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LES PORTS

ET LEUR FONCTION ÉCONOMIQUE

XXI

BARCELONE ET BILBAO

L'activité commerciale et maritime ne présente nulle part le degré d'intensité, ni le développement rapide et régulier qui caractérisent les ports de l'Europe septentrionale. Aucune région n'est parvenue à concentrer et à centraliser sur aussi petit espace plus formidable mouvement d'échanges. Resserrés sur le littoral de la Manche et de la Mer du Nord entre le 1" et le 9° degré de longitude, devenus rivaux les uns des autres à cause de leur proximité et de la configuration des pays qu'ils desservent, à cause des canaux et des chemins de fer qui confondent leur hinterland, Le Havre, Dunkerque, Anvers, Rotterdam, Brême et Hambourg représentent à l'entrée un tonnage total de 12 millions de tonnes. Leurs importations réunies s'élèvent à 41500000 tonnes de marchandises et valent environ 11 milliards et demi de francs; à la sortie, les 18 500 000 tonnes ne sont pas estimées à moins de 9 milliards de franes. En limitant

(1) Voir la REVUE DES QUESTIONS SCIENTIFIQUES, 3o série, t. IX, avril 1906, p. 357; t. X, juillet 1906, p. 1140; t. XI, avril 1907, p. 494; t. XII, juillet 1907, p. 86; t. XIII, avril 1908, p. 461; t. XIV, juillet 1908, p. 55; octobre 1908, p. 475.

approximativement leur hinterland commun par les lignes Le Havre, Paris, Berne, Prague, Breslau, Hambourg, nous découpons un pays de 90 millions d'habitants et de 700 000 kilomètres carrés. Ni les ports de la Méditerranée, ni le groupe américain Montréal, Boston, New-York, Philadelphie, Baltimore, resserré lui aussi entre 7 degrés de latitude, ne peuvent offrir semblables résultats. Gênes, Marseille, Barcelone, ajoutons-y Fiume, Trieste et Venise, atteignent à peine 26 millions de tonnes. Leur commerce d'importation n'est guère supérieur à 3 milliards et demi de francs. pour 17 millions de tonnes de marchandises, et les exportations sont évaluées à 2 milliards et demi de francs pour 6500 000 tonnes. Ces ports rappellent plutôt ceux du Golfe du Mexique, la Méditerranée américaine. Là aussi, malgré l'embouchure du Mississipi, comme ici malgré le Rhône, Galveston, NouvelleOrléans, Vera-Cruz, Mobile, Pensacola sont bien devancés par les ports de l'Hudson et du S-Laurent (1). A quelles causes attribuer cette infériorité de Gênes, de Marseille et de Barcelone?

Le grand essor des ports de l'Europe septentrionale tient surtout à la large part qu'ils prennent au commerce de l'Europe avec les Etats-Unis. Colonisée et peuplée pendant des siècles par des Anglais et des Irlandais, depuis cent ans par plusieurs millions d'Allemands, l'Amérique du Nord entretient naturellement avec les métropoles de ces immigrants un commerce prépondérant. Les Américains de l'Union et du Dominion jouissent d'une civilisation de peuple de race blanche et le commerce de ces 100 millions d'Anglo

(1) Le mouvement commercial de ces ports du Golfe du Mexique dépasse à peine 2 milliards de francs à l'exportation et 600 millions seulement à l'importation, tandis que le groupe de l'Amérique du Nord commande un commerce global de onze milliards.

Saxons est quatre fois plus considérable que celui de 300 millions d'Hindous. En outre, le nord de l'Europe possède de riches gisements houillers, condition indispensable de la grande activité et de la prospérité industrielles de là, importation de matières premières et de produits alimentaires et grand échange de produits manufacturés.

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D'ailleurs, l'absence de grande artère fluviale, comme l'Escaut, le Rhin et l'Elbe, le manque de voies de communication enlèvent toute profondeur à l'hinterland montagneux de Barcelone et de Gênes, et rendent impossible à ces ports la colossale expansion des centres maritimes alimentés et desservis par la batellerie fluviale. Enfin, la barrière des Pyrénées et la situation géographique désavantageuse de l'Espagne à l'extrême sud-ouest de l'Europe suppriment tout transit. Ses ports ne peuvent vivre que du trafic local et du commerce strictement national.

Cependant, parmi les ports espagnols, il en est deux qui, au point de vue qui nous occupe, méritent d'attirer l'attention: Barcelone et Bilbao, Barcelone le principal port importateur de l'Espagne, Bilbao le grand port exportateur.

La vie des ports est en Espagne particulièrement intéressante. La forme péninsulaire de ce pays et les difficultés de communication avec la France donnent en effet au commerce maritime une grande importance. Ainsi, en 1906, le commerce d'importation a atteint 1056 millions de pesetas. De cette somme, 824 millions ou les 3/4 du total représentent la valeur des marchandises arrivées par mer. A l'exportation, la proportion est de 794 millions pour un total de 937 500 000 pesetas (1).

(1) Tandis que son commerce extérieur se développe, l'Espagne prend

fait

Ce commerce extérieur présente aussi la particularité d'être géographiquement très divisé. L'importation par Barcelone, qui à lui seul reçoit autant que tous les autres ports réunis. Quant à l'exportation espagnole, elle est beaucoup moins centralisée; on peut néanmoins considérer Bilbao comme son principal centre. Elle ne comprend, en général, que du minerai (fer, cuivre, plomb) et des produits alimentaires de qualité (vins, fruits, conserves de poisson). Or, le commerce de cette dernière catégorie d'articles, Tarragone, Valence, Malaga, Séville, Alicante, Carthagène et Vigo se le partagent, et, de par sa nature, il ne peut donner lieu à un grand mouvement maritime. L'exportation des minerais est au contraire la caractéristique de Bilbao qui en expédie deux fois plus que Huelva, la ville la plus importante après lui sous ce rapport.

Si l'on tient compte à la fois du tonnage des marchandises et de leur valeur, de l'importance du mouvement maritime, des recettes douanières et des nouvelles installations, Bilbao est le principal port exportateur du royaume.

Barcelone et Bilbao sont aussi les deux plus grands ports de la péninsule au point de vue de la navigation maritime.

aussi d'année en année une meilleure position vis-à-vis de la concurrence des marines étrangères.

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En 1906, l'importation des marchandises sous pavillon national a atteint 378 millions de pesetas, et la part du pavillon étranger a été de 445 millions. Pour l'exportation les deux chiffres sont respectivement 330 et 463 millions.

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Une étude sur la fonction économique de Barcelone et de Bilbao appelle comme introduction un court aperçu sur la situation du pays au point de vue de ses voies de communication.

Considérée dans son ensemble, la péninsule espagnole est une haute terre montagneuse, dont la forme est celle d'un tronc de pyramide. La partie supérieure est occupée par le plateau central de Castille, et les quatre faces latérales sont représentées par les quatre versants de la presqu'ile raides et escarpés. Le plateau qui est le trait caractéristique de la topographie du pays, couvre plus des 25 de la superficie du royaume. Délimité naturellement par les barrières des Pyrénées cantabriques et de la Sierra Morena, par les vallées profondes de l'Ebre et du Guadalquivir, il est séparé des provinces de la côte et des ports par les talus accidentés qui le soutiennent. Ses hautes plaines nues et arides sont coupées de massifs et de ravins difficiles à franchir et renferment quelques vallées fertiles et peuplées.

Les côtes présentent des ports naturels parfois excellents, mais, à peu de distance de la mer, le terrain

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