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Synode

romain de

mier du pontificat de

Symmaque.

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Un jour, l'un de ses favoris, qui avait jusque-là professé le catholicisme, vint lui dire que touché par son exemple il s'était fait arien. Si tu n'as pas gardé la foi que tu devais à ton Dieu, répliqua Théodoric, comment pourras-tu la garder à un roi mortel? - Les historiens byzantins qui nous ont transmis cette anecdote ajoutent qu'après cette réponse, le malheureux courtisan eut la tête tranchée. Les chroniqueurs d'Italie n'ont jamais parlé de cette cruauté de Théodoric. Nous pensons donc que le fait du prétendu supplice est une invention du génie oriental. Mais le mot prêté à Théodoric est réellement conforme aux principes que celui-ci affichait alors, et nons le croyons sinon parfaitement vrai, du moins très-vraisemblable (498).

5. On pouvait espérer que la sentence royale mettrait fin au l'an 499, pre- schisme naissant. Symmaque revint à Rome, où il fut accueilli comme souverain pontife. Laurent reprit son titre d'archiprêtre de Sainte-Praxède. Le nouveau pape convoqua tous les évêques d'Italie à un concile qui eut lieu sous sa présidence dans la basilique de Saint-Pierre, le jour des calendes de mars, après le consulat du clarissime Paulin (1 mars 499). « L'archidiacre Fulgence, disent les actes, prit la parole en ces termes : Bienheureux pape, vos lettres adressées à toutes les provinces italiennes ont appelé à ce synode les saints évêques. Vous les voyez en ce moment réunis sous vos yeux. Que votre béatitude daigne fixer l'ordre des délibérations sur les mesures qu'elle veut prendre pour assurer les immunités ecclésiastiques et la paix de l'Église. Quand l'archidiacre eut dit ces mots, des acclamations unanimes s'élevèrent du sein de l'assemblée. On répéta dix fois de suite: Christ, exaucez-nous! Longue vie à Symmaque ! neuf fois : Il est assis sur le siége de Pierre, qu'il en ait les années! dix fois : Agissez dans la plénitude de votre autorité apostolique. Nous vous en supplions! Symmaque se leva, et dit : En convoquant votre dilection, malgré la rigueur de l'hiver, notre sollicitude avait surtout en vue d'assurer pour l'avenir la paix de l'Église, d'empêcher le retour des brigues, de la confusion, des troubles et de l'agitation populaire qui, sous l'influence de l'esprit du mal, ont si tristement marqué le début de

notre pontificat. Nous aurons donc à délibérer ensemble sur les moyens de prévenir à jamais de pareils désordres. Il importe de fixer des règles inviolables pour l'élection et l'ordination du pontife romain, en sorte que la discipline ecclésiastique ne soit plus violée par l'audace des factieux. En ce moment tous les évêques et les prêtres s'écrièrent Dictez-nous ce règlement. Nous vous en supplions! Cette acclamation fut reprise à dix fois. différentes. Neuf fois ils dirent : Prévenez le retour de ces scandales! douze fois : Qu'on éteigne pour jamais ces brigues honteuses! Le pape reprit alors: Puisque votre fraternité s'associe à nos sentiments et nous encourage dans cette voie, veuillez, devant Dieu et pour le bien de l'Église, peser mûrement l'opportunité des decrets dont on va donner lecture. Le notaire synodal Emilianus lut donc les décrets suivants : Pour éviter les brigues scandaleuses, les troubles qui désolent l'Église, les séditions populaires causées par l'ambition sacrilége de ceux qui recherchent l'épiscopat, le saint synode déclare que tout prêtre, diacre ou clerc, convaincu d'avoir, du vivant même du pontife romain et à son insu, recherché ou promis sa voix, sollicité un suffrage ou engagé le sien, assisté à des réunions tenues dans le but d'arrêter d'avance le choix à faire, sera déposé de sa dignité et privé de la communion. Tous les pères acclamèrent ce premier décret. Le notaire lut le second en ces termes: Si, ce qu'à Dieu ne plaise, la mort du pape survient inopinément, sans que le pontife ait pu rien préparer pour l'élection de son successeur', celui-là sera sacré qui réunira l'unanimité des suffrages du clergé. Mais comme il arrive trop souvent que les voix se partagent, celui qui obtiendra la majorité sera proclamé pontife, en observant toutefois que le prêtre, ou le clerc, convaincu

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1 Voici la note dont le savant commentateur Binius fait suivre ce passage: « Il faut savoir que, depuis l'apôtre saint Pierre, aucun pape ne s'est subrogé un successeur et n'a fait de tentative en ce genre. Cependant, par respect pour le pontife, on observait religieusement la coutume de lui demander sur qui il aimerait à voir tomber le choix futur. Maís le clergé romain demeurait libre de conformer ou non son vote aux désirs du pape défunt, d'élire ou de repousser celui que le pontife avait désigné, en un mot, de faire tel choix qui lui semblait le plus utile à l'Église.» (Severin. Binii, Notæ in conc.; Labbe, Collect. Concil., tom. IV, col. 1317.)

Manœuvres

de l'antipape.

de Vérone.

d'avoir voté par faveur et non suivant sa conscience, sera déposé.

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Le synode accueillit ce décret en répétant dix fois de suite: Placet. Le troisième et dernier décret fut lu. En voici la teneur : Pour atteindre les fraudes occultes et les conjurations secrètes qui pourraient se produire, le saint synode déclare que quiconque révélera au sein de l'Église les manœuvres ambitieuses dont il aura pu surprendre la trace, non-seulement sera couvert par l'autorité ecclésiastique de toute poursuite, mais sera largement récompensé. A ces mots tous les pères, se levant, s'écrièrent: Qu'il en soit ainsi! Qu'on observe cette règle! Que désormais toutes les élections pontificales se fassent de la sorte! - Le pape Symmaque prit la parole et dit: Vos acclamations seront reproduites dans les actes de ce présent concile. Le notaire synodal continua la lecture interrompue et ajouta : Telles sont les mesures que, dans une délibération religieuse et pacifique, le présent concile a sanctionnées pour remédier à des abus invétérés, et guérir les plaies que l'ambition a trop souvent infligées à la sainte Église. Puissent, avec la bénédiction de Dieu, ces règlements demeurer perpétuels et stables, et sortir leur effet contre quiconque aurait dans l'avenir la présomption de les violer!» Les évêques, au nombre de soixantetreize, souscrivirent les actes. La signature du pape était conçue en ces termes : « Moi Cœlius Symmaque, évêque de la sainte Église catholique romaine, j'ai souscrit ces décrets synodaux, approuvés et confirmés par mon autorité. » Soixante-sept prêtres apposèrent ensuite leur souscription. Le premier de tous était l'antipape lui-même, dont la signature fut ainsi formulée : « Moi Cœlius Laurent, archiprêtre du titre de Sainte-Praxède, j'ai souscrit de mon plein consentement ces actes synodaux : je jure d'y demeurer fidèle 1.

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6. Après cet acte solennel d'adhésion, l'archiprêtre, réconcilié Le manuscrit avec l'Église, fut nommé évêque de Nuceria (Nocera). Symmaque ne pouvait donner une meilleure preuve de sa clémence Symmaque. pontificale. Il ne tarda guère à s'en repentir. Soit que Festus, qui poursuivait toujours la réalisation impossible des engagements

Calomnies

contre

1 Labbe, tom. IV, col. 1312-1316.

contractés par lui avec l'empereur Anastase, eût éprouvé de la part du souverain pontife un refus formel, soit qu'il cherchât, avec l'obstination du dépit et de l'amour-propre froissé, une vengeance sacrilége, il reprit de nouveau le projet de faire monter sa créature sur le siége de saint Pierre. Laurent eut la faiblesse de se prêter à cette manœuvre, et rentra secrètement dans Rome. Il ne pouvait plus être question de révoquer en doute la légitimité de l'élection de Symmaque. La majorité des suffrages, constatée par une enquête officielle, appartenait à ce dernier. Ce ne fut donc pas sur ce point que les rebelles portèrent la controverse. Le Liber Pontificalis est formel à cet égard. « Quelques clercs, soutenus par le crédit des sénateurs Festus et Probinus, dit-il, incriminèrent la conduite du bienheureux Symmaque; ils subornèrent de faux témoins et les envoyèrent à Ravenne, munis d'un libelle diffamatoire rédigé à Rome, afin d'accuser officiellement le pape au tribunal du roi Théodoric. » Ainsi les factieux n'attaquaient plus la validité de l'ordination, mais la dignité personnelle du pontife. « Il est remarquable, dit à ce sujet le savant Binius, que les trois conciles tenus à Rome pour la justification du pape Symmaque, dont nous avons encore les actes, ne fassent aucunement connaître la nature des griefs articulés contre lui. Sans aucun doute, les pères eurent la volonté expresse d'ensevelir dans un perpétuel silence les infâmes calomnies dont les schismatiques cherchaient à flétrir un saint et légitime pontife. L'honneur du siége apostolique paraissait compromis à leurs yeux, si l'on eût transmis à la postérité ces outrageantes diffamations contre le chef de l'Église universelle . >> Mais ce que les relations synodales ne nous ont point appris, s'est retrouvé dans la page mutilée du manuscrit de Vérone, dont nous avons déjà parlé. L'auteur schismatique de ce fragment d'histoire s'exprime ainsi : «Après que Symmaque eut acheté à prix d'argent la sentence royale qui décidait la question en sa faveur, Laurent, contraint de céder aux menaces et aux promesses, accepta l'évêché de Nuceria en Campanie. Cependant le triomphe

1 Severin. Binii, Notæ in Lib. Pontific.; ap. Labbe, Collect. Concil., tom. IV, col. 1290.

de Symmaque fut de courte durée. On l'accusa juridiquement devant Théodoric de plusieurs crimes abominables. Cette année-là (499), Symmaque ne célébra point la Pâque le même jour que les autres églises d'Italie. Théodoric prit ce prétexte pour mander le pape à Ariminum (Rimini), afin d'expliquer le motif de cette divergence. Symmaque se rendit dans cette ville avec quelques-uns de ses clercs. Or, un après-midi comme il se promenait sur le bord de la mer 2, il reconnut parmi la foule quelques femmes dont le nom était mêlé aux accusations dont il était l'objet. Il les vit se diriger vers le palais, où elles avaient été mandées par ordre du roi. Il rentra dans sa demeure, sans rien dire à personne de la remarque qu'il venait de faire; mais, la nuit suivante, quand tout le monde fut endormi, il se mit en route avec un seul confident et vint s'enfermer dans l'enceinte de la basilique de Saint-Pierre. Les prêtres, diacres et clercs qu'il avait laissés à Ariminum se présentèrent à l'audience du roi, déclarant qu'ils n'avaient point eu connaissance des projets d'évasion de Symmaque. Théodoric les renvoya à Rome, et leur remit pour le sénat et le clergé l'ordre de procéder d'une certaine manière (quodammodo) à la condamnation du fugitif. Le clergé de Rome fut unanime à déclarer, qu'au mépris d'un décret porté par ses prédécesseurs, Symmaque avait dilapidé les biens

:

1 L'incident de la célébration de la pâque mentionné par l'écrivain schismatique, n'a pas laissé d'autre trace dans l'histoire. Voici le texte original avec les lacunes qui se trouvent dans le manuscrit de Vérone Pro multis criminibus apud regem Symmachus accusatur, quem rex sub occasione Paschali, quod non cum universitate celebraverat, ad comitatum convoca.... rationem.... festivitatis dissonantia redditurum; fecitque apud Ariminum residere. Peut-être les ariens, dont le roi suivait la liturgie, avaient-ils cette année commis une erreur dans la rédaction du calendrier ecclésiastique, et fixé à une date fausse la solennité pascale.

On sait que la ville de Rimini est située sur la mer Adriatique, à l'embouchure de la Marecchia.

3 L'embarras du schismatique narrateur se trahit ici par une rédaction pleine d'obscurité et d'équivoque. Tunc presbyteri et diaconi necnon reliqui clericorum quos secum deduxerat, adeunt regem et sine sua conscientia Symmachum fugisse testantur, per quos rex tam ad senatum quam ad clerum præcepta super ejus quodammodo damnatione transmittit. On ne comprend pas bien ce quodammodo, arraché peut-être par un reste de pudeur à la conscience d'un écrivain qui rougissait lui-même de ses propres mensonges.

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