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Baptême

et mort d'In

gomer. Naissance et baptême

de Clodomir.

leurs peuples. Aussi Clovis n'hésita point à repousser la force par la force; ce fut lui qui ordonna de commencer les représailles pour garantir la liberté de la jeune reine des Francs. Clotilde lui en avait transmis le conseil; l'historien le dit, nous le croyons sans peine. Elle eut raison d'agir ainsi. Les rois ont le devoir de faire respecter vis-à-vis d'eux la justice, en résistant à la violence de leurs ennemis. La faiblesse et l'indulgence passive sont des défauts, non des vertus, chez les souverains.

12. Les noces royales ne pouvaient plus être célébrées à Cabillonum, selon que Gondebaud l'avait proposé avant la levée de boucliers conseillée par Aredius. Elles le furent à Soissons, où Clovis conduisit sa jeune épouse. « Il se montra plein de tendresse pour elle, dit Grégoire de Tours, bien qu'il eût déjà à cette époque une concubine qui lui avait donné un fils, nommé Theuderic (Thierry). Clotilde devint mère; elle voulait faire baptiser son premier-né et redoublait d'instances près de son époux. Les dieux que vous adorez ne sont rien, disait-elle; ils sont impuissants à se soutenir euxmêmes et à protéger les autres. Que peut en effet une sculpture de pierre, de bois, ou de bronze? Les noms mêmes qu'ils portent sont des noms d'hommes, dont on connaît l'histoire plus ou moins scandaleuse. Il en est qui ont pratiqué les arts magiques, c'est-à-dire qu'ils furent les instruments du pouvoir démoniaque, bien loin de représenter en quoi que ce soit la puissance et la bonté divines. Un seul Dieu est digne de vos adorations, c'est celui qui a créé le monde, qui le gouverne par sa providence, distribuant la vie à tout ce qui se meut, respire, végète ou subsiste aux cieux, sur la terre et dans la profondeur des mers. Ainsi parlait Clotilde. Mais le cœur du roi demeura inflexible. Ce sont, au contraire, nos dieux qui ont tout créé et qui gouvernent le monde, répondait Clovis. Il est manifeste que le vôtre n'a aucune puissance; il n'est même pas de la race divine '.- La pieuse reine obtint cependant ce qu'elle

1 L'idée polythéiste des Francs, comme celle des Romains, des Grecs, des Perses, des Assyriens et des Égyptiens était toujours la même. Le véritable dieu était celui qui conduisait ses adorateurs à la victoire. Tel est le sens de l'objection de Clovis. Pour lui, le Christ était un vaincu qui ne savait pas

souhaitait. Il lui fut permis de présenter son enfant au baptême. Par son ordre, l'église fut décorée de guirlandes et de riches tentures : Clotilde espérait attirer par cette magnificence un cœur rebelle à ses exhortations. L'enfant reçut au baptême le nom d'Ingomer, mais il mourut avant d'avoir quitté les vêtements blancs 1. Outré de douleur, le roi accablait Clotilde de reproches. Si l'enfant eût été consacré à mes dieux, disait-il, il vivrait encore. Baptisé au nom du vôtre, il devait infailliblement mourir. La pieuse mère répondait : Je rends grâces au Dieu tout-puissant, créateur et souverain maître du monde, d'avoir choisi mon premier-né pour l'appeler dans son royaume. La douleur que me cause sa perte est consolée par la certitude qu'il est au ciel, où Dieu reçoit les enfants morts dans l'innocence du baptême. Elle eut un second fils, qui fut également baptisé et reçut le nom de Chlodomer (Clodomir). Quelque temps après son baptême, il tomba malade. Clovis disait: Il en sera de celui-ci comme de son frère. Le nom de votre Christ lui portera malheur, et il mourra. Mais la reine pria avec ferveur

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et Dien rendit la santé à l'enfant 2. »

13. « Cependant, continue Grégoire de Tours, Clotilde ne cessait de presser son époux, lui montrant la nécessité de reconnaître le vrai Dieu et d'abandonner le culte des idoles. Mais elle ne pouvait rien gagner sur son esprit. Une guerre éclata entre les Alamanni et les Francs. Clovis fut alors contraint par les événements à faire ce qu'il avait toujours refusé jusque-là. Au moment où les deux

protéger ses serviteurs. Il n'était même pas de la race des dieux, c'est-à-dire de la famille belliqueuse d'Odin, et l'on ne racontait de lui aucun exploit militaire.

1 Obiit in albis; c'est-à-dire dans la première semaine qui suivit le baptême. On sait que, pendant huit jours, les nouveaux baptisés portaient les habits blancs qu'ils avaient reçus au sortir de l'eau régénératrice. Le baptême d'Ingomer eut lieu à Soissons. L'évêque de cette ville était alors Principius, frère aîné de saint Remi. Les historiens soissonnais en concluent que ce fut lui qui baptisa Ingomer et plus tard son frère Clodomir. Mais saint Remi, dans son testament que nous avons encore, déclare avoir baptisé luimême toute la famille royale. (Cf. S. Remig., Test., ap. Flodoard., Hist. eccles. Remens., lib. 1, cap. XVIII; Patr. lut., tom. CXXXV, col. 66-67.)

Greg. Turon., Hist. Franc., lib. II, cap. XXIX; Patr. lat., tom. LXXI, col. 224-225.

Bataille de Tolbiac.

armées étaient aux prises, les troupes franques furent repoussées en tel désordre que les bataillons, refoulés les uns sur les autres, se donnaient mutuellement la mort. A ce spectacle, Clovis ne put retenir ses larmes. Le cœur brisé, il leva les yeux au ciel, en s'écriant 1: Jésus-Christ, vous que Clotilde appelle le Fils du Dieu vivant, s'il est vrai que vous protégez ceux qui vous invoquent et donnez la victoire à vos serviteurs, j'implore votre assistance. Si vous me faites triompher de mes ennemis, si vous étendez sur moi cette puissance dont votre peuple reconnaît l'efficacité, je jure de croire en vous et de me faire baptiser en votre nom. J'ai prié mes dieux, ils ne m'ont point écouté. J'en ai la preuve. A vous de m'arracher au péril! - A peine eut-il parlé ainsi que le combat changea de face. Les Francs reprirent une ardeur nouvelle. Bientôt les Alamanni plièrent et se mirent en pleine déroute. Leur roi fut tué 2. Les vaincus implorèrent alors la clémence du roi des Francs. Faites cesser le massacre, lui dirent-ils. Nous sommes prêts à reconnaître

1 Hincmar, dans sa Vie de saint Remi, signale en cet endroit la présence et l'intervention d'Aurelianus, qui dit à Clovis : Domine mi rex, crede modo Deum cœli quem domina mea regina prædicat, et dabit tibi ipse rex regum et Deus cœli atque terræ victoriam. (Hincmar., Vit. S. Remig., cap. XXXIV; Patr. lat., t. CXXV, col. 1152.)

2 Le lieu où fut livrée la bataille contre les Alamanni n'est pas indiqué en cet endroit du récit de saint Grégoire de Tours, dont nous reproduisons fidèlement les paroles. Mais, huit chapitres plus loin, Grégoire de Tours racontant la bataille de Vouillé, fait allusion au combat livré par Clovis contre les Alamanni, et parle de Sigebert, prince allié des Francs, surnommé le Boîteux parce qu'il avait reçu au genou une blessure sous les murailles de Tolbiac, dans le combat contre les Alamanni. Hic Sigibertus, pugnans contra Alamannos, apud Tulbiacense oppidum, percussus in geniculo claudicabat. (Greg. Turon., Hist. Franc., lib. II, cap. xxxvII; Patr. lat., tom. LXXI, col. 235.) En rapprochant ces deux passages, la tradition a fixé le nom de Tolbiac (Zulpik près de Juliers) comme celui du combat décisif du roi des Francs contre les Alamanni. Cependant nous avons sous les yeux un Mémoire de M. Ravenez (Paris, Lecoffre, 1855) où, sous le titre de : Clovis était-il à Tolbiac? l'auteur s'efforce de prouver que le nom traditionnel de Tolbiac est absolument sans valeur, et que la célèbre bataille connue sous ce vocable dut être livrée près d'Argentoratum (Strasbourg). Cette opinion déjà énoncée par les Bollandistes (Act. Sanct. Febr., tom. I, pag. 796), n'a point prévalu. Nous ne croyons pas nous-même devoir l'admettre, et, jusqu'à plus ample informé, nous conservons l'identification traditionnelle.

votre autorité et à devenir votre peuple. - Clovis donna aux siens l'ordre de cesser le carnage et ramena ses troupes sous la tente. Au retour, il raconta à la reine comment il devait la victoire à l'invocation du nom de Jésus-Christ 1. »>

ou Vaast.

14. La tradition est unanime pour désigner la plaine de Zulpik, S. Vedastus dans le comté de Juliers, à sept lieues de Cologne, comme théâtre de cette lutte mémorable où le roi franc, adorateur d'Odin, reconnut par expérience le pouvoir suprême de Jésus-Christ. Cette identification de lieu suppose qu'après la victoire Clovis dut remonter le cours du Rhin pour recevoir en personne la soumission des tribus allemandes cantonnées sur les rives du fleuve. Soit qu'il rentrât dans les Gaules par Strasbourg ou par Spire, il est certain qu'il traversa le pays des Leuci (Toul). Nous sommes en effet positivement renseignés sur le passage du vainqueur de Tolbiac à Leuci Tullorum. « Comme il revenait plein de joie de son expédition contre les Alamanni, dit Alcuin, Clovis traversa la cité de Toul, et y rencontra Vedastus 2, vénérable prêtre qui s'était consacré à la vie contemplative et habitait un ermitage sur les bords de la Mosa (Meuse). Il voulut s'en faire accompagner jusqu'à Reims, et profita de ses instructions pour se préparer à l'acte religieux qu'il méditait. Durant le trajet, comme une foule immense se pressait autour du roi, près du pays de Vungise (Vouziers), sur les rives de l'Axona (Aisne), dans la villa Regulliaca (Rilly), au passage d'un pont, un aveugle apprenant que Vedastus se trouvait dans le cortége, s'écria Elu de Dieu, bienheureux Vedastus, ayez pitié de moi! Je ne vous demande ni or ni argent, invoquez le Seigneur et rendezmoi la vue. Le solitaire comprit que Dieu lui accorderait cette grâce, non point seulement pour récompenser la foi de l'aveugle,

1 Greg. Turon., Hist. Franc., lib. II, cap. xxx; Patr. lat., tom. LXXI, col. 225-226.

« Le nom primitif de Vedast, ou Vedastus, a d'abord été abrégé de cette manière Veast. Nous en avons pour garant un manuscrit de la bibliothèque d'Arras, où M. Carron a vu ce nom écrit ainsi. Ce n'est que plus tard qu'on l'a transformé en Vaast. On sait du reste qu'on en a fait aussi Gaston, nom encore usité de nos jours. » (Cardevacque et Terninck, L'Abbaye de SaintVaast, Arras, 1866, 1re partie. pag. 7-8.)

Instructions de S. Remi à Clovis. Regnum Gallie, regnum

Mariæ.

mais surtout pour illuminer l'intelligence d'un peuple entier. Il se
mit en prières, puis traçant un signe de croix sur le front de l'in-
firme, il dit: Seigneur Jésus, vous qui êtes la véritable lumière,
vous qui avez guéri l'aveugle-né de l'Évangile, ouvrez les yeux de
cet homme, et que toute la multitude qui m'entoure comprenne
que seul vous êtes Dieu, que le ciel et la terre vous obéissent.
En ce moment, l'aveugle recouvra subitement la vue et se joignit
à la foule en bénissant le Seigneur. Plus tard on bâtit, au lieu même
où s'accomplit ce miracle, une église qui subsiste encore, ajoute
Alcuin, et où les prières des fidèles obtiennent chaque jour des fa-
veurs divines 1. >>

15. Vedastus accompagna Clovis jusqu'à Reims. Saint Remi l'attacha d'abord à son église et plus tard le sacra évêque des Atrebates (Arras), où il devait laisser une mémoire immortelle. « Cependant, dit Grégoire de Tours, Remi, exactement informé par Clotilde des dispositions du roi, achevait de l'instruire de toutes les vérités du christianisme et le pressait de déclarer enfin sa conversion. Père très-saint, lui répondit Clovis, je suis prêt. Pourtant une considération me retient encore; le peuple qui me suit ne veut pas qu'on abandonne ses dieux. Je vais convoquer les Francs, et je leur parlerai dans le sens de vos instructions. L'assemblée eut lieu. Sans doute le projet royal était connu de tous, car avant même que Clovis eût pris la parole, aussitôt qu'on le vit paraître, une acclamation générale se fit entendre. Pieux roi, dirent les Francs, nous abjurons le culte des dieux mortels, nous voulons servir le Dieu immortel que Remi adore! - Le bienheureux évêque, en apprenant cette décision nationale, fut rempli d'une grande joie. Il prépara tout pour le baptême solennel . » Les dispositions prises par saint Remi, et dont Grégoire de Tours ne nous a pas conservé le détail, avaient surtout pour objet d'instruire la multitude immense de néophytes que l'exemple de leur roi et le miracle de Tolbiac amenaient aux pieds de Jésus-Christ. Plusieurs évêques,

1 Alcuin., Vit. S. Vedasti, Bolland., tom. cit., pag. 796. Patr. lat., t. ÇI, 2 Greg. Turon., Hist. Franc., lib. II, cap. XXXI; Patr. lat., tom. LXXI,

col. 669.
col. 226.

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