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ecclésiastiques, et que dès lors il était tombé sous le poids de l'anathème. Une pétition signée de presque tout le clergé fut adressée au roi, pour le supplier de nommer un visiteur de l'Église romaine, et de choisir pour cette fonction le vénérable Pierre, évêque d'Altinum. Théodoric le fit. Pierre vint à Rome pour les fêtes pascales (500). Après la célébration de la solennité, à la demande du sénat et des clercs, le roi ordonna de tenir un synode où l'on examinerait définitivement les excès reprochés à Symmaque. Mais un parti composé d'évêques et de sénateurs s'opposa à ce que Symmaque fût mis en jugement 1. Ils allaient répétant que le pontife romain, füt-il aussi coupable qu'on accusait celui-ci de l'être, ne peut être jugé par personne. Cependant les plus distingués d'entre les évêques (electiores antistites 2), autant par zèle pour la religion que par déférence pour les ordres du roi, furent d'avis que, dans une cause si grave et dont le retentissement devenait universel, il était impossible de ne pas procéder à un jugement. Cette divergence d'opinion dans le synode ne fit que redoubler l'animosité des partis. Enfin, on décida que le mémoire déposé par les accusateurs de Symmaque serait lu dans l'assemblée. Après quoi, des évêques furent députés près de Symmaque pour le citer à comparaître. Les clercs de son entourage ne laissèrent point pénétrer jusqu'à lui. Suivant les règles canoniques, on renouvela trois fois cette démarche, sans plus de succès. De leur côté, les évêques dissidents adressèrent au clergé de Rome, à deux reprises différentes, un monitoire pour demander que le jugement ne fût point poursuivi, et que tous rentrassent dans la communion de Symmaque. Il leur fut répondu que cet arrangement était impossible; qu'il fallait ou que

Il y a encore ici une lacune dans le texte, ainsi conçu : Atque id agitur a nonnullis episcopis et senatoribus.... ne.... I....m Symmac.... audientiæ subderetur. Mais le sens se laisse deviner sous ces mutilations, et nous croyons l'avoir exactement rendu.

Cette expression, sous la plume de l'écrivain schismatique, est significative. Elle démontre que la faction de l'antipape n'obtint qu'une faible minorité parmi les évêques. L'éloge de cette minorité par le narrateur, qui lui décerne un brevet de distinction suprême, n'ôte rien à la portée d'un tel

aveu.

XIV.

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Symmaque prouvât juridiquement son innocence, ou qu'il fût déposé, si, après une discussion en règle, les accusations portées contre lui étaient reconnues véritables. Les partisans de Symmaque rendirent alors, en faveur de leur pontife, tous les décrets qu'ils jugèrent convenables. Puis, voyant l'agitation et le trouble croître chaque jour au sein de Rome, ils retournèrent dans leurs diocèses. Ainsi abandonnée aux violences et à la tyrannie de Symmaque, la partie saine du clergé et du sénat, qui refusait de communiquer avec lui, eut recours à Théodoric et envoya une ambassade à Ravenne pour demander que Laurent fût mis en possession du siége de Rome, auquel il avait été légitimement élu. Les canons, en effet, ne permettent pas qu'un pontife quitte l'église pour laquelle il a été sacré. S'il en a été éloigné par des raisons de force majeure, on doit s'efforcer par tous les moyens possibles de l'y rétablir. Laurent revint donc dans la ville éternelle. Il gouverna l'Église romaine près de quatre ans 1. Ce n'est point ici le lieu de raconter les guerres civiles et les meurtres qui ensanglantèrent cette période. Les deux partis se déchiraient avec fureur, invoquant tour à tour l'appui de Théodoric. Enfin, Symmaque ayant député près du roi d'Italie un diacre alexandrin, nommé Dioscore, pour se plaindre du tort que lui faisait Laurent en s'emparant des églises de Rome, le roi se laissa fléchir. Il donna l'ordre au patrice F..... 2 de remettre toutes les basiliques romaines à Symmaque, et de reconnaître ce dernier comme souverain pontife. Pour ne pas prolonger une lutte sanglante, Laurent prit spontanément le parti de se sacrifier. Il se retira à la campagne, en un prædium appartenant à ce même

1 Dans ces quatre années, l'auteur comprend toute la période qui s'étend depuis l'élection de l'antipape (28 novembre 498) jusqu'à l'extinction définitive du schisme (502).

2 Il y a encore ici une lacune dans le texte. Le nom du patrice a disparu. Mais il est facile de le suppléer. Ce fut certainement le patrice Festus, l'exambassadeur à Constantinople, qui avait jusque-là si énergiquement soutenu le parti de l'antipape. En effet, trois ligues plus loin son nom se retrouve en toutes lettres: In prædiis memorati patricii Festi. La mention memorati ne peut se rapporter qu'à notre lacune actuelle, le nom de Festus ne se retrouvant nulle part ailleurs dans le récit qu'on vient de lire.

patrice Festus, et acheva sa vie dans une admirable abstinence. Symmaque demeura vainqueur, mais déshonoré. Son infamie était notoire. Toute la ville a parlé de la malheureuse qui se nommait Conditaria 1. De plus, Symmaque vendait à prix d'argent les ordinations. Le schisme se prolongea ainsi jusqu'à sa mort dans l'Église romaine 2. >>

7. Grâce à ce libelle diffamatoire, inopinément retrouvé dans le manuscrit de Vérone, nous possédons la contre-partie de la notice du Liber Pontificalis, et nous connaissons positivement la nature des accusations calomnieuses dirigées contre saint Symmaque. Au point de vue chronologique et historique, les faits se déroulent dans l'un et l'autre récit selon le même ordre, pour aboutir au même dénoûment. Le lecteur aura déjà remarqué que les griefs articulés contre Symmaque, dans le fragment de Vérone, n'obtiennent jamais la confirmation d'une enquête publique, ni d'un jugement quelconque. L'auteur est obligé, malgré ses tendances manifestement hostiles, de laisser la question indécise. «Si l'accusation est fausse, l'innocence de Symmaque sera déclarée; sinon, l'on déposera Symmaque. » Mais il était question de faits précis, sur lesquels les témoignages étaient faciles à recueillir, en l'absence même de l'accusé. Les adversaires ne réussirent donc pas à trouver une preuve juridique. Autrement, dans l'état d'exaspération où se trouvaient les esprits, cette preuve n'eût pas manqué d'être compendieusement détaillée et offerte à la malignité publique. La triple articulation de mauvaises mœurs, de dilapidation de biens ecclésiastiques et de simonie, resta donc à l'état de ces rumeurs calomnieuses dont les factions, à toutes les époques, se servent comme d'une arme empoisonnée. Le nom d'une misérable, inscrit à la fin du récit schismatique, est une pâture jetée à la crédulité populaire et aux amateurs de scandale. Rien ne manque à la mise en scène des adversaires de Symmaque, mais tous leurs efforts se dissipent

1 Par cette insinuation, l'auteur schismatique veut faire planer sur la mémoire de saint Symmaque les plus odieux et les plus injustes soupçons. Fragment. ex codice Veronensi a Francisc. Bianchini editum; Patr. lat., tom. CXXVIII, col. 1423-1426.

Synode romain de

l'an 500, deu

xième sous Symmaque. Entrée solennelle de Théodoric à Rome.

devant la vérité. Pendant que les schismatiques, sous la direction sacrilége de Pierre d'Altinum, osaient citer le pape à leur tribunal, la majorité des évêques, au nombre de cent quinze, proclamait le droit de Symmaque et anathématisait Pierre d'Altinum ainsi que l'antipape Laurent. Le Liber Pontificalis affirme positivement le fait, mentionné aussi par le fragment de Vérone. Nous n'avons plus les actes de ce concile, le second qui fut tenu dans l'affaire du schisme, et dont Baronius, Labbe, les Bollandistes, et dans ces derniers temps l'illustre archéologue romain, M. de Rossi, ont démontré victorieusement l'authenticité mal à propos contestée par le P. Pagi 2. Ce concile, dont le fragment de Vérone indique la tenue immédiatement après les fêtes pascales de l'an 500, ne rendit pas la paix à la malheureuse église de Rome. Il produisit cependant un résultat favorable sur l'esprit de Théodoric. Dans les instructions que ce prince avait données à Pierre d'Altinum, en le nommant visiteur du siége apostolique, se trouvait la recommandation formelle de se concerter avec Symmaque et de chercher ensemble les moyens de rétablir l'ordre 3. Pierre n'en tint aucun compte, il arriva à Rome en ennemi, et se posa de prime abord comme le champion de l'antipape. Cette attitude déplut au roi, qui voulut enfin se rendre lui-même sur les lieux, dans le double but de calmer les esprits par sa présence et de faire enfin accepter l'autorité pontificale de Symmaque. Théodoric, depuis huit ans qu'il avait ceint la couronne d'Italie, n'avait pas encore paru dans la vieille capitale de l'Occident. Il se mit en route vers la fin de septembre de l'an 500. « De Ravenne à Rome,

1 Beatus Symmachus congregavit episcopos centum quindecim et facta synodo purgatur a crimine et damnatur Petrus Altinus invasor sedis apostolicæ et Laurentius Nucerinus qui vivo Symmacho episcopo sedem ejus pervaserunt. (Lib. Pontif. Symmach., loc. cit.) De son côté, le manuscrit de Vérone s'exprime ainsi : Episcopi cum viderent magis ac magis studia divisionis augeri quæ sibi utilia visa sunt pro Symmachi persona constituunt ; et sic Urbem in summa confusione derelinquunt.

2 Baron., Annal. eccies., ad. ann. 500; Bolland., Act. sanct., 19 jul.; De Rossi, Inscript. christianæ urbis Romæ, tom. I, pag. 413; Pagi, Critic. Baron., ad ann. 500. 3 Nous verrons ce fait établi dans l'apologétique composé par Ennodius en faveur de saint Symmaque à la suite du quatrième concile.

dit M. du Roure, ce ne fut pour ainsi dire qu'une marche triomphale. A peu de distance de la ville, il rencontra une multitude innombrable, transportée d'enthousiasme, faisant retentir l'air d'acclamations. En dehors de la porte Flaminienne, par laquelle il entra, se présentèrent à lui le pape Symmaque à la tête de son clergé, les magistrats et le corps sénatorial conduit par Boèce, qui le présidait en qualité de préfet de Rome. Quel cortége pour un prince barbare que les Anicius, les Faustus, les Symmaque, les Albin, Liberius, Marcellus, Asterius, Gemellus, Festus-Niger, Venantius, Probinus, Basilius, Félix, Opilio, enfin tout ce qui, dans l'ancien patriciat, avait échappé aux empereurs et au temps! Il s'en montra digne. Il se rendit d'abord à la basilique de Saint-Pierre; c'était annoncer deux choses: l'une que les catholiques seraient en paix sous son sceptre; l'autre qu'il reconnaissait la légitimité du pontife Symmaque. Ensuite il traversa la ville et monta au Capitole où le sénat était rassemblé. Il en reçut les hommages par l'organe de Boèce, dont le panégyrique fit revivre les traditions de l'antique éloquence 1. Il prit la parole à son tour, et dans un discours plein d'urbanité, qui suffirait pour faire tomber la banale imputation d'ignorance tant de fois reproduite contre sa mémoire, il enchanta l'assemblée, en exposant les règles de justice paternelle dont il voulait faire la base de son administration, et en confirmant à la ville tous les priviléges dont elle avait joui antérieurement. De là, reconduit au palais de la Palme d'Or, il harangua le peuple et fit le serment solennel de respecter les sages lois des empereurs. Cette promesse fut gravée sur des tables d'airain. Un festin que Boèce lui offrit au nom du sénat, et où fut conviée l'élite des Romains, couronna la journée 2. »

8. Parmi les rangs pressés de la foule qui acclamait Théodoric, se trouvait un moine africain, dont le nom devait bientôt briller d'un éclat immortel. C'était Fulgentius (saint Fulgence). Né à Carthage, d'une famille patricienne ruinée d'abord par Genséric, et plus tard rétablie dans ses domaines par les rois vandales, Ful

1 Nous n'avons plus le panégyrique prononcé à cette occasion par Boèce. Du Roure, Hist. de Théodoric, tom. I, pag. 424.

Saint Ful

genceà Rome.

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