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ment exact, donner aux apôtres, comme depuis aux évêques, les titres de pasteurs, de gouverneurs, de guides de l'Église, sans, pour cela, vouloir exclure toute idée de gradation hiérarchique; autrement, nous le répétons, il faudrait soutenir que Jésus-Christ, si souvent appelé apôtre, n'est en rien au-dessus des apôtres (1). Or cette gradation, si solennellement établie, si nettement marquée par Jésus-Christ lui-même, consiste dans la subordination des apôtres à l'autorité de Pierre, leur prince de droit divin. La haute autorité qui leur avait été donnée eût perdu compléte. ment son importance hors de l'ordre dans lequel elle avait été établie, c'est-à-dire en dehors de l'unité avec Pierre (2). Bien que les apôtres ne forment qu'un seul corps avec Pierre, ils ne lui sont cependant nullement égaux en autorité pour la conservation et le maintien de l'unité à l'abri de tout schisme et de toute division (3). Ils lui sont égaux quant à l'œuvre de l'apostolat en luimême; mais, pour l'ordre et la manière de son exercice, ils lui sont sujets (4). Ils lui sont encore égaux pour l'étendue et la plénitude du pouvoir apostolique, qu'ils avaient nécessairement en qualité de premiers propagateurs de l'Évangile : Jésus-Christ leur donne à tous pouvoir sur tous les peuples de la terre (5). La véritable souveraineté cependant, l'indépendance de toute autorité humaine, ne leur est pas conférée, et voilà en quoi ils diffèrent de Pierre, à qui cette souveraine autorité a été remise (6). Sans nul doute, cette souveraineté et cette indépendance sont implicitement renfermées dans l'idée de l'apostolat; mais elles s'y trouvent de la même manière que l'unité ellemême, c'est-à-dire en principe, en ce que Pierre est membre et chef de l'apostolat (7).

(1) Devoti, p. 52.

(2) Coeffeteau, Sacr. monarch. eccl. cath., t. I, p. 49. (3) Idem, p. 51.

(4) Idem, p. 48.

(5) Cyprian., de

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· Ballerini, de Vi ac ratione primatus, c. xi, p. 65. Unit. eccl. Hoc erant utique et cæteri apostoli, quid

fuit et Petrus, pari consortio præditi et honoris et potestatis. Sed exordium ab unitate proficiscitur: ut Ecclesia una monstretur.

(6) Bolgeni, n. 18, p. 34.

(7) Idem, n. 23, p. 47.

CHAPITRE IV

DE LA SUCCESSION.

§ XX.

1. Nécessité de la succession ecclésiastique, dans la primauté spécialement.

pour

Le royaume du Christ sur la terre n'avait pas été fondé une seule génération d'hommes; sa durée devait s'étendre jusqu'à la fin des siècles. En disant à ses apôtres : « Je suis avec vous jusqu'à la consommation des temps (1), » le Sauveur ne pouvait donc n'avoir en vue que les hommes mortels à qui il s'adressait. En instituant Pierre le fondement de l'Église, à sa place, avec la promesse que les portes de l'enfer ne triompheraient jamais d'elle, il ne pouvait non plus n'avoir que Pierre présent à son esprit; car, Pierre mort, l'Église restait sans fondement. En confiant à Pierre, comme son lieutenant, la puissauce du suprême sacerdoce, l'enseignement infaillible, le gouvernement souverain de son royaume, il ne pouvait limiter ces hants pouvoirs à la durée de la vie du prince des apôtres; ou autrement, la mort de celui-ci aurait laissé l'Église sans roi, sans souverain pontife, sans maître infaillible; le principe de l'unité s'évanouissait, le chef disparaissait, et l'Église se trouvait ouverte de tous côtés aux scissions et aux schismes. Ce n'était pas assez d'avoir donné l'unité à l'Église, il fallait encore l'y conserver (2). Si, pour obvier aux éventualités des dissensions, il avait fallu entre douze en choisir un, pour le mettre à la tête des autres, combien plus n'était-il pas nécessaire qu'il y eût un chef reconnu, obéi de tous, après la fondation d'une multitude d'Églises, dont

(1) Ev. Matth, xxvIII, 20.

(2) Bennettis, Privil. S. Petri vindic., t. I, p.

96 sq.

chacune avait dans son évèque un chef particulier? Comment, après la mort des apôtres, l'union aurait-elle régné parmi tous ces évêques, s'il n'avait existé au milieu d'eux un centre d'unité? Dans la prévision des épreuves auxquelles les apôtres seront en but, Jésus-Christ les adresse à Pierre, pour être par lui fortifiés et affermis; à qui, dans les cas analogues, les évêques s'adresseront-ils, s'il n'y a plus pour eux de maître infaillible? Pierre est armé du pouvoir suprême des clefs; Pierre disparu, qui pourra lier et délier là où Pierre seul pouvait atteindre? Le Sauveur lui a confié tous ses agneaux, toutes ses brebis; qui prendra soin du troupeau, quand le pasteur ne sera plus? Livré à une multitude de pasteurs dont chacun suivra sa voie particulière, entraîné, dispersé dans toutes les directions, ne devra-t-il pas bientôt présenter l'image de la désolation et de la ruine? Et cependant c'est l'unité qui tenait tant à cœur au Christ! et cependant c'est en vue de cette unité qu'il avait élevé vers le ciel ses supplications les plus ardentes, non-seulement pour les apôtres, mais encore pour tous ceux qui devaient être par eux amenés à la foi! Tout ce que Jésus-Christ a fait en vue de l'unité de l'Église, appelée à durer toujours, doit durer autant qu'elle. A un édifice éternel il faut un éternel fondement; à un troupeau toujours existant il faut des pasteurs permanents qui ne cessent de le conduire. Pierre proclamait une vérité éternelle quand il disait au Christ: Vous êtes le Fils du Dieu vivant; Jésus-Christ fondait aussi une œuvre éternelle quand il répondait à son apôtre: Tu es Pierre (1). Jésus-Christ a institué dans Pierre le chef de son Église; l'Église ne peut, après la mort de Pierre, devenir un corps sans chef. Or Pierre n'est pas affranchi du tribut de la mort; il faut qu'il puisse se perpétuer tout en cessant de vivre. Il meurt, mais il se survivra dans son successeur, et le Christ, qui a voulu que l'Église ne cessât de subsister, a voulu aussi établir dans son sein une puissance perpétuellement subsistante; car, en lui donnant Pierre pour fondement, il ne lui a marqué aucune limite ni dans le temps ni dans l'espace. Il faut donc que la parole que Pierre

(1) Leo, Serm. 2, in anniv. assumpt. suæ, c. 2: Sicuti permanet, quod in Christo Petrus credidit, ita permanet, quod in Petro Christus instituit.

"

faisait entendre de son vivant, cette parole qui dirigeait, gouvernait l'Église, confirmait les frères, il faut qu'elle continue de se faire entendre par la bouche de ses successeurs, héritiers de la promesse que le Christ leur a faite à eux-mêmes en la faisant à Pierre (1).

Conformément donc à la forme gouvernementale établie par Jésus-Christ, et qui doit persévérer inaltérable (2), Pierre ne peut avoir qu'un successeur, qui non-seulement soit, d'une certaine façon, son lieutenant (3), mais encore qui lui succède véritablement dans tous ses droits de vicaire du Christ, comme pierre fondamentale et chef de l'Église, au triple point de vue du sacerdoce, du ministère doctrinal et du gouvernement. Dans ce sens encore, il est exact de dire que la puissance spirituelle a été donnée à l'Église; car cette puissance, telle qu'elle est échue à Pierre, n'a pas été tellement identifiée avec sa personne, qu'elle dùt s'éteindre avec lui; bien au contraire, il fallait qu'elle pût se perpétuer à tout jamais dans le sein de l'Église par la voie de la succession.

1

La loi commune de la mort, qui fait de la succession une nécessité inévitable pour toutes les choses humaines, ne l'imposait donc pas moins impérieusement à l'Église, confiée, pour sa direction, à des instruments humains. Or la succession suppose un droit, et, là où le droit pourrait se produire comme personnifié dans plusieurs, elle exige un ordre déterminé. Le bonheur de toute société est à ce prix. Tout peuple chez qui l'ordre de succession n'est pas fixe et invariable est condamné inévitablement à voir périodiquement se lever pour lui l'ère des dissensions intestines et des luttes sanglantes. Dieu ne pouvait, dans son Église, dans son royaume sur la terre, fondé de ses propres mains, abandonner, ni aux chances du hasard ni aux caprices des hommes, la désignation du successeur du représentant qu'il s'était choisi lui

(1) Biner., Tract. theol. jur. de summa Trinitate, etc., part. III, art. 3, n. 19, p. 94.

(2) Gotti, Vera Ecclesia Christi, t. II, p. 34.

(3) Cette expression se trouve dans Mendoza (Quæst., 4 scholast.); mais elle ne doit pas être prise dans un sens trop absolu.

même. Il faut donc considérer comme le résultat des conseils de Dieu, et comme l'expression de sa volonté, ce que l'histoire nous signale comme ayant exercé une influence déterminante sur ce point. Or, d'une part, Dieu ayant fondé l'Église uniquement pour le bien de l'humanité, et, dans le désir de s'attacher les hommes et de les conduire au salut, s'étant fait homme lui-même; de l'autre, s'étant réglé, pour toutes les institutions qu'il a créées dans l'Église, sur la nature humaine, et, conformément à ce plan. lui ayant donné une constitution, une forme visible à tout œil humain, n'est-on pas autorisé à inférer de là que, sur le point d'une importance si capitale pour son Église, de la transmission du pouvoir souverain, il a nécessairement pris conseil, dans toute l'étendue du possible, des conditions de l'humanité, en déterminant un mode de succession approprié à la nature de l'homme, parfaitement accessible à son intellect, et en quelque sorte tangible par son évidence?

Dans les royaumes temporels, l'ordre de succession au trône se tire partie de la personne du dernier, partie de celle du premier de la série. Nous ignorons si Jésus-Christ avait donné verbalement à Pierre des instructions expresses sur le choix de son successeur. Quoi qu'il en soit, les règles naturelles de l'analogie ne permettent pas de mettre en doute que, dans le royaume de Dieu, dont Pierre est le lieutenant-roi, l'ordre de succession doive se rattacher à la personne de ce dernier. Que voyons-nous dans le premier cas de succession qui s'y réalise? Le premier possesseur en présence de son successeur immédiat, le désignant, l'instituant luimême, en décrétant en même temps la perpétuité de l'Église et du fondement de son unité. L'ordre de succession devra donc se rattacher à Pierre, et former ainsi une institution non-seulement conforme à la volonté divine, mais en dérivant directement.

Dans l'ordre temporel, il doit exister, entre le successeur et celui qu'il remplace, une relation particulière qui les identifie en quelque sorte, et qui fait de la transmission du pouvoir comme une perpétuation de la même existence. Le père revit jusqu'à un certain point dans le fils; de là, dans l'antique droit français, cette devise: Le roi est mort, vive le roi! Dans cet ordre de

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