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§ XVII.

4. Importance et objet de la primauté de Pierre.

Indépendamment des autres insignes prérogatives dévolues à Pierre sur les autres apôtres, si l'on envisage dans leur ensemble les pouvoirs éminents qu'il a reçus de Jésus-Christ, il ne peut être mis en doute que Pierre, fondement, pontife suprême, maître infaillible, roi de l'Église, n'ait été investi de Dieu, dans son royaume sur terre, d'une souveraineté véritable et indépendante de toute autorité humaine (1).

Incontestablement Jésus-Christ a donné à tous les apôtres, c'est-à-dire au corps apostolique, Pierre y compris, la plénitude de la puissance: Sicut misit me vivens Pater, et ego mitto vos... Omnis potestas mihi data est in cœlo et in terra (2); mais c'est à Pierre entre tous qu'il confère cette souveraine puissance. Donnée d'abord à un entre douze, puis, pour toute la suite des temps, à un entre tous les hommes, cette souveraine puissance doit donc avoir pour but, pour objet essentiel, l'unité et la conservation de l'Église fondée par et sur cette unité. Comment, en effet, tant de peuples si divers, répandus sur la surface du globe, auraient-ils pu se réunir dans l'Église, s'il n'y avait eu dans son sein un centre visible d'unité, un chef visible qui la gouvernât dans l'unité? Comment les différentes Églises nais

omnium pastor. Unde id probo, quæris? Ex verbo Domini. Cui enim non dico episcoporum, sed etiam apostolorum sic absolute et indiscrete tota commissæ sunt oves? Si me amas, Petre, pasce oves meas. Quas? Illius vel illius populos civitatis, aut nationis aut certi regni? Oves meas, inquit. Nihil excipitur, ubi distinguitur nihil. Ergo juxta canones tuos, alii in partem sollicitudinis, tu in plenitudinem potestatis vocatus es. Aliorum potestas certis arctatur limitibus, tua extenditur et in ipsos qui potestatem super alios acceperunt. - V. S. Bernardi Doctrina vindicata, p. 12.

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(1) Bolgeni, l'Episcopato, part. I, n. 15, p. 29; n. 18, p. 35. Ballerini, De vi ac ratione prim., c. 9, p. 38. Kenpeners, de Roman. pontif.

prim., p. 105.

2) Ev. Matth., xxvm, 16

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Bolgeni, p. 6.

santes auraient-elles pu former un tout, un corps, si ce tout,

si

ce corps n'avait eu un chef? Aussi Jésus-Christ marque-t-il ce but d'une manière si nette, qu'il est impossible de le méconnaître. Il veut bâtir une Église qui doit être à l'épreuve de toutes les fureurs de l'enfer (1); pour cela, il la fonde sur un seul, dont il fait la pierre fondamentale de l'édifice. L'édifice sera donc un et inébranlable, mais à la condition que, tandis que Pierre n'aura que Dieu au-dessus de lui, le reste des apôtres sera soumis à Pierre. Le pouvoir conféré au corps apostolique forme ce qu'on appelle l'épiscopat; mais Pierre est, soit dans l'ordre du temps, soit dans l'ordre de la dignité, le premier entre les évêques. Ce n'est pas qu'il possède seul, à l'exclusion des autres, l'épiscopat, ni conséquemment que les autres apôtres soient en aucune façon ses représentants; mais l'épiscopat a été institué dans sa personne, et ceux qui en ont été ultérieurement investis l'ont été dans la subordination à l'évêque suprême institué antérieurement (2). Tous ont reçu l'épiscopat; lui seul été revêtu de la souveraineté de l'épiscopat. « Premier dans la foi, dit saint Hi« laire (3), il est aussi le premier dans l'épiscopat. A Pierre, sur <«< qui il voulait bâtir l'Église, et de qui il voulait faire dériver « l'origine de l'unité, à Pierre, d'abord, le Seigneur a donné ce << pouvoir, que tout ce qui serait délié par lui sur la terre serait * également délié dans le ciel. « Par lui (Pierre), dit Inno<< cent I après saint Cyprien, l'apostolat et l'épiscopal ont eu leur «< commencement en Jésus-Christ (4). » Soit qu'il mette la première main à la construction de son Église, en en posant le fondement; soit qu'il en développe la meilleure économie, en insti

(1) Ballerini, c. 15, p. 96. Klee, Dogmatik, bd. I, s. 239. (2) Bolgeni, p. 37.

Gotti, Vera eccles. M., t. II,

p. 39.

(3) Hilar., Comment. in Matth., n. 6: Primus credidit et apostolatus est princeps.

(4) Epist. ad Jud., 73. - Idem, De Unitate Ecclesiæ, c. 18, q. 1 : Loquitur Dominus ad Petrum: Ego dico tibi, inquit, quia tu es Petrus, etc. Super unum ædificat Ecclesiam, et quamvis apostolis omnibus post resurrectionem suam parem potestatem tribuat, et dicat: Sicut misit, etc.; tamen ut unitatem manifestaret, unitatis ejusdem originem ab uno incipientem sua auctoritate disposuit.

tuant successivement les pouvoirs dont il veut l'enrichir, toujours et partout c'est par celui qu'il lui destine pour chef, par Pierre, que Jésus-Christ commence. Pouvait-il manifester plus clairement son intention de faire de ce chef le canal des grâces qu'il destinait à son Église, et en particulier de la grâce de l'unité, qu'en l'établissant le point central autour duquel tout viendrait converger dans l'ordre d'une subordination harmonique? Une foule de passages de la sainte Écriture témoignent de la vive sollicitude du Sauveur pour l'unité de son Église. « Père saint, « conservez en votre nom ceux que vous m'avez donnés, afin « qu'ils soient un, comme nous sommes un ; je vous prie non<< seulement pour eux, mais encore pour ceux qui croiront en moi par leurs paroles, afin qu'ils soient tous un, et je leur ai << fait part de la gloire que vous m'avez donnée, pour qu'ils soient

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« un comme nous sommes un. »

A l'exemple de saint Paul (1), tous les saints Pères s'attachent à faire ressortir à l'envi la nécessité de l'unité, et en font l'objet de leurs pressantes exhortations. Saint Cyprien, après avoir dit que « l'Église, fondée sur Pierre, a l'unité pour origine et pour << but (2), » compare l'épiscopat avec la divinité : de même que, dans la nature divine, il y a trinité de personnes dans l'unité de substance, de même, selon ce saint docteur, dans l'épiscopat il· y a pluralité de pouvoirs dans l'unité de puissance, pluralité de ministères dans l'unité de sacerdoce. Mais, Dieu étant essentiellement le Dieu de l'ordre, pour que cette puissance, une en ellemême, multiple dans son rayonnement, pût, tout en se partageant dans son exercice, être maintenue dans l'ordre, il fallait qu'elle fût coordonnée par la subordination de toutes ses parties. Or la plus haute expression, la plus parfaite réalisation de l'ordre, c'est l'unité. L'unité seule réalise l'idée du complet absolu. Tout autre nombre implique composition, divisibilité (3). Et voilà

(1) I Corinth., xii, 12 sq.

(2) Epist. 70 ad Januar.: Una Ecclesia a Christo Domino super Petrum origine unitatis et ratione fundata..

(3) Bernard., De considerat., I, III, c. 8. eccles., part. I, p. 21.

Daude, Majestas hierarch.

pourquoi le même Père ajoute (1): « Afin de manifester l'u«nité, le Christ institua une chaire, et l'établit en donnant la << primauté à Pierre (2); c'est là la chaire, c'est là l'Église, « d'où a dérivé l'unité épiscopale (3). Cette unité, c'est à nous << principalement, à nous évêques investis de la principale auto« rité dans l'Église, qu'il appartient de la maintenir et de la dé<«< fendre, afin de prouver que l'épiscopat, dont toutes les parties « se réunissent dans un tout solide, est un (4). »

En effet, chaque évêque exerce l'épiscopat sur une partie déterminée du peuple chrétien, non isolément, mais en communion avec les autres évêques, subordonnés tous ensemble à l'évêque investi du souverain épiscopat et de l'apostolat suprême sur toute l'Église. De même que, pour chaque Église particulière, l'unité se montre dans son union avec son chef, son centre immédiat, de même, pour la grande société chrétienne, il doit se révéler dans la communion universelle avec le premier, le souverain évêque, chef et centre universel de l'unité. Il faut voir dans saint Cyprien même avec quelle abondance d'images, aussi justes que brillantes, ce saint docteur prouve et exalte cette unité fondée sur le prince des apôtres.

Les autres Pères de l'Église ne s'expriment pas avec moins d'énergie. « Au témoignage de saint Matthieu, dit Pacien, évêque de Barcelone, le Seigneur a parlé à Pierre, à un seul, afin de faire découler l'unité d'un seul (5). » « Pour le bien de l'unité, dit aussi Optat de Milève, Pierre a eu le privilége d'être préféré à tous les apôtres (6). Tu ne peux nier, écrit-il à Parménien, qu'il

(1) Cyprian., De unitate Ecclesiæ, c. 463.-Idem, Epist. 55 ad Cornel. pap. (2) Epist. 70 ad Januar. : Una Ecclesia a Christo Domino super Petrum origine unitatis et ratione fundata.

Bolgeni, p. 144.

(3) Epist. 52 ad Anton. (4) Cyprian., De unitate Ecclesiæ, c. 465. Idem, Epist. 55 ad Cornel. pap., De unitate Ecclesiæ, c. 464: Quam unitatem firmiter tenere et vindicare debemus, maxime episcopi, qui in Ecclesia præsidemus, ut episcopatum quoque ipsum unum atque indivisum probemus... Episcopatus unus est, cujus a singulis in solidum pars tenetur.

(5) Pacian., Epist. 3: Ut unitatem formaret ex uno.

(6) Optat., Milev., 1. VII, c. Parmenian., c. 3: Bono unitatis beat. Petrus præferri apostolis omnibus meruit.

ne soit parfaitement à ta connaissance qu'il est à Rome un siége épiscopal, occupé primitivement par Pierre, qui, par cette raison, a été appelé Céphas; que c'est avec ce siége et par ce siége, par-dessus tous les autres, que l'unité doit être conservée, afin que chacun des autres apôtres ne puisse prétendre avoir un siége à part; de telle sorte que quiconque élève une chaire contre cette chaire spéciale est prévaricateur et schismatique (1). » Saint Jérôme est encore plus concis et nou moins énergique : « Un seul, dit-il, est choisi entre douze, pour que l'unité du chef puisse fermer la voie au schisme (2). »

Or, pour atteindre ce but, il ne suffisait pas que les apôtres eussent un chef; il fallait encore que ce chef fût investi d'une dignité et d'un pouvoir tout particuliers; il fallait que son autorité fût assez forte pour contenir tous les fidèles, les apôtres euxmêmes, dans leur sphère respective, et empêcher que personne portât atteinte à l'unité de l'Église. Ce n'est pas, sans doute, que les apôtres eussent besoin de ce frein; mais, en établissant cet ordre de choses, Jésus-Christ donnait à l'Église la forme déterminée qui devait survivre aux apôtres et subsister inaltérable jusqu'à la fin. Et cet ordre, cette unité fondée sur la primauté de Pierre, se sont si merveilleusement conservés dans le sein de l'Église, que ceux-là mêmes qui n'appartenaient pas à sa société n'ont pu lui refuser l'hommage de leur admiration (3).

(1) Id., I. II, C. 2.

(2) Hieron., adv. Jovian., I, 14 : Propterea inter duodecim unus eligitur, ut capite constituto schismatis tolleretur occasio..

(3) Hugo Grot., Vota pro ecclesiast. pace ad art. 7: Ordo sive in partibus, sive in toto continetur in principatu quodam, sive in præpositi unitate ⚫ et hoc est quod in Petro Christus nos docuit. Hic ordo semper in Ecclesia manere debet, quia semper manet causa, id est periculum a schismate. Discuss rivet. Apolog. (ibid., p. 695): Sine tali primatu exiri a controversiis non poterat, sicut hodie apud protestantes nulla est ratio, qua ortarum inter se controversiarum reperiatur finis.

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