Sayfadaki görseller
PDF
ePub

JO

Dans l'examen des clauses du traité avec le Portugal, les orateurs du tribunat, Fréville et Carion de Nizas, prononcèrent des discours remarquables, et qui serviront à faire connaître la tendance générale des esprits vers le perfectionnement de l'industrie et l'extension du commerce maritime, et le noble orgueil qu'inspirait alors aux Français la situation brillante de leur patrie, supériorité qu'ils devaient à leur courage, et qui ne pouvait plus être contestée. Si nous n'avions précédemment (dans le septième volume de cet ouvrage ), fait au sujet des relations commerciales de l'Angleterre avec le Portugal, des rapprochemens historiques tout semblables à ceux qui furent présentés au Corps législatif, par le tribun Fréville, ils eussent peut-être ici mieux trouvé leur place. On prétendait ramener la politique du Portugal aux temps antérieurs à la guerre de la Succession, et même à la paix des Pyrénées; on lui rappelait qu'il avait dû son indépen dance au secours de la France, et, qu'affran chi du joug de la maison d'Autriche, il

avait subi volontairement celui, moins dur en apparence, et cependant bien plus pesant, que l'Angleterre lui avait imposé. De puis près d'un siècle, disait-on, l'ordu Brésil n'avait cessé de s'écouler à Londres ; et selon les calculs les plus modérés de Smith, cette importation s'était élevée annuellement jusqu'à la somme de soixante-deux millions de francs; la valeur des denrées précieuses d'Europe et d'Amérique que le Portugal pouvait mettre dans la balance du commerce, lui faisait encore payer au prix le plus onéreux les objets importés que les Anglais lui fournissaient presque seuls, comme une métropole à ses colonies. Ces observations sur les effets du monopole étaient justes, mais le remède était inefficace. On peut interrompre par la force des armes, et seulement pour le temps que dure l'état de conquête, les relations commerciales d'une contrée maritime, mais on ne change point par des stipulations les habitudes formées depuis un siècle, et tant que l'Angleterre conservera la supériorité des forces navales, le Portugal

restera dans sa dépendance; il ne pourra recouvrer son ancienne splendeur, parce que l'étranger pourra facilement armer les intérêts particuliers contre l'intérêt de l'État. Ce motif seul aurait suffi pour déterminer, comme on le verra dans la suite, la translation du siége du gouvernement. L'influence du premier Consul sur le cabinet de Madrid livré au prince de la Paix, qui, pourtant le trompa dans cette circonstance, lui persuada qu'il pouvait disposer de l'Espagne, et que, plus que jamais, il avait réalisé l'expression figurée, il n'y a plus de Pyrénées. Là, comme ailleurs, il considérait uniquement les dépositaires du pouvoir, et ne tenait compte ni du caractère, ni de l'esprit de la nation on sait ce que lui coûta cette

erreur.

C'était l'opinion commune en France, que malgré cette intelligence des deux cours de la péninsule, l'expédition du Portugal avait principalement décidé les Anglais à souscrire aux conditions de la paix ; et ce dernier triomphe n'était pas le moins flatteur

de ceux dont le chef du gouvernement français pouvait s'enorgueillir; aussi l'orateur du tribunat, Carion de Nizas, évoquant l'ombre de Charles-Quint, lui montrait ses vastes possessions occidentales tombées au pouvoir, ou sous la dépendance de la France, « et » la France qui fut son berceau, et l'anti>> que cercle de Bourgogne, et l'Espagne où >> est sa tombe, et le royaume de Naples, >> et le Milanez, et l'héritage des Médicis, » échappant à sa race! Exemple mémorable >> des choses humaines qui transporte d'un >> peuple à un autre la suprématie des na>>tions! » Tels étaient les chants de triomphe, les hymnes à la paix, dont retentissait la dernière tribune du peuple français. Prophétiques et vaines leçons !... Le même orateur ajoutait..... « Législateurs, une carte » nouvelle de l'Europe se dessine devant » vous; l'épée victorieuse l'a tracée; le traité » qui vous est offert en arrête les derniers » linéamens. A combien de siècles sommes» nous de cette France qui souffrait à Dun» kerque un commissaire anglais, qui aban

» donnait la Hollande libre et fidèle à une » oppression étrangère ? » Nous citons quelques traits de ce qu'il restait alors de discussions publiques sur les affaires d'élat, parce que loin de n'y trouver que d'inutiles déclamations, selon la doctrine immuable des détracteurs du gouvernement représentatif, nous pensons que toujours empreintes de l'opinion dominante dans la nation, ces discussions servent à faire connaître la marche de l'esprit public, sa tendance et ses déviations: les discours des orateurs fidèlement rapportés sont, aussi-bien que les actions des magistrats et des guerriers, la vie, le flambeau de l'histoire.

Le second traité présenté au Corps légis latif, fut celui avec la Russie. Malgré la bonne intelligence qui régnait depuis deux ans entre les deux gouvernemens, et la bienveillance que Paul Ier n'avait cessé de témoi gner au premier Consul, aucun acte authentique n'avait constaté ce rapprochement. Ce prince, ennemi déclaré de l'Angleterre, et s'avouant le chef de la coalition du nord pour

« ÖncekiDevam »