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drons bientôt sur ce point et nous donnerons le plan d'études qu'il dressait pour l'un de ses jeunes amis.

Le grand séminaire d'Autun possède un des plus précieux dépôts de manuscrits de France (1). L'abbé Pitra y prit ses premières leçons de la science paléographique dont il devait devenir un des maîtres les plus illustres.

Sa facilité de travail était étonnante. Il menait de front, avec ses études ordinaires, celle des sciences naturelles, géologie, physique, chimie, géométrie, botanique, de concert avec son ami, l'abbé Landriot, qui excellait dans cette partie (2). L'abbé Pitra enseignait en même temps les humanités à sept jeunes gens que les exigences de la loi militaire avaient poussés au séminaire avant la fin de leurs études littéraires.

Il savait du reste éveiller autour de lui l'ardeur pour l'étude. Pour seconder ce généreux élan, le professeur de dogme créa, au milieu des deux cent soixante élèves, une société académique de vingt-six membres divisée en cinq sections histoire, philosophie, théologie, littérature et science. Chaque semaine on se réunissait en séance pour entendre les divers rapports et recevoir la distribution des matières à traiter avec les ouvrages à consulter. L'abbé Pitra était naturellement désigné pour en faire partie; il fut président de la section d'Ecriture Sainte et ses vieux condisciples gardent encore le souvenir de quelques-unes

(1) C'est l'ancienne bibliothèque du chapitre de la cathédrale. En 1708 dom Martène et dom Durand la visitèrent (Voyage littéraire, 1re P. p. 151). Libri en dressa le catalogue sous la surveillance de l'abbé Devoucoux, ce qui empêcha toute rapine: Manuscrits de la bibliothèque du séminaire d'Autun, dans le Catalogue général des bibliothèques publiques, t. I, in-4°, Paris 1849. Cf. aussi H. Omont, Notes sur quelques manuscrits d'Autun, Besançon et Dijon, 1883, in-8° et Pellechet, Notes sur les livres liturgiques des diocèses d'Autun, Chalon et Macon, Champion 1883.

(2) Cf. Notice biographique sur Mgr Landriot, Autun 1856, et : Mgr Landriot, Paris, Palmés, d. Ces deux notices contiennent quelques renseignements sur les relations entre dom Pitra et l'archevêque de Reims.

de ses lectures sur les beautés littéraires de la Bible. Au milieu de ces travaux arriva l'époque de son ordination sacerdotale; elle lui fut conférée par Mgr du Trousset d'Héricourt, évêque d'Autun, le 11 décembre 1836. Il s'y préparait depuis cinq ans par la prière, la méditation et de fortes études théologiques; aussi recueillit-il avec ferveur les grâces que Dieu lui préparait dans ce grand jour; il y resta fidèle durant sa longue vie.

CHAPITRE II

PROFESSORAT A AUTUN

L'abbé Pitra professeur d'histoire et de rhétorique.

velles dans l'enseignement.

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L'archéologie.

siques chrétiens. Etudes personnelles. paléographe. (1835-1840.)

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L'abbé Pitra n'était que diacre lorsqu'en 1835 il fut appelé au petit séminaire d'Autun comme professeur d'histoire. Parmi ses élèves nous citerons Mgr Bougaud, mort évêque de Laval; le docteur Daremberg qui s'est fait connaître par ses savants travaux sur les médecins grecs; M. Guignard, archiviste-paléographe, bibliothécaire de Dijon, le plus aimé de ses disciples, auteur d'ouvrages estimés d'érudition; M. Pinard, ministre sous l'empire; M. le comte de Montrevost qui resta son ami intime, et plusieurs prêtres de talent qui honorent encore aujourd'hui le diocèse d'Autun. Tous lui vouèrent la plus sincère affection et professaient une vive admiration pour son talent et son caractère.

C'était une belle époque pour les débuts d'un professeur d'histoire. Augustin Thierry, Guizot, Michelet venaient par leurs travaux de renouveler les sciences historiques et d'apporter dans l'étude et l'exposition des événements une intelligence plus pénétrante et plus ouverte, un sentiment plus juste des temps et des civilisations. L'abbé Pitra étu

diait leurs ouvrages avec passion, mais Michelet était son maître favori, c'est de lui qu'il procède; il condamnait sans doute beaucoup de ses théories, mais il aimait son talent si personnel et si vivant, son étonnante faculté de ressusciter une époque historique. On ne peut nier qu'il n'y eût d'étroites affinités entre ces deux esprits séparés sur d'autres points par tant de contrastes.

La puissante imagination de dom Pitra avait aussi le don d'évoquer avec leurs mouvements et leur couleur les personnages du passé, de les remettre dans leur cadre et de leur rendre la vie. Comme Michelet, il voit les événements à travers des verres puissants qui en général donnent aux hommes et aux choses une netteté et un relief extraordinaires, mais qui quelquefois aussi grossissent les objets et les rendent avec des proportions fantastiques. S'il n'a pas, comme Michelet, ce qu'on pourrait appeler le lyrisme historique, il jouit comme lui du don de vision intense des choses du passé. Sa mémoire si admirablement fidèle, enrichie par de vastes et continuelles lectures, lui permettait de comparer les époques et les institutions, de les opposer l'une à l'autre, d'en mieux pénétrer l'esprit. Aussi son cours d'histoire, au dire de ses élèves, présentait-il le plus vif intérêt.

Il ne le conserva pas longtemps; après quelques mois, par suite de changements dans le personnel du petit séminaire, il dut abandonner l'histoire et professer la rhétorique. Celle-ci convenait moins à ses goûts; il n'en accepta l'enseignement qu'à son corps défendant; il disait quelquefois en souriant : « Dieu m'a fait bénédictin, Monseigneur m'a fait professeur d'histoire, et le diable professeur de rhétorique (1). Il nous semble qu'il calomniait la rhétorique; elle lui rendit service et fit de lui un parfait humaniste; sans le détourner de ses études historiques, elle l'obligea à étudier plus à fond les auteurs classiques

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(1) Plus tard il ajoutait : « Je me suis fait moine, Pie IX m'a fait cardinal. >>

qu'il cultiva toujours avec bonheur et dont il goûtait les beautés avec la délicatesse d'un fin lettré.

Mais il ne se crut pas obligé de s'attacher servilement au programme étroit dans lequel la rhétorique et les humanités se trouvaient enfermées à cette époque, c'est-à-dire l'étude des procédés oratoires et de la composition latine et grecque. La philologie classique qui étudie l'origine de ces deux langues, qui les suit dans leurs transformations à travers les âges, la connaissance des mœurs et des institutions étaient alors très négligées, ou pour mieux dire à peu près complètement inconnues en France.

L'abbé Pitra apporta dans cet enseignement des vues neuves et originales qui donnent la plus haute idée de son intelligence et de son esprit d'initiative. Il sentit qu'il fallait avant tout éveiller l'imagination de ses élèves, leur donner le sens de la vie antique. Il institua donc d'abord chaque dimanche une conférence d'archéologie dans le but d'étudier les monuments archéologiques en général, en particulier ceux que renferment la ville et les environs d'Autun. « Nous deviendrons, je crois, écrit-il à M. Guignard, archéologues malgré nous. C'est vraiment merveille de nous voir babiller depuis un mois, avec une imperturbable hardiesse et une chaleureuse conviction, sur les monuments et les ruines de Babylone, Ninive, Balbeck, Palmyre, Tyr, Carthage; dimanche prochain nous serons en Egypte... J'ai commencé par des vues générales sur la vie nomade, les premières demeures, les tentes, les tuguria, les tabernacula, les grottes, les troupeaux des anciens; puis sur la vie agricole, les anciennes chaumières, les premières maisons, les habitations orientales, les jardins. Ensuite origine de l'art, art antédiluvien, ville de Caïn, indications de la Genèse, indication du système de M. Desdouits sur les monuments cyclopéens, sur les pyramides d'Egypte, puis, après le déluge, tour de Babel, Babylone, art babylonien, art persan, art phénicien, etc. J'ai trouvé sur toutes ces questions de curieux matériaux dans Heeren: Histoire du commerce et de la politique des anciens peuples; dans Jahn,

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