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Sur le développement des forces navales britanniques.

ENVIRON huit cents voiles de guerre, dont deux cents vaisseaux de ligne et deux cent cinquante frégates composaient, en 1801, vers la fin de la première période de la guerre de la révolution avant l'époque du traité d'Amiens, le matériel de la marine d'Angleterre. Le personnel des officiers de mer, non compris ceux des troupes de marine (marine forces) était de 3,264 officiers en activité. Dans ce nombre on comptait 144 amiraux, vice-amiraux ou contre - amiraux, 516 capitaines de vaisseaux, 452 commandans ou seconds capitaines, et 2,152 lieutenans. Si l'on calcule la force des équipages d'après les règlemens de la marine anglaise pour les vaisseaux de divers rangs, en prenant pour leur effectif un terme moyen, on trouve que la totalité a dû s'élever à 160,000 gens de mer, dont 30,000 soldats de marine.

Les fonds accordés, cette même année 1801, par le parlement d'Angleterre, pour le service de la marine, s'élevèrent à 12,422,000 livres sterlings, à peu près 311 millions de francs.

La république française et ses alliées, l'Espagne et la Hollande n'avaient ensemble, à cette époque, guère plus du tiers des forces navales de l'Angleterre. Leurs escadres disséminées, retenues dans les ports à de grandes distances, étaient surveillées par des croisières nombreuses, et ne pouvaient avec sécurité combiner entre elles aucun mouvement. Cependant, malgré cette énorme disproportion de forces et de moyens, malgré l'avantage de position, et celui bien plus considérable d'une parfaite organisation du personnel, consolidée par le temps et par les succès, les Anglais ne purent parvenir à paralyser entièrement la marine française. Ils s'en étaient flattés après le désastre d'Aboukir; mais ils éprouvèrent que ce système de blocus, si l'on peut militairement se servir de cette expression dans la guerre maritime, était un vain épouvantail, et qu'ils ne pouvaient sur chaque point être assez en force pour empêcher la sortie des bâtimens de guerre. Les petites escadres françaises, en évitant la rencontre de leurs flottes et les engagemens contre des forces supérieures, portaient à la navigation du commerce anglais plus de dommage qu'il ne pouvait recevoir de protection de ces nombreuses croisières à vue de terre, qui formaient une chaîne à peine interrompue sur l'immense développement des côtes du continent.

Cette chaîne trop étendue, trop forte ou trop

faible, surabondante aux principales stations, insuffisante ailleurs pour prévenir les excursions et les entreprises partielles de l'ennemi, était partout funeste à la navigation des neutres : c'est surtout contre eux que ce système était dirigé. Il le sera toujours, puisqu'il sert de prétexte à l'exercice du prétendu droit de visite qui n'est pas seulement une infraction au droit commun des nations, mais une véritable hostilité. Cette navigation des neutres est devenue si considérable; elle doit tellement s'accroître par les progrès des armemens septentrionaux et méridionaux, que dans quelque guerre maritime que l'Angleterre se trouve désormais engagée, elle ne peut se départir de ce droit de violer les pavillons ( étrange maxime d'état!) sans risquer de tarir les sources de sa prospérité et bientôt après la base de son existence. « Si nous nous avisions d'étre justes, » disait un de ses ministres, nous serions bientôt » ruinés ; et si j'étais modéré, disait Napoléon tout » prêt d'achever la conquête de l'Europe, je serais » bientôt entièrement dépouillé ».

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Comparons sous un autre rapport l'emploi des forces maritimes des deux partis à l'époque dont nous parlons celles de la Grande-Bretagne triples, comme on vient de le voir, de celles de la France et de ses alliés, étaient toutes et très-activement employées: on sait que leur entretien et leur consom

mation à la mer, coûtent plus cher qu'en aucun autre pays; on peut dont affirmer que la continuation de la guerre maritime obligeait l'Angleterre à une dépense à peu près quadruple de celle que faisait la France pour sa marine ; c'est à ce haut prix qu'elle maintenait sa prépondérance, et protégeait efficacement son commerce. Cette considération est d'une assez grande importance; car s'il est vrai que la puissance relative des états modernes se mesure sur la situation respective de leurs finances, ce n'est pas un faible avantage pour l'une, que d'obliger l'autre à cet excédant de dépense pour un même objet. Il en résulterait que la France, avec une marine numériquement très-inférieure à celle de sa rivale, mais la maintenant dans le meilleur état possible, et la faisant agir partiellement et à propos avec vigueur et prudence, forcerait l'Angleterre, pour conserver à la sienne cette indispensable supériorité, d'y employer pendant chaque année de guerre de trois à quatre cent millions, tandis que la France, avec une dépense de cent millions, armerait constamment à peu près quatre-vingt vaisseaux et cinquante frégates. Ces forces suffiraient à la défensive active qui convient à la France; elle n'a plus aucun but d'expédition lointaine, plus de grandes et riches colonies qu'il faille approvisionner et secourir, et dont la conservation vaille les frais de

l'Oder, facilitent le transport de ces grains dans les ports de la Baltique où ils sont achetés ou échangés. Voilà une intarissable source de richesses qui va croissant à mesure que le sol s'améliore, et que la culture se perfectionne ; et comme les progrès des arts et de l'industrie suivent ceux de l'agriculture, les objets d'échange, les produits des manufactures, deviennent de jour en jour moins nécessaires aux peuples du nord. Lorsqu'ils seront parvenus à suffire en tout genre à leurs besoins, les trafiquans n'obtiendront les produits de leur sol, les grains, les marchandises navales, qu'avec des valeurs réelles, des espèces qui ne sortiront' plus de leurs mains.

Dans le midi de l'Europe, en France, en Espagne et en Italie, les peuples riverains de la Méditerranée, favorisés par un climat plus doux, peuvent tirer de leur sol et de leur position des avantages bien plus considérables; mais comme il les obtiennent avec moins de peine et presque sans travail, ils en connaissent moins le prix et n'en sont pas assez jaloux ; et cependant, cette mer Méditerranée, le berceau du commerce et de la navigation est pour ces peuples la source des même richesses qui les élevèrent autrefois, et alternativement, au plus haut degré de prospérité. Ce vaste bassin est le noeud des trois parties de l'ancien monde; et lorsque l'Amérique, sortie si rapidement de l'enfance de l'état colonial, fortifiée

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