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CHAPITRE III

DES APÔTRES.

§ XVIII.

De l'apostolat en général.

Parmi les apôtres que Jésus-Christ rassembla autour de lui était André, frère de Simon. Appelé le premier à l'honneur de l'apostolat (1), ce n'est cependant pas à lui, mais à Pierre, que devait, en vue de l'unité de l'Église, être conférée la primauté. Par cette prérogative, Pierre se trouve distingué de son frère selon la nature, comme de ses frères dans l'apostolat, avec lesquels il partage d'ailleurs tous les droits inhérents à cette dignité, considérée intrinsèquement. Il faut donc toujours euvisager dans Pierre sa double qualité d'apôtre et de prince des apôtres : dans les apôtres, pas un seul droit qu'ils n'aient en commun avec Pierre; tandis que Pierre jouit à lui seul du privilége de la primauté (2).

:

Le Christ avait un double but en appelant les apòtres auprès de lui il voulait, par ce commerce intime, les rendre témoins de ses paroles, de ses actes, et surtout de sa résurrection; il voulait, en second lieu, les envoyer plus tard aux hommes de tous les pays, de toutes les langues, de toutes les nations, pour les attirer et les réunir tous par l'amour de son Évangile (3). C'est ce dernier côté de leur mission qui est plus particulièrement exprimé par la dénomination d'apôtres, bien que le premier ne soit pas

(1) Ev. Joann., 1, 40.

(2) Adv. Pelag., De planetu Ecclesiæ, 1. I, c. 55: Petro ergo dictum est sine aliis et non aliis sine Petro, ut intelligatur sic ei attributa potestas ejusmodi, ut alii sine ipso non possint, ipse sine aliis possit ex privilegio sibi collato et concessa sibi plenitudine potestatis.

(3) Coeffeteau, Sacr, monarch. eccl. cath., t. I, p. 59.

ne soit parfaitement à ta connaissance qu'il est à Rome un siége épiscopal, occupé primitivement par Pierre, qui, par cette raison, a été appelé Céphas; que c'est avec ce siége et par ce siége, par-dessus tous les autres, que l'unité doit être conservée, afin que chacun des autres apôtres ne puisse prétendre avoir un siége à part; de telle sorte que quiconque élève une chaire contre cette chaire spéciale est prévaricateur et schismatique (1). » Saint Jérôme est encore plus concis et non moins énergique : « Un seul, dit-il, est choisi entre douze, pour que l'unité du chef puisse fermer la voie au schisme (2). »

Or, pour atteindre ce but, il ne suffisait pas que les apôtres eussent un chef; il fallait encore que ce chef fût investi d'une dignité et d'un pouvoir tout particuliers; il fallait que son autorité fût assez forte pour contenir tous les fidèles, les apôtres euxmêmes, dans leur sphère respective, et empêcher que personne portât atteinte à l'unité de l'Église. Ce n'est pas, sans doute, que les apôtres eussent besoin de ce frein; mais, en établissant cet ordre de choses, Jésus-Christ donnait à l'Église la forme déterminée qui devait survivre aux apôtres et subsister inaltérable jusqu'à la fin. Et cet ordre, cette unité fondée sur la primauté de Pierre, se sont si merveilleusement conservés dans le sein de l'Église, que ceux-là mêmes qui n'appartenaient pas à sa société n'ont pu lui refuser l'hommage de leur admiration (3).

(1) Id., I. II, c. 2.

(2) Hieron., adv. Jovian., I, 14: Propterea inter duodecim unus eligitur, ut capite constituto schismatis tolleretur occasio..

(3) Hugo Grot., Vota pro ecclesiast. pace ad art. 7 : Ordo sive in partibus, sive in toto continetur in principatu quodam, sive in præpositi unitate. et hoc est quod in Petro Christus nos docuit. Hic ordo semper in Ecclesia manere debet, quia semper manet causa, id est periculum a schismate. Discuss rivet. Apolog. (ibid., p. 695): Sine tali primatu exiri a controversiis non poterat, sicut hodie apud protestantes nulla est ratio, qua ortarum inter se controversiarum reperiatur finis.

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CHAPITRE III

DES APÔTRES.

§ XVIII.

De l'apostolat en général.

Parmi les apôtres que Jésus-Christ rassembla autour de lui était André, frère de Simon. Appelé le premier à l'honneur de l'apostolat (1), ce n'est cependant pas à lui, mais à Pierre, que devait, en vue de l'unité de l'Église, être conférée la primauté. Par cette prérogative, Pierre se trouve distingué de son frère selon la nature, comme de ses frères dans l'apostolat, avec lesquels il partage d'ailleurs tous les droits inhérents à cette dignité, considérée intrinsèquement. Il faut donc toujours envisager dans Pierre sa double qualité d'apôtre et de prince des apôtres : dans les apôtres, pas un seul droit qu'ils n'aient en commun avec Pierre; tandis que Pierre jouit à lui seul du privilége de la primauté (2).

Le Christ avait un double but en appelant les apôtres auprès de lui: il voulait, par ce commerce intime, les rendre témoins de ses paroles, de ses actes, et surtout de sa résurrection; il voulait, en second lieu, les envoyer plus tard aux hommes de tous les pays, de toutes les langues, de toutes les nations, pour les attirer et les réunir tous par l'amour de son Évangile (3). C'est ce dernier côté de leur mission qui est plus particulièrement exprimé par la dénomination d'apôtres, bien que le premier ne soit pas

(1) Ev. Joann., 1, 40.

(2) Adv. Pelag., De planctu Ecclesiæ, 1. I, c. 55: Petro ergo dictum est sine aliis et non aliis sine Petro, ut intelligatur sic ei attributa potestas ejusmodi, ut alii sine ipso non possint, ipse sine aliis possit ex privilegio sibi collato et concessa sibi plenitudine potestatis.

(3) Coeffeteau, Sacr, monarch. eccl. cath., t. I, p. 39.

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d'une moindre importance. Jésus-Christ les prit d'abord avec lui,
les instruisit par la parole et par l'exemple, avant de les envoyer
pour enseigner tous les peuples et leur rendre témoignage du
divin Maître. C'est pour entrer dans ces vues que, sur l'invitation
de Pierre, il fut procédé au remplacement de Judas par l'élection
d'un autre apôtre qui pût être témoin de la résurrection du Sei-
gneur (1). Avant de monter au ciel, le Sauveur leur dit lui-même :
« Vous me rendrez témoignage à Jérusalem et dans toute la
Judée, et à Samarie, et jusqu'aux extrémités de la terre (2). »
C'est pourquoi Pierre dit : « Il nous a ordonné de prêcher, de
lui rendre témoignage devant le peuple, que c'est lui qui a été
établi juge des vivants et des morts (3). » Et encore : « Nous
sommes les témoins prédestinés de Dieu avant tous les temps.
nous qui avons mangé et bu avec lui depuis qu'il est ressuscité
d'entre les morts (4). » Et l'apòtre saint Jean ajoute : « Nous
vous prêchons ce que nous avons vu, ce que nous avons entendu,
afin
que vous entriez en société avec nous (5). »

Or c'est à ces témoins que Dieu a remis son pouvoir sur tout
le genre humain, afin de l'amener à l'unité et dans la communion
de l'Église. Il les envoya comme le Père l'avait envoyé lui-même ;
il leur donna le pouvoir de lier et de délier, et leur dit : « Allez
et enseignez tous les peuples, et baptisez-les au nom du Père, du
Fils et du Saint-Esprit. » A partir de ce moment, les témoins,
μáprupes, deviennent apôtres, en attendant qu'ils couronnent tous
leur carrière en devenant martyrs.

Après l'effusion du Saint-Esprit, les apôtres commencent leur mission. Parlant à tous les peuples, dans toutes les langues, ils portent l'heureuse nouvelle de la rédemption du genre humain, de la réconciliation avec Dieu et de la fusion de tous les peuples divisés entre eux, dans un seul et grand royaume, le royaume de

(1) Act. 1, 22.

(2) Saint Pierre, dans sa première épître, c. 5, v. 1, s'appelle lui-même testis Christi passionum, qui et ejus, quæ in futuro revelanda est, communicator gloriæ.

(3) Act. x, 42.

(4) Act. x, 41.

(5) I Joann., c. 1, 1, 2.

Dieu sur la terre. La fondation et la propagation de l'Église devaient ainsi être comme la contre-partie de la construction de la tour de Babel et de la dispersion des peuples (1). La réunion de tous les idiomes dans la bouche des apôtres forme un parfait contraste avec l'antique confusion des langues: de même que, de Babylone, les peuples qui ne s'entendent plus sont dispersés dans toutes les parties de la terre, les apôtres, intelligibles à tous, vont à leur tour de Jérusalem se répandre dans le monde entier pour la réunion de tous les peuples. Ceux-là, en témoignage de leur désunion et afin de se glorifier eux-mêmes, allaient bâtir et élever une tour dont le sommet devait toucher le ciel; ceux-ci, sur le fondement de l'unité et à la gloire du Très-Haut, travaillent à ériger l'édifice divin de l'Église, la cité divine, qui, réellement, s'élève jusqu'au ciel. Les uns dressent le périssable monument humain de la dispersion, les autres élèvent l'indestructible monument divin de l'unité.

Avant de se rendre chez les peuples éloignés, les apôtres fixèrent leur principale sollicitude sur l'Église de Jérusalem, de même que, dans les débuts de leur mission, sans exclure les païens, ils s'étaient occupés spécialement des enfants d'Israël (2). Ce ne fut que lorsqu'une partie de ces derniers se fut montrée rebelle à l'Évangile que les apôtres se tournèrent du côté des Gentils (3), qui furent comme des sauvageons entés sur l'arbre de l'Église, à la place des rameaux arides qui avaient mérité d'en être retranchés (4). Il n'est pas possible de préciser d'une manière rigoureuse le temps qu'ils consacrèrent à la conversion des Juifs (ils restèrent à Jérusalem jusqu'à l'expulsion des autres chrétiens); toutefois, on peut fixer approximativement leur départ de cette ville vers l'an 40 (5). Afin de prévenir les démêlés qui s'étaient élevés entre les Hébreux et les Grecs au sujet des veuves de ces derniers,

(1) Genes., xi, 1 sq.

Bolgen,

(2) Act., x, 45. Et obstupuerunt ex circumcisione fideles, qui venerant cum Petro, quia et in nationes gratia Spiritus sancti effusa est. l'Episcopato, p. 92.

(3) Act., XIII, 46.

(4) Rom., xi, 11 sq.

(3) Act., vIII, 1. Selon une vieille tradition, appuyée sur le témoignage

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