qu'on l'appelait l'Étoile du destin. Elle et toutes ses sœurs, cent né«<gresses, furent renversées sur la poussière par Alvarez Fannez. <«< En le voyant, les trente-six rois maures furent frappés d'épouvante. << Boukar pålit de terreur; l'armée chrétienne lui paraissait d'au moins <<< six cent mille combattants, tous blancs et luisants comme neige; et <«< l'un deux, plus terrible, plus grand que tous, se montrait devant les << autres avec une bannière blanche à la main, une croix coloriée sur la << poitrine et une épée flamboyante qui, dès qu'elle atteint les Maures, << sème le trépas autour de lui. Tous se réfugient vers leurs vaisseaux, beaucoup se précipitent dans la mer; plus de dix mille furent submergés par les flots avant d'atteindre leurs navires. Vingt rois maures pé<< rirent; Boukar s'échappa avec peine. « Ainsi le Cid est vainqueur même après sa mort, parce que saint << Jacques marcha devant lui. D'immenses richesses restent pour butin, «<les tentes des Maures étant remplies d'or et d'argent. Le plus pauvre << devient riche. Le convoi suit paisiblement sa route, comme saint Pierre «< l'avait ordonné, vers Saint-Pierre de Cardena. » Guilhem de Castro, contemporain de Lope de Véga, a fait, sur les aventures du Cid, un drame ou plutôt deux, où Corneille a puisé plusieurs des beautés d'une de ses plus célèbres tragédies. Voici, dans l'auteur espagnol, la scène du serment, prise presque littéralement dans les anciennes romances castillanes : << Les sujets du nouveau roi lui prêtent l'hommage lige, et le Cid reste à l'écart. « Le roi. Don Rodrigue de Bivar, pourquoi gardez-vous seul le silence? « Le Cid. Je vous dirai, sire, quels motifs m'empêchent de prêter le ser« ment; ils n'ont rien qui doive vous offenser. On a osẻ répandre le bruit « que j'étais votre complice dans la mort de votre frère, il faut démentir « cette accusation. « Le roi. De quelle manière? « Le Cid. En posant la main sur le crucifix. « Le roi. Si je faisais le serment, qui oserait le recevoir? « Le Cid. Moi, qui ne connais pas la peur. Diegue de Lara. Comme ses yeux lancent la flamme ! « Le Cid. Alphonse, puissiez-vous être tué, non avec des épées à poi« gnée d'or, mais avec des couteaux de montagnards; non par des nobles « des Asturies, mais par des manants étrangers à la Castille; par des « gens portant des galoches et non des bottes, du bouracan et non du drap « fin! Puissent-ils vous arracher le cœur du flanc gauche, si vous avez « eu part ou si vous avez consenti au meurtre de votre frère ! « Le roi. Je jure, et j'en prends le ciel à témoin. « Le Cid. Puissiez-vous mourir comme votre frère, traversé d'un ja« velot par un autre Bellide, si vous avez donné l'ordre, si vous avez «eu connaissance de la mort de don Sanche. Dites: AINSI SOIT-IL. « Le roi. AINSI SOIT-IL. « Le Cid. Mettez la main sur votre épée, et jurez, foi de chevalier, « que vous n'avez ni ordonné, ni même rêvé la mort que déplore la Cas« tille. Le jurez-vous? « Le roi. Je le jure. Mais je vous avertis, Cid, que c'est manquer de « respect à un roi que de le presser ainsi. Est-il bien de vous montrer « aussi hardi envers celui dont vous devriez baiser les mains à genoux? « Le Cid. Cela pourra arriver, si je deviens votre sujet. « Le roi. Que m'importe que vous le deveniez, ou non? Ne répondez pas! « Le Cid. Je me tais, et je pars. « Le roi. Allez. Qu'attendez-vous davantage ? «Le Cid. Je vais vaincre des rois et conquérir des royaumes. » FIN DES NOTES DU NEUVième volume. |