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PETIT VOLUME

CONTENANT

QUELQUES APERÇUS DES HOMMES ET DE LA SOCIÉTÉ,

Par J. B. SAY (1)

Au moment où nous allions rendre compte à nos lecteurs de cet ouvrage à la fois bref et piquant, nous apprenons que l'édition en est épuisée. Présumant que l'auteur ou le libraire ne tarderont pas à nous en donner une seconde nous réservons notre article pour le moment où elle paraîtra. Voici en attendant quelques pensées détachées que nous en tirons presqu'au hasard.

- « Tous les gouvernemens, sans exception, les mauvais comme les bons, affectent les intentions les plus pures, les plus généreuses, les plus

(1) Chez Déterville, libraire, rue Hautefeuille. Prix, 1. fr. 80 cent.

grandes. On fait des dilapidations en parlant d'économie, des guerres en protestant de son amour pour la paix, des spoliations par respect pour la justice, et des actes arbitraires au nom des lois. Aussi, je le vois, vous ne croyez plus à ces belles enseignes. Vous n'entrevoyez aucun moyen de juger de l'honnêteté du pouvoir. Cependant il en est un; il est même infaillible. Rappelez-vous le vieux proverbe : dis moi qui tu hantes, je te dirai qui tu es. Faites-y un léger changement, un mot..... Vous n'y êtes pas ? - Non. - Dis moi qui tu places..... Ah! vous y êtes.

->La fortune, de même qu'un ballon aérostatique, peut bien élever un prince très-haut; mais pour être soutenu à cette élévation, il faut qu'il se pose sur une base. Or, cette base, quand les nations s'éclairent, c'est la bonne foi: ce sont les intérêts nationaux. Les conseillers qui tiennent un autre langage, sont des conseillers dangereux.

- » Si quelque chose peut faire excuser le crime, c'est le besoin. D'où vient donc votre indulgence pour ces grands scélérats, décorés de titres bien pompeux, bien respectables, qui n'ont aucun besoin, pour qui le bien est si facile à faire, et qui font le mal?

- » On a dit que les voleurs craignent les ré

verbères : les usurpateurs et les tyrans les brisent. Quand l'imposture règne, la simple vérité est séditieuse.

» Un écrivain dont les idées sont faites et arrêtées, se glisse toujours entre la crainte de n'être pas assez compris et celle de l'être trop.

-->> Tout peut se dire, répète-t-on sur la foi les uns des autres; la manière de s'y prendre fait tout passer. C'est vraiment une belle faculté que de pouvoir hasarder en tremblant une vérité honteuse, dépouillée de ce qui fait son éclat et sa force, comprise seulement des hommes qui n'en ont pas besoin, besoin, et inattaquable par le pouvoir, parce qu'elle est hors de la portée de la sottise!

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On peut faire des gorges-chaudes sur ceux qui se mêlent d'éclairer les nations; on peut même, selon l'occasion, leur faire avaler la ciguë; mais en attendant les nations s'éclairent. -Ah! oui! s'éclairent! Vous verrez que mon cordonnier va devenir un savant, et le monde un vaste institut.Eh! non, vicomte; vous avez assez d'esprit pour savoir que cela ne se peut pas. N'essayez pas de prêter des ridicules au bon sens. Pouvez-vous ne pas vous apercevoir que, peu à peu, l'on se forme de plus justes idées des choses ; qu'on les voit mieux sous leurs véritables

couleurs. Tout homme n'est pas appelé à s'occuper de tout; mais il connaît mieux ses vrais intérêts, et jusqu'à quel point vous contribuez au bonheur de son existence. Chaque jour, les charlatans sont un peu mieux mis à leur place..... Vous vous effrayez ?.... rassurez-vous : ils ont le temps d'achever leur rôle.

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-

« Il

y a des écrivains qui voudraient bien avoir le sens commun pour n'être paš sifflés pár penseurs, et qui pourtant voudrait défendre les préjugés pour prendre part au butin. Leur embarras est quelquefois risible. Quand les temps sont bons, le public se moque de ces auteurs-là ; quand les temps sont mauvais, ce sont eux qui se moquent du public.

-->> Des gens que je m'abstiens de qualifier, avouent bonnement qu'ils ont fait une bassesse pour obtenir un emploi, et qu'ils ont ensuite commis des iniquités pour en tirer parti. Les mêmes, par principes, secondent toujours le pouvoir, soit qu'il fasse le bien, soit qu'il fasse le mal, et se prêtent à écraser le faible, qu'il ait tort ou bien qu'il ait raison ; et ils ne s'en cachent pas! C'est une espèce de cynisme politique bien autrement scandaleux, bien autrement coupable, que celui de ce pauvre Diogène, qui ne faisait de mal à persoune.

» L'honneur! l'un des sobriquets de la vanité. Au pluriel, c'est encore pis.

-> Plusieurs voies conduisent aux honneurs : d'abord les actions honteuses..... Et ensuite ?....Laissez-moi le loisir de chercher.

>> Les nations ne savent pas ce qu'elles perdent à ne pas tout simplement honorer ce qui est honorable, et mépriser ce qui est méprisable Lorsqu'un peuple ne sait ni mépriser, ni haïr on le gouverne à coups de pied de pied au cul; et malheur à qui s'en fâche?

-->> Est-il impertinent de penser que, dans les troubles politiques, les doucereux sont plus funestes par leur astuce que les furieux par leurs excès ? Un torrent passe ; mais une tache d'huile, étroite en commençant, gagne par degrés, s'étend, perce l'étoffe, parvient à tout, et finit par faire une souillure énorme, solide, durable, dont on ne peut se débarrasser.

->La simple droiture et les bonnes intentions dans les rois, dans les chefs des nations sont, par elles-mêmes, une si excellente chose qu'elles ont suffi pour faire des grands hommes. Otez cela à Henri IV, et ce n'est plus qu'un officier galant et brave. Mais sans l'amour du bien public, qu'il faut de talens et de circonstances favorables pour faire, je ne dis pas un grand

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