit, la pleine illumination de la foi, et, devenu ainsi rocher inébranlable, son devoir sera de confirmer ses frères. Cette assurance si importante, si magnifique, de l'indéfectibilité, ce n'est donc point aux apôtres qu'elle est donnée; bien loin de là, il leur est recommandé, s'ils veulent être fortifiés, de s'adresser à Pierre. Ils ne sont forts que de la force de Pierre; ils ne sont solides que de la solidité du fondement posé par Jésus-Christ. C'est pour la foi de Pierre que le Sauveur a prié, c'est donc l'invincible force de Pierre qui rendra les autres inébranlables; la grace de l'assistance d'en haut reposera d'abord sur le prince des apôtres, et ne passera qu'ensuite aux autres, et par son intermédiaire et son action: telle est l'économie divine (1); tel est le lien qui doit unir inséparablement le chœur apostolique à celui qui est à sa tête (2), Jésus-Christ, il est vrai, a promis à tous les apôtres d'être avec eux jusqu'à la consommation des siècles; mais

(1) S. Leo Magn,, Serm. 4, in anniv. assumpt. suæ, c. 3.

(2) Note du traducteur. L'auteur ne veut pas nier le don d'infaillibilité, d'inspiration même, accordé personnellement à chaque apôtre; mais il ne considère ici dans les apôtres que le pouvoir ordinaire ou épiscopal, tel qu'il devait se transmettre au corps des évêques jusqu'à la fin des siècles. Envisagé sous ce point de vue, il est vrai que le collége apostolique n'a reçu aucune promesse indépendante de son union avec le chef suprême de toute F'Eglise. Au reste, l'auteur explique lui-même sa pensée un peu plus bas.

cette promesse ne s'adresse pas à chaque apôtre en particulier, mais bien au corps apostolique uni nécessairement à son chef (1). Or tel le corps de l'homme, qui, selon le langage du Sauveur, tire tout son éclat de la lumière de l'œil, tel le corps de l'Église tire sa lumière dans la foi de son union avec celui qui la gouverne et à qui la prière du Christ a assuré l'indéfectibilité. Qui oserait contester, qui pourrait mesurer l'efficacité de cette prière de l'Homme-Dieu? Elle a eu nécessairement pour effet de produire et de développer dans Pierre l'adhésion la plus prompte, la plus énergique, la plus invincible aux vérités révélées (2). Aussi est-ce par lui que la gentilité a été renversée, que l'hérésie a été vaincue et que les frères ont été confirmés. A qui donc les apôtres iront-ils? La parole du Christ ne leur permet aucune hésitation à cet égard. Si Satan menace de les cribler comme du froment, qu'ils aillent à Pierre, et ils sont assurés d'être fortifiés. Confirmés en grâce, les apôtres n'avaient personnellement rien à redouter des embûches que le diable ne cessait de leur dresser; il n'était pas à craindre que quelqu'un d'entre eux se détachat jamais du chef de l'Église; mais le collége apostolique devait servir de modèle à tout l'épiscopat des siècles futurs, et c'est pourquoi Jésus-Christ a voulu tracer lui-même à tous les évêques la règle qu'ils doivent suivre, et établir, dès le commencement, les rapports qui subsisteront jusqu'à la fin entre le chef et les membres (3).

§ XVI.

3. Royauté de Pierre.

Pasce agnos meos. Pasce oves meas. » JOANN. XXI, 15. Pierre est, en vertu de l'institution divine, la pierre fondamentale de l'Église; il est investi du souverain pouvoir pontifical des

(1) Ev. Matth., xxvIII, 20. — V. Quid est Petrus? p. 3. (2) Ev. Joann., x1, 42: Ego scio, quia semper me audis. Exauditus est pro sua reverentia.

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Hebr., v, 2:

(3) August., De corrupt. et gratia, c. 8. Devoti, p. 43. Sacra monarch. eccles. cath. t. I, p. 49. — Ballerini, De vi ac ratione prim., p. 22,

clefs (1); il a été placé à la tête des apôtres comme le flambeau et le bouclier de la foi; toute puissance spirituelle repose sur lui comme sur le fondement posé par Jésus-Christ; et toutefois, tant et de si magnifiques prérogatives ne réalisent encore qu'en partie les desseins du Sauveur sur le disciple privilégié. Il va lui confier le gouvernement de son Église d'une manière plus expresse et plus solennelle, s'il est possible. Par trois fois consécutives, il lui demande sa profession d'amour, et cela, non d'une façon vague et générale, mais sous cette formule précise : « M'aimes-tu plus que ceux-ci? » Le Christ veut que Pierre soit uni avec lui par son amour plus étroitement que tous les autres, pour récompenser un amour sans égal par une rémunération sans égale. Chaque témoignage de l'apôtre est suivi de la mission de diriger le troupeau du Christ. Deux fois le Seigneur lui dit : Pais mes agneaux; la troisième fois : Pais mes brebis. Chacune de ces paroles renferme une plénitude inépuisable de sens et de pensée (2). Par elles, Pierre est institué roi dans le royaume du Christ sur la terre; mais le gouvernement de Pierre, qui l'élève en dignité à une hauteur où aucun monarque de la terre n'atteignit jamais, lui impose l'obligation de devenir, pour tous les sujets de son royaume, ce que le bon pasteur est pour son troupeau, exposé à mille dangers; de le diriger avec douceur; de le con duire au salut, à la véritable félicité; de courir, à l'exemple de son divin maître, qui se personnifie lui-même dans la parabole du Bon Pasteur, de courir après la brebis égarée, de la charger amoureusement sur ses épaules, et de la rapporter au bercail.

Mais ces brebis ne sont pas les brebis de Pierre, ce sont les brebis du Christ, oves meas. Ainsi Dicu est le véritable roi, le véritable pasteur; Pierre est le roi-pasteur par lieutenance, à qui a été confié par là même le gouvernement de toute l'Église.

(1) L'auteur semble oublier encore ici de distinguer la promesse de l'investiture; mais cette distinction est sans conséquence au point de vue doctrinal. On peut arguer avec tout autant de force de la simple promesse que du fait même de la collation; aussi croyons-nous que c'est ici, comme plus haut, un simple défaut d'exactitude dans les termes plutôt qu'une méprise réelle. (Note du traducteur.)

(2) V. Hist. pol. de Blatter, t. VIII, p. 132.

Mais paître (pascere, Touaivav), est-ce synonyme de gouverner? Telle est la question qui a été souvent soulevée à propos des paroles adressées à Pierre par le Sauveur. Pour y répondre, il suffit d'ouvrir nos saintes lettres, où cette locution se trouve à chaque page, et d'avoir la plus simple notion des auteurs profanes de la Grèce, qui emploient si fréquemment ouaivety dans le sens de gouverner. Qui n'a lu dans Homère un av (1)? Qui ne sait encore que, chez beaucoup d'autres peuples de l'antiquité, les noms des rois, tels que ceux de Pharaon et de Sésostris, étaient empruntés à la vie pastorale (2)?

Or le troupeau du roi-pasteur de l'Église ne se compose pas d'une seule tribu, d'une seule race, mais de tout le peuple chrétien; et il est confié à sa garde, non partiellement, mais en entier; il ne doit y avoir qu'un seul pasteur et qu'un seul troupeau. Le pastorat de Pierre ne se restreint donc pas au peuple d'Israël (3), comme l'ont prétendu certains écrivains qui placent sous l'autorité de Paul les peuples de la gentilité. Le Christ range sous la houlette de Pierre les agneaux et les brebis, ceux qui reçoivent et ceux qui donnent le céleste aliment de la parole divine, l'Église enseignée et l'Église enseignante. Celui-là seul donc qui ne veut être ni un agneau ni une brebis du Christ est exclu du bercail de Pierre. Par le sens même de l'expression qu'il emploie, le Sauveur subordonne à Pierre ceux qu'il commet, comme pasteurs, au gouvernement de l'Église : car, immédiatement après cette question: M'aimes-tu plus que ceux-ci? il confie à Pierre la conduite des brebis. Ainsi Pierre paît les agneaux et les brebis; il paît les petits et les mères; il gouverne les subordonnés et les chefs (4), donc les pasteurs eux-mêmes;

2.

(1) Hom., Iliad., II, 85.

(2) II Reg., c. 1, v. 2; c. 7, v. 7. — I Paralip., xví, 6. Isaïe, XLIV, 28. Ezech.,

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XXXIV, 23.

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(3) Cette idée est exposée dans un ouvrage publié à Londres dans l'année 1770, sous ce titre : De primatu Romani pontificis. Opus, cujus scopus est demonstrare primatum Romani episcopi inter alios épiscopos nullum, nisi honorificum esse, et illum primatum nec divinum nec jurisdictionis esse. V. Bennettis, Privil. S. Petri vindic.

(4) Eucher Luad., Serm. de natal. SS. apost. Petri et Pauli: Dicit ei Je

car, pasteurs vis-à-vis des peuples, ils sont brebis vis-à-vis de Pierre (1). Qu'aucun pasteur donc n'ose se séparer du grand troupeau de Pierre, conduire ses agneaux à un autre pâturage que celui de Pierre; qu'à l'appel pastoral de Pierre tous s'empressent de marcher à sa suite et de se réunir où il les convoque là est l'assembléc du Seigneur; car, là où est Pierre, là est l'Église Ubi Petrus, ibi Ecclesia.

:

Et, en parlant ainsi, nous ne faisons que reproduire le langage unanime des Pères (2). Tous ont vu Pierre investi, par le seul fait de sa dignité pastorale, de la direction et du gouvernement de l'Église entière. Ils donnent bien aux apôtres le nom de pasteurs; mais loin d'eux la pensée de les égaler au pasteur suprême, qu'en cette qualité ils placent tous au-dessus d'eux.

Si c'est la foi de Pierre qui a fait de lui le fondement inébranlable de l'Église, c'est aussi son amour qui l'a élevé à la dignité de lieutenant-roi dans le royaume du Christ. « Il croyait parce qu'il aimait, il aimait parce qu'il croyait. » Aussi fut-il contristé en se voyant interrogé sur son amour jusqu'à trois fois; car qui interroge doute. Mais le Seigneur ne doutait point; il n'interrogeait point; non, il n'avait rien à apprendre; il instruisait d'abord les apôtres présents, puis celui qu'au moment de remonter au ciel il voulait instituer en quelque sorte le lieutenant de son amour, c'est-à-dire son représentant, son vicaire dans le gouvernement tout d'amour de son Église. Ainsi parle saint Ambroise (3), ainsi parlent tous les saints Pères (4).

sus: Pasce oves meas. Prius agnos, deinde oves committit ei, quia non solum pastorem, sed pastorum pastorem eum constituit. Pascit igitur Petrus agnos, pascit et oves, pascit filios, pascit et matres; regit subditos, regit et prælatos; omnium igitur pastor est, quia præter agnos et oves in Ecclesia nihil est.

(1) Bossuet, Sermon sur l'unité de l'Église.

(2) V. de Simeonibus, p. 76.

(3) Ambros., 1. X, in Luc, XXIV.

(4) Bernard., de Consideratione, 1. II, c. 8: Tu es potestate Petrus : tu es cui claves traditæ sunt. Sunt quidem et alii cœli janitores et gregum pastores; sed tu tanto gloriosius, quanto et differentius utrumque præ cæteris nomen hæreditasti. Habent illi sibi adsignatos greges, singuli singulos: tibi universi crediti, uni unus; nec modo ovium, sed et pastorum tu unus

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