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(TRENTE-HUITIÈME ANNÉE; TOME LXXVI DE LA COLLECTION)

LOUVAIN

SECRÉTARIAT DE LA SOCIÉTÉ SCIENTIFIQUE

(M. J. Thirion)

II, RUE DES RÉCOLLETS, 11

1914

Origine et Histoire d'une Chaîne de Montagnes

LES ALPES)

La chaîne des Alpes couvre sur la carte d'Europe une surface considérable, étendue d'Ouest en Est sur 1000 kilomètres de longueur, entre Gênes et Vienne, large en moyenne de 200 à 250 kilomètres; ses sommets les plus élevés atteignent une altitude supérieure à 1000 mètres, et les crêtes principales se maintiennent à peu près partout à plus de 3000 mètres. Cette chaîne forme comme un bourrelet gigantesque jeté à travers l'Europe centrale, et dont l'origine, le mode de formation ont été l'un des problèmes les plus discutés,

l'un des plus difficiles à résoudre aussi dès l'époque, qui remonte à un siècle à peine, où l'on s'est essayé à l'étude géologique des régions de montagnes.

Avant de retracer l'histoire des Alpes dans le passé, il importe d'en fixer d'abord les traits actuels; non point que ceux-ci soient invariables, ils sont au contraire en voie de perpétuel remaniement sous l'action des agents atmosphériques, des glaciers, des rivières, mais ces modifications ne s'opèrent que lentement, et les lignes demeurent assez stables, même dans leurs détails, pour que l'on ait pu figurer sur les cartes géo

(1) Conférence faite à l'assemblée générale de la Société scientifique, le 22 avril 1914.

graphiques leurs contours qui nous sont devenus familiers.

Dans les Alpes occidentales, entre la France et l'Italie, on peut distinguer quatre zones parallèles, allongées du Sud au Nord, mises en évidence sur les cartes géologiques par les couleurs variées qui indiquent les différents terrains :

1. La sone subalpine formée d'abord par des chaînes à peu près parallèles : le Vercors, la Grande Chartreuse, les Bauges; puis, dans leur prolongement, au Nord de l'Arve, les Préalpes du Chablais, auxquelles font suite au delà du Rhône, les Préalpes romandes. Toutes ces montagnes sont constituées par des terrains tertiaires, crétacés et jurassiques.

2. La sone des massifs cristallins : le Mercantour, le Pelvoux, les Grandes Rousses, Belledonne, le Mont-Blanc, où les roches granitiques, les gneiss et les micaschistes, tiennent la plus grande place. Ces massifs s'alignent en série discontinue, laissant entre eux des espaces où l'on rencontre par lambeaux très réduits, ou par nappes assez largement étalées, des terrains de même àge que ceux de la première ou de la troisième zone.

3. La zone du Briançonnais, où l'on retrouve non seulement des terrains tertiaires et des terrains jurassiques, mais aussi du trias et des terrains paléozoïques, qui sont largement représentés. Cette zone, bien développée dans le Dauphiné et en Savoie (massif de la Vanoise), se resserre et se réduit à une bande étroite à l'Est du Mont-Blanc et dans les Alpes Maritimes.

4. La zone du Piemont, où prédominent de nouveau les roches cristallines, et où il existe en particulier une formation schisteuse enrichie d'éléments cristallins et désignée sous le nom de schistes lustrés. De cette dernière zone font partie les massifs du Mont

Viso et du grand Paradis; en Suisse, celui du MontRose se trouve dans son prolongement.

Cette structure si complexe des Alpes françaises, se retrouve dans la partie occidentale des Alpes suisses; mais à mesure qu'on s'avance vers l'Est, elle devient en apparence plus simple, et entre Innsbrück et Vienne, les Alpes autrichiennes paraissent comprendre, si l'on s'en tient aux grandes lignes d'une carte géologique, trois zones seulement une partie axiale constituée par des roches cristallines et des terrains paléozoïques; puis, de chaque côté, au Nord et au Sud, des chaînes formées par des terrains secondaires et tertiaires marnes, calcaires ou dolomies du trias et du jurassique, flysch et mollasse. L'architecture des Alpes orientales serait donc caractérisée, à la différence de celle des Alpes occidentales, par une espèce de symétrie, par une ordonnance régulière des terrains. plus récents, qui viennent flanquer de chaque côté un axe formé par les roches les plus anciennes.

les

Ces différences de structure, à première vue si accentuées, et perçues dès l'origine, ont-elles influé sur les conceptions que se sont faites au sujet des Alpes les géologues des différents pays? Toujours est-il que savants allemands et autrichiens se sont généralement montrés plus disposés à présenter ou à accepter les solutions plus simplistes, ou à les garder plus longtemps, tandis que Français et Suisses ont montré plus souvent un sens mieux averti de la variété et de la complexité des phénomènes. Ces divergences, où l'on a vu parfois à tort une simple question d'école, se marquent en effet à travers tout le XIXe siècle, dans les théories qui se sont succédé pour expliquer la formation des Alpes.

Dans une première partie, je rappellerai les principales hypothèses qui ont été proposées pour expliquer la

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