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François Briot, orfévre.

Pourrait-on

me donner des renseignements précis sur cet artiste remarquable? A quelle époque et où travaillait-il? Pourquoi avait-il dépensé tant de talent sur une matière de peu de valeur comme l'étain? J'ai vu quelque chose sur lui quelque part, mais où ? Je crois me rappeler qu'il était établi à Bâle vers le milieu du XVIe siècle et que, à cette époque, des lois somptuaires ayant interdit l'usage de l'argenterie, Briot se serait rejeté sur l'étain. Qu'y a-t-il de vrai là-dedans?

Je possède plusieurs pièces admirables de lui, et, entre autres, deux grands chandeliers hauts de trente-deux centimètres et ornés, dans l'empattement, de sujets représentant les quatre saisons. Ils proviennent de la vente Rattier, mars 1859.

Quelqu'un en connaîtrait-il de semblables?

Existe-t-il encore quelque part des pièces de Briot en argent? A-t-il jamais travaillé autre chose que l'étain?

NITRAM.

Date de la mort de François Ier. - On donne généralement, comme date de la mort de François Ier, le 31 mars_1547. Paul Emile, dans son histoire de France écrite en latin, donne le 31 mars 1546. D'un autre côté, j'ai trouvé dans deux actes pour l'aveu de la terre de Cangé (Indre-etLoire) des indications qui me semblent devoir faire préférer 1546. Le premier acte est passé au nom de Henri II et est daté du 16 octobre 1547, première année du règne. Le deuxième constate la présentation de l'acte précédent et est daté du 19 janvier 1547.

Quelle date faut-il prendre pour la mort de François Ier? E. Q.

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La se

Pseudonymes à découvrir. conde édition des Supercheries littéraires de Quérard se poursuit avec activité; il a déjà paru cinq parties de ce vaste travail, et la sixième partie, qui doit compléter le troisième volume et achever la partie des pseudonymes verra le jour au mois de juillet prochain. Tous les amis des livres qui ont examiné cette publication ont remarqué que le nombre des pseudonymes signalés était plus que le double de ce qu'offrait la première édition, et qu'on y avait inséré les noms supposés intercalés dans le Dictionnaire des Anonymes de Barbier, noms que Quérard avait en grande partie passés sous silence. Nul doute qu'il n'y ait dans cette édition nouvelle quel

329 ques erreurs; c'est inévitable; ce qu'on peut y relever aussi, c'est un grand nombre d'omissions. Tous les ouvrages publiés sous des noms supposés ou sous une simple initiale, ou bien encore avec des astérisques (combien de livres offrent-ils seulement sur le frontispice: par M. ***?) n'y figurent point, et ceci par la très-bonne. raison que ni Barbier, ni De Manne, ni Quérard, ni ses continuateurs, ni les vieux bibliographes qui se sont occupés de recherches de ce genre, n'ont pu connaître les véritables pères de tous les enfants ayant forme de papier imprimé. C'est déjà beaucoup d'avoir à cet égard révélé 20,000 ou 25,000 mystères, et ces découvertes n'ont pu avoir lieu qu'à la suite des recherches les plus persévérantes. Cependant il serait bien désirable de tenter quelque moyen pour arriver à la connaissance de tant de pseudonymes inconnus, de ceux du moins qui offrent quelque intérêt. On sait que Quérard avait, dans son infatigable ardeur, relevé tous les pseudonymes qu'il n'avait pu découvrir; son travail, que personne à coup sûr ne sera tenté de refaire, existe encore; n'y aurait-il pas lieu de l'imprimer, en partie du moins? On pourrait aussi provoquer, par la voie de l'Intermédiaire, des renseignements sur divers pseudonymes dont il y aurait intérêt à lever le masque. En arrêtant ici ces considérations qui paraîtront, j'espère, dignes de quelque sympathie de la part des amis des livres, je me bornerai à poser une question :

Unsavant bibliographe allemand qui s'est fort occupé des pseudonymes, M. Emile Weller, signale un écrit de Pierre Bayle, publié en 1707 sous le nom de Maxime et Eusèbe. Ce pseudonyme ne figure point dans la seconde édition de Quérard. Quel est le titre de cet ouvrage? M. Weller ne l'indique pas. L. R.

Question de clocher. L'Annuaire du Bureau des longitudes publie chaque année un tableau des hauteurs de quelques édifices au-dessus du sol, dans lequel figure en première ligne la plus haute des pyramides d'Egypte (146 m.), puis immédiatement_après la tour de Strasbourg (142 m.). D'où vient que la flèche de l'église Notre-Dame de Bruges, qui a, dit-on, 145 mètres d'élévation, n'a pas pris son rang de taille dans ce tableau? Est-ce une simple omission des rédacteurs de l'Annuaire, ou bien le Bureau des longitudes a-t-il voulu ménager notre amour-propre national? J. MT.

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que la matière n'est pas facile à traiter. Voltaire... (mais d'abord remarquons que les Questions sur l'Encyclopédie auxquelles nous renvoie l'antique défunt, sont fondues dans le Dictionnaire philosophique, depuis l'édition de Kehl) Voltaire parle de Paparel comme d'un homme de son âge, peut-être même déjà mort. « Nous avons connu le trésorier Paparel qui... » Il écrivait cela en 1770. C'est beaucoup plus tard, 1806, que Charles Rémard, alors bibliothécaire du château de Fontainebleau, publia son poëme de la Chézonomie. Il appartenait tout à fait à son sujet de chanter les excentricités gastronomiques de Paparel; mais il en fait un créole de SaintDomingue au lieu du trésorier Paparel, c'est un certain Paparel; au lieu de laitières, ce sont des mulâtresses. Et comme si Rémard ignorait ou oubliait qu'il pouvait s'appuyer sur l'autorité imposante (1806) de Voltaire, il a recours à cette note: «Je tiens cette anecdote d'un témoin oculaire, qui la raconte si souvent et si affirmativement à qui veut l'entendre, qu'il faut l'en croire sur parole. » Est-ce qu'il y aurait eu deux Paparel, par exemple le père et le fils, chez qui les traditions paternelles se seraient religieusement conservées? O. D.

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Les demoiselles Carpeaux... et le Régent. On sait combien ces filles de notre Carpeaux, « l'éminent sculpteur, ont été calomniées! Elles lèvent un peu... la jambe, ce qui ne déplaisait pas autrement à M. Eug. Vermesch, du Figaro (12 août 1869), qui s'en fut depuis au Père Duchesne, l'irascible époux de Jacqueline, après avoir foudroyé Philippe d'Orléans et sa noble séquelle:

« Nous ne sommes plus au temps où le Régent et ses roués faisaient danser leurs maîtresses nues derrière un rideau de tulle... >>>

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Eh bien! là, citoyens corépondants avons-nous de solides autorités? L'Intermédiaire, on l'a dit, non est begula; mais, proh pudor! rien de TouchardLafosse! H. DE S.

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Réponses.

L'Ode sur les Funérailles de sir John Moore (VI, 106, 19). Permettez à un Anglais de répondre à la question de paternité de l'ode sur les funérailles de sir John Moore. Moi aussi je dirai: Quant à l'authenticité de la pièce française, voici tout ce que je puis dire. J'ai entre mes mains les Mémoires de Lally-Tollendal dont je transcris ici le titre Memoirs of count Lally, from his embarking in the East Indies, as commander in chief of the French forces in that country, to his being sent Prisoner of war to England, after the surrender of Pondicherry consisting of pieces written by himself and addressed to his judges, in answer to the charges brought against him by the Attorney general of his most Christian Majesty. London, 1766, 8°.

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Mais je ne trouve dans ce livre aucune notice des Funérailles de Beaumanoir. Et pourquoi? Parce que ces vers n'ont été écrits qu'en 1835, c'est-à-dire un siècle après, et parce que c'est une mystification d'un des plus instruits et audacieux de nos littérateurs, le Rév. Francis Mahoney, plus connu sous le pseudonyme de Father Prout. Si Acheté veut bien lire « The Reliques of Father Prout, il y trouvera les « Funérailles de Beaumanoir » et bien d'autres canards encore. Votre correspondant possède sans doute bien la langue anglaise «come se fosse sua propria. » C'est pourquoi je transcris ici cette saillie de l'éditeur de Notes and Queries: « The Lally Tollendall theory has crapped up again in our excellent contemporary, l'Intermédiaire, where a writer signing himself Acheté gravely inquires whether Wolfe was traducitore o traditore. It is clear that Acheté has been sold.», (Manchester.) WILLIAM-E.-A. Axon.

Le duc de Bourgogne et les Florentins (VI, 137). Nos historiens modernes, et particulièrement Sismondi, ne manquent guère, on le sait, d'exagérer les désordres de l'administration et les malheurs de la France dans les époques antérieures à la déclaration des principes de 1789. Pour ce qui est de Philippe le Bel, c'était un prince triste, ombrageux, de foi douteuse, j'y consens; mais il ne fut jamais accusé d'être prodigue et d'avoir encouragé les officiers de la cour à déployer un grand luxe d'ameublement, etc. Ses contemporains lui faisaient des reproches contraires. Pour les frères Franzezi, riches marchands florentins, qui furent, dit encore Sismondi, employés par Philippe le Bel comme ministres et comme banquiers, « on ne voit pas «< comment le roi leur aurait cédé le revenu

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« de diverses provinces. » Ici je rappellerai
seulement que les deux changeurs floren-
tins qui furent accusés d'avoir encouragé
Philippe le Bel à suivre l'exemple des ty-
rans italiens, altérant les monnaies, se
nommaient l'un Biccio Borno l'autre
Mucciato Francezi. Il se peut qu'ils aient
été frères comme les « Franzezi » de Sis-
mondi. Mais je tiens à rappeler ici deux
passages jusqu'à présent demeurés obscurs
de la Chronique de Godefroi de Paris, con-
temporain de Philippe le Bel. Godefroi a
joué sur le nom de ces banquiers, Biccio
et Musciato. Du premier passage on doit
conclure qu'ils étaient de la faction des
Guelfes et qu'ils avaient grande autorité
en Italie, puisque c'est par eux que Charles
de Valois avait été accueilli dans le Milanais.
Icèle année Mouche et Biche
Receurent à grant compagnie
En la terre de Lombardie

Charles, le frère au roy de France,
Qui s'en alloit pour faire aidance,
En Calabre, au roy de Cezille.

Dans le second passage, Godefroi regrette que Philippe le Bel se soit laissé ruiner par les deux mêmes changeurs, et c'est à la parcimonie avec laquelle il payait ses hommes d'armes qu'il attribue le désastre de Courtrai, en 1303. Flamands, dit-il, ont de grandes richesses:

Dont ils sont larges, non pas chiches,
Et maint homme en ont soudoier,
Car largement se veut paier.
Mès le roi, chascun si le triche.
En sa cour avait Mouche et Biche,
Qui durement l'ont esmouchié.
Et lor a le roi tout couchié,
Si en demoura sans argent.

Je le répète, si l'on ne sait quel était le nom de ces deux changeurs, il est impossible de comprendre le sens attaché aux P. P. mots Mouche et Biche.

Date de la mort de Jacob Mareschal, imprimeur à Lyon (VI, 138, 250). D'après le Dictionnaire de géographie ancienne et moderne à l'usage du libraire et de l'amateur de livres, par P. Deschamps, en cours de publication, mot Lugdunum, Pierre et Jean (et non Jacob) Mareschal, imprimaient dans la fin du XVe siècle.

Le premier livre imprimé à Lyon, l'a été par Guillaume Leroy, qui s'y est établi en 1472.

Le Dictionnaire ne donne pas d'autres détails, mais renvoie à Montfalcon, Bréghot du Lut et Péricaut. H. T.

Une énigme de Clément Marot (VI, 195). Né, sur la fin du XVe siècle, dans cette province de France à laquelle ses chênes ont valu le nom de Quercy, à Cahors, Clément, fils de poëte et père de poëte, nonseulement surpassa de beaucoup Jean et

333 Michel, mais encore, depuis le XVIe siècle où il florissait, il reste toujours le modèle de l'élégant badinage et de la grâce naïve, deux trésors dont La Fontaine seul semble lui avoir dérobé le secret.

:

Page d'abord dans la maison de Nicolas de Neuville, seigneur de Villeroy, il devint bientôt valet de chambre de la soeur de François Ier, Marguerite de Valois; puis il suivit le roi au delà des Alpes : c'est ainsi qu'il put avoir la gloire d'être blessé et fait prisonnier à la bataille de Pavie. Mais de retour en France, il fut incarcéré deux fois la première, pour avoir embrassé le lutheranisme; la seconde, pour avoir arraché des mains des archers de la prévôté de Paris un homme qu'ils entraînaient par force. Après cette double captivité, au Châtelet d'abord, puis à Chartres, ses liaisons avec les protestants lui attirèrent de nouvelles persécutions; c'est alors qu'il se réfugia dans le Béarn, et à la cour de la duchesse de Ferrare, Madaine Renée de France. Cet asile ne le mettant pas à l'abri des traits de ses ennemis, il se rendit à Venise, en 1536. Là les chagrins de l'exil assombrirent son caractère et jetèrent comme un crêpe sur la palette de son imagination. Il sollicita donc avec instance de rentrer dans la patrie, ce qui lui fut accordé, à la condition d'abjurer la doctrine de Luther entre les mains du cardinal de Tournon, alors gouverneur de Lyon. De là l'Epître que, dans sa reconnaissance, le soir même où des bords du Rhône il gagna ceux de la Seine, Marot intitulait « l'Adieu à la Ville de Lyon.»

Vers l'an 1100 avant J.-C., des matelots, partis d'une île de Rhodes ou des Roses, vinrent bâtir chez nous, à l'ouest de l'embouchure d'un grand fleuve, une cité qu'ils appelèrent Rhodanousia, et le fleuve reçut d'eux également le nom de Rhodanos, en mémoire apparemment de leur lointaine patrie. Or, ce Rhodanos, c'est encore aujourd'hui le Rhône, notre Rhône sur les bords duquel j'ai vu, dans mon adolescence, tout un champ de roses cultivées là en plein vent, avec un permanent et pieux ressouvenir des origines de Rhodanousia. Mais vers l'an 42 de notre ère, cette Rhodanousia fit place, par les soins du consul romain « Lucius » (Minutius Plancus), à Luc-dunum, le même que Lug-dunum et d'un seul mot Lugdunum, lieu qui devait donner naissance, entre autres grands hommes, à trois empereurs. L'un deux y institua, non loin d'un temple d'Athéné ou de Minerve connu de nos jours sous le nom tronqué de Ainay, HNAION, abrégé de AOHNAION, une académie d'éloquence et des tournois oratoires, à la suite desquels les vaincus devaient, soit effacer avec une éponge ou avec leur langue leurs écrits, soit être battus de verges ou jetés dans le Rhône. Sur

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la rive du même fleuve, on distinguait anciennement un faubourg aujourd'hui compris dans l'enceinte de la ville et qui, en raison du voisinage même des eaux, était dit, non pas « La Guillotière, » mais bien « L'Aiguillotière», autrement LAAIGUILLOTIERE, de AIGUE, en latin AQVA. Mais je reviens à notre consul LVCIVS. De ce prénom combiné avec DVNVM, élévation, montagne, fournière ou fourvière, peu importe, j'obtiens donc LUGDUNUM, d'où la contraction française LYON, comme dans Autun se sont resserrés de manière à ne faire plus qu'un, soit Augusti-dunum, soit aussi Augusto-dunum.

>>

Tout l'art, je voulais dire l'artifice de l'Adieu à la Ville de Lyon consiste en une longue métaphore, ou allégorie. Pour le poëte, comme elle ferait pour un d'Hozier, la cité se transforme: dans les vers ainsi que dans l'art héraldique, la fondation de Lucius devient, à la faveur d'un rébus ou d'un jeu de mots, j'ai failli dire au moyen d'un hiéroglyphe, le roi même des animaux terrestres. Dès lors Marot, en s'éloignant, salue de ses adieux le lion, leonem, en fonction de Lugdunum. C'est un Lyon qui ne mord point, un Lyon plus doux que cent pucelettes ou carmélites, lequel pourtant ne cèle point sa fureur quand l'ennemi le pique; au rebours, j'imagine, de ces vilains oignant qui les point, sauf à poindre qui les oint. Après avoir ainsi personnifié la patrie de Marc-Aurèle et de Philibert de Lorme, Clément offre l'encens de son génie à toutes les jeunes filles dont elle est le séjour, à leurs faces claires et belles, dont, à coup sûr, La Fontaine nous a conservé le reflet dans les « Deux Pigeons où il célèbre des bois « éclairés par les yeux d'une aimable bergère. » Et comme c'est à l'entrée de la nuit qu'il part: « Adieu vous dis-je, ajoute-t-il, comme le jour.>> Mais les Vieillards ne sont pas plus oubliés de lui que les Jouvencelles. « Je ne faisais plus, leur dit-il, la cour aux dames; en revanche, j'étais toujours amoureux de la vertu dont se nourrit votre âme. Afin de n'encourir plus ni reproche ni châtiment, j'ai entrepris de composer des épitaphes pour vos lames, d'ourler des rimes pour le plomb de vos monuments (sépulcres), si je ne descends pas avant vous dans la tombe.» Il prend ensuite congé des enfants pleins de ce savoir dont le trépas déshérite point l'homme, » de ces belles connaissances dont il aimait tant à dire : « LA MORT N'Y MORD, » qu'il a fait de ce mot sa devise et qu'elle entoure d'ordinaire son portrait, en tête de son livre, sous la forme du tétragramme connu : L. M. N. M. « Enfants, ajoute-t-il, si bien souvent vous vîntes me voir, ce n'est pas pas à mon mérite que je le dois. Grand merci, ô ma muse petite! C'est à vous qu'est rendu cet hommage et je n'en suis point attristé. C'est toujours pour sa belle

« ne

:

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femme qu'est visité un laid mari. » Puis c'est le tour de la Saône d'être chantée : Adieu la Saône et son amant, son mignon le Rhône qui court de vitesse pour s'unir à la naïade. « Tu vas, dit-il au fleuve, droit en Avignon; pour moi, c'est vers Paris que je prends ma direction, « mon adresse.»> Je serais bien tenté, poursuit-il, de gémir aussi maîtresse, adieu; mais mieux vaudrait soupirer: Adieu, o ma jeunesse! car l'hiver de l'âge n'a pas encore semé sa neige sur ma tête. » Et finissant par où il a commencé, Marot s'adresse à Lyon une dernière fois en ces termes : « Que Dieu te gouverne, ô Lyon! que dans cette vaste ménagerie le ciel te conduise! Séparonsnous. Assez longtemps, dans ta caverne, dans ta cage, dans ton antre profond, dans cette fondation du consul Lucius, s'est ébattu, a pris ses ébats, s'est amusé et délecté, gaudi, réjoui et ébaudi le petit chien qui répond au nom de Clément Marot; assez longtemps ce fidèle et caressant petit animal a été battu devant toi, ô généreux Lyon, comme il lui arrive souvent de l'être sous les yeux soit du loup qui ravit soit de toi qui rugis quant te pique l'ennemi. » Cette proverbiale locution signifie donc : O puissante ville de Lyon, moi Marot, moi chétif, j'ai, sous ton regard, été châtié que pour cela, la punition de qui est petit contribue à morigéner, à édifier qui est grand. » Dans les quatre derniers vers, l'auteur de l'Adieu dit plusieurs fois, un million de fois, adieu, à cause de ses nombreuses et suréminentes qualités, au gouverneur de Lyon, qui n'est autre que le cardinal de Tournon.

Finalement, pour sa vertu,
Adieu de fois un million,
A Tournon de rouge vestu,
Gouverneur de ce grand Lyon.

C'est, comme il est aisé de le voir, une perpétuelle allégorie, que cette épître pleine de poésie autant que de fin savoir. Oui, si Lyon, la ville de Lyon était Eléphantine, l'Éléphantine de La Fontaine; si le roi de la forêt, avec cela, faisait place au vaisseau du désert, eh bien! je serais tenté de métamorphoser en cornac ce gouverneur, tout de rouge habillé; mais honni soit qui mal y cherche!

(Grenoble.)

J. P.

M. de Chabrol, préfet de la Seine (VI, 229). Il est plus que probable que le comte de Chabrol n'a pas signé la proclamation citée par M. Francisque M. Sa conduite le 31 mars 1814 et les jours suivants fut exempte de blâme, et au moment où la trahison et la lâcheté étaient à l'ordre du jour, il refusait d'approuver le violent manifeste légitimiste rédigé par Bellart, au nom des membres du conseil général du département de la Seine. Rien de plus

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triste, au point de vue de la dignité humaine, que l'aspect de Paris le jour de l'entrée des Alliés : « Voyez, dit l'auteur des Faits particuliers sur le siége de Pa. ris, ces femmes cependant qui s'agitent aux fenêtres. Elles crient: Vive Alexandre! et les nobles traits de son visage deviennent le sujet de l'entretien de tous les salons de la bonne société. J'allai chez B... trois de ses frères avaient fait les dernières campagnes : l'un avait été emporté par un boulet à léna; l'autre avait perdu la cuisse à Wagram; le troisième était dans quelque chaumière blessé et prisonnier. Malgré cela, B... est dans la joie, et dans sa maison tout le monde est paré comme un jour de noces...

« Les modes, les titres, les façons de l'ancien régime renaissent tout-à-coup de leurs cendres; des gens que je ne connais pas, dont je n'ai jamais ouï parler, se placent au-devant de moi décorés d'ordres, de cordons, et m'étalant des brevets pour des grades militaires gagnés dans les mystères des sociétés secrètes. Ceux que j'avais crus nos amis étaient nos ennemis. Toutes les manoeuvres étaient dévoilées. On faisait parade de sa fourberie; on disait effrontément: J'ai été parjure, j'ai menti, j'ai épié les côtés faibles pour y enfoncer le poignard....

«Maubreuil déjeunait au milieu de nous. Il avait accroché sa croix d'honneur à la bride de son cheval et il bravait le mépris qu'il pouvait lire dans tous les yeux. Provoqué rudement, il allait plus loin afficher une conduite qui a été plus tard dignement récompensée.

« M. le marquis de S... se mit à la tête de quelques fous qui voulaient faire sauter à terre la statue de Napoléon... On scia les pieds et avec des câbles on voulait la faire rouler par terre. La place Vendôme était remplie de spectateurs qui haussaient les épaules ou qui applaudissaient selon l'opinion qu'ils professaient. Mais l'opération fut manquée. L'empereur tint bon ou du moins sa figure, et ce fut un pouvoir très-subalterne qui, intervenant dans cette affaire, prit des mesures pour que l'enlèvement eut lieu sans scandale... »

Ce ne fut que le 4 avril que le comte de Chabrol adhéra à la déchéance prononcée par le Sénat, dès qu'il vit que le retour de l'empereur devenait impossible. « Le roi lui tint compte de cet acte d'énergie en le conservant dans sa préfecture où d'ailleurs il se trouvait à merveille.» (Biographie des préfets, 1826.) Le 3 mai, jour de l'entrée de Louis XVIII dans sa capitale, il lui dit, en lui présentant les clefs de la ville: « Repos, conciliation et bonheur, tel est « le besoin et le vœu des Français, que « les discours de Votre Majesté ont déjà « réalisé. Que n'attendent-ils pas d'un << prince renommé par sa haute sagesse, << par sa tendresse inaltérable pour ses su

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