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cipe de vie, chez nous l'âme raisonnable, qui informe toutes nos cellules, quelle que soit leur fonction; mais si c'est la même âme que nous retrouvons partout dans l'organisme, dans la totalité de son essence êt de son essentielle perfection, elle n'est pas présente dans chacun de nos éléments anatomiques selon tous ses modes d'activité. C'est à peu près la formule dont se servait saint Thomas, sauf que l'illustre docteur parlait de parties là ou nous parlons de cellules, la constitution cellulaire de l'organisme étant alors inconnue (1).

Nous devons, en tenant compte de ces principes incontestables, nous faire de la marche du phénomène sensoriel l'idée suivante : dans les terminaisons périphériques des voies centripètes se produit un ébranlement qui n'est, anatomiquement, qu'une rupture de l'équilibre moléculaire de la substance nerveuse. Cette substance, toutefois, est vivante, et c'est pourquoi nous observons, dans la façon dont se comporte la rupture d'équilibre, des caractères spéciaux dont on ne rend compte qu'en admettant l'existence d'un principe de vie, l'âme, essentiellement différent des principes physicochimiques. La production de l'ébranlement, la propagation de l'ébranlement, relèvent donc d'une activité au moins physiologique. Cette activité n'est d'ailleurs que cela, car aucune des modifications vitales qui la caractérisent ne comporte encore de phénomène de conscience; il faut, pour que ce phénomène se produise, que l'ébranlement, arrivé au terminus de la voie centripète, se communique à un organe informé, comme tous les autres éléments de la voie, par un principe. vital. mais dont l'activité se manifeste différemment.

(1) « Anima tota est in qualibet parte corporis secundum totalitatem perfectionis, et essentiae, non autem secundum totalitatem virtutis: quia non secundum quamlibet suam potentiam est in qualibet parte corporis ». Sum. theol., p. 1, q. LXXVI. art. 8.

Si l'âme est, là comme ailleurs, unie d'une union substantielle à l'élément matériel du composé, elle y déploie cependant une « vertu » qu'elle ne déploie point ailleurs, et c'est pourquoi la modification cellulaire, au lieu d'être, ici, une simple réaction physiologique, sera d'emblée une réaction psychique, nous entendons une réaction essentiellement consciente: une sensation. Ce serait donc se tromper étrangement que de se représenter le phénomène sensoriel comme constitué par deux actes vitaux distincts: d'abord un acte physiologique, la modification de l'organe terminal, puis un acte psychique, la prise de conscience vague de cette modification. L'ébranlement venu de la périphérie, en modifiant un organe encéphalique constitué de manière à s'adapter à une activité spéciale de l'âme, l'activité sensorielle ou neuro-psychique, fait entrer en exercice cette activité qui pose là, du coup, son acte propre, spécifique de l'organe en question: cet acte propre n'est pas autre chose que la perception sensorielle ellemême, ou état conscient particulier répondant à la modification particulière de l'organe.

Du fait que l'âme, bien qu'elle soit partout quant à la totalité de son essence, n'est que dans certains organes déterminés quant à certains modes de son activité, il suit nécessairement que cette activité ne pourra poser son acte que là où se trouve l'organe qui lui est spécialement adapté. Il y a donc une localisation. des actes sensoriels : ce n'est pas partout, ni n'importe où, dans l'organisme, que se constitue l'état conscient que nous appelons sensation auditive, ou autre, mais là même et là seulement où se trouve la faculté sensorielle affectée à ces phénomènes spécifiques.

Cette dernière observation ouvrirait tout naturellement la voie à une étude sur les régions corticales des localisations sensorielles perceptrices et des localisations

sensorielles mnésiques, où une grande place devrait être faite à la psycho-physiologie et à la neurologie pathologique. Mais, outre que la discussion des faits sur lesquels ces questions sont fondées demanderait des développements trop considérables, nous avons déjà, à plusieurs reprises, dans cette REVUE même, exposé sur ces différents sujets quelques idées auxquelles nous nous permettons de renvoyer nos lecteurs.

L. BOULE, S. J.

VARIÉTÉS

I

A PROPOS

D'UN OUVRAGE RÉCENT SUR L'ASTRONOMIE NAUTIQUE

AU PORTUGAL

A L'ÉPOQUE DES GRANDS VOYAGES DE DÉCOUVERTE (1)

M. Bensaude est portugais et édite, dans la Suisse allemande, un ouvrage écrit en français. Ceci suffit amplement pour excuser quelques négligences d'impression et de style, d'ailleurs sans importance réelle.

La lecture de l'Astronomie nautique est pleine d'intérêt, mais laisse une impression complexe et étrange. L'auteur fait preuve de talent. Chercheur érudit, il exhume du fond des bibliothèques nombre de volumes rares, et se plait à appeler notre attention sur des textes curieux peu connus. Malheureusement le sujet traité appartient à l'astronomie et M. Bensaude n'est ni astronome ni mathématicien. Il nous en prévient loyalement, je me plais à le dire; mais, cet aveu suffit-il ? Oui, si l'on se place au point de vue de l'honnêteté scientifique; non, si l'on se met à celui de la valeur des raisonnements. Un astronome les eût conduits autrement.

M. Bensaude plaide un procès. La partie dont il prend en

(1) L'Astronomie nautique au Portugal à l'époque des grandes déconvertes, par Joaquim Bensaude. Bern, Akademische Buchhandlung von Max Drechsel, 1912. Un vol. in-4° de 290 pages.

mains les intérêts a peut-être raison; quelques-unes de ses preuves à l'appui sont en tous cas excellentes : mais après avoir entendu le plaidoyer de l'avocat, le juge, je veux dire le lecteur, ne sait pas à quoi s'en tenir.

L'objet du procès porte sur le problème de la détermination. de la latitude en mer. Les grands navigateurs portugais de la fin du xv^ siècle savaient-ils le résoudre? Jadis on le niait, mais à tort. La vérité est que la Junta dos mathematicos, espèce de Bureau des Longititudes qui fonctionnait à Lisbonne, tenait secrètes ses tables nautiques et la manière de s'en servir. De ce qu'on ne connaissait pas les règles formulées par la Junta pour ses marins, on concluait que ces règles n'existaient pas. Plus personne ne le soutiendrait sérieusement aujourd'hui.

Mais sur quelles données la Junta calculait-elle ses tables nautiques? Voilà la question précise qui forme l'objet du litige.

La Junta puisait à des sources allemandes, disent la plupart des historiens; c'étaient les Éphémérides de Regiomontanus et d'autres documents analogues que lui fournissait un savant allemand, membre lui-même de la Junta, Martin Behaim de Nuremberg. >>

M. Bensaude conteste cette allégation. Je crois qu'il a raison, mais un des arguments auxquels il attache le plus d'importance est peu concluant. Présenté autrement, c'est-à-dire débarrassé des erreurs d'astronomie sphérique qui l'énervent, il pourrait devenir décisif, soit pour, soit contre la thèse de l'auteur. Nous y reviendrons.

L'Astronomie nautique se divise en trois parties bien distinctes, assez indépendantes l'une de l'autre une étude sur un volume rare de la Bibliothèque d'Evora; un projet de préface destiné à servir d'introduction à la reproduction en fac-similé d'un incunable de la Bibliothèque Royale de Munich; un choix de pièces rares et de documents relatifs à l'histoire de la marine portugaise.

Le mémoire, consacré au volume de la Bibliothèque d'Evora, porte la date de Berne, décembre 1912.

Il est fort difficile de savoir, dit l'auteur, quelles étaient an juste les connaissances scientifiques et astronomiques des grands marins portugais de la fin du XV siècle. »

D'accord, et c'est la conséquence naturelle du soin jaloux avec lequel la Junta dos mathematicos tenait secrètes ses tables nautiques. Aussi l'ai-je déjà dit, on a pu soutenir longtemps, avec

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