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ses pensées, toutes ses actions; et certes, ce serait une profonde erreur de supposer que le desir de ménager le sang français le détermine à déposer la couronne. Sa vie entière repousse une explication aussi favorable.

Les maréchaux Ney, Macdonald, et le général Caulaincourt, sont chargés de faire agréer aux souverains alliés l'acte d'abdication. Ils doivent s'adjoindre le maréchal Marmont; mais celui-ci, abandonnant ses collégues, se rend auprès du généralissime Schwartzemberg, pour terminer la convention secrète déja entamée ( V. l'art. cidessus). Les trois autres plénipotentiaires vont à Paris; ils sont favorablement reçus de l'empereur Alexandre, qui, à cette proposition inattendue, remettant en délibération sa déclaration du 31 mars, reste long-temps incertain. Il peut tout; les alliés s'en rapportent à sa décision. Mais, après deux jours, considérant toutes les suites d'un pas rétrograde dans une révolution déja si avancée, dont il a si puissamment et si constamment favorisé l'essor, et apprenant la défection du corps du maréchal Marmont, ce souverain déclare qu'on n'acceptera de Napoléon qu'une abdication absolue.

Par cette résolution définitive, le retour des Bourbons est assuré, leur cause l'emporte, l'horizon s'éclaircit, et l'avenir de la France se développe moins sombre et moins incertain.

C'est à ce moment qu'on aperçoit toute la gravité de la fausse manœuvre de Napoléon, en se jetant sur les derrières de l'ennemi ( V. 20, 24 mars, 2o art). Car, en considérant l'opiniâtre résistance des maréchaux Mortier et Marmont, devant Paris (le 30 mars), peut-on présumer le résultat de l'action, si les 40,000 hommes amenés par l'empereur y étaient arrivés à temps? En supposant les alliés battus, il leur restait, à la vérité, des masses formidables, et d'immenses moyens pour traîner la guerre en longueur sur notre territoire. Vainqueurs, ils avaient cependant à se rendre maîtres de Paris, où sans doute Napoléon se serait défendu jusqu'à la dernière extrémité. On ne saurait envisager tous les désastres dont la France était inévitablement assaillie, si celui qui, depuis tant d'années, en réglait les destins, n'eût commis l'erreur la plus défavorable à ses intérêts personnels.

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Avril 5. Bourse de Paris.-Les cinq pour cent sont: le 29 mars, à 45 fr.; le 30, point de bourse; le 31, à 47 fr. 50 c.; le 1 avril, à 51 fr; le 2, à 52 fr.; le 4, à 57 fr. 50 c.; le 5, à 63 fr. 75 c. Les fonds se soutiennent les jours suivants.

-

Avril 6. Constitution décrétée par le sénat.

L'appréhension de voir se renouer les négociations avec Napoléon, et la nécessité de raffermir dans leur adhésion ceux d'entre les partisans de la restauration qui exigent des garanties positives, entraînent le gouvernement provisoire à présenter au sénat, sans retard, le projet de constitution qu'il est chargé de rédiger (V. 1er avril, 2 art.). Le projet est aussitôt décrété et proclamé.

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Cette constitution repose sur les mêmes bases, sur lesquelles s'élevera la Charte constitutionnelle ( V. 4 juin ). Elle en diffère pourtant en deux points principaux. 1° L'article 2 porte: « Le peuple français appelle librement au trône de France Louis-STA« NISLAS-XAVIER DE FRANCE, frère du dernier roi, et après lui, les << autres membres de la famille des Bourbons, dans l'ordre ancien La présente constitution, dit l'article 29, sera soumise à l'ac« ceptation du peuple français, dans la forme qui sera réglée. Louis<«< Stanislas-Xavier sera proclamé roi des Français, aussitôt qu'il au« ra juré et signé un acte portant : J'accepte la constitution, je jure « de l'observer et de la faire observer. Ce serment sera réitéré dans « la solennité où il recevra le serment de fidélité des Français. « 2o L'article 5 maintient le sénat, comme chambre haute. L'article 6 fixe le nombre des sénateurs à 150 au moins et 200 au plus, attribue leur nomination au roi et rend leur dignité inamovible et héréditaire de mâle en mâle, par ordre de primogéniture, et de plus, fait des sénateurs actuels, le fonds de la pairie constitutionnelle, attache à leurs titres des majorats formés de la dotation du sénat ou des sénatoreries, et rend ces titres et ces majorats transmissibles à leurs descendants. Le public remarque, avec surprise, une disposition transitoire qui consacre les utiles et brillantes prérogatives de tous ces auxiliaires si zélés de Napoléon, du despote dont ils viennent euxmêmes de prononcer la déchéance. On s'indigne de les voir s'ar-roger le droit de convertir en propriétés particulières, inaliénables, des majorats dont ils n'ont eu jusques ici que l'usufruit. En vain diront-ils, pour se justifier, que cette disposition leur fut inspirée par un homme qui avait le dessein de déconsidérer le corps du sénat, qu'ils n'en pénétrèrent pas le venin, et qu'ils n'avaient pu se persuader que cet homme portât malheur dans tous les temps aux amis de la liberté.

Les sénateurs ont, dans cette déclaration si naïve, livré le secret de leur servile obéissance au guerrier ambitieux qui, pour renfermer toute l'Furope dans l'empire français, exigeait une continuelle

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effusion de sang français. Dans quelle circonstance, pendant un règne de dix années, ces pères du peuple, enrichis par d'immenses dotations, ou par d'autres sources détournées de la fortune publique, décorés de titres, revêtus d'honneurs, manifestèrent-ils de l'émotion, en voyant la route hasardeuse dans laquelle leur maître engageait de plus en plus cette nation trop facile, trop belliqueuse, et dont ils s'étaient chargés de conserver les intérêts. Ils ne semblaient pas s'apercevoir que le sang français coulait à grands flots. Un sordide intérêt les empêchait d'observer que l'indignation des peuples domptés par nos armes ou comprimés par notre alliance, retomberait sur la France à la première conjoncture favorable; et qu'une extension illimitée de territoire était aussi contraire à la saine politique, que nuisible à la civilisation, que réprouvée par la justice et l'humanité. Riches et honorés, ces magistrats approuvaient tout; semblables aux affranchis dont Tibère et Domitien avaient peuplé le sénat de Rome dégénérée. Rarement entendait-on dans les séances tenues au Luxembourg, une voix qui plaidât la cause de l'humanité. Soudain l'écho eût transmis ses paroles aux Tuileries, d'où serait revenu un arrêt de proscription. Une minorité estimable, mais très-faible, ne pouvait guères faire entendre ses regrets, au milieu des acclamations de la servitude. A la tête de cette minorité, l'on remarque l'indéfectible, l'inébranlable, l'incorruptible Lanjuinais, qui se vit plusieurs fois au moment d'être proscrit.

ACTES RENDUS SOUS LE GOUVERNEMENT IMPÉRIAL, RELATIFS A LA CONSCRIPTION ET AUX LEVÉES DE TROUPES.

Loi.....

du 17 janvier... 1805,..

Sénatus-consulte.. du 24 septembre 1805,.

60,000 h.

80,000

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Suite des ACTES RENDUS SOUS LE GOUVERNEMENT IMPÉRIAL, RELATIFS

A LA CONSCRIPTION ET AUX LEVÉES DE TRoupes.

D'autre part,. . . . . Sénatus-consulte.. du

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Do... Do.

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D°...

15 novembre do

300,000

2,173,000 h.

La population des départements de l'empire, portés en dernier lieu à 130, étant, terme moyen, du 17 janvier 1805 au 15 novembre 1813, d'environ 38 millions d'habitants, la France réduite à son état de 1815, aurait compté 28 millions. Ainsi les 86 départements français du royaume, auront fourni 1,600,000 soldats : lequel nombre, divisé par 9, nombre d'années, donne un contingent annuel de plus de 175,000 hommes. Proportion effrayante! puisque c'était la fleur de la population qu'on enlevait; et que, de ces 175,000 jeunes Français, Français d'extraction, les neuf dixièmes périssaient sur une terre étrangère, ou ne reportaient dans leurs foyers, que des corps abattus par les fatigues ou privés d'une partie d'eux-mêmes.

Si cependant quelque apologiste invétéré de ces temps de conquêtes et d'illusions, s'étonnait encore de la modicité des contingents, il aurait à considérer, que dans ce total général de 2,173,000 recrues, officiellement constatées, ne sont point compris les enrôlements volontaires, ni les douaniers qui formaient d'excellents régiments-frontières, et qui servirent utilement en 1813 et 1814, ni plusieurs corps de formation accidentelle, ni spécialement le surplus de chaque levée de conscrits, à raison des réfractaires et des déserteurs, lesquels finissant par céder aux ennuis, aux inquiétudes de leur position, et rentrant successivement, n'opéraient pas néanmoins la libération des numéros subséquents dans les tirages, numéros qu'on avait substitués aux premiers, quand les porteurs de ceux-ci n'avaient pas rejoint immédiatement les dépôts. Ainsi trois conscrits étaient-ils demandés, les numéros 1, 2 et 3 ne se présentant point, les gendarmes prenaient 4, 5 et 6; mais ces derniers ne se voyaient point congédiés, lorsque les premiers, las de se cacher et de com

promettre leurs parents, se rendaient au poste forcé de l'honneur. Par cet artifice digne de Tibère, quand Tibère faisait la guerre, les cadres des bataillons avaient un trop-plein qui servait à mettre sur le chantier de nouveaux bataillons; les matériaux abondaient et les ouvriers aussi ( car les officiers se faisaient d'un trait de plume). Voilà le mécanisme de cette boucherie d'hommes simplifiée, comme le mécanisme des exécutions judiciaires, depuis l'invention de la guillotine. Car il fallait des moyens expéditifs qui fournissent à cette bête dévorante sa ration complète de conscrits à chaque campagne. Aidés de toutes ces inventions, ses pourvoyeurs prenaient toujours fort au-delà. - Dans les totaux ci-dessus, on ne comprend pas non plus les levées en masse, organisées au commencement de 1814, dans plusieurs départements de la France actuelle, ni les gardes nationales de Paris et de quelques autres villes considérables (Strasbourg, Metz, Lille, etc.), qui firent cependant un service actif et tel qu'auraient pu le faire des troupes de ligne, qui défendirent des forteresses ou des redoutes comme des militaires exercés, et qui se battirent avec audace et vigueur, sous la conduite et à l'exemple des vétérans des premières guerres, glorieux de se trouver dans les rangs des citoyens, pour défendre le sol français.

Si l'on fait attention, outre cela, qu'au 17 janvier 1805, époque de la première levée légalement autorisée depuis l'avènement de Napoléon à l'empire, il avait une armée formidable qu'il employait, depuis le traité d'Amiens ( 25 mars 1802), à envahir ou à retenir le Piémont, les duchés de Parme, la Hollande; à troubler la Suisse (V. 11 septembre; 9, 21 octobre 1802 ); à intimider les petits princes allemands, voisins du Rhin; à s'emparer du Hanovre ( V. 3 juin 1803); à garnir les côtes de la Manche, et à parader pompeusement sur les dunes de Boulogne; alors on conviendra que le nombre de soldats dont disposa Napoléon, depuis le 18 mai 1804, jour où le nom d'empereur lui fut donné par Cambacérès, prince-archichancelier, président du sénat, jusqu'au 2 avril 1814, jour où Maurice Talleyrand, prince-vice-grand-électeur, président de ce même sénat, retire ce nom d'empereur à Napoléon; on conviendra que, dans cette période de dix années, le nombre de soldats dont disposa Napoléon, peut se porter sans exagération, à 3,200,000, ou 2,300,000 pour les 86 départements actuels; nombre qui, réparti sur cet espace de temps (dix années), fait 230,000 par an. Ne se recrierait-on pas en 1819, si le gouvernement royal rangeait sous les armes ( ostensiblement ou par de machiavéliques collusions) 230,000

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