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caoutchouc sylvestre congolais fluctuer entre 2,50 fr. et 6 fr. le kilo et ceux du caoutchouc de plantation varier de 4,80 à 6,85 fr. Comme le montre le tableau que nous avons reproduit plus haut, le Congo français (Alima) paraît se trouver dans des conditions moins favorables que le Congo belge.

Il n'y a donc pas là un très grand écart entre le « plantation >>> et le « sylvestre », et il est sans conteste que la purification sur place, l'éducation de l'indigène et la mise en œuvre de procédés de préparation de plus en plus rationnels permettraient d'obtenir des produits congolais de qualité de plus en plus belle, toujours semblables à eux-mêmes, et de valeur au moins égale aux maximums obtenus actuellement, et capables dès lors de lutter de mieux en mieux contre le caoutchouc de plantation.

C'est d'ailleurs le but vers lequel doivent tendre tous les efforts diminuer le nombre de variétés de caoutchoucs apportés sur le marché et augmenter leur qualité, faire de la «standardisation », comme le veut la Rubber Growers Association de Londres. Mais c'est là un aspect encore très obscur de la question caoutchoutifère et qui ne peut être abordé que par de nombreuses recherches de science pure, de technique et de pratique industrielle (1).

Indiscutablement, la lutte entre les deux genres de produits sera àpre, mais nous prétendons qu'ils persisteront tous les deux. Cependant, il faut admettre que les producteurs de l'un ou de l'autre genre, qui ne seront pas assez forts, c'est-à-dire qui ne seront pas suffisamment préparés, disparaîtront, malheureusement pour eux, heureusement pour la cause générale.

C'est d'ailleurs ce que l'on observe déjà les sociétés caoutchoutifères montées au moment du « boom », et franchement surcapitalisées, doivent tomber, car les conditions actuelles ne leur permettent pas de rémunérer les capitaux engagés ; mais il en est tout autrement des exploitations de plantes sauvages, fondées sur la collaboration des indigènes.

Nous pensons donc que l'exploitation et la culture des lianes sont rentables; les essais que nous avons rapportés dans des études antérieures, Mission Laurent, Mission permanente d'études de la Compagnie du Kasai, ont démontré la possibilité de la multiplication de diverses essences caoutchoutifères, tant de lianes à tige aérienne capable de produire du caoutchouc,

(1) Cf. BULLETIN DE L'ASSOCIATION DES PLANTEURS DE CAOUTCHOUC, vol. VI, mai 1914, no IV.

que de lianes dans lesquelles la gomme s'est réfugiée dans les rhizomes, par suite de l'habitat particulier de ces plantes, telles que les caoutchoutiers des herbes et certaines formes de Landolphia owariensis sur lesquelles M. Baudon a fait ses expériences très significatives.

Mais il est indiscutable que pour obtenir des résultats avec ces essences, il faut non seulement mettre les réserves caoutchoutifères en coupes réglées, comme nous l'avons dit et comme l'ont dit après nous M. Louvel à Madagascar, et M. Baudon au Congo Français, mais traiter les tissus par un procédé mécanique. C'est la seule méthode pour réaliser, à l'aide de ces plantes, une exploitation méthodique et industrielle.

M. Baudon estime que l'exploitation des ressources caoutchoutifères indigènes de l'Ubangi-Chari est impossible par les particuliers, à cause de l'éloignement des pays où il faut travailler, des difficultés de toutes sortes qu'on y rencontre et de la rareté de la main-d'œuvre. Il croit aussi que pour réussir il faudrait disposer de terrains particulièrement étendus et d'un capital énorme qui, d'après lui, ne serait pas rémunéré par le rendement. Mais il considère que la question se présente tout différemment si l'on envisage la possibilité de faire exécuter le travail par l'Administration qui, dit-il, agirait dans l'intérêt de l'indigène en exigeant de lui un effort dont il retirerait le plus gros bénéfice ».

Nous ne pouvons partager complètement cette manière de voir; une entreprise particulière bien gérée pourrait, nous en sommes persuadé, faire, par ce genre d'exploitation, des bénéfices qui seraient suffisants pour rémunérer convenablement un capital proportionné aux possibilités économiques de l'exploitation. Certes une telle entreprise devrait être organisée un peu différemment de celles que l'on a eu l'habitude d'installer dans les colonies africaines, et différemment aussi des Estates de l'Extrême-Orient. Il est indiscutable, par exemple, qu'il ne pourrait être question de traiter des lianes si la coupe des tiges aériennes et leur utilisation n'étaient pas permises, et si l'arrachement des racines, comme la coupe des tiges utilisables, n'étaient pas faites par zones. Mais rien ne serait plus facile, pour une société qui posséderait une concession forestière, ou des terrains recouverts par une brousse à essences caoutchoutifères, de mettre celles-ci en coupes réglées et de transporter successivement dans les zones exploitées les appareils nécessaires à l'extraction mécanique du caoutchouc. Si ce procédé ne pouvait

donner de résultat, ne serait-il pas possible de faire amener par les indigènes la matière première à une usine installée dans un endroit favorablement choisi de la concession?

Dans ce dernier cas, le noir n'aurait qu'à soigner les réserves et à récolter la matière brute qu'il livrerait à l'usine contre payement proportionnel soit aux tiges et racines apportées, soit au caoutchouc obtenu du produit brut.

Cette méthode, à notre sens, très recommandable, n'exigerait pas un travail bien considérable de l'indigène; elle a pour d'autres produits, par exemple pour le cacao, donné de fort bons résultats dans certaines colonies de l'Afrique occidentale.

C'est d'ailleurs, ne l'oublions pas, dans notre intérêt que nous devons amener le noir à travailler sur place au progrès des industries actuellement existantes; cela vaudra mieux, pensons-nous, que de créer, de toutes pièces, des industries ou des cultures nouvelles pour lesquelles l'indigène ne possède actuellement aucune aptitude.

Encore, si l'on craignait que même dans ces conditions le capital européen ne puisse être suffisamment rémunéré, il reste la ressource, que l'on ne devrait en aucune façon négliger, de favoriser directement chez l'indigène le travail de la liane par le pilonnage à la main, et de faire acheter par des salariés de la factorerie, blancs ou capitas noirs, le caoutchouc ainsi obtenu, comme cela a été pratiqué depuis des années par quelques fortes sociétés capitalistes européennes. Peut-être aurait-on, dans ce cas, avantage à purifier le caoutchouc dans une usine centrale avant de l'envoyer en Europe en vue d'améliorer et d'uniformiser, si possible, la qualité du produit.

D'ailleurs, nous ne devons pas nous le dissimuler, dans bien des régions, qui pendant de longues années resteront encore éloignées des métropoles, les cultures intensives de rapport ne pourront être introduites avec succès, et le caouchouc, s'il existe, dans ces régions, sera toujours un produit qui trouvera preneur dans des conditions satisfaisantes.

Naturellement dans des circonstances pareilles les Gouvernements devraient intervenir, mais uniquement pour examiner si les conditions dans lesquelles les indigènes exploitant pour le compte des sociétés particulières, restent dans la limite des règlements que la colonie aurait édictés pour assurer la conservation des réserves. Cela ne soulève, pensons-nous, aucune difficulté. Les sociétés commerciales concessionnaires ont, dans la plupart des colonies. à observer dans les exploitations fores

tières un cahier des charges. Le travail du caoutchouc de lianes même en dehors des forêts, dans les brousses africaines, devrait être mis sur le même pied que l'exploitation d'autres produits forestiers.

Madagascar a réglementé dans ce sens l'obtention de caoutchouc, dans son décret du 28 août 1913. Le Président de la République Française, sur le rapport du Ministre Morel, y a fait inscrire ces articles :

Art. 46. Les récoltes de gommes, résines, gutta, caoutchouc, latex divers et tous autres produits accessoires, se feront suivant les indications du service de colonisation afin de ne pas détruire les végétaux producteurs. Des cahiers des clauses spciales devront être établis pour ces exploitations qui demeurent soumises aux règles générales ci-après :

1° L'abatage des arbres à caoutchouc est rigoureusement interdit, seules les lianes à caoutchouc dont le diamètre est supérieur à centimètres pourront être coupées. La récolte du caoutchouc d'arbre ne pourra avoir lieu que par saignée.

Art. 47. En ce qui concerne le caoutchouc, le concessionnaire sera en outre tenu de planter chaque année, dans les parcelles exploitées, un nombre de lianes et d'arbres à caoutchouc qui ne sera pas inférieur à 150 pieds par hectare. Un cahier des clauses spéciales indiquera dans quelles conditions s'effectueront ces plantations.

Nous sommes cependant d'avis que l'abatage des arbres pourrait fort bien être toléré; nous avons démontré antérieurement, et M. l'agronome Farrenc a repris la même thèse, que le Funtumia elastica pouvait, avec avantage, être abattu et ses écorces traitées mécaniquement (1).

Il suffirait d'inscrire au chapitre de la récolte du caoutchouc la restriction introduite par le décret de Madagascar pour les gommes et résines, savoir: « Le concessionnaire pourra, employer telle méthode d'extraction qui lui conviendra, pourvu qu'elle ne soit pas préjudiciable à l'avenir de la forêt. »

Peut-être faudrait-il remplacer le mot « concessionnaire » par celui de « collecteur », appliquer le qualificatif « économique »> à « avenir de la forêt » et ajouter : « ou de la région ».

L'exploitation des lianes a done encore de l'avenir; elle demande surtout à être étudiée; elle devrait être soumise à

(1) Cf. De Wildeman, in LE CAOUTCHOUC ET LA GUTTA-PERCHA, 15 février 1914 8019, où l'on trouvera des indications bibliographiques sur le sujet.

une enquête, sans idée préconçue. De cette étude découlerait naturellement une réglementation bien définie que les États, les sociétés commerciales et les indigènes auraient le plus grand intérêt à voir appliquer rigoureusement.

Cette réglementation devrait tenir compte des plantes exploitées qui, nous avons eu l'occasion de le dire fréquemment, sont très variables.

Nous avons donc ici une raison de plus de réclamer, pour toutes les ressources des colonies tropicales, des enquêtes scientifiques et économiques approfondies sans lesquelles, nous ne devons pas nous le dissimuler, toutes nos entreprises culturales resteront basées sur l'empirisme et, dans la plupart des cas, vouées à un échec.

C'est d'ailleurs une des conclusions auxquelles aboutit notre confrère M. Baudon : « Il faudrait, dit-il, reconnaître au préalable tous les peuplements importants, les limiter dans leurs grandes lignes et les porter sur les cartes locales. Ce serait là le plus gros travail, mais il pourrait être fait assez rapidement par les agents de l'Administration au cours des tournées qu'ils doivent faire dans leurs régions respectives » (1).

Lorsque, à la première conférence du caoutchouc à Londres, en 1911, nous avons insisté sur l'intérêt de la culture et de l'exploitation des caoutchoutiers indigènes, nous avons émis l'idée que cette exploitation rationnelle devait avoir pour résultat d'attacher le noir au sol et qu'elle aurait fait faire plus de progrès à la civilisation qu'en amenant l'indigène à travailler, pour le capitaliste blanc, dans une plantation ou une usine.

De plus, il ne faut pas oublier que la mise en valeur rationnelle des forêts et des brousses africaines, aurait le grand avantage de conserver ces forêts, de donner à ces terres une couverture de végétation, et d'empêcher ainsi la modification du climat et le ravinement, qui ont, sur l'avenir économique des régions tropicales, la plus grande action.

Nous voyons déjà dans les Indes Anglaises, dans les Indes Néerlandaises, à Madagascar, les agronomes attirer l'attention sur les nombreux inconvénients des déboisements qui entraînent avec eux des changements contre lesquels, hélas, la culture faite par le civilisé ne peut lutter. M. Louvel n'a-t-il pas fixé, pour une seule province de Madagascar (Morondava) à 2000 hectares la surface boisée détruite annuellement par les indi

(1) Loc. cit., page 20. Ile SÉRIE. T. XXVI.

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