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qui formèrent les peuples connus depuis sous les noms de Suédois, de Norwégiens et de Danois; mais le temps où s'accomplit cet événement est si incertain, que les érudits ont supposé trois migrations à de longs intervalles. Les nouveaux peuples se mêlèrent avec les indigènes; les Goths, qui s'étaient fixés dans les îles, prirent le nom de Danes; la population du Jutland, plus ancienne sur le sol, engendra ces Saxons et ces Angles qui conquirent la Grande-Bretagne. Le mélange des Teutons et des Scandinaves se fait particulièrement sentir dans les parties méridionnales, et la distinction entre les Suédois et les Goths, comme races conquérantes et vaincues, se maintint longtemps en Suède.

Il est dit dans une saga que Thor, chef très-puissant d'une tribu, et prêtre dans le voisinage du golfe de Botnie, ayant invité ses enfants à un sacrifice solennel, Nor et Gor s'y présentèrent, mais sans leur charmante sœur Goa. Les deux frères se mirent donc à sa recherche, Nor par terre, Gor par mer. Le premier, traversant les monts, trouva une plaine immense et une nation guerrière, commandée par Rolf de la montagne, qui avait enlevé sa sœur; mais informé de sa puissance, il n'osa l'affronter, et lui laissa celle dont il s'était emparé. Poursuivant alors sa route, il découvrit le pays entre l'Océan et les Alpes Dofrines, et l'appella Nor-veg, c'est-à-dire voyage de Nor.

La chasse et la pêche, auxquelles les invitaient les forêts et les lacs de leur pays, étaient, plus que l'agriculture, l'exercice favori des hommes du Nord. Les femmes étaient respectées parmi eux, et apprenaient à tracer les caractères runiques, interdits aux esclaves. Cultivant la poésie, elles s'appliquaient plus souvent à la médecine et à la chirurgie, interprétant les songes, prédisant l'avenir, devinant le caractère par l'inspection de la physionomie. Elles ne négligeaient pas pour cela les soins domestiques; car les reines elles-mêmes préparaient les aliments, brodaient, faisaient le pain et la cervoise. La femme mariée portait à sa ceinture le trousseau de clefs, symbole de l'autorité domestique. Si deux personnes de sexe différent, se rencontrant en voyage, étaient réduites à partager la même couche, l'homme plaçait son épée au milieu du lit, et c'en était. assez. Ainsi le rapportent les sagas.

Les Danois et les Scandinaves obéissaient à des rois supérieurs (over kongar), et à des rois tributaires (unter kongar). Après ceux-ci venaient les iarls ou comtes qui avaient au dessous d'eux

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des vassaux appelés herses (1), et conduisaient à la guerre les hommes libres, les bandes. Les rois étaient élus, selon les circonstances, dans certaines familles issues d'Odin. Les jeunes gens de race royale qui restaient sans domaines se mettaient à faire la course, avec le titre de rois de la mer (sækongar), ou prenaient le commandement de quelque station maritime sur les côtes pillées par leurs compagnons, avec le titre de wikings.

Les rois de Danemark, qui se vantaient de descendre de Skiold, fils d'Odin, étaient aussi tout à la fois pontifes, juges et généraux. Différents chefs, s'étant rendus indépendants, livrèrent le pays à l'anarchie jusqu'au moment où Widfame les subjugua tous, et étendit ses conquêtes sur le sol même de la Suède. Cette grandeur dura peu, et le royaume alla déclinant jusqu'à Lodbrog Ragnar, qui fut pris et tué par le Saxon OElla. Gorm le Vieux, son neveu, réunit les différents États danois sur lesquels régna son fils Harald à la Dent Noire (Blaatand).

En Suède, Yngling, petit-fils d'Odin, fonda le temple national d'Upsal, où ses descendants régnèrent heureusement jusqu'à Yngiald, qui, attaqué par le Danois Widfame, mit le feu à la ville, et se brûla avec sa famille. Un de ses successeurs, Harald aux Beaux Cheveux (Häarfäger), réunit les principautés de la Norwége en un seul royaume, qu'il transmit à ses fils.

Les Normands sont le peuple qui joue le plus grand rôle dans l'histoire après les Hellènes, auxquels ils ressemblent par leur caractère aristocratique, par leurs monarchies tempérées, par un besoin d'action incessant, par l'orgueil, par l'audace, par le goût inné du luxe, qui chez eux devança la civilisation, au lieu d'en être la suite. Aussi ont-ils formé l'aristocratie des temps modernes, comme les Grecs celle des temps anciens; mais ils restèrent de beaucoup au-dessous de ceux-ci dans le sentiment de l'ordre et du beau.

Ils tenaient des Francs et des autres Germains par une stature élevée, un beau visage, un noble maintien (2). Les mœurs farouches que leur inspirait la religion d'Odin, le père du carnage, le ravageur, l'incendiaire, n'étaient pas tempérées chez eux par le contact de nations plus civilisées. Souillant leur culte de superstitieuses atrocités, ils sacrifiaient des hommes, et se

(1) En Allemand, herren, barons.

(2) ERMOLDUS NIGELLUS, de gestis Ludov. Pii.

renvoyaient de l'un à l'autre des enfants qu'ils recevaient sur la pointe de leurs lances.

Arrivés au terme de leur vie aventureuse, ils faisaient jeter au feu tout ce qu'ils possédaient, afin que leurs fils fussent obligés de se procurer d'autres richesses en courant la mer. Une fois sur les flots, ils se sentaient par moments pris d'une fièvre de courage, d'une sorte de frénésie (1), et, se plaçant sur la poupe, ils affrontaient les plus terribles dangers. Bardur, roi d'Ulfsdal, disait : Je n'espère rien des idoles. J'ai couru maints pays pour ma part, j'ai rencontré des géants et des esprits, et ils n'ont rien pu contre moi; aussi c'est dans mes seules forces que je me confie. Un législateur modéra ces excès de vaillance, en ordonnant d'attaquer l'ennemi quand il était seul, de se défendre contre deux, de ne pas en éviter trois, de se retirer seulement contre quatre (2). Mais comment tenir en bride une valeur qui défiait jusqu'aux êtres surnaturels et se riait de la mort même? Quand Lodbrog, fait prisonnier par le Saxon OElla, fut jeté dans une fosse pleine de vipères, il entonna fièrement son chant de mort. En voici les les strophes les plus remarquables :

« Nous avons combattu avec l'épée ! Il n'y a pas longtemps « que nous sommes allés combattre un énorme serpent dans la « terre des Goths; Thora (3) fut mon salaire, et les guerriers « m'appelèrent Lodbrog (4), en souvenance de ma victoire. « Alors je triomphais; l'acier luisant de mon sabre frappa le « dragon de plusieurs blessures mortelles.

« Nous avons combattu avec l'épée! J'étais jeune encore « quand, à l'orient, dans le détroit d'Eirar, nous avons creusé << un fleuve de sang pour les loups, et convié l'oiseau aux pieds jaunes à un large banquet'de cadavres; la mer était rouge «< comme une blessure qui vient de s'ouvrir, et les corbeaux « nageaient dans le sang.

« Nous avons combattu avec l'épée! Au sortir de l'enfance, « je tenais déjà ma lance haute; à peine comptais-je vingt hi

(1) Ceux qui en étaient atteints s'appelaient Bersekir (pugiles rabiosi ). Furore bersekico si quis grassetur disent les sagas, auxquels nous empruntons encore d'autres traditions.

(2) DEPPING, I, 2.

(3) Fille de Herrauth, iarl de Gothland, ou roi de Suède, suivant SAXO GRAMMATICUS, IV, p. 169. Ne voit-on pas ici commencer l'esprit de chevalerie ? (4) SAXO GRAMM. traduit ce nom par villosa femoralia (chausses à poils).

« vers, que l'épée frissonnait dans ma main. Vers l'orient, << nous avons vaincu huit puissants iarls; ce jour-là, l'aigle « trouva une ample pâture.....

« Nous avons combattu avec l'épée! J'ai vu près d'Aienaglane (1) d'innombrables cadavres charger le pont des vaisaseaux; nous avons continué la bataille six jours entiers sans que « l'ennemi succombât; le septième, au lever du soleil, nous « célébrâmes la messe des épées (2); Valthiof fut forcé de plier

<< sous nos armes.

<< Nous avons combattu avec l'épée! Des torrents de sang « pleuvaient de nos armes à Barthafyrth (3); le vautour n'en << trouva plus dans les cadavres'; l'arc résonnait, et les flèches «se plantaient dans les cottes de mailles; la sueur coulait sur << la lame des épées; elles versaient du poison dans les blessures, « et moissonnaient les guerriers comme le marteau d'Odin..... « Nous avons combattu avec l'épée ! Pourquoi la mort n'est« elle pas plus près du guerrier qui se précipite sur le tranchant << des sabres? Celui qu'ils ne frappent point regrette souvent « d'avoir trop vécu, et cependant il est difficile d'exciter le lâche « à la lutte du cimeterre; le cœur lui bat en vain dans la poi<< trine.

<< Nous avons combattu avec l'épée ! Je tiens pour juste que, « dans la rencontre des glaives, un homme seul s'oppose à un << homme, et que le guerrier ne recule point devant un guerrier : << tel fut l'ouvrage du héros. Qui mérite l'amour des jeunes filles « se jette hardiment dans la mêlée des sabres.

<<< Nous avons combattu avec l'épée ! Il m'est prouvé mainte<< nant que c'est le destin qui nous mène ; nul n'enfreint les dé<< crets des Nornes. Je ne pensais pas que ma vie appartînt à «CElla (3), quand je poussais mes vaisseaux sur les vagues, et « que je laissais derrière moi, dans les mers de Scotland, de la « curée pour les poissons.

(1) L'Angleterre.

(2) Cette allusion railleuse au saint sacrifice de la messe a fait douter de l'antiquité de ce chant. D'autres l'ont crue une faute des copistes, qui auraient écrit Oddamessa au lieu d'Oddasenna, Mais il n'y a rien d'étonnant à ce que vers la fin du neuvième sècle les rites chrétiens fussent connus dans le Nord.

(3) Probablement Perth, autrefois Bertha en Écosse.

(4) Roi de Northumberland. Le supplice de Ragnar eut lieu, selon la chronique saxonne, à l'embouchure de la Wear; suivant SiMÉON DUNELM, à l'em. bouchure de la Tyne.

« Nous avons combattu avec l'épée ! Cela me réjouit l'âme, « que le père de Baldur m'ait préparé un banc dans sa salle de « banquet; bientôt nous boirons la bière dans le crâne de nos << ennemis; le héros ne déplore point sa mort dans le palais du «< père des mondes; il n'arrive point à la porte d'Odin avec des « paroles de désespoir à la bouche (1).

Nous avons combattu avec l'épée ! Bientôt les armes acérées « des fils d'Aslauga (2) recommenceraient de sanglantes ba« tailles, s'ils savaient quels tourments me déchirent quand « ces mille serpents enfoncent leurs dards empoisonnés dans « mes chairs. La mère que j'ai donnée à mes fils leur a transmis « un noble cœur.

« Nous avons combattu avec l'épée ! La mort me saisit, la mor«sure des vipères a été profonde: je sens leurs dents au fond « de ma poitrine. Bientôt, j'espère, le glaive me vengera dans « le sang d'OElla; mes fils frémiront à la nouvelle de ma mort; « la colère leur rougira le visage; d'aussi hardis guerriers ne << prendront point de repos avant de m'avoir vengé (3).

« Nous avons combattu avec l'épée ! Cinquante et une fois j'ai « planté ma bannière sur le champ de bataille; au sortir de « l'enfance, j'appris à rougir ma lance; jamais je n'ai craint << que les guerriers ne trouvassent un chef plus vaillant. Main« tenant les Ases m'invitent à leurs banquets; ma mort n'est « pas à plaindre.

« Il faut finir : voici les Dyses (4), qu'Odin m'envoie pour me « conduire à son palais; joyeux, je m'en vais avec les Ases boire

(1) Telles étaient la foi, l'espérance et la charité des héros du Nord, au neuvième siècle.

(2) Ragnar eut cinq fils d'Aslauga: Yvar ou Hingvar; Biaurn; Hivitserk, le même probablement que des historiens nomment Hubba et Uppe; Raugnvallth; Sigourth.

(3) Ces vœux ne furent que trop exaucés en 867. Voyez MATHEUS Westm., Flor. Hist., p. 314. - SIMÉON DUNELM., ap. TWYSDEN, p. 14, et J. BROMTOM., p. 802.

ib.,

(4) Les Dyses ou Dysers, messagères d'Odin, conduisaient les âmes à son céleste palais. Une semblable mission est attribuée aux anges des chrétiens :

Droit en paradis l'emportèrent
Les anges qui le couronnèrent,
Et à Dieu puis le présentèrent,

Et moult grant joie en demenèrent.

Passion de saint Étienne, publiée par M. JUBINAL, Mystères inédits, t. I, p. 359.

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