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Août

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A cinq heures, le roi passe en revue les troupes, assigne les postes ; il semble avoir le dessein de se défendre. Passagère et trop fugitive résolution! Le maire Péthion, Ræderer, procureur du département, sont accourus. Celui-ci, s'adressant d'abord aux gardes nationaux, leur rappelle les lois relatives aux devoirs des citoyenssoldats, en cas d'émeute; il les invite à ménager le peuple. « Vous « ne serez pas assaillants, à Dieu ne plaise (leur dit-il )! vous ne serez « que sur la défensive. » L'incertitude augmente donc dans leurs esprits, tandis qu'ils voient les canonniers séduits vider la charge des pièces. Bientôt après, Louis XVI reçoit de ce même Roederer le funeste conseil de se refugier dans la salle de l'assemblée nationale, alors en permanence (V. 29 mai). Descendant de Henri IV, doué de toute sa bonté, mais non de ses vertus guerrières et de sa royale fermeté, il écoute ce conseil, et s'empresse de le suivre. Sa retraite déconcerte ses défenseurs, enhardit les assaillants. A neuf heures, les sansculottes tirent à boulets : les Suisses les repoussent et s'emparent de leurs canons; mais on n'a point d'ordres, il n'y a point de chef. On ne retire aucun fruit de ce premier avantage, quoique la terreur ait gagné les membres de la majorité de l'assemblée. A ce moment même le roi s'entend demander des ordres qui préviennent la marche des Suisses de Courbevoie, qui défendent aux Suisses du château de continuer leur feu. Louis promet tout, signe tout, expédie tout. Alors les fuyards reviennent; le château est de nouveau investi : les Suisses succombent, accablés par le nombre; tout ce qui paraît attaché au roi est égorgé, et le massacre dure jusqu'à deux heures, dans les appartements, sur la terrasse, dans les cours et sur la place du Carrousel. Pendant ce temps, les petits bâtiments adjacents aux Tuileries s'embrasent; 900 toises sont en feu, et les Marseillais tirent sur les pompiers : l'intérieur du château est au pillage.

A l'assemblée, les députés jacobins, revenus de leurs terreurs, et désormais tout-puissants dans les délibérations, montrent un visage tranquille; ils discutent avec calme, tandis que les adhérents de la minorité sont hués, insultés dans la salle, assaillis et maltraités audehors. Sur l'observation dérisoire d'un membre, qu'aux termes de la constitution, l'assemblée ne peut délibérer en présence du roi, on le place, ainsi que sa famille, dans une loge de journaliste, où il sera contraint de dévorer les plus indignes outrages dont jamais roi ait été abreuvé. Des hommes hideux, couverts de haillons teints de sang, noircis de fumée, se succèdent continuellement à la barre. Encouragés par les hurlements des tribunes, par les sourires des

députés jacobins, ils demandent, ordonnent la déchéance du roi. Un décret rendu, EN SA PRESENCE, le suspend de ses fonctions, et indique une convention nationale.

Le massacre continue dans plusieurs quartiers de Paris. La nuit seule vient mettre fin à tant d'atrocités. On croit qu'il y a 5,000 victi

mes de cette journée, la dernière du pouvoir royal.

Au 10 août, en effet, s'est terminée la bataille contre la monarchie; bataille mal entamée le 20 juin. La journée du io août amènera les massacres des premiers jours de septembre. Les conjurés Danton, Robespierre, Marat, Péthion, étaient cependant loin d'avoir les moyens du succès, s'ils avaient rencontré quelques-uns de ces obstacles qu'on pouvait si facilement leur opposer. Si Louis XVI avait tiré l'épée, il aurait vaincu, ou périssant, il aurait péri en roi sur la brèche de son palais. Il n'y a, parmi tous les monarques dépossédés de nos jours, qu'un souverain, un seul qui ait pris cette résolution, et qui n'ait quitté le trône qu'avec la vie. Mais il n'a pas régné en Europe; c'est Tippoo-Saëb ( V. 4 mai 1799).

Août 11. Lois révolutionnaires. Formation d'un conseil exécutif. On y appelle comme ministres, les jacobins Roland dit de la Plátrière, Clavières, Servan, Danton, Monge, Lebrun (de Genève), Grouvelle, (homme de lettres) est secrétaire de ce conseil.-Suspension des comités des 48 sections et de tous les juges-de-paix à Paris. - Licenciement de l'état-major de la gendarmerie. Nom nation de Santerre (brasseur du faubourg Saint-Antoine) au commandement de la garde nationale parisienne.-L'agitation continue; la populace renverse et brise les statues des rois, et même celle de Henri IV. — Les factieux triomphent complètement; Péthion domine la commune sans partage.

Toutes les mesures extrêmes qui doivent résulter de la journée du 10 août, se succéderont avec rapidité. Les proscriptions judiciaires commencent; les visites domiciliaires deviendront très-fréquentes; des commissaires parcourront les départements, afin de s'y concerter avec les sociétés populaires, conformément à l'instruction du ministre de la justice Danton. Dorénavant, ces sociétés affiliées au club des jacobins de Paris, seront reconnues comme parties intégrantes du gouvernement

Août 13. Réclusion au Temple, du roi et de la famille royale. La commune de Paris en a la garde et la responsabilité. 13-21. Les ministres des cours étrangères quittent Paris.

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14. Loi révolutionnaire rendue sur la proposition de François dit

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de Neufchâteau (directeur en 1797-98). Elle ordonne la vente des biens des émigrés par petites portions, afin, dit-il, d'attacher les habitants des campagnes à la révolution.

Août 14. Retour à Toulon du capit. Marchand, parti le 14 décembre 1790, de Marseille, pour une expédition autour du monde; expédition entreprise par des négociants. L'objet du voyage était le commerce des pelleteries. Son résultat scientifique consiste dans la découverte d'un groupe d'îles appartenant à l'archipel des Marquises, et dans la reconnaissance de quelques parties encore mal déterminées de la côte N. O. de l'Amérique.

17. Loi révolutionnaire créant un tribunal spécial, chargé de poursuivre les auteurs des crimes commis au 10 août.

18. Fuite de la Fayette. -Proscrit à Paris, ce général abandonne son armée après avoir inutilement essayé de l'animer contre les jacobins, auteurs de la catastrophe du 10 août; son quartier général est près de Sedan. Il aime mieux s'expatrier que de passer à l'ennemi en lui livrant la frontière. Il s'évade avec les généraux Alexandre Lameth, Victor Latour-Maubourg, le colonel Bureau de Puzy, tous trois ex-constituants, et seize autres personnes. Ils sont arrêtés aux avant-postes autrichiens. La Fayette avec les trois constituants sont retenus prisonniers, et seront successivement transférés à Wesel, Magdebourg, Glatz, Neiss et Olmütz, où ils éprouveront les plus grandes rigueurs de la captivité. Cette captivité ne cessera pour la Fayette, que le 27 août 1797. Dans ces temps où d'horribles proscriptions remplirent d'innombrables cachots, le général la Fayette aura été, après la famille royale de France, le prisonnier réservé aux plus indignes traitements. Mais la famille royale a eu pour geoliers d'atroces démagogues; et c'est de même que les ministres de deux souverains armés, dit-on, dans l'intérêt de la royauté, traitent les derniers soutiens d'un trône abandonné par ceux qui devaient périr sur ses degrés ! « Cette extraordinaire sévérité (dit un auteur anglais, Bi

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<< gland) envers des hommes dont les opinions étaient suivies avec << enthousiasme par la majorité et la plus estimable partie de la na«tion française, fut une erreur funeste dans un moment où ils n'é-<«< taient proscrits que parce qu'ils avaient tenté d'appuyer un trône, « que sans doute ils affaiblirent trop d'abord, mais qu'en dernier lieu . ils voulaient préserver. L'absurde politique qui décida les souverains « à les traiter avec une si grande dureté, produisit bientôt de fâcheux << résultats pour la coalition; montrant ainsi à quelles vengeances on « était réservé, si la contre-révolution s'effectuait. Cette politique,

« ainsi que le manifeste du duc de Brunswick, (V. 25 juillet) conduisit à l'union générale pour défendre le territoire. »

L'armée abandonnée par la Fayette, passe sous le commandement de Dumourier, intrigant sans pudeur, qui veut de la célébrité à tout prix.

19. Loi révolutionnaire qui décompose la garde nationale de Paris. 22. Première insurrection Vendéenne. - 8,000 paysans du district de Châtillon sur Sèvre (Deux-Sèvres), prenant pour chef Gabriel Baudry-d'Asson, gentilhomme du pays, et conduits par Delouche, maire de Châtillon, s'emparent de cette petite ville.-L'époque de la prestation du serment ecclésiastique avait été la première époque des troubles dans le département de la Vendée.

Août 23. Prise de Longwy par le général autricien Clairfayt, après 24 heures de bombardement (V. 22 octobre).

24, 25. Exécution sur la place du Carrousel de plusieurs royalistes condamnés par un tribunal spécial ( V. 17 août), comme coupables des désastres du 10 août.-Ræderer, procureur-syndic du département de Paris, accusé de négligence dans cette journée, s'exprime ainsi devant l'assemblée nationale (V. monit. n° 235 et 237): « J'ai considéré que le roi et sa famille étaient d'utiles ôtages dans « une guerre entreprise sous leur nom, par des puissances étrangères, • et nous tiendraient lieu d'un grand nombre de légions contre nos « ennemis. » Roederer est absent.

25. Loi révolutionnaire qui bannit du territoire français tout prêtre non assermenté.

Septembre 2. Loi révolutionnaire enjoignant de confisquer et de mettre en vente toutes les propriétés des émigrés.

2. Prise de Verdun en présence du roi de Prusse. se met en marche sur Paris (V. 22 octobre ).

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Son armée Le

2-6. MASSACRES des nobles, des prétres et autres personnes détenues à la Conciergerie, à la Force, au Châtelet, à l'Abbaye SaintGermain, au Séminaire Saint-Firmin, rue Saint-Victor, aux Carmes de la rue de Vaugirard, à Bicétre, à la Salpêtrière, etc.

Des cannibales, appelés dès-lors septembriseurs, dirigés et payés par la commune dont Tallien et Robespierre font partie, procèdent avec ordre, avec calme, comme s'il s'agissait d'abattre des animaux dans une boucherie. Les massacres durent cinq jours, quoique le peuple témoigne sa répugnance, et que les massacreurs, en petit nombre, puissent être facilement contenus. Les habitants de Paris, par une lâcheté sans exemple dans l'histoire, restent immobiles spec

tateurs. Pas un bras ne s'arme contre les monstres qui versent des flots de sang. La garde nationale croit ne pouvoir marcher au secours de ceux qu'on égorge, sans en avoir reçu l'ordre de son commandant, l'exécrable Santerre. Danton, Lacroix, Tallien, Marat, Péthion, Manuel, Fabre - d'Églantine, Camille Desmoulins, Robespierre, préparèrent, organisèrent de sang froid les massacres, en calculèrent les suites, et s'en vanteront hautement.

C'est sous les yeux d'une assemblée nationale, composée de 750 individus, qui se disent les oracles de la loi, que l'on égorge pendant cinq jours; et que, pendant cinq jours, ils laissent violer toutes les lois sacrées de l'humanité! On peut déja prévoir que le crime ne cessera de triompher; car la stupeur et l'inertie engourdissent déja la masse de la population, suspendent l'élan de tout homme ennemi du crime. Jamais, chez aucun peuple, on ne vit rien de pareil. C'est la première conspiration de prisons que l'on invente. Depuis quinze jours on en parle, l'explosion en est annoncée tout haut; on raisonne publiquement sur les fâcheuses suites qu'elle entraînera des émissaires, en grand nombre, excitent les prolétaires des faubourgs à se défaire des aristocrates; et le corps-législatif se tait! Les représentants de la nation laissent assassiner, sous leurs yeux, pendant cinq jours et quatre nuits, plusieurs milliers de détenus! En sortant de leur salle, ils passent devant les prisons où l'on massacre; ils reprennent, à la séance suivante, les discussions commencées, sans s'occuper de l'épouvantable spectacle dont ils viennent d'être témoins! Ces mêmes hommes qui, peu de jours auparavant, ont déclaré la dynastie régnante déchue du trône, ne se trouvent plus assez de pouvoir pour arrêter quelques misérables!

Les directeurs de ces exécutions ont détruit avec soin les renseignements qui pourraient faire connaître le nombre des victimes. Cependant, d'après les indications qui restent, on a la presque certitude que les prisons (autres que les localités servant d'hospices) ne contenaient pas moins de 3000 individus, et que trois ou quatre cents seulement ont été sauvés. Chose horrible! les exécuteurs vont froidement, les jours suivants, à la commune, toucher le salaire qui leur est réservé.

Dès le 3, les administrateurs de Paris adressent à toutes les communes de la république l'exposition de leur conduite : « . . . . . . ...... La << commune de Paris se hâte d'informer ses frères de tous les dépar«tements, qu'une partie des conspirateurs féroces détenus dans les prisons, a été mise à mort par le peuple, actes de justice qui lui ont

«

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