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CHAPITRE I

LES ORIGINES DE LA PHILOSOPHIE NOUVELLE

CHAPITRE I.

LES ORIGINES DE LA PHILOSOPHIE NOUVELLE.

I

Dans le tumulte des idées contradictoires qui nous assiégent, c'est une excellente règle d'hygiène morale pour chacun de nous, de se rendre compte de temps en temps de l'état de ses propres croyances, de recueillir sa conscience errante à travers les systèmes et les livres, dispersée au dehors par l'agitation de la vie ou par la curiosité. Il est bon de constater si notre manière de voir sur les questions fondamentales est restée la même ou si elle a insensiblement changé, sous quelles influences et jusqu'à quel point.

S'il y a profit à se remettre ainsi au courant de ses propres pensées et à se ressaisir soi-même, n'y aurait-il pas profit plus grand encore à faire le même examen de conscience, non plus pour un homme, mais pour une génération tout entière?

Une nouvelle philosophie s'est élevée en France, dans ces derniers temps, par l'effet d'influences diverses et combinées, qu'il peut être intéressant d'analyser.

La première, la plus active de ces influences, est celle que les grandes écoles allemandes ont exercée sur l'esprit français. Pour être juste, il faudrait commencer par Kant lui-même. Il est véritablement le père de la philosophie critique. C'est à lui que doit remonter la première responsabilité de ce mouvement général des intelligences qui les éloigne de plus en plus de la métaphysique. C'est lui qui a inspiré à nos contemporains cette défiance pour toute croyance qui dépasse les objets d'expérience. La condamnation rigoureuse des réalités transcendantes est le résultat le plus clair de la Critique de la Raison pure. Notre tentation perpétuelle, selon Kant, notre incorrigible illusion est de transformer nos idées régulatrices, les formes de notre entendement en substances, en êtres. La raison obéit dans l'homme à la tendance presque irrésistible qui l'entraîne à l'unité. De là cette fureur de dogmatiser sur Dieu, sur l'âme et le monde, en créant au delà des données de nos facultés expérimentales des unités artificielles, des centres de réalité indépendants de la pensée, des objets absolus. Tout cela est l'œuvre de la raison, qui devient la dupe de ses propres créations. Voilà le fond de l'argumentation de Kant qui se résume en ces deux objections: 1° impossibilité de rien saisir au delà du phéno

mène, impossibilité de rien connaître du noumène; 2o contradictions radicales que s'inflige la raison à elle-même en dogmatisant sur Dieu, sur l'âme, sur l'univers et qui se traduisent dans les antinomies de la cosmologie, dans les hypothèses gratuites de la psychologie, dans les paralogismes de la théologie.

Condamnation de la métaphysique, défiance à l'égard de nos plus hautes facultés qui s'entraînent elles-mêmes au delà de leur juste portée, élimination de toute réalité qui n'est pas directement observable, toute la philosophie critique, et même les principes du Positivisme sont déjà là, dans la Critique de la Raison pure. A cette influence de Kant est venue se joindre celle de Hegel.

On n'a pas conservé de la philosophie de Hegel ses grandes lois, si fortement liées entre elles, qui ont fait de cette philosophie la construction la plus originale du dix-neuvième siècle. L'être pur, identique au néant, se développant par un rhythme à trois temps; la nécessité qui impose à la Nature et à l'Histoire le mouvement géométrique de l'idée, scientifiquement déterminé; le commencement, l'évolution, la conclusion de cette vaste dialectique; tout ce qui constitue par les parties essentielles et les détails savamment enchaînés l'unité du système; le réel et le rationnel, déclarés identiques, le développement de l'idée réglant le développement de l'être, la logique et l'ontologie réduites à une seule et même science; tout cela

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