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attachés aux habitations; mais des instructions postérieures du premier Consul laissaient percer l'intention de les ramener à l'esclavage. Le général Leclerc était personnellement fort éloigné d'approuver ce dessein, et tout ce qu'il avait vu depuis sonarrivée l'avait affermi dans son opinion. Il jugeait, avec raison, qu'il était désormais impossible d'obtenir un tel résultat ni par Ja force ni par la politique. Après avoir bien considéré l'état des choses, il pensa que le régime établi par Toussaint était le seul qui pût conserver la colonie à la France.

Les règlemens de Toussaint avaient converti l'esclavage personnel en servage de la glèbe les Nègres devaient leur travail en commun, et avaient droit au quart du produit brut. Le partage de ce quart se faisait entre eux d'une manière inégale, c'est-àdire, proportionnelle à leur force, à leur intelligence et à leur utilité; ils étaient, à cet effet, divisés en plusieurs classes, et le clas sement se faisait par eux-mêmes, sous la surveillance des inspecteurs de culture. Ces

inspecteurs exerçaient une espèce de juridiction sur les cultivateurs; c'était devant eux que les propriétaires portaient leurs plaintes; ils rendaient le jugement, et le faisaient exécuter.

Tous les propriétaires que n'aveuglaient pas de vieux préjugés et l'esprit de parti, convenaient des avantages de ce régime. Les Nègres, ayant un intérêt positif dans le résultat de leurs travaux, s'y portaient avec plus d'ardeur. Cet intérêt faisait naître parmi eux l'esprit de famille; ils contractaient plus volontiers des unions régulières; ils peu-plaient davantage, et donnaient plus de soins à leurs enfans. Il ne manquait à la perfection de ce règlement que d'y adapter l'excellente loi espagnole qui permet à tout Noir de se racheter moyennant une somme déterminée, et qui fait de la liberté individuelle le but et le prix du travail.

Convaincu des avantages de cette organi sation, et voulant en poser les bases de manière à fonder par des actes authentiques la confiance des trois classes d'hommes qui for

maient la masse de la population, savoir: les Blancs, les hommes de couleur anciens libres et les Nègres autrefois esclaves, le général Leclerc appela au Cap des députés des trois départemens du Nord, de l'Ouest et du Sud, pris dans ces trois différentes classes, pour former un conseil qui, sous sa présidence, devait uniquement, s'occuper des lois organiques de la colonie.

Les principaux d'entre les Noirs furent nommés inspecteurs des cultures, et employèrent leur influence avec une grande activité ; les administrations municipales et les tribunaux furent reconstitués; et presque partout, les choix que Toussaint avait faits précédemment, avec autant de justice que de sagacité, furent confirmés.

On pourvut à la reconstruction des villes en autorisant à relever les maisons sur les emplacemens qui appartenaient à des propriétaires absens ou sans moyens, à la charge de leur remettre ces mêmes maisons en bon étataprès quelques années de jouissance. Cette disposition eut un tel succès, que quelques

mois après l'incendie du Cap, la plus grande partie des maisons était reconstruite.

Il fallait créer un revenu public pour pou voir suffire aux dépenses d'administration et à l'entretien de l'armée. Conformément aux instructions du premier Consul, l'affermage des habitations fut maintenu; on établit des droits à l'importation et à l'exportation; ces derniers frappèrent toutes les denrées coloniales, sur quelques bâtimens, soit étrangers, soit nationaux, qu'elles fussent chargées. Il était sage, il était nécessaire d'ouvrir les ports à tous les pavillons; le commerce exclusif n'eût pu faire abonder les ressources ni fonder le crédit, qui pouvait seul en faire anticiper la jouissance en raison de l'urgence des besoins. Le commerce français, quoique favorisé autant que les circonstances pouvaient le permettre, se plaignit de cette concurrence, et surtout de celle des Américains, dont les secours et la modération des prix contribuaient le plus efficacement à la restauration de la colonie: exemple remarquable des erreurs et du faux calcul de l'in

térêt particulier mis en opposition avec l'intérêt général !

De si prompts succès tenaient du prodige, et quoique les causes morales des désordres ne fussent point détruites, et qu'on ne pût se fier à ces fausses apparences d'un changement subit dans les esprits, on n'apercevait rien qui dût altérer la confiance. Le général en chef ne recevait que des comptes satisfaisans sur le zèle avec lequel les généraux noirs remplissaient leur mission dans les divers quartiers dans le seul département du Nord, trente mille fusils furent enlevés aux cultivateurs et déposés à l'arsenal du Cap. Malheureusement, ces mêmes chefs, soit qu'ils fussent excités par des officiers blancs qui n'approuvaient pas le système de modération adopté par le général Leclerc, soit qu'ils voulussent prévenir les soupçons des colons sur leur fidélité, exercèrent les plus odieuses barbaries sur les hommes de leur couleur pour obtenir la remise de quelques armes, quand ils soupçonnaient qu'on les avait recélées sur quelque habitation, ils fai

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