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suprême et des tribunaux subalternes ont été mises à sa disposition. Il en a extrait deux cents volumes in-folio de pièces manuscrites, comprenant la correspondance et les jugemens des. inquisiteurs, et c'est avec ces matériaux qu'il a composé se travail, dont le premier volume paraît aujourd'hui.

Qu'on lise ce premier volume, si on en a le courage. On verra à quel excès de fureur les hommes peuvent se porter.

On sait que l'inquisition a pris naissance en France, comme les croisades. On en fait honneur à saint Louis. Ce ne fut d'abord qu'une association de quelques moines envoyés dans le Midi , pour convertir les Albigeois.

Quand ils eurent fini avec les Albigeois, ils passèrent en Espagne ; et c'est là que, deux siècles plus tard, dans le quinzième siècle, l'institution acquit tout son développement.

Un million de Juifs venaient de se convertir pour échapper au massacre. Ils étaient riches, et on leur devait de l'argent, grandes raisons pour soupçonner la sincérité de leur conversion. On montra à Ferdinand le catholique, de riches confiscations à recueillir, et à Isabelle, le Ciel prêt à récompenser son zèle, et tous les les Juifs convertis de l'Arragon et de la Caș

tille, furent livrés aux recherches de la nouvelle inquisition.

Tout Juif converti fut accusé de judaïser, s'il avait porté, le samedi, une chemise plus propre qu'à l'ordinaire ;

S'il avait examiné son couteau n le passant sur l'ongle droit, pour s'assurer qu'il n'y avait pas de brèches;

S'il était mort le visage tourné vers la muraille, etc., etc.

La délation fut un devoir, sans exception d'époux ou d'épouse, de fils ou de père.

On assura au délateur, avant même d'avoir prononcé la condamnation, la partie des biens de l'accusé qui était le plus à sa convenance.

L'accusé ne connut jamais son dénonciateur. On cut soin, en interrogeant les témoins, de ne pas dire d'abord sur quoi portait l'accusation. On voulait qu'ils déclarassent eux-mêmes tout ce qu'ils savaient; d'où résulta une foule d'accusations incidentes.

La torture fut là pour aider l'accusé à se souvenir; et comme on avait obtenu de la libéralité des inquisiteurs, qu'un accusé ne serait pas soumis plus d'une fois à la question, ils eurent soin d'écrire, dans le procès-verbal, que la question était suspendue, après quoi ils puCens. Europ. -TOм. VI.

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rent la reprendre en toute sûreté de conscience:

ce n'était qu'une continuation.

Quiconque fut déclaré, par le jugement, bon catholique, n'en paya par moins une absolution, dite de précaution (ad cautelam ); mais la chose arriva si rarement que, jusqu'au règne de Philippe III, on ne rencontre pas une sentence d'absolution dans mille ou deux mille juge

mens.

Tous les autres furent condamnés à des peines plus ou moins fortes, suivant les circonstances.

Celui qui déclara tout de suite qu'il avait judaïsé, et s'en montra repentant, en fut quitte pour payer une amende en sus du prix de son absolution.

Celui qui ne se déclara coupable qu'après un certain délai, fut condamné à la confiscation et à la prison perpétuelle.

Celui enfin qui refusa cet aveu, fut relaxé, c'est-à-dire, livré au bras séculier, et brûlé. Si, par quelques circonstances on faisait grace de la vie à un coupable, il ne l'apprenait qu'au pied de l'échafaud, après y avoir été traîné dans tout l'appareil du supplice; et, le plus souvent, il en perdait la raison.

Chaque évêque eut sa prison,

et chaque in

quisiteur la sienne. Elles furent bientôt remplies. On en construisit de nouvelles, qui le furent également; il fallut ensuite se contenter de prescrire aux individus, qui furent condamnés. à la détention perpétuelle, de rester chez eux sous peine de mort.

On eut à Séville quatre statues de plâtre, représentant les prophètes, dans lesquelles les hérétiques condamnés à la relaxation furent brûlés à petit feu; d'autres furent tués lentement avec des roseaux pointus, et on vit les grands chemins tout couverts des membres de ces malheureux.

Un individu put être dénoncé et condamné long-temps après sa mort. On fit alors, rechercher et exhumer ses os. Un fils fut obligé d'aller à Toulouse faire exhumer le corps de son père condamné en Espagne, et d'en rapporter une attestation authentique, Les biens du condamné furent, en pareil cas, confisqués dans les mains des héritiers ou de ceux qui les avaient achetés, et on reprit la dot qu'il avait donnée à sa fille.

Un nombre immense de familles cherchèrent leur salut en France, en Portugal, en Afrique, et jusqu'à Rome. On rendit des lois contre ces fugitifs. D'autres crurent se sauver en appelant à Rome des jugemens de l'inquisition, ou en

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y achetant des absolutions secrètes qui défendaient de les inquiéter, et des sommes considérables sortaient d'Espagne pour payer ces précieuses sauve-gardes. Les inquisiteurs s'étant plaint de cette atteinte à leurs priviléges, le pape annulla ces absolutions, et quelque temps après il les remit en vente.

Après avoir tiré tout ce qu'on put des Juifs convertis, on résolut d'expulser tous les Juifs du royaume. On fit croire au peuple que, dans leur profession de médecins et d'apothicaires, ils empoisonnaient les chrétiens, et qu'ils crucifiaient les enfans de cette religion dont ils pouvaient s'emparer. Ils virent que c'était de l'argent qu'on voulait, et offrirent de se racheter par un subside de trente mille ducats. Ferdinand allait céder à cette offre séduisante, lorsque le grand inquisiteur parut devant lui et devant Isabelle, un crucifix à la main : « Judas a vendu son maître, leur dit-il, pour trente deniers vos altesses peuvent le vendre une seconde fois ponr trente pièces d'argent: le voici; prenez-le et hâtez-vous de le vendre. » Un autre argument, plus fait pour toucher Ferdinand, fut que l'expulsion rapporterait bien au-delà du subside. Et en effet, huit cent mille Juifs, forcés de s'expatrier dans un délai de trois mois, sous

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