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progrès des lumières et de plus heureuses. expériences rendront de siècle en siècle plus sévère sur ces déplorables illusions, il est juste de dire que le général Bonaparte ne parut sur la scène du monde qu'il devait un jour occuper presque seul et tout entière, qu'au milieu des horreurs de la révolution; resté jusques alors étranger aux affaires, il n'avait vu que la corruption de la République. Lorsque la victoire le porta si rapidement au faîte du pouvoir, pouvait-il, par ses propres lumières, dissiper les ténèbres, et découvrir l'esprit vivant de la nation dans le chaos de l'anarchie? Au lieu de lui faire un crime d'avoir méconnu l'opinion publique et dédaigné son appui, ne faut-il pas reconnaître que, dominé par son génie, entraîné par ses habitudes guerrières, il ne dut apercevoir d'autre moyen de gouvernement que la dictature militaire? Tout concourut à le seconder, et les hommes et la fortune; quel Français eût pu songer à accuser d'usurpation et de tyrannie, celui qui brisait ses fers? Cette dictature fut alors le salut de la France, et du

reste de l'Europe. Pendant les deux années qui s'écoulèrent sous ce nouveau régime, depuis l'expulsion du Directoire et des débris de la Convention, jusqu'à la signature des préliminaires de paix avec l'Angleterre, chaque jour avait été marqué par des triomphes, et par les progrès du rétablissement de l'ordre dans toutes les parties de l'administration civile. Ces succès simultanés au dedans et au dehors ayant ramené la confiance, le dictateur dut se complaire dans son ouvrage et s'affermir dans son système; il voyait l'état fleurir dans ses puissantes mains, et ne voulait souffrir ni coopération ni partage dans ce grand oeuvre les regrets des plus constans amis de la liberté ne furent bientôt plus à ses yeux que des vœux impies contre la prospérité de la France, et la nation séduite, fatiguée, et non pas avilie, comme l'ont écrit des blasphémateurs politiques, resta comme assoupie dans un glorieux repos.

On voit que les circonstances et la disposition des esprits étaient au dedans comme

au dehors, également favorables à l'exécution des projets médités par le premier Consul. On pouvait s'attendre à leur prompt développement, car il avait donné la mesure de son caractère, et n'avait jamais pris soin de dissimuler sa marche. Ainsi que dans ses opérations militaires, il poussait avec ardeur jusqu'au dernier résultat possible l'avantage qu'il avait obtenu par les négociations. Dès qu'il fut certain d'avoir conquis la paix générale par des traités séparés, et que les intérêts de l'Angleterre ne pourraient, au moins pour quelque temps, s'entremêler à ceux du continent, il se hâta d'ouvrir, comme on le disait à Londres, sa campagne de pacifications; ses traités particuliers avec les diverses puissances parurent presqu'en même temps, immédiatement après la signature des préliminaires de Londres. Nous allons en présenter l'analyse, parce que c'est le tableau le plus fidèle que nous puissions offrir à nos lecteurs, de la situation de l'Europe à cette époque. Ces

traités, qui forment la base apparente du nouveau système politique, servirent soit à prévenir, soit à calmer les inquiétudes que devaient faire naître les changemens introduits bientôt après dans la constitution des républiques alliées avec la France, et les vues ambitieuses du premier Consul.

Nous suivrons dans cette analyse l'ordre dans lequel ces divers traités furent présentés par le gouvernement français, à l'approbation du Corps législatif; cet ordre fut déterminé selon leurs différens degrés d'importance par rapport à la négociation avec l'Angleterre. Le traité entre la République française et le royaume de Portugal, signé à Madrid le 29 septembre, parut le premier; il renfermait, outre la délimitation avantageuse à la France, de la frontière entre les deux Guyanes française et portugaise, les bases d'un traité de commerce et de navigation qui garantissait aux importations des Français les mêmes faveurs dont les Anglais avaient joui depuis la paix d'Utrecht. Il était sans doute utile

de prouver au cabinet de Saint-James, avant la conclusion du traité définitif, l'inutilité de ses efforts pour conserver le commerce exclusif en Portugal; mais un autre motif porta le premier Consul à faire coïncider la signature des préliminaires de Londres avec la publication du traité avec le Portugal; il avait besoin de justifier le sacrifice qu'il exigeait de l'Espagne, la cession de l'île de la Trinité, principal objet des compensations convenues. Le traité de Badajoz conclu séparément lui servit de prétexte : il reprocha à la cour de Madrid de n'avoir pas exigé l'occupation du quart du territoire portugais, et lui déclara, en refusant sa ratification, que la conséquence immédiate de cette négligence serait la perte de la Trinité; aussi le conseiller d'état Defermont, en développant les motifs et les conditions avantageuses du traité avec le Portugal, ne manqua pas d'insister sur l'abandon de la Trinité, comme admis d'avance par l'Espagne, et implicitement avoué par la ratification précipitée du traité de Badajoz.

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