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« toute obéissance envers l'usurpateur, pour retourner à nos maîtres a légitimes. »

Cette proclamation, qui excite les Français à secouer le joug d'un despote invétéré, énonce plusieurs motifs d'une évidence complète ; mais son style déclamatoire rappelle le souvenir de nos premiers énergumènes de la révolution. Au lieu de se borner à l'exposition de la vérité, assez entraînante par elle-même, on entasse des reproches dont l'exagération est manifeste; on avance de fausses allégations, que l'extrémité des circonstances ne peut même faire excuser; on s'adresse à l'opinion publique, comme à des conspirateurs de mélodrame. — Voilà le résultat d'une longue oppression! Des hommes habitués à la servitude ne sauraient emprunter le langage simple des hommes libres dont la tranquille énergie repousse l'emphase et l'hyperbole. Ces magistrats, naguères si dociles exécuteurs des ordres du maître, s'expriment comme des agas révoltés; ils ont recours aux sophismes des factieux après avoir épuisé les adulations des esclaves. Ils se sont bassement prosternés pendant douze années; ils se relèvent avec des mouvements convulsifs. —Au reste, cette production (dont plusieurs passages sont omis ici) passe pour être l'œuvre d'un avocat ; et il est assez reconnu que le meilleur plaidoyer n'est exempt ni de boursoufflure ni de pathétique affecté.

Avril 1er. Message du général Caulaincourt (duc de Vicence), dépêché à l'empereur Alexandre, avec des propositions que Napoléon juge susceptibles de le désarmer. - Le ministre plaide en vain, nonseulement la cause de celui qui l'envoie, mais celle même de l'impératrice Marie-Louise et de son fils. Les souverains alliés se refusent à toute négociation, attendu que les propositions offertes ne sont pas celles que les puissances croient avoir à attendre, sur-tout après la manifestation éclatante des sentiments de Paris et de toute la France.

1er. Sénatus-consulte instituant un gouvernement provisoire. Le sénat, invité par la déclaration de l'empereur de Russie (V. 31 mars), s'assemble dans l'après-midi. Ce corps compte, à ce jour, cent quarante membres, dont six appartiennent à la famille impériale, et vingt-sept sont étrangers à l'ancienne France. La réunion est de soixante-six sénateurs, présidés par le prince de Bénévent ( CharlesMaurice Talleyrand), le même personnage qui débuta sur la scène politique comme évêque d'Autun et constituant; qui, devenu citoyen Talleyrand, se vit solennellement rappelé en France par la convention (V. 4 septembre 1795); qui fut successivement ministre du

directoire, ministre des consuls, ministre de l'empereur, et son grandchambellan; prince laïque de Bénévent, vice-grand-électeur de l'empire; lequel deviendra prince et duc de Talleyrand, pair de France, le 4 juin 1814, et ministre du roi en 1814, 1815, et encore grandchambellan. On voit que ce haut fonctionnaire se sera produit dans tous les régimes, un seul excepté, le régime révolutionnaire; ce qui ne pouvait avoir lieu, et par diverses raisons; car l'ex-prélat aimait une liberté douce, bénigne, conciliante, conforme à l'esprit de son premier état, à l'esprit des cours; il repoussait l'effrayante austérité du systême républicain. Animé d'une modération évangélique craignant de voir couler les larmes du malheureux, comment aurait-il pu voir répandre des flots de sang? D'ailleurs la secte infernale des jacobins ne s'affiliait que des hommes dont l'ame lui semblait susceptible d'un certain degré de force, ou dans lesquels on découvrait du moins quelques lueurs de fermeté; ces lueurs instantanées eussent-elles dérivé de la peur même; et aussi l'ardente multitude qui entourait les tribunes populaires exigeait des orateurs une physionomie pleine d'audace, un débit véhément, une éloquence nerveuse. Ainsi, lors même que le citoyen Talleyrand n'eût pas été un sincère ami de la liberté constitutionnelle, un véritable antagoniste de la licence démagogique (car ses utiles travaux à l'assemblée constituante le présentent sous cet honorable aspect), il était doué d'une trop grande sagacité pour se dissimuler à quel point la nature lui refusa des dehors prononcés, et l'art des longs et des beaux discours. Ayant donc le secret de sa timidité, jugeant très-bien qu'il courait de grands dangers personnels, à cette époque de persécution pour les hommes honorablement célèbres; et, malgré le bruit répandu qu'il était l'auteur de l'apologie diplomatique du 10 août, et de la déchéance de Louis XVI (V. Monit., no 190, an 1798), bruit susceptible de garantir sa tête, le citoyen Talleyrand s'exila volontairement. Il porta sa civique douleur à deux mille lieues, et ne hasarda un pied douteux en Europe que lorsqu'il crut apercevoir que, désormais, pour se produire et réussir en France, il ne fallait plus ni la détermination ni la voix d'un tribun du peuple, et qu'il suffisait de réunir à de vagues connaissances un républicanisme mitigé et des intentions plausibles. Il fut presque aussitôt admis dans la confidence des directeurs Rewbell et Barras. Panégyriste, par don de prophétie, du général Bonaparte (V. 10 décembre 1797), il salua l'aurore de son consulat; il fut l'oracle de sa diplomatie dans les négociations les plus efficaces pour l'avantage extérieur de la France; mais ayant en

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couru la disgrace de ce maître brutal, il sentit tous les inconvénients des gouvernements qu'il avait soutenus, prônés, servis, et revint à des sentimens d'affection pour le sang de Henri IV, et aux principes de légitimité dont il avait été nourri au séminaire. Semblable, en quelque sorte, à ces soldats vagabonds de l'armée des rois de France, qu'une dernière et loyale désertion ramenait sous leur premier drapeau.

Le sénat, placé sous la bienfaisante influence de son président, se rappelant enfin qu'il est surnommé conservateur, usera, cette fois, de sa prérogative. Il charge un gouvernement provisoire de pourvoir aux besoins de l'administration, et de soumettre au sénat un projet de constitution qui puisse convenir au peuple français.

Les membres de ce gouvernement provisoire sont, le susdit prince de Bénédent, le sénateur et général Beurnonville, le sénateur de Jaucourt, le duc d'Alberg (étranger à l'ancienne France), l'abbé de Montesquiou. Dupont de Nemours est secrétaire-général.

Avril 2. Acte du sénat qui déclare Napoléon déchu du trốne; le droit d'hérédité aboli dans sa famille ; le peuple français et l'armée déliés envers lui du serment de fidélité.

« Le sénat conservateur, considérant, que, dans une monarchie « constitutionnelle, le monarque n'existe qu'en vertu de la consti<< tution, ou du pacte social;

« Que Napoléon Bonaparte, pendant quelque temps d'un gou«< vernement ferme et prudent, avait donné à la nation des sujets de compter, pour l'avenir, sur des actes de sagesse et de justice;

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<< mais qu'ensuite il a déchiré le pacte qui l'unissait au peuple français, notamment en levant des impôts, en établissant des taxes << autrement qu'en vertu de la loi, contre la teneur expresse du ser« ment qu'il avait prêté à son avènement au trône, conformément à « l'art. 53 des constitutions du 28 floréal an XII (18 mai 1804);

«

« Qu'il a commis cet attentat aux droits du peuple, lors même qu'il venait d'ajourner sans nécessité le corps législatif, et de faire supprimer, comme criminel, un rapport de ce corps (V. 31 dé

«< cembre 1813), auquel il contestait son titre et son rapport à la « représentation nationale;

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Qu'il a entrepris une suite de guerres, en violation de l'art. 50

<< de l'acte des constitutions de l'an v111 (V. 24 décembre 1799), qui

« veut que la déclaration de guerre soit proposée, discutée, dé« crétée et promulguée, comme des lois;

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« tant peine de mort, nommément les deux décrets du 5 mars dernier

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(V. cette date), tendant à faire considérer comme nationale une guerre qui n'avait lieu que dans l'intérêt de son ambition dé« mesurée ;

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« Qu'il a violé les lois constitutionnelles par ses décrets sur les prisons d'état (V. 3 mars 1810);

«

Qu'il a anéanti la responsabilité des ministres, confondu tous les pouvoirs, et détruit l'indépendance des corps judiciaires;

<< Considérant, que la liberté de la presse, établie et consacrée « comme l'un des droits de la nation, a été constamment soumise à « la censure arbitraire de sa police, et qu'en même temps il s'est toujours servi de la presse pour remplir la France et l'Europe de « faits controuvés, de maximes fausses, de doctrines favorables au despotisme, et d'outrages contre les gouvernements étrangers;

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« Que des actes et rapports, entendus par le sénat, ont subi des • altérations dans la publication qui en a été faite;

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Considérant, que, au lieu de régner dans la seule vue de l'in«térêt, du bonheur, et de la gloire du peuple français, aux termes << de son serment, Napoléon a mis le comble aux malheurs de la « patrie, par son refus de traiter à des conditions que l'intérêt na<< tional obligeait d'accepter, et qui ne compromettaient pas l'honneur français; par l'abus qu'il a fait de tous les moyens qu'on lui a confiés en hommes et en argent; par l'abandon des blessés sans se« cours, sans pansement, sans subsistances; par différentes mesures dont les suites étaient la ruine des villes, la dépopulation des campagnes, la famine et les maladies contagieuses;

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Considérant que, par toutes ces causes, le gouvernement impé⚫rial établi par le sénatus-consulte du 28 floréal an x11, ou 18 mai 1804, a cessé d'exister, et que le vœu manifeste de tous les Français appelle un ordre de choses dont le premier résultat soit « le rétablissement de la paix générale, et qui soit aussi l'époque « d'une réconciliation solennelle entre tous les états de la grande famille européenne, le sénat déclare et décrète ce qui suit, etc. » Avril 2. Allocution d'Alexandre, empereur de Russie, à une députation du sénat. « Un homme, qui se disait mon allié, est arrivé

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dans mes états en injuste agresseur; c'est à lui que j'ai fait la « guerre, et non à la France. Je suis l'ami du peuple français. Ce « que vous venez de faire redouble encore ce sentiment. Il est juste, «< il est sage de donner à la France des institutions fortes et libéra« les qui soient en rapport avec les lumières actuelles. Mes alliés et

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« moi, nous ne venons que pour protéger la liberté de vos décisions. Pour preuve de cette alliance durable que je veux contracter << avec votre nation, je lui rends tous les prisonniers français qui sont « en Russie. Le gouvernement provisoire me l'avait déja demandé, « je l'accorde au sénat, d'après la résolution qu'il a prise aujour« d'hui. »

Avril 2. Acte du gouvernement provisoire qui confère au général Dessolles le commandement de la garde parisienne et du département de la Seine. C'est principalement à la sagesse, à la haute capacité de ce général, et à la confiance que placent en lui les souverains et les généraux alliés, que Paris devra d'échapper à de grands désordres. Par ses soins assidus et le zèle infatigable de la garde nationale, le passage du gouvernement impérial au gouvernement royal s'effectuera sans qu'une seule goutte de sang français soit versée, sans calamités nouvelles et presque sans seconsses.

2. Adresse du gouvernement provisoire aux armées françaises.

<< Soldats, la France vient de briser le joug sous lequel elle gémit « avec vous depuis tant d'années. Vous n'avez jamais combattu que « pour la patrie; vous ne pouvez plus combattre que contre elle, « sous les drapeaux de l'homme qui vous conduit. Voyez tout ce « que vous avez souffert de la tyrannie; vous étiez, naguères, un « million de soldats; presque tous ont péri; on les a livrés au fer « de l'ennemi sans subsistances, sans hôpitaux; ils ont été condama nés à périr de misère et de faim. Soldats, il est temps de finir les a maux de la patrie; la paix est dans vos mains. La refuserez-vous à « la France désolée? Les ennemis mêmes vous la demandent; ils • regrettent de ravager ces belles contrées, et ne veulent s'armer « que contre votre oppresseur et le nôtre. Seriez-vous sourds à la « voix de la patrie qui vous rappelle et vous supplie? Elle vous parle « par son sénat, par sa capitale, et sur-tout par ses malheurs. Vous êtes ses plus nobles enfants; et vous ne pouvez appartenir à celui qui l'a ravagée, qui l'a livrée sans armes, sans défense; qui a voulu << rendre votre nom odieux à toutes les nations, et qui aurait, peut« être, compromis votre gloire, si un homme, qui n'est pas même Français, pouvait jamais affaiblir l'honneur de nos armes et la générosité de nos soldats. Vous n'êtes plus les soldats de Napo<«<léon; le sénat et la France entière vous dégagent de vos ser

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3. Soixante-dix-sept membres du corps législatif, présents à Paris, se réunissent et adhèrent à l'acte du sénat de la veille,

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