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porté, et à sept heures le général Boudet était maître de la ville, que la vivacité de ses attaques et les bonnes dispositions du contreamiral Latouche avaient sauvée.

Ces événemens avaient été trop rapides, pour que Dessalines pût en être informé à temps; il était à Saint-Marc: il y avait fait, arrêter et réunir les Blancs pour les contraindre à le suivre dans sa marche sur le Port au Prince. En quittant Saint-Marc, il livra la ville aux flammes; il arriva trop tard pour soutenir par sa présence la garnison du Port-au-Prince, il ne put que rallier les fuyards; il ordonna la retraite par les hauteurs des Verrettes et de l'Artibonite pour se rendre au bourg de la Petite-Rivière, Sa marche fut un sillon de feu, tous les Blancs qui tombèrent entre ses mains furent massacrés. Le beau quartier de l'Arcaye, l'un des plus riches de la colonie, fut réduit en cendres et ses habitans égorgés,

La prise du Port-au-Prince ne pouvait manquer d'entraîner la soumission de la

partie du sud. Le jour même de son entrée, le général Boudet reçut un officier, nommé Célestin, absent de son régiment par congé du général Laplume, qui, sous les ordres de Dessalines, avait le commandement du département du Sud; il offrit de se rendre porteur des ouvertures du général Boudet pour Laplume. Il partit pour les Cayes avec la proclamation du premier Consul et les instructions du général Boudet. Laplume était d'un caractère doux et tout opposé à celui de Dessalines; l'extrême tranquillité de la partie du sud avait seule pu lui faire donner ce poste de confiance. Les événemens que lui annonçait Célestin, la prise du Cap, celle du Port-au-Prince, la fuite de Christophe et la retraite précipitée de Dessalines ne lui laissèrent ni doutes ni espérances: il réunit ses troupes, leur fit part de ces circonstances, leur donna lecture de la proclamation du premier Consul, et détérmina leur soumission.

Laplume ne se borna point à s'assurer des

dispositions des troupes qui l'entouraient; les quartiers les plus voisins de la frontière du département de l'Ouest pouvait devenir le refuge des agens de Toussaint, Laplume appela à Cavaillon les deux commandans d'Acquin et du Petit- Goave; il s'assura de leur soumission, et les détermina à former un cordon sur cette frontière, pour prévenir toute communication de la partie du sud avec Toussaint.

Il restait à s'assurer de Jérémie, riche quartier situé à la partie occidentale de la presqu'ile. Le chef militaire de Jérémie était un Nègre nommé Domage, dévoué à Toussaint et à Dessalines. Laplume engagea le général Boudet à faire appuyer les négociations avec Domage, par l'apparition d'un vaisseau de soixante-quatorze, chargé de troupes, et qui s'introduirait dans la baie. Ces mesures furent bien combinées et obtinrent un plein succès.

Tous ces résultats avaient été obtenus presque simultanément : pendant les dix ou douze jours que durèrent les opérations de

l'ouest et du sud, le général Leclerc, dont le quartier-général était au Cap, s'efforçait d'adoucir les maux qui avaient été la suite de l'occupation à force ouverte; mais il lui fallait auparavant reduire Dessalines, Christophe, Maurepas, et enfin Toussaint; ils parcouraient avec leurs bandes toute la partie du nord-ouest de la colonie. Maurepas conservait entre le Port-de-Paix et le Gros-Morne, la même position qu'il avait défendue contre le général Humbert, et qui avait empêché celui-ci de déboucher du Portde-Paix sur les Gonaïves et de combiner sa marche avec celle du général Boudet.

Si l'on observe attentivement sur la carte générale de Saint- Domingue, la bizarre configuration des montagnes et le partage des eaux, on reconnaîtra la justesse des premières wues du général Leclerc, et combien il lui importait de prévenir la concentration des forces des rebelles dans cette enceinte de mornes et de hautes vallées qui sépare les provinces du nord et de Rouest de la partie espagnole. C'était en effet le plan

que Toussaint avait adopté. Cette position centrale lui donnait la facilité de couper toute communication entre les deux provinces, et d'empêcher que les deux corps d'armée, débarqués dans l'une et dans l'autre, pussent concerter leurs opérations et se réunir pour faire un effort décisif. Ne pouvant défendre les points fortifiés sur les côtes contre les attaques combinées de terre et de mer, et n'osant se hasarder à combattre dans les plaines, il donna l'ordre à ses lieutenans de les abandonner après les avoir ravagées, d'incendier les villes et les habitations et de se retirer vers les mornes. Toussaint n'avait guères que douze mille hommes de troupes régulières, mais un grand nombre de Nègres cultivateurs tous armés était une force auxiliaire très-redoutable, parce que répandus dans tous les quartiers, obéissant à leurs chefs avec un dévouement fanatique, toujours prêts au premier ordre, au premier signal, ils pouvaient, en les harcelant, gêner, arrêter les mouvemens des colonnes. Le général Leclerc, prévoyant les difficultés de ce

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