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revêtu des fonctions de légat à latere monseigneur Bernier lui-même. Le prince avoit d'abord demandé monsignor della Genga (depuis Léon XII), mais actuellement Son Altesse préféroit M. l'évêque d'Orléans. En envoyant à M. de Talleyrand copie de la lettre de M. Kolborn, lettre dont on soupçonnoit M. Bernier d'avoir donné le projet, cet évêque disoit au ministre que dans le quinzième siècle, le cardinal archevêque d'Arles avoit été nommé légat en Allemagne, qu'ainsi il existoit un précédent, que cependant ce titre pourroit paroître en ce moment trop élevé, « qu'un autre titre gêneroit moins la cour romaine, dont le chef étoit très-conciliant, et les agens très-difficiles et trèsdéfians. »

L'empereur Napoléon avoit plusieurs fois dit au Pape de lui remettre un mémoire sur les demandes qui pouvoient intéresser le Saint Siége. Alors Sa Sainteté consulta quelques-uns des cardinaux qui l'accompagnoient. Le cardinal Borgia, qui étoit mort à Lyon, eût pu donner de bons conseils, mais l'esprit de modération qui l'auroit animé ne fut pas tout-à-fait celui des personnes à qui le Pape confia dans cet instant le soin de composer un mémoire.

Cet exposé de demandes, fait avec un peu de précipitation, étant terminé, le Pape le donna à l'empereur qui le remit à M. Portalis pour qu'il l'examinât.

Voici un extrait du rapport qu'il crut devoir présenter à l'empereur sur ces réclamations et d'autres que le gouvernement pontifical avoit adressées depuis:

SIRE,

« Votre Majesté m'a envoyé un précis des demandes du Pape, rédigé en langue italienne; elle m'a ordonné de le traduire en français, de le faire transcrire à mi-marge, et de mettre mes observations sur la colonne laissée en blanc. Ce précis est l'extrait d'un mémoire plus étendu qui avoit été remis à M. le cardinal Fesch, et que cette Eminence m'a communiqué. J'ai l'avantage d'annoncer à Votre Majesté que le mémoire et le précis qui ne présentoient que les systèmes les plus exagérés des docteurs ultramontains, ont été retirés par le Pape, et remplacés par un nouvel écrit qui contient des représentations et des demandes infiniment plus raisonnables

» D'abord il ne s'agissoit de rien moins que d'attaquer les quatre articles de l'assemblée du clergé de France en 1682, et de renverser toute la sage économie des articles organiques qui n'ont fait que rappeler nos franchises et nos libertés ; aujourd'hui on abandonne tout ce qui est outré, on se réduit à ce qui est utile. Il paroît que ce qui avoit encouragé le Pape et les cardinaux de la suite, à s'élever contre les libertés de l'Église gallicane, est une lettre écrite par Louis XIV, sur la fin de ses jours, à Clément XI, par laquelle ce prince s'engageoit à ne donner aucune suite à la déclaration du clergé de France de 1682, et même à faire révoquer cette déclaration.

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Mais tous les mémoires du temps nous apprennent comment la lettre en question fut arrachée à la foiblesse du vieux monarque par son fougueux confesseur le père Letellier, jésuite. Ce qui s'est passé à cette époque est rapporté par M. d'Alembert, dans son éloge de Bossuet; il

en est également fait mention dans la 49 lettre du recueil des lettres familières de M. de Montesquieu. Ce qui est certain, c'est que la lettre de Louis XIV à Clément XI n'eut aucun effet, parce que des hommes sages et clairvoyans surent faire redouter au père Letellier même, les terribles conséquences qui pouvoient résulter de la publicité de ses machinations.

» Il est pourtant vrai que les partisans secrets de la cour de Rome eurent le crédit d'empêcher l'impression du célèbre ouvrage de Bossuet pour la défense des quatre articles de l'assemblée du clergé de France de 1682. Cet ouvrage ne parut que vingt-six ans après la mort de l'auteur, et il ne put être imprimé qu'en pays étranger. Mais toutes ces machinations ténébreuses n'eurent aucune influence sur l'enseignement public des évêques et des universités, Les parlemens continuèrent à défendre avec le même courage les libertés de l'Église gallicane, et tout ce qui transpira de la conduite des Jésuites pour naturaliser l'ultramontanisme en France, ne servit qu'à préparer l'orage qui éclata contre ces religieux, dans les années 1760, 1761 et 1762. Heureusement les anecdotes que je viens de mettre sous les yeux de Votre Majesté peuvent être piquantes pour la curiosité, mais ne peuvent sérieusement alarmer le gouvernement. Les temps sont si changés, et la disposition des esprits est telle, que la cour de Rome, au lieu de propager ou de réveiller d'ambitieuses prétentions, doit s'occuper uniquement du soin de soutenir et de défendre les prérogatives spirituelles que la religion garantit au chef de la chrétienté, et que la politique bien entendue des États chrétiens est intéressée à lui conserver. Aussi le Pape abandonné à lui-même et à sa propre sagesse, n'a tardé à sentir qu'il falloit mettre à l'écart les conseils de l'ambition, pour tout rapporter à la véritable utilité de l'Église. C'est sur ce plan que le nouveau mémoire est rédigé. Il renferme les articles que je joins au présent rapport,

pas

qui sont écrits à mi-marge, et à côté desquels j'ai placé les observations que je soumets à Votre Majesté.

» PORTALIS. »

Voici le passage de d'Alembert que cite M. Portalis (OEuvres de d'Alembert; Paris, Bastien, 1805, in-8°; tom. 7, pag. 306).

« Croira-t-on qu'après la mort de Bossuet, Louis XIV qui, trente ans auparavant, avoit témoigné tant d'opposition aux prétentions pontificales, ait eu la foiblesse de changer d'avis, sur la fin de ses jours, par le conseil perfide et punissable du jésuite Letellier, son confesseur? Croirat-on que Bénoît XIV avoit entre les mains une lettre de ce prince à Clément XI, par laquelle il promettoit au Pape de faire rétracter les évêques du royaume de la sanction solennelle qu'ils avoient donnée aux quatre propositions, c'est-à-dire de la déclaration qu'ils avoient faite, que le Pape n'étoit pas en droit de déposer le souverain? Croirat-on que l'imposteur qui dirigeoit sa conscience l'avoit déterminé à faire soutenir dans tout son royaume l'infaillibilité du souverain Pontife, projet qui auroit eu lieu, si des hommes sages et clairvoyans n'avoient fait envisager et redouter au Jésuite même les suites funestes qui pourroient en résulter? Croira-t-on que sous le règne de Louis XV, une assemblée du clergé, forcée par des ordres supérieurs, ait désavoué, à la vérité obscurément et sans effet, les quatre propositions de 1682? Croira-t-on enfin que l'ouvrage célèbre de Bossuet pour la défense de ces quatre propositions, n'ait paru qu'en 1730, vingt-six ans après sa mort, et ne put être imprimé qu'en pays étranger, ceux qui gouvernoient alors n'ayant pas permis qu'il le fût dans le royaume ? »

M. Portalis eût pu citer en même temps cet

autre passage de d'Alembert, mais on ne prend dans un auteur que ce qui favorise les passions qu'on veut servir. Voici cet autre passage:

« On sait quelle résistance les respectables évêques d'Aleth et de Pamiers opposèrent à Louis XIV sur le droit de régale qu'ils croyoient injurieux à l'épiscopat. Le monarque irrité vouloit appeler à sa cour les deux prélats, pour leur faire sentir tout le poids de son indignation : «Que Dieu vous en préserve. Sire, lui dit l'évêque de » Meaux, qui s'intéressoit vraiment à sa gloire; craignez » que toute la route des deux évêques, du fond du Languedoc jusqu'à Versailles, ne soit bordée d'un peuple » immense qui demandera à genoux leur bénédiction! Louis XIV se rendit à un si sage conseil : il craignit de voir échouer l'autorité contre des armes si puissantes par l'apparence même de leur foiblesse, et d'opposer à l'éloquence foudroyante de Bossuet, cette éloquence populaire, mais pénétrante, de la vertu courageuse et persécutée. »

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M. Portalis, qui se fia trop pour la recherche de ces anecdotes à M. de Coupigny, son secrétaire, parle encore dans ce rapport de la quarante-neuvième lettre du recueil des lettres familières de Montesquieu. Puisque l'on fait intervenir un si grand homme, nous l'inviterons à comparoître pour qu'il parle lui-même, surtout si nous sommes en mesure de prouver qu'on l'a trompé. Il s'agit ici, dit-on, d'une lettre écrite par Louis XIV, sur la fin de ses jours, à Clément XI, par laquelle ce prince se seroit engagé à ne donner aucune suite à la déclaration du clergé de 1682. Je citerai les propres paroles de

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