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moire, y défend avec une singulière ardeur les prétentions de la petite église. Il relève aussi des expressions certainement imprudentes des partisans du statu quo. Ils avoient dit que les amis de leur pays n'avoient besoin pour l'utilité publique, pour le bonheur du genre humain, que du lien social de la morale commune à toutes les religions. M. de Thémines leur répondit noblement (1).

(1) Voici comment il s'exprime : « Ces amis de leur pays iront sans doute, dans un respectueux pélerinage, ramasser la morale éparse dans toutes les mosquées, pagodes, et dans tous les temples d'idoles et de sectes, comme la poussière et la fumée sont éparses dans l'atmosphère ! Ils parlent de respect pour les cultes; ce n'est pas le respect, c'est la tolérance qu'il faut pour tous les cultes. Cette tolérance est un devoir et même une grande vertu, quand elle se joint à l'amour du genre humain, à la compassion pour ses erreurs, et à cette charité qui l'embrasse tout entier et voudroit voir la lumière divine dans tous les esprits et dans toutes les ames. L'indifférence est une contagion universelle, depuis le règne philosophique qui a rempli tout le siècle dernier par ses galeries minées et par ses explosions: veuille le ciel qu'il n'en finisse pas un autre ! L'indifférence et la tolérance philosophique ne sont pas si pacifiques, et nous en avons senti les haines et les fureurs.... Aujourd'hui c'est un devoir rigoureux d'avertir le genre humain combien il est menacé, quand il s'établit dans l'Eglise le gouvernement du bon plaisir et des circonstances, et l'institution mécanique et barbare du levier et du cabestan.... Il est dangereux de parler la langue révolutionnaire aux oreilles des peuples, et quand les circonstances et la nécessité sont de mise dans le sanctuaire, elles doivent encore être plus en vogue dans les hôtels de ville et dans les places publiques (M. de Thémines écrivoit ceci au roi Louis XVIII, le 27 décembre 1818.) Le peuple est un souverain qui se couronne brusquement lui-même sans préparatifs et sans cérémonies; ses chanceliers au milieu des émeutes, des incendies et des massacres, ne cessoient de crier au début de notre révolution : « Le peuple s'éveille, le peuple veut, le peuple fait ses grandes justices; l'extraordinaire lui plait, il a aussi ses coups d'état, ses circonstances et sa nécessité.» La constituante, après sa première constitution qui devoit être le modèle de l'univers, et après 34

TOM. II.

J'ai abrégé l'analyse de cette remontrance, d'un style tout-à-fait extraordinaire, surtout vers la fin; mais j'ai voulu en conserver quel

avoir fait tout à neuf, jusqu'à la pensée, comptoit bien rentrer dans P'ordinaire, et se reposer sur ses œuvres immortelles; et nous avons eu vingt-cinq ans de coups d'état et d'extraordinaire. Rien ne peut tenir contre ces grands mots là, ni chose publique, ni chose privée : celle-ci est toujours menacée ou par la foule, ou par le voisin; chacun a ses circonstances, ses cas particuliers, et sa nécessité qui règle sa morale, et il fait sa justice, quand personne ne le regarde... Nulle Eglise, Sire, ne porte un passeport plus favorable que la nôtre, non pas sous ce nom subalterne de libertés gallicanes, mais sous le nom propre de libertés célestes et de maximes divines. Enfin, Sire, nous sommes au milieu d'un choc fatal de mots et de pensées d'hérésie, de schisme, de grandes et de petites églises et d'heureuse régénération... Les Pontifes de la raison sont en pleines fonctions; les amis du pays iront dans l'univers écumer des principes et la morale diffuse..... J'avois résolu, pour mon compte, Sire, après tous les devoirs communs remplis au pied de la chuire de saint Pierre et auprès de votre trône, de revenir à ceux dont la providence m'a chargé et surchargé, pour demander décharge de ma dette pastorale; mais je suis fortement averti par un seizième lustre commençant, que l'heure est prête à sonner. Je me suis effrayé de ne laisser aucune trace de vigilante sentinelle, et d'aller me présenter les mains vides : j'ai espéré que Votre Majesté approuveroit cette terreur, et j'ai désiré qu'on sût que le serviteur inutile de l'Evangile avoit voulu remplir la tache commandée, et que s'il ne l'avoit pas finie, il l'avoit du moins commencée..... Dans son discours aux chambres, Votre Majesté parle de son sacre et de celui de Clovis, de Charlemagne et de saint Louis. Le siècle est trop usé pour ne lui donner qu'une cérémonie et un spectacle sans préliminaires et sans suite. Le Dieu de Clovis, de Charlemagne et de saint Louis, est le Dieu de saint Remi, de tous les apôtres des Gaules, et de leurs successeurs légitimes; aussi le grand saint dit au baptême de Clovis : « Baissez la tête, fier Sicambre, adorez ce que vous avez brûlé, et brûlez ce que vous avez adoré. » Il faut que saint Remi puisse dire à Votre Majesté des paroles bien plus glorieuses: << Levez la tête, fils de saint Louis, vous avez relevé ce qui étoit abattu, et vous avez abattù ce qui s'étoit élevé. » Sans cela, Sire, le Dieu de saint Remi, des apôtres des Gaules et de leurs successeurs légitimes, le Dieu de Clovis, de Charlemague et de saint Louis ne sera point à votre sacre.»>

Je suis de votre Majesté, etc.

ALEXANDRE, év. de Blois.

ques traits, parce qu'ils exposent avec une sorte de fierté, et d'une manière vive, les récriminations et les griefs de la petite église.

Louis XVIII recevoit de semblables lettres d'un évêque qui avoit fait auprès de sa cour les fonctions d'archevêque métropolitain. Les lettres de M. de Périgord ne l'affligeoient pas moins, et les délibérations du Conseil ne ramenoient pas le calme dans son esprit, tourmenté d'un côté par la reconnoissance, et de l'autre par le tableau qu'on lui présentoit de la disposition des esprits en France.

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CHAPITRE XXXVII.

MORT DE LA
REINE D'ESPAGNE MARIE-LOUISE. MORT DE
CHARLES IV. MORT DE LA REINE ISABELLE, DÉPÊCHE IMPOR-
TANTE DE M. PORTALIS. VOYAGE DE L'EMPEREUR FRANÇOIS [T
A ROME. FÊTES DONNÉES A SA MAJESTÉ. L'ARCHIDUC RO-
DOLPHE NOMMÉ CARDINAL. PRÉSENS DISTRIBUÉS PAR LA COUR
DE VIENNE. NOBLES PAROLES de l'empereuR A SON FRÈRE
LE GRAND DUC de toscanE. DESCRIPTION DES FRESQUES MA-
GNIFIQUES QUE LE GRAND DUC LÉOPOLD II A FAIT EXÉCUTER
DANS LA CHAPELLE DE SAINT LAURENT. LETTRES DES ÉVÈ-
QUES DE FRANCE AU PAPE. ÉLOGE DE L'ANCIEN clergé de
FRANCE, PAR M. LA BORIE. LE CARDINAL CONSALVI RÉPOND
AU CARDINAL DE PÉRIGORD. ALLOCUTION DU 23 aout. lettre
DU ROI DE FRANCE AU CARDINAL CONSALVI. LETTRE DU ROI
AU PAPE. M. LE CARDINAL DE PÉRIGORD PREND POSSESSION
DU SIÉGE DE PARIS. MESURES PRISES CONTRE LA VILLE DE
SONNINO. NÉGOCIATIONS DE rome avec lES PRINCES PRO-
TESTANS D'ALLEMAGNE. M. DE QUÉLEN NOMMÉ COADJUTEUR
DE PARIS, AVEC FUTURE SUCCESSION.

LE roi Charles IV se trouvoit à Naples auprès de son frère, qu'il n'avoit pas vu depuis que Charles III, quittant l'Italie, étoit allé régner en Espagne. Tout à coup la reine Marie-Louise, restée pour quelque temps à Rome, tomba malade, et mourut avant que le roi eût pu venir assister à ses derniers momens. La douleur de Charles IV fut telle, que lui-même il succomba quatorze jours après. Mais le malheur n'avoit pas frappé

assez de victimes dans cette maison d'Espagne, déjà si infortunée. Le 14 janvier, à l'instant où les obsèques de Marie-Louise alloient se célébrer, un courrier apporta de Madrid la nouvelle de la mort de la reine Isabelle de Portugal, épouse de Ferdinand VII.

A Paris, les évêques savoient et ne savoient pas que le Pape avoit adressé un bref à M. le cardinal de Périgord; ils ne se croyoient pas suffisamment instruits du fait par la communication du gouvernement. De Rome, M. Portalis écrivoit ainsi :

« J'ai vu le cardinal Consalvi. Il m'a dit : « Les scrupules du Pape ne lui laissent plus de repos, quand il songe à ce qui se passe en France, depuis plus d'un an, dans un grand nombre de diocèses. Les pouvoirs ecclésiastiques sont intervertis, et des hommes sans mission canonique s'immiscent incompétemment dans l'administration des églises, tandis que les légitimes pasteurs nommés par le roi, institués et préconisés par le Pape, sont condamnés à l'inaction. Ce n'est point le Saint Père qui a demandé que l'on pourvût sur-le-champ aux évêchés érigés en vertu de la circonscription de 1817, c'est le roi qui s'est hâté d'y nommer, c'est au nom du roi qu'on a demandé qu'elle eût lieu sans retard. Après que trente-quatre d'entre eux ont été préconisés, il a suffi que le roi témoignât le désir que l'on suspendît l'institution des vingt- trois qui ne l'avoient pas encore reçue, pour que cette suspension eût lieu sur-lechamp. Le Pape n'a donc à se reprocher aucune précipitation dans ses actes; mais, lorsque les choses sont en cet état, il ne peut, sans manquer à ses devoirs, laisser se prolonger indéfiniment le scandale, jusqu'à ce moment inouï

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