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qu'une action catalytique. Bientôt les critiques de Berzélius se doublent de celles très dures de Liebig et de Woehler, qui prònent, de leur côté, une interprétation purement chimique. La discorde règne au laboratoire, et les vues de Schwann, peutêtre surtout à cause de leur teinte vitaliste, rallient à peine encore une minorité. Après des vicissitudes diverses, la roue de la Fortune a de nouveau fait un tour complet: Pasteur inaugure ses recherches sur les fermentations lactique et alcoolique; plus de doute, l'agent nécessaire de ces processus est bien un microorganisme. Liebig, atteint d'un coup droit, essaie d'une réplique, mais est bientôt réduit au silence. Et pourtant, l'avenir devait lui donner partiellement raison, sans toutefois infirmer la valeur des expériences, sinon de toutes les interprétations, de Pasteur. En effet, l'idée se fit jour, et s'accrédita de plus en plus, que l'agent immédiat de la fermentation alcoolique était une diastase, un ferment chimique, sécrété, à vrai dire, par des micro-organismes (Traube). Mais la preuve expérimentale, décisive, de cette conception nouvelle et conciliatrice, ne fut donnée qu'en 1897, par E. Buchner, qui réussit à isoler, des cellules de levure, une diastase, la zymase, capable de provoquer en leur absence la fermentation.

Dès lors, la fermentation alcoolique, réintégrée dans les cadres généraux de la fermentation chimique, devient l'objet d'expériences nombreuses et précises. Son mécanisme apparait de plus en plus complexe : à côté du ferment principal, se range un ferment complémentaire, une co-zymase, indispensable à la fermentation; puis, c'est la présence d'un phosphate qui apparaît nécessaire pour la décomposition du sucre à fermenter : le cycle du phosphore, pendant la durée de la fermentation, passe par la formation d'un hexosephosphate et se termine par la libération du métalloïde sous l'action d'une enzyme spéciale; enfin, à côté de la zymase, surgit un cortège de ferments destructeurs, normalement paralysés par leurs antiferments... Bref, la fermentation alcoolique nous fait entrer au cœur de ce chapitre nouveau, et souvent déconcertant, de Biochimie, où les réactions fermentaires aflichent, au sein d'une étonnante complexité, des liens de parenté non équivoques avec les phénomènes d'immunité d'une part, et d'autre part avec les phénomènes catalytiques.

M. Harden nous rapporte très exactement ces recherches anciennes et récentes, leur mise en œuvre expérimentale, leurs résultats et leur portée.

J. MARECHAL, S. J.

XVI

RESTAURATION DES MONTAGNES. Correction des torrents. Reboisement, par E. THIERY, professeur à l'École Nationale des Eaux et Forêts. Avec une introduction par M. C. LECHALAS. 2e édition, revue et augmentée. Un vol. in-8°, 480 pp. et Liége, Librairie polytechnique de Ch. Béranger.

Paris

Cet important ouvrage fait partie de la collection Encyclopédie des Travaux publics, fondée par M. C. Lechalas, inspecteur général des Ponts et Chaussées.

De l'introduction, dont le très savant et très érudit fondateur de l'Encyclopédie a honoré ce compact volume, il résulterait que les exposés et les descriptions de l'ingénieur Surell, trop simplistes et trop sobres de détails, seraient aujourd'hui vieux jeu, démodés et demanderaient à être complétés, mises à point. C'est ce à quoi, sans doute, a voulu répondre l'auteur, lequel, forestier, a fait principalement ceuvre d'ingénieur.

Cette œuvre comprend trois parties, dont l'une, sous ce titre : Description du phénomène torrentiel, traite de la question que nous avions abordée jadis, ici-mème (janvier 1882), d'après Surell, Scipion-Gras, Philippe Breton, Costa de Bastelica et Demontreux, sous le titre de Lois générales de la torrentialité. On doit dire que cette « Description du phénomène torrentiel >> est développée avec une grande hauteur de vues et à l'aide de nombreuses observations nouvelles d'ensemble et de détails, faites dans les régions montagneuses tant en France qu'à l'étranger, ce qui implique naturellement un progrès sur les nombreux travaux analogues, antérieurement publiés.

Là, tous les phénomènes de la montagne, tous les détails de chacun d'eux, minutieusement observés et décrits, sont soumis au calcul. Sur ces données est établie une nouvelle classification des torrents, ou plus exactement, des cours d'eau torrentiels, le régime de ces cours d'eau, la formation des pentes de compensation et le profil qui en résulte. Les lits de déjection ont ici remplacé les cones, l'auteur estimant que ces sortes de remblais qui se forment à l'issue des canaux d'écoulement, se rapprochent davantage de la forme de la pyramide que de celle du còne; il en décrit la formation, puis expose les divers ravages causés par les torrents; cònes ou pyramides, ce sont toujours des lits.

III SÉRIE. T. XXVI.

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Les Travaux de correction des torrents occupent la seconde partie du volume. Sous un titre différent, la REVUE DES QUESTIONS SCIENTIFIQUES avait aussi abordé ce sujet, en juillet 1882, d'une manière plus sommaire, il est vrai. La fameuse question des barrages est, ici, envisagée sous toutes ses faces: barrages rectilignes, barrages curvilignes, en maçonnerie, en pierre sèche, en bois, en farcinages et clayonnages, barrages vivants; l'utilité de ces barrages; leurs rôles respectifs suivant qu'il s'agit de la correction de torrents à affouillements, à glissements ou à clappes, glaciaires ou mixtes; leur hauteur, la forme et les dimensions de la cuvette, le radier, le contre-barrage, tout cela est exposé mathématiquement et avec figures et graphiques à l'appui.

Parmi les Travaux divers, quelques pages sont consacrées à la forêt de protection et à l'utilité du reboisement; mais c'est d'une façon qui semble incidente.

Cette seconde partie, qui se termine à la page 380, forme, avec la première, la très majeure part du volume.

La troisième, qui a pour objet les Travaux de reboisement, ne comprend pas beaucoup plus de 80 pages. L'auteur y envisage d'abord les difficultés, tant morales que climatiques (1) et celles surtout qui résultent de la disposition et de la constitution extrêmement compliquées des terrains, surtout dans les Alpes.

Ce qui suit, rentre plus spécialement dans le domaine de la sylviculture, mais dans son application exclusive aux boisements en terrains montagneux; choix des essences suivant les altitudes

(1) L'auteur emploie, et nous avions jadis employé nous-même l'expression de climatérique. Mais elle n'est pas applicable à l'état climatologique d'un pays ou d'une région. Ouvrons le dictionnaire de l'Académie, à ce mot, nous y lisons: Adjectif des deux genres; il n'est usité que dans ces locutions : An climatérique, année climatérique. Chaque septième année de la vie humaine, et particulièrement la soixante-troisième qu'on appelle aussi la grande climatérique, et absolument la climatérique... etc. »

Dictionnaire Larive et Fleury :

<«< Climatérique, se dit des âges, des années de la vie humaine regardés comme dangereux pour la santé ».

Le dictionnaire de Littré, et tous les autres donnent, sous une forme ou sous une autre, la même définition.

Il est vrai que le mot climatique ne se trouve dans aucun dictionnaire; mais il peut être considéré comme une abréviation ou contraction de climatologique, qui est un peu long.

et les expositions, des graines pour les semis; création et entretien de pépinières, plantations, tracé de chemins et de sentiers (1).

Le volume se termine par un XXV chapitre, d'un grand intérêt dans sa brièveté (il n'a que 3 pages), car il donne la statistique de tous les travaux accomplis jusqu'ici par l'Administration pour l'Euvre de la restauration des montagnes, avec indication des dépenses qui seraient nécessaires pour l'achèvement des travaux, lesquelles se monteraient à 60 186 000 francs.

Le travail de M. E. Thiéry est assurément remarquable. Il dénote une observation abondante et minutieuse, servie par la science spéciale de l'ingénieur. La restauration de la montagne par des travaux d'art parait être son principal objectif, le reboisement intervenant comme le couronnement et l'élément conservatoire de l'œuvre, plutôt, semble-t-il, que comme l'œuvre principale.

C'est ici que se rencontre le point douteux.

Il y a quelque douze ou quinze ans, il y eut grand émoi dans le public forestier administratif, du fait qu'un de ses membres avait publié, dans la REVUE DES EAUX ET FORÊTS, une charge à fond contre les travaux de consolidation des versants montagneux à l'aide de barrages monumentaux coûtant fort cher et ne résistant que pour un temps à la poussée des matériaux qui finissaient par les emporter. Conclusion logique toutes tentatives d'éteindre les torrents par des travaux d'art, étaient vaines, dispendieuses et inutiles.

A elle seule, la démarche de l'écrivain de la revue forestière avait peut-être pu passer pour une boutade paradoxale. Mais quelques années plus tard, au congrès du SUD-OUEST NAVIGABLE, tenu à Bergerac (Dordogne) en juillet 1906, un autre forestier, M. L. A. Fabre, inspecteur, soutint une thèse analogue dans un brillant mémoire intitulé: Les dérivations à l'Idée des Reboisements des montagnes (2). Sans doute l'auteur du mémoire ne proscrit pas systématiquement toute espèce de barrages; mais bien qu'en rendant hautement hommage à l'œuvre considé

(1) Nous avions traité ce sujet dans la REVUE DES QUESTIONS SCIENTIFIQUES, no de juillet et octobre 1884, juillet 1886.

(2) Cf. le Compte rendu des travaux du congrès, p. 416. Bergerac, Impri merie générale du Sud-Ouest, 1906.

rable, réalisée par Demontzey, dont il fut d'ailleurs l'élève, il considère les grands barrages et autres travaux de maçonnerie comme une erreur du grand reboiseur, erreur qu'il aurait, sur la fin de sa carrière, reconnue implicitement lui-même, en reconnaissant l'efficacité des barrages vivants par opposition aux barrages de maçonnerie. La thèse de M. Fabre est étayée par l'apport de très nombreux faits à l'appui.

D'autre part, l'initiative privée, sous la haute impulsion de M. Paul Descombes (un ancien élève de l'École polytechnique) obtient, dans les montagnes pyrénéennes et même dans les Alpes, des résultats que je ne craindrais pas d'appeler merveilleux, par la restauration des pâturages et le reboisement (1), sans d'ailleurs recourir à ces grands travaux d'art que l'Administration publique est seule en état d'entreprendre.

Loin de nous la pensée d'opposer M. Fabre et M. Descombes å MM. Lechalas et Thiéry. Mais on peut, d'une part, se demander si une partie au moins des très savants, mais aussi très dispendieux travaux proposés par M. Thiéry, ne pourraient pas être remplacés avantageusement par des opérations plus simples; tandis que, d'autre part, l'expérience acquise et une observation plus serrée des détails rendent plausible et vraisemblable un perfectionnement des gros œuvres, atténuant, sinon annulant les défauts et inconvénients signalés notamment par M. L. A. Fabre et autres.

Le compact volume de M. E. Thiéry n'en est pas moins, au point de vue de l'hydrologie et de la mécanique appliquées à la consolidation des terrains en pente, à la lutte contre les avalanches et les chutes de matériaux, un ouvrage de premier ordre qu'étudieront et consulteront avec fruit, tous ceux qui collaborent à l'œuvre grandiose de la restauration de nos montagnes forestières et pastorales.

C. DE KIRWAN.

(1) Voir notamment, parmi les nombreux écrits de M. Paul Descombes : La defense forestière et pastorale. Paris, Gauthier-Villars, 1911; Éléments de Sylvonomie (Agronomie forestière); Économie et Politique forestières. Bordeaux, Gounouilhou, 1913.

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