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Hypothèse de M. E. Belot. - Poincaré a repris une idée de Lord Kelvin, qui consiste à assimiler la Voie lactée à une masse gazeuse et à lui appliquer la théorie cinétique des gaz. D'après cela, la Voie lactée, si elle était sphérique, aurait un rayon égal à mille fois la distance de la Terre aux étoiles les plus proches. En réalité, on croit que la Voie lactée est un disque aplati, de sorte que le rayon de la sphère serait un nombre intermédiaire entre l'épaisseur du disque et son rayon.

Pourquoi cette forme de disque ? Les explications ne manquent pas; omettons les (1). Notons la théorie de M. See sur l'origine des nébuleuses spirales: Deux nuages cosmiques se réunissent et se mettent à tourner comme deux ailes de moulin; la nébuleuse annulaire serait un cas particulier.

Une des doctrines les plus récentes est celle de M. Belot. Selon lui, une nébuleuse animée d'un mouvement tourbillonnaire, vient heurter une nébuleuse amorphe. La nébuleuse en forme de tourbillon est élastique, comme un ressort et, en même temps, joue le rôle d'un obus heurtant une plaque blindée, c'està-dire qu'elle fait vibrer la nébuleuse au repos. La percussion et les vibrations créent des centres de condensation qui seront l'origine du Soleil et des Planètes.

Le tourbillon serait arrivé avec une vitesse de 75 000 kilomètres par seconde; chaque molécule décrivant une hélice et les hélices, après le choc, prenant des rayons de plus en plus grands.

M. Belot obtient une loi des distances planétaires, une loi des inclinaisons, une loi des durées de rotation, en fonction du diamètre et de la densité de la planète (2).

(1) Poincaré, page 265.

(2) Les distances de Mercure, Vénus, Terre, Mars, Jupiter, Saturne, Uranus, au Soleil, sont, entre elles, comme :

4, 43, 4 + 6, 4 + 12, 4+48, 496, 4+ 192.

Les masses, par rapport au Soleil, sont :

1 1 1 1 1 1 1 108 4.106' 3.105' 3.106 1047' 3529' 2400

1

et, pour Neptune,

10 000

Cette hypothèse, dit Poincaré, « mérite l'attention.>> Cependant, c'est d'une manière bien arbitraire que M. Belot fixe la vitesse du tube tourbillon. De plus, une fois le Soleil formé, il y aurait lieu, dit Poincaré, de tenir compte de l'attraction.

Que celui qui n'a jamais péché (par l'arbitraire de ses postulats) jette la pierre à M. Belot dont la théorie retient, en ce moment, l'attention du monde savant.

Chaleur solaire et chaleur terrestre. - Un mètre carré de la Terre reçoit, par seconde, une quantité de chaleur égale à 3 ou 4 ou 5 calories environ. Si le Soleil était un bloc de charbon, il serait consumé en 5000 ou 6000 ans. Il faut donc voir comment le Soleil pourrait compenser ses pertes.

On a imaginé une pluie météorique de corps éloignés ou rapprochés du Soleil; ce fut la première idée de Lord Kelvin, mais il y renonça et adopta l'hypothèse d'Helmholtz. D'après cet illustre savant, le Soleil est fluide et se contracte; cette contraction engendre de la chaleur. Avec cette hypothèse, l'âge du Soleil serait de 50 millions d'années, mais les géologues ne s'en contentent pas. Lord Kelvin attribue à la Terre le même âge, tandis que d'autres calculs, fondés sur d'autres hypothèses, donnent 3 milliards d'années. Ce dernier chiffre est obtenu par l'étude des plis montagneux.

Une autre méthode est fondée sur le degré de salure de l'eau de mer et il en résulterait que la salure actuelle a été obtenue en 100 millions d'années.

Les géologues, d'après la durée de formation des sédiments, demandent de 100 à 600 millions d'années, depuis l'époque cambrienne.

Avouons que nous ne savons rien, actuellement, car on peut examiner et discuter des chiffres variant du

simple au triple, au décuple, mais non point des chiffres présentant des écarts prodigieux.

Actuellement, on admet que la chaleur solaire provient d'une forte masse de corps radioactifs, ou bien d'un cycle chimique de dissociations, suivies de synthèses réparatrices.

Tout ceci est vague, mais rien ne décourage la curiosité infinie des savants.

Température des étoiles. On peut, grâce à la spectroscopie, se renseigner sur la température et la qualité chimique d'un corps, à distance.

Au point de vue des raies, Sir N. Lockyer distingue trois types parmi les spectres des étoiles. D'après lui, le premier stade de l'évolution est la nébuleuse, essaim de météorites. La nébuleuse se concentre, forme une étoile qui s'échauffe de plus en plus et ensuite se refroidit.

Il classe alors les étoiles en groupes : celles dont la température s'élève, celles dont la température baisse. D'autre part, en prenant, comme approximation, la loi de radiation des corps noirs, M. Nordmann, d'après les spectres, a trouvé les températures et 'sa classification concorde passablement avec celle de Sir Lockyer.

M. Schuster propose encore une autre classification et une autre théorie de l'évolution des étoiles.

La matière, à l'origine, serait répandue dans tout l'espace, les chocs produisant des centres de condensation. Au début, ces étoiles en formation n'auraient pas assez de force pour retenir les éléments légers tels que l'hydrogène, mais, peu à l'étoile se nourrit par bombardement et alors elle retient hydrogène et hélium. Ensuite, l'attraction est telle que ces corps sont absorbés par l'étoile.

peu,

Ce mécanisme expliquerait les différences dans les spectres.

On sait que la masse de Sirius et celle de son compagnon sont environ deux fois et une fois la masse du Soleil, tandis que leur éclat est 100 fois celui du Soleil, et un centième de celui du Soleil. La différence d'éclat, d'après M. Schuster, tient à ce que la grosse étoile a absorbé l'hydrogène plus vite que son compagnon.

La valeur des systèmes cosmogoniques. - Une chose me frappe d'abord. Chaque auteur part d'un état initial, un chaos, une nébuleuse, etc.

Qu'entend-il par là ?

Nous avons quelques vagues données sur l'état actuel du Cosmos. Nous pouvons bien admettre qu'on puisse déduire, à reculons, quelques probabilités sur un stade antérieur de l'évolution, mais pourquoi ce stade antérieur serait-il l'« état initial » ?

Il y a de la présomption à employer un pareil terme. Ce qui est plus harmonieux, ce me semble, c'est l'idée du « cycle » et, en cela, l'hypothèse d'Arrhénius est bien intéressante, à condition qu'on modère encore ses ambitions et qu'on ne parle pas trop de dimensions infinies et de durée éternelle...

J'aimerais done mieux dire « état antérieur » plutôt qu'« état initial », mais cela n'a pas grande importance. Les mots importent peu; voyons les faits.

Quand on a lu cet admirable, lucide exposé de Poincaré, on a, ce me semble, l'impression suivante. Étant donnés, 1° le degré de perfection des Observatoires, à une époque, 2o l'avancement de la Physique et de la Chimie, de la Géologie, des Mathématiques, à la même époque, 3o la forme particulière de sensibilité et d'imagination d'un esprit très synthétique,... il en résulte une cosmogonie particulière.

Ces synthèses sont fonction, d'abord de la culture d'une époque, ensuite du génie particulier d'un ama

teur de généralités. Aussi, que de trous béants, et que de choses vagues!

Parfois on est agacé de sentir le « coup de pouce », lorsqu'on voit, pour chaque singularité nouvelle, une hypothèse nouvelle, très ingénieuse, peut-être trop ingénieuse. Trop de détails échappent et sont réintégrés trop violemment. On peut être bien assuré que la cosmogonie d'une génération a de fortes chances d'être mise en faillite, à la génération suivante. C'est le sort de toutes les grandes synthèses qui veulent tout embrasser. Et cependant, on ne peut s'empêcher d'admirer des essais, souvent puissants et riches, qui sont l'aliment de notre curiosité intellectuelle. Sans cette curiosité, la Science périrait d'inanition et qui sait si l'espoir d'une vaste synthèse, inaccessible, ne fera pas naître des résultats bien tangibles et positifs qui, eux, sans aucun doute, enrichiront notre trésor scientifique...

Conservons tout notre sens critique, mais n'allons pas jusqu'à décourager les audacieux et habiles auteurs des hypothèses cosmogoniques.

A tout prendre, les astronomes ne font, sur une immense échelle, que ce que les physiciens font dans un domaine beaucoup plus restreint et plus à portée de la main (1).

Au point de départ de la théorie physique, dit M. Duhem (2), quelques propositions, revêtues d'une forme mathématique, aussi générales que possible; ce sont les hypothèses.

L'analyste déduit à partir de ces hypothèses, il déroule toutes les conséquences qu'il peut apercevoir ; ce sont les théories.

L'expérimentateur s'empare alors des conséquences

(1) Sur les méthodes des physiciens, je renvoie à Poincaré et à M. Duhem. (2) P. Duhem, à propos de Willard Gibbs, BULLETIN DES SCIENCES MATHEMATIQUES, août 1907.

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