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privilège. L'emprunt hongrois qui sera émis pour la conversion du « Blok rente » en jouira désormais aussi, et les autres fonds d'État seront admis, mais toujours sous la réserve du renouvellement du privilège de la Banque, comme placements des capitaux des caisses d'épargne, des compagnies d'assurances, des cautions administratives. A cause de ses nombreuses relations avec la Hongrie, l'Autriche a un intérêt primordial à y trouver une monnaie saine. L'industriel ou le commerçant autrichien créancier de 1000 couronnes désire ne pas devoir craindre que cette somme, le jour de l'échéance, ne représente que 990 couronnes autrichiennes. Après la séparation, est-ce en monnaie hongroise ou autrichienne que dettes, rentes, lettres de change seront payées? Vu la forte prédominance de l'agriculture dans le commerce d'exportation de la Hongrie, il est bien probable que, pour défendre son or, la banque préfère à l'élévation du taux de l'escompte la cessation des paiements en espèces; l'agio sur l'or serait une prime à l'exportation hongroise. Aussi, en prévision de la séparation à craindre en 1917, l'Autriche s'estelle garantie contre ses conséquences. En 1907, il a été convenu entre les deux États que si le privilège de la Banque n'est pas renouvelé, le règlement financier de leurs obligations réciproques, garanties par traité, se fera sur la base de l'unité monétaire d'or, la couronne d'or fin de 0, 304 grammes. En outre, les deux gouvernements s'engagent, avant de s'occuper de la banque hongroise, à conclure un accord de nature à assurer l'exécution des dispositions de l'Ausgleich et surtout à éviter que l'action résultant d'une différence éventuelle de la valeur de la monnaie supprime le libre commerce entre les deux États ou y mette obstacle. Donc si en 1917 les partisans de l'indépendance triomphent, obligation de négocier une entente sur la question; or, d'après la teneur des traités précédents, à l'expiration

du privilège, chacun reprenait simplement sa liberté. Obligation aussi de tomber d'accord, et cela avant d'établir la banque autonome. L'Autriche n'entend donc céder sur la question de la banque qu'à condition de trouver les remèdes prévenant les perturbations ruineuses de la monnaie dépréciée.

Le porteur du billet austro-hongrois n'a pas le droit d'en exiger le remboursement en espèces ; la loi déclare néanmoins que la couronne est l'unité monétaire, et cette couronne est un certain poids d'or. Le législateur a établi une différence entre la façon dont il entend que la banque se comporte suivant qu'il s'agit de maintenir ses billets à la parité des monnaies étrangères ou au pair de l'or austro-hongrois. D'après ses statuts, la banque est tenue d'employer tous ses moyens disponibles à assurer d'une façon permanente le maintien des changes au cours qui correspond à la valeur intrinsèque de la couronne et qui exprime celle de ses billets. Si elle négligeait de remplir cette prescription pendant tout le temps que demeure suspendue l'obligation de rembourser ses billets en or, son privilège pourrait lui être retiré. Naturellement, il ne s'agit pas ici des oscillations ordinaires de cours qui se produisent même entre pays où les billets sont remboursables en or à guichet ouvert. Pour se conformer aux intentions du législateur, la banque doit done fournir aux acheteurs de devises étrangères les sommes dont ils ont besoin, soit en leur cédant des crédits dont elle dispose chez ses correspondants du dehors, soit en se créant des disponibilités sur les places étrangères par des envois d'or, mais ses obligations se limitent au maintien de la parité avec les monnaies étrangères. On ne peut nier toutefois que, si ses billets venaient à subir une perte vis-à-vis de l'or à l'intérieur de la monarchie, la répercussion sur le cours des changes serait inévitable.

Comment le billet maintiendrait-il sa valeur par rapport à l'or étranger sans la conserver par rapport à l'or indigène ?

La prescription légale, inscrite dans les statuts, équivaut donc à ordonner le remboursement en or, et, cependant, l'application de l'article 83, qui fait de ce remboursement la règle, demeure suspendue de droit, alors qu'en fait la Banque, pour maintenir le cours des changes, peut être constamment amenée à donner de l'or. Habituée au cours forcé, la population de l'empire se passe d'or. En 1902, quand la Banque essaya de le mettre en circulation, la tentative échoua. Mis en concurrence avec les petites coupures de 10 et 20 couronnes, le métal jaune reflua à sa source (1).

Aussi plusieurs économistes, entre autres le docteur Knapp, professeur d'économie politique à l'Université d'Heidelberg, se sont-ils déclarés partisans de la théorie qui considère l'or comme simple couverture et l'enferme dans les caves de la Banque. La circulation la plus parfaite est celle où le crédit et la monnaie fiduciaire économisent le métal jaune. Sur la question de doctrine et la question de fait, Autrichiens et Hongrois naturellement se divisèrent. Ces derniers entrevoyaient, après l'adoption du paiement en espèces, les marchés étrangers traitant les rentes hongroises comme dette. d'or et leur accordant un crédit supérieur; c'était leur

(1) De là suit qu'en Autriche l'évaluation du stock d'or est plus facile à faire qu'en France et en Angleterre, et que l'encaisse de la Banque en est quasi l'unique réserve.

Tableau indiquant le montant de l'encaisse or et de la circulation des billets des quatre grandes Banques d'émission en 1913:

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Enc. or... 1211 052 000 c. 3316 000 000 fr. 960 500 000 fr. 1 415 000 000 m.
Traites or 60 000 000 c.
Circulaton 2174 000 000 c. 5 398 000 000 fr. 716 500 000 fr. 1754 597 000 m.

affranchissement du marché autrichien! Ces espérances étaient-elles fondées? Ce qui touche surtout les prêteurs étrangers, c'est la promesse, l'assurance du paiement du coupon en une somme libellée exactement en francs, livres sterling ou dollars, et cela, le gouvernement hongrois ne pouvait-il pas le faire sans l'adoption du paiement en espèces? Le cours forcé actuel, ou l'obligation boiteuse du remboursement, répondaient les Autrichiens, a l'avantage qu'en temps de resserrement monétaire, l'encaisse or se trouve mieux défendue que par la hausse du taux de l'escompte; ce relèvement, par sa soudaineté, surtout si la crise se prolonge et si le taux est élevé, impose toujours de gros sacrifices au commerce et à l'industrie.

En 1911, la question ne fut pas résolue. L'article 83 impose à la Banque le remboursement de ses billets en or à toute réquisition. Mais l'article 111 en suspend l'application jusqu'à ce que les deux gouvernements aient pris à ce sujet les mesures d'exécution nécessaires. Ces deux articles ont été maintenus; seulement, tandis qu'autrefois il appartenait aux deux Parlements de juger des circonstances dans lesquelles le paiement en espèces pouvait être refusé, ce pouvoir a été, en 1911, dévolu au gouvernement des deux pays de la monarchie. De son côté, la Banque a reçu, en guise de concession à la thèse hongroise, le droit de proposer en tout temps aux gouvernements l'abrogation de l'article 111.

Que conclure de ces pénibles renouvellements de l'Ausgleich et des exigences croissantes du parti magyar à l'expiration de chaque décade, si ce n'est que la séparation est désirée et espérée par les Hongrois et envisagée par l'Autriche comme à peu près inévitable. Tous les liens seront-ils rompus en 1917? Quels sont ceux que la prudence évitera de briser ou que l'appréhension de l'inconnu fera respecter à regret?

Quelle influence perturbatrice les événements extérieurs exerceront-ils à cette date? Chi lo sa!

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En parlant de l'union de l'Espagne et du Portugal, A. Ganivet écrivait en 1896, dans son << Idearium Español » « Si nous devions être unis comme l'Angleterre et l'Irlande, comme la Suède et la Norvège, comme l'Autriche et la Hongrie, mieux vaut encore que nous restions séparés. » Et, en effet, lorsque l'union politique ou économique ne s'établit qu'entre deux pays, elle apparaît, presque nécessairement, au plus faible comme une humiliation ou comme un joug. Malgré ses avantages, l'union lui pèse, il préfère même les oublier et, pour y réussir plus sûrement, il s'obstinera à ne considérer que les malheurs et les maux dont elle peut être la cause ou l'occasion. Récriminations et plaintes trouveront ainsi leur justification. En organisant, il y a 47 ans, au lieu du dualisme, le trialisme ou même l'union à quatre, l'Autriche n'aurait-elle pas affaibli les tendances séparatistes ?

Que la Hongrie, avant de consommer son divorce économique, se rappelle l'union hollande-belge. Si la rupture s'est produite après quinze ans, les motifs ne doivent-ils pas en être recherchés dans l'organisation et les modes d'application de l'union des deux pays? Les questions de religion, de langue, d'influence politique n'étaient pas en elles-mêmes des causes inévitables de séparation. Ces problèmes auraient pu être résolus par un monarque plus conciliant et plus habile que le roi Guillaume. Les avantages économiques et politiques de cette union largement comprise et loyalement observée ont été, ou plutôt n'ont été qu'après coup appréciés et estimés. Ils pourraient instruire et éclairer les Hongrois trop impatients.

L'exclusion d'un marché de 30 millions d'habitants, la perte du crédit autrichien, l'affaiblissement inséparable de toute division, l'isolement en Europe, seront

IIIe SÉRIE. T. XXV.

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