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AVERTISSEMENT

DU PREMIER VOLUME.

La lettre pastorale qui précède donne une idée de ce recueil.

Ce n'est pas une histoire de l'Église d'Amiens, ni un traité de sa discipline: ce n'est qu'une collection de tous les actes émanés des Évêques d'Amiens, et relatifs à la discipline ecclésiastique.

Un très petit nombre de ces documents, antérieurs au concile de Trente, ont échappé aux ravages du temps et des révolutions. Parmi ceux qui ont été publiés depuis cette époque, la plupart ont été égarés et ne nous sont pas parvenus. Cette pensée a été pour nous un motif pressant de reproduire tous ceux que nous avons pu découvrir. Nous ne nous sommes écarté de cette règle que pour deux ou trois sortes de documents, comme nous l'indiquerons dans la suite de cet avertissement.

Nous faisons précéder ces Actes de notices sur la vie de tous les Évêques d'Amiens. Ce sont celles que le P. Daire a placées en tête du second volume de son Histoire de la ville d'Amiens, 2 vol. in-4", Paris, 1757. Nous y avons seulement ajouté quelques notes tirées de l'Histoire des Évêques,

d'Amiens de M. de Sachy, ou de quelques autres sources que nous indiquons en leur lieu (1).

Nous faisons remarquer ici que dans la vie de S. Geoffroy, page XXXVI, nous avons ajouté une nouvelle date à la mort de ce saint Évêque. Cette mort est ordinairement fixée à l'année 1115 ou 1118. Mais dans une dissertation récente, un savant membre de la société des Antiquaires de Picardie a établi, sur des preuves très-plausibles, qu'elle doit être reculée jusqu'au 8 novembre 1121. (Voyez: Essai sur Saint Geoffroy, évêque d'Amiens, par M. Guerard, conseiller auditeur à la cour royale d'Amiens. Amiers, 1843.)

Les seuls manuscrits que nous aient laissés les premiers siècles sont quelques chartes relatives à la fondation des monastères. Nous avons retrouvé celle de Saint-Acheul, en 1085; de Bertaucourt, en 1095; de Saint-Fuscien, en 1105; de Mont-Saint-Quentin, en 1116; de Selincourt, en 1131; de Saint-Martin-aux-Jumeaux, en 1145. Ces pièces, étant étrangères à notre plan, devaient être écartées de ce recueil; on pourra les lire, dans les Actes de la province ecclésiastique de Reims, tome II.

Nous commençons donc par la lettre de Jessé c'est le premier monument authentique de notre discipline (2).

Les statuts de 1411 qui suivent sont les mêmes, comme on Je verra, que ceux de 1454 (3), attribués à Jean Avantage. Avec les statuts de 1546, ils forment un ensemble d'autant

(1) Histoire des Evêques d'Amiens, par M. J. B. M. D. S. ( Jean-BaptisteMaurice de Sachy), Abbeville, chez V Devérité, 1770, 1 vol. in-12. Cet ouvrage n'est qu'une copie des notices du P. Daire, auxquelles on a joint quelques renseignements empruntés au chanoine de Lamorlière, dans son livre des Antiquités d'Amiens, Paris, 1627, 1 vol. in-4°, et à la Vie des Saints. Il laisse beaucoup à désirer sous le rapport du style, de la critique et du goût.

2) Jean de Cordes, chanoine de Limoges, trouvant cette lettre de Jessé solide et intéressante, la fit imprimer en 1615, à la suite des 'opuscules d'Hincmar.

3) Ils ont été imprimés en 1456, si nous en croyons le P. Daire. On n'en trouve aucun exemplaire.

plus intéressant, qu'ils nous font connaître l'état de la discipline ecclésiastique parmi nous, immédiatement avant le concile de Trente. Ils font déjà pressentir les sages décrets de réformation de ce concile. En les parcourant, on verra avec consolation combien le zèle des bonnes règles se conservait dans nos églises, à une époque que l'on s'accoutume trop souvent à regarder comme un temps de décadence universelle.

Nous plaçons après ces divers statuts synodaux, les deux célèbres conciles de Reims de 1564 et de 1583. Ils ont servi de fondement à tous les règlements publiés depuis cette époque, pour mettre en vigueur dans notre province les décrets de réformation du concile de Trente. A ce titre, ils devaient trouver place dans notre collection. D'ailleurs nos deux évêques, Antoine de Créqui et Geoffroy de la Martonie y assistèrent; le premier, par procureur, à celui de 1564; le second, en personne, à celui de 1583.

Si l'on vient à considérer que ce dernier concile est séparé, par un intervalle de soixante ans, des statuts publiés à Amiens, en 1641, 1655 et 1662, pour en appliquer les décrets au diocèse, on s'étonnera peut-être que nos prélats aient attendu si longtemps à établir parmi nous la discipline prescrite pour toute la province. Mais cet étonnement cessera si l'on observe que les statuts de 1546 étaient toujours maintenus en vigueur, comme on le voit par la note de la page 200, qui indique qu'ils furent encore réimprimés en 1599. Observons encore que des exemplaires des Actes des deux conciles étaient répandus dans le diocèse, et y avaient sans doute force de loi, au moins jusqu'à un certain point (1).

Personne n'ignore d'ailleurs que la Picardie, pendant la seconde moitié du seizième siècle, et la première du dix

(4) La bibliothèque de l'évêché possède un exemplaire de ces deux Concites, en 1 vol. in-12. R. 1.

septième, fut presque constamment ravagée par la guerre. Aux maux causés par les diverses invasions des Espagnols, vinrent se joindre les malheurs qu'entraînèrent les discordes civiles de la Ligue, et plus tard celles de la Fronde. Pendant cette période de plus d'un siècle, tout le pays fut tenu en alarmes continuelles. La plupart des villes furent prises et reprises plusieurs fois; les villages et les châteaux pillés et incendiés; et pour comble de désolation, la peste et la famine vinrent souvent joindre leurs ravages à ceux de la guerre (1). Comment pouvait-on, dans un diocèse en proie à de tels

(1) On se fera une idée de l'état de la Picardie à cette époque, par les notes historiques suivantes :

En 1550, la guerre se rallume avec l'Espagne.

En 1554, les Espagnols pillent tout le plat pays.

En 1558, 1562, 1576, guerre civile, ravages des huguenots dans les campagnes, émeutes sanglantes à Amiens à cette occasion.

En 1588, la Picardie, après huit ans de troubles, se déclare ouvertement pour la Ligue et prend les armes. Le duc d'Aumale, le duc de Mayenne, le duc de Guise, entrent successivement à Amiens et y établissent leur quartier général. Incendie et ruine des châteaux de Conty, Contay, Gamaches, Beauquesne, Famechon, Aubercourt, etc.

En 1594, Henri IV s'empare d'Amiens.

En 1597, Amiens surpris par les Espagnols est répris par Henri IV, après un siége en règle de six mois qui détruit tous les villages d'alentour, et réduit la population de la ville à huit cents habitants.

En 1636, les Espagnols, après avoir ravagé tout le pays depuis Arras, prennent Corbie, Louis XIII et le cardinal de Richelieu ne peuvent reprendre cette ville qu'après trois mois de siège, et en font raser les faubourgs.

En 1653 et pendant les années suivantes, ravages de la Fronde; le prince de Condé brûle Albert et la plupart des villages environnants. Turenne qui défend Montdidier, dévaste tout le pays voisin.

En 1581 et 1592, la peste sévit en Picardie.

En 1596, elle emporte à Amiens cent vingt morts par jour, et vingt mille dans l'année. La ville devient presque déserte.

Elle reparait en 1618 et 1632.

En 1633, elle dure trois ans et emporte vingt-cinq mille âmes.

En 1668, elle fait de nouveaux ravages et compte vingt mille victimes en huit années. (Histoire de la ville d'Amiens, du P. Daire, tome II, p. 260 et suiv.)

fléaux, penser à établir, par de nouveaux statuts, les saintes, règles de la discipline, quand les prêtres de la campagne étaient presque tous dispersés, quand le service divin était si fréquemment interrompu ?

Loin de nous étonner de cette apparente négligence de nos Évêques, ne devons-nous pas plutôt admirer les efforts qu'ils firent dans ce temps de confusion universelle, pour opposer quelques remèdes aux abus les plus criants?

Nous donnons le peu d'Actes qui nous restent de leur épiscopat, tels que nous avons pu les recueillir; mais nous sommes persuadé que les incendies, les pillages, la dévastation des églises, des monastères et des bibliothèques ont anéanti les traces du plus grand nombre de ces documents.

Nous avons cru toutefois devoir faire une exception à la règle que nous nous étions prescrite de reproduire tous ceux que nous pourrions retrouver. Ainsi, après avoir imprimé les deux mandements de M. de Caumartin qui publient les jubilés accordés par Urbain VIII en 1634 et en 1637, nous avons supprimé celui du même prélat pour le jubilé accordé par Innocent X en 1645, et ceux de son successeur pour les jubilés d'Alexandre VII, en 1656 et 1661; de Clément IX en 1667 et 1669; de Clément X, en 1673; d'Innocent XI, en 1677, 1681 et 1684. Les bulles de ces jubilés accordés aux époques de l'exaltation des souverains pontifes, ou pour faire implorer le secours divin contre les progrès menaçants des Turcs, sont toutes rédigées dans les mêmes termes. Les mandements qui les publient sont copiés textuellement sur celui de 1634. Il eut été inutile d'en surcharger notre collection.

Il nous a aussi paru convenable d'omettre deux incidents particuliers qui ne se rattachent point à la discipline générale. Nous en donnons ici un court exposé.

En 1670, pendant que M. Faure visitait l'église de Roye, le doyen du chapitre prétendit avoir le droit de conserver son étole en sa présence. Après trois monitions canoniques',

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