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mettre au pape la profession de foi qui est la nôtre, et dont nous joignons ici un exemplaire. Nous ajoutâmes que Timothée (Élure), Dioscore et Pierre (Monge), nos patriarches, ayant professé tour à tour notre doctrine, qui est réellement orthodoxe et que vous reconnaissez pour telle, leurs noms devaient être rétablis sur les diptyques sacrés. Vous n'avez pas voulu nous concéder ce dernier point: nous vous proposâmes alors d'établir une enquête où l'on examinerait juridiquement les accusations portées contre la mémoire de nos patriarches. Si ces accusations étaient reconnues fausses, comme elles le sont en réalité, alors rien ne s'opposerait plus à leur réhabilitation canonique. Mais vous nous répondîtes que n'ayant reçu aucun ordre du siége apostolique pour procéder à une telle enquête, il vous était impossible de lui prêter le concours de votre ministère. Les choses étant en cet état, nous vous adjurons, au nom du Dieu très-grand notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ, incarné dans le sein de la bienheureuse vierge Marie mère de Dieu, lui qui veut l'unité, la concorde et la paix dans son troupeau, en présence des saints anges qui président aux destinées de l'Église, nous vous adjurons de remettre notre présente requête entre les mains du pontife du siége apostolique, Anastase, lorsqu'avec la grâce du Seigneur vous serez heureusement de retour à Rome. Sa sainteté (ejus sanctitas), en lisant ce témoignage de la foi de l'église d'Alexandrie, n'y trouvera que des sentiments orthodoxes. Elle daignera alors, soit par lettres, soit par l'intermédiaire d'un nonce (per aliquem internuncium), faire connaître sa volonté à notre très-saint archevêque. De notre côté, nous déclarons que nous sommes prêts à faire partir pour Rome tels envoyés qui seront jugés convenables pour mener à fin une négociation si importante. Nous avons la confiance que sa béatitude (ejus beatitudo), reconnaissant l'orthodoxie de notre profession de foi, daignera considérer comme siens les peuples soumis à la juridiction du patriarche d'Alexandrie et étendre sur eux la sollicitude pastorale qui lui appartient sur toute l'Église 1. >>

1 Libellus apocrisiar. alexandrin., Labbe, tom. cit., col. 1284-1286.

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des légats en

Italie. Mort
Anastase II.

de saint

6. Tel est ce mémoire, ou libellus, remis par les apocrisiaires d'Alexandrie aux légats du pape à Constantinople. Il justifie amplement le diacre Photin et saint Anastase II des accusations que la notice altérée du Liber Pontificalis fait peser sur leur mémoire, en même temps qu'il nous apporte une nouvelle preuve de la facilité avec laquelle on falsifiait alors, pour les besoins d'un parti, les monuments les plus considérables. La fameuse lettre de saint Léon le Grand, lue solennellement à Chalcédoine non-seulement dans son texte latin, mais dans une traduction grecque annexée aux actes et garantie comme authentique par les pères du concile, n'avait point échappé à ces perfides manoeuvres. Les nestoriens en avaient donné une version apocryphe, où ils glissaient leurs erreurs doctrinales. Les apocrisiaires d'Alexandrie font remonter la responsabilité de cette publication frauduleuse à Théodoret. Ce grand homme y était étranger; mais il pouvait très-bien se faire que les falsificateurs se fussent couverts de l'autorité de son nom. Quoi qu'il en soit, les ароcrisiaires sont évidemment de mauvaise foi quand ils rejettent sur la traduction inexacte de la lettre de saint Léon la cause du schisme d'Orient. La suite de cette histoire nous a suffisamment appris l'inanité d'une pareille allégation. Ils transforment un simple incident, un prétexte à peine sérieux, en un casus belli. Les actes du concile de Chalcédoine se trouvaient dans toutes les églises d'Orient; il n'était pas difficile d'y recourir pour se procurer le texte latin original, qui seul pouvait faire foi dans une controverse dogmatique. Cependant l'évêque de Thessalonique, légat-né du saint siége en Illyrie, crut devoir signaler au pape saint Anastase II le mauvais effet produit en Orient par la fraude des nestoriens. Il lui députa à ce sujet un diacre de son église, Photin. La réponse du pape à ce dernier est irréprochable. Anastase déclare que la lettre de saint Léon, dans son texte latin, est l'expression complète de la vérité catholique sur le dogme de l'Incarnation. Le pieux diacre fait connaître à Constantinople cette décision pontificale. Les légats Cresconius et Germain la renouvellent, et en confirment l'exactitude aux apocrisiaires d'Alexandrie. Mais ni les légats, ni le diacre Photin, ni le pape Anastase ne consentent pour

cela à réhabiliter la mémoire d'Acacius, ou celle des autres patriarches schismatiques, Timothée Élure, Dioscore, Pierre Monge. Tous au contraire, le pape Anastase explicitement, les autres implicitement et s'en référant aux ordres précis du saint siége, déclarent que les diptyques sacrés ne doivent pas être souillés par l'adjonction de ces noms indignes. La requête des apocrisiaires d'Alexandrie fut portée fidèlement à Rome par les légats. Mais, comme nous l'avons déjà dit, au moment où ils arrivaient dans la ville éternelle, le pape saint Anastase II venait de mourir. Les troubles qui suivirent l'élection de son successeur, et livrèrent pendant quatre années la cité de Rome à un antipape, nous feront comprendre comment les documents calomnieux déposés dans les archives ecclésiastiques contre la mémoire d'Anastase purent trouver place dans le Liber Pontificalis.

§ II. La France chrétienne.

Projet de mariage

et sainte

Clotilde.

7. Le court pontificat de saint Anastase II fut marqué par un événement providentiel qui donna à Jésus-Christ l'une des plus entre Clovis généreuses et des plus grandes parmi les nations; celle qui porte glorieusement le titre de « Fille aînée de l'Église, » et dont le génie s'est toujours maintenu à la hauteur de la foi. Nous avons laissé Clovis et ses Francs aux portes de Lutèce. Fermées devant lui pendant dix ans par une vierge chrétienne, sainte Geneviève 1, elles devaient lui être ouvertes par une femme chrétienne, sainte Clotilde. L'idée de marier le jeune roi des Francs, païen comme toute sa nation, avec une princesse catholique, orpheline et prisonnière dans le palais de son oncle Gondebaud, arien obstiné, persécuteur du catholicisme et meurtrier des parents de Clotilde, dut être inspirée par les conseils prévoyants et sages du grand évêque de Reims, saint Remi, auquel, nous l'avons vu, Clovis avait une entière confiance. Bien que nos vieux annalistes ne parlent pas explicitement de l'intervention de saint Remi en cette circonstance, les relations antérieures de l'évêque de Reims avec Clovis et celles qu'il devait

1 Cf. tom. XIII de cette Histoire, pag. 546.

bientôt nouer avec Clotilde elle-même, semblent autoriser cette hypothèse. D'ailleurs, au point de vue politique proprement dit, le mariage projeté n'offrait pas les avantages qu'on recherche ordinairement pour les alliances princières. Clotilde ne pouvait apporter à son nouvel époux que des vertus, sans autres trésors. Dépouillée de toute fortune personnelle par le meurtrier de ses parents, retenue dans une demi-captivité qui la rendait invisible même pour les ambassadeurs étrangers envoyés à la cour des Burgondes, il fallait la rechercher pour elle-même, sans aucune arrière-pensée d'ambition ou d'accroissement de territoire. On a parlé des droits qu'elle représentait, comme fille de Chilpéric, sur le royaume des Burgondes ', et quelques historiens modernes ont prétendu que cette perspective avait seule déterminé le choix de Clovis. Mais il est certain que chez les Burgondes, aussi bien que chez les Francs, les filles ne pouvaient hériter du trône. Une guerre seule pouvait déposséder Gondebaud et Godegisèle, son frère. Or, Clovis et ses Francs n'avaient nul besoin d'acheter par une alliance le droit de faire la guerre aux nations voisines. Ils prenaient ce droit quand ils voulaient, selon les inspirations de leur humeur belliqueuse et l'opportunité des conjonctures. Mais le choix de Clotilde, comme épouse de Clovis, avait pour les catholiques gallo-romains une signification bien autrement considérable. Il confirmait les espérances qui, du nord au midi, de l'est à l'ouest, dans toutes les Gaules, se rattachaient à la nation franque. Nous avons déjà parlé de cette sympathie universelle, justifiée par les persécutions des rois goths et burgondes à Toulouse et à Lugdunum contre le catholicisme. Les vœux des catholiques étaient donc en faveur de Clotilde. Des prières ardentes s'élevaient de tous les cœurs afin que l'orpheline, devenue reine des Francs, pût un jour les conquérir à la foi. 8. Sidoine Apollinaire mourut à Clermont, sans avoir vu se Apollinaire. réaliser des espérances qu'il partageait lui-même, depuis que l'évêque exilé de Divio (Dijon), Aprunculus, était venu lui demander l'hospitalité. Ses derniers jours furent traversés par des persécu

Mort de

saint Sidoine

1 Cf. tom. XIII de cette Histoire, pag. 461.

tions locales qui firent éclater son admirable douceur. Grégoire de Tours les a racontées; nous traduisons son récit, en regrettant qu'il n'ait pas circonstancié davantage les coupables manœuvres dont Sidoine Apollinaire fut victime; ni fait connaître le prétexte dont les rebelles durent se servir pour imposer leur domination au clergé et aux fidèles de l'Arvernie, et les empêcher de soustraire leur vénérable pasteur à un système d'hostilités persévérantes et criminelles dont le renouvellement serait, dans l'état de nos mœurs actuelles, absolument impossible. Quant à l'exactitude des renseignements, il ne saurait y avoir aucun doute, puisque Grégoire de Tours les avait puisés à la source la plus authentique, ayant passé son enfance et sa première jeunesse à Clermont même, dans le palais épiscopal de Gallus, son oncle, troisième successeur de Sidoine Apollinaire sur le siége de Clermont. « Saint Sidoine, dit-il, était doué d'une éloquence incomparable et d'un talent d'improvisation tel, qu'il pouvait sans préparation parler admirablement sur toutes sortes de sujets. Un jour, il avait été invité à officier pour la fête patronale, dans la basilique du monastère de Catabennum (Chantoin). Par méchanceté (nequiter), on fit disparaître le livre dans lequel se trouvait la messe du jour. Sidoine, sans autre ressource que sa mémoire, célébra l'office de la fête, chanta toutes les oraisons et commenta l'Évangile, comme s'il avait eu le livre sous les yeux. Les assistants en furent émerveillés, on eût dit qu'un ange, non un homme, officiait 1. » Quel avait été le clerc assez audacieux pour faire disparaître méchamment le pontifical, ou missel, dont Sidoine Apollinaire devait se servir? Grégoire de Tours ne le nomme pas. Comment l'illustre évêque de Clermont conservait-il dans son entourage des hommes capables de recourir à des moyens tout à la fois si puérils et si ignobles? Grégoire de Tours ne le dit pas. Mais, selon la remarque des Bollandistes, cette espiéglerie taquine et malveillante, si elle se fût bornée à cet unique épisode, n'aurait jamais été enregistrée par l'histoire 2. Elle se rattachait à tout un

1 Greg. Turon., Hist. Franc., lib. II, cap. xxII; Patr. lat., tom. LXXI, col. 217-218. Bolland., Act. sanct., 23 august., col. 618.

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