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L'Astrologie au Moyen Age

Au Moyen Age, que pensait-on de l'Astrologie? Avant de tenter de donner la moindre réponse à cette question, il convient de circonscrire la trop large indétermination que comporte le mot : on.

Que pensaient de l'Astrologie tous ceux, nobles ou vilains qui, n'étant pas clercs, se trouvaient livrés, par leur ignorance, aux plus ridicules excès de la superstition?

Que pensaient de l'Astrologie les charlatans qui vivaient de cette prétendue science, en dupant les gens crédules?

Que pensaient enfin de l'Astrologie les hommes versés dans la Science et accoutumés à la réflexion, les philosophes et les théologiens ?

Telles sont les trois formes que peut prendre, en se précisant, la question que nous avons posée tout

d'abord.

De multiples raisons, au premier rang desquelles se doivent placer la rareté et l'imprécision des documents, nous engagent à délaisser, sans essayer d'y répondre, les deux premières questions. La troisième seule nous retiendra. Nous nous contenterons de retracer l'enseignement que les esprits les plus éminents du Moyen Age ont donné tout haut de l'Astrologie; encore restreindrons-nous notre enquête en interrogeant presque exclusivement les savants qui ont professé à Paris ou qui ont subi l'influence de l'Université parisienne.

L'histoire que nous nous proposons de retracer

III SÉRIE. T. XXVI.

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d'une manière extrêmement sommaire peut se diviser en deux périodes.

Durant une première période, qui s'étend du milieu du XIIe siècle au milieu du XIVe siècle, les docteurs ne songent guère à contester aux astrologues le pouvoir de deviner l'avenir par l'examen des constellations; mais, chrétiens orthodoxes, ils se contentent de borner la portée de cette divination et de lui soustraire tout présage incompatible avec le libre arbitre de l'homme. Cette première période est donc consacrée à la constitution d'une Astrologie chrétienne.

C'est seulement dans la seconde période, après le milieu du xive siècle, que nous voyons surgir des Adversaires de l'Astrologie. Ceux-ci, s'autorisant du bon sens, contestent ou dénient à l'art judiciaire l'aptitude à prédire les événements à venir, même dans les circonstances où ces prédictions ne contreviendraient en rien à la doctrine chrétienne.

PREMIÈRE PARTIE

L'Astrologie chrétienne

§ 1. ABOU MASAR ET L'HOROSCOPE DES RELIGIONS

Les principes sur lesquels il avait établi sa Dynamique conduisaient Aristote à ce corollaire : chaque orbe céleste est mù par une intelligence séparée de la matière. Éternelle et immuable, cette intelligence ne peut être qu'un Dieu. Ainsi, la Physique péripatéticienne justifiait la seule religion que, déjà, Platon regardât comme véritable, la religion qui adore les astres. Après Aristote, les diverses écoles néo-platoniciennes avaient continué de regarder comme divines aussi bien les sphères célestes que les intelligences et

les âmes qui président à leurs mouvements; tout au plus, ceux des Néo-platoniciens auxquels l'Islamisme, le Judaïsme ou le Christianisme avaient enseigné qu'il n'y a qu'un Dieu, consentaient-ils à ramener au rang d'anges les intelligences et les âmes qui meuvent les orbes.

En même temps qu'elle divinisait les moteurs des cieux, la Physique péripatéticienne trouvait, dans les révolutions uniformes et éternelles des orbes, les causes de toutes les générations, de toutes les destructions, de tous les changements qui se produisent dans la cavité circonscrite par la sphère de la Lune; elle déclarait que tout ce qui se passe dans le monde inférieur est produit et déterminé, d'une manière nécessaire, par les circulations du monde supérieur : en même temps que l'Astrolâtrie, Aristote justifiait l'Astrologie. Les diverses philosophies qui avaient succédé au Péripatétisme, le Stoïcisme aussi bien que le Néo-platonisme, s'étaient, d'ailleurs, empressées de recueillir cet héritage aristotélicien, et de soumettre toutes les choses de la région sublunaire à l'inflexible destinée dont les mouvements des astres promulguent les lois.

Après avoir ébranlé les fondements de la Dynamique péripatéticienne, après leur avoir substitué des principes dont, un jour, découlera la mécanique moderne, la Physique parisienne du XIVe siècle était parvenue à chasser des cieux les intelligences qu'Aristote y avait introduites. Mis en branle par Dieu au jour de la création, disait-elle, les corps célestes se meuvent, depuis ce temps, comme se meut la toupie que l'enfant a lancée ou l'horloge que l'homme a montée. La nouvelle science du mouvement avait enfin débarrassé la Philosophie des restes de l'Astrolâtrie hellénique. Restait à la débarrasser de l'Astrologie.

C'était une rude besogne qu'il fallait accomplir.

Contre l'Astrologie, les Pères de l'Eglise avaient mené un combat acharné; aussi, tant que les Écoles du Moyen Age avaient demandé au seul enseignement patristique d'inspirer leur philosophie, les doctrines de l'art généthliaque étaient-elles demeurées exclues de la Science; le vulgaire seul donnait dans l'Astrologie. En 978, par exemple, Helpéric semble regarder avee quelque mépris les astrologues, ceux qui traitent du hasard, tractatores hasartis. tractatores hasartis, comme il les nomme (1). Ses considérations sur les signes du Zodiaque ne présentent aucune trace de superstition astrologique.

Au milieu du XIe siècle, Guillaume de Conches lit déjà Julius Firmicus et un traité astrologique de Ptolémée, qui est vraisemblablement la Tetpáßißkios σúvražiĘ. Ces écrits sont, pour lui, ceux où l'on parle des corps du Ciel suivant la méthode qu'il nomme astronomique, ceux où l'on révèle la nature véritable de ces corps, qu'elle apparaisse ou non, « dicere ea de illis que suit, sire ita rideatur, sive non » (2). Il entend, par là. qu'on y établit les propriétés physiques relles de chaque astre, qu'on y examine s'il est chaud or froid, see ou humide.

Cette connaissance qui constitue, selon lui. A ronomie, il ne la regarde pas comme la suite de spec tons métaphysiques sur la substance eleste, sur intelligences ou les àmes qui la meuvent, sur Minden

↑ Bikfothèque nationale, fonds latiu, ms. n. 151840 kr Vr pathe cb lii. § Vi; t. II.

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qui en émane; il veut qu'elle soit une conquête de l'observation. Comment, par exemple, à son avis, eston parvenu à reconnaître que la planète Saturne est froide? Voici comment les anciens astrologues ont prouvé que cette étoile est froide en certaines années, ils ont vu que le Soleil, alors qu'ils le savaient dans le signe du Cancer, brûlait les terres moins que de coutume; comme ils savaient, d'ailleurs, que cela ne pouvait provenir de la nature du Soleil, ils se sont enquis de la planète qui était dans le même signe que le Soleil; trouvant que c'était Saturne, ils ont dit qu'en Saturne, était une cause de froid. »

Ainsi mises en évidence, les qualités physiques des planètes donnent l'explication des autres propriétés que les astrologues ont attribuées à ces astres; ils ont dit, par exemple, que Saturne était une planète nuisible. « C'est à cause de sa froideur qu'elle est dite nuisible (1) ».

Les fables des païens sur ces planètes divinisées ne sont que symboles des qualités physiques dont elles. sont douées : « On dit (2) que Mars est le Seigneur des combats, parce qu'il confère chaleur et sécheresse, qualités d'où provient le courage; ce sont, en effet, les tempéraments chauds et secs qui sont courageux. » C'est, de même, parce qu'elle communique la chaleur unie à l'humidité que Vénus est dite déesse de la volupté, car les voluptueux sont de tempérament chaud et humide.

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(1) Philosophicarum et astronomicarum institutionum, Guilielmi Hirsangiensis olim abbatis, libri tres. Basilex excudebat Henricus Petrus, Mense Augusto, Anno MDXXXI. Lib. I: De Stella nociva, et Saturno falcigero, p. 36. Venerabilis Bedæ Elementorum Philosophiæ libri quatuor, lib. II. [VENERABILIS BEDE OPERA. Accurante Migne, t. I (PATROLOGIÆ LATINE, t. XC), col. 1115]. Honorii Augustodunensis De Philosophia Mundi libri quatuor. Lib. II, cap. XVII: De Saturno. [HONORII AUGUSTODUNENSIS OPERA. Accurante Migne (PATROLOGIÆ LATINÆ, t. CLXXII) col. 62].

(2) Hirsangiensis, lib. I. De Marte tertio planetarum, p. 36. lib. II, col. 1145. — Honorius, lib. II. cap. XIX : De Marte; col. 63.

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Beda,

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