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d'année en année au même établissement. Assuré d'y trouver du travail au début de la campagne suivante, l'ouvrier fixe sa résidence dans la localité où la fabrique a son siège, et s'efforce de trouver une occupation pour l'hiver dans le voisinage. D'autre part, la durée de la journée de travail (59 heures par semaine, en moyenne) est plus courte dans les fabriques de beurre et de fromage que dans la culture, et le labeur y est moins pénible. Ces diverses considérations expliquent pourquoi le gain moyen du personnel de l'industrie laitière est moins élevé que celui des moissonneurs, batteurs et garçons de ferme, bien que l'ouvrier des fabriques, à la différence des précédents, ne reçoive ni le logement ni la nourriture.

Le salaire moyen des auxiliaires de la production laitière. était en 1901 de 214 dollars par saison pour l'ensemble du pays, soit moins de 1 dollar et demi par jour de travail (1). Sauf en Colombie et dans l'ile du Prince-Edouard, la rémunération des ouvriers proprement dits était à cette dernière date en diminution sensible par rapport au recensement précédent la diminution moyenne est de 15 % (2).

Contrairement à la tendance générale, la statistique de 1901 signale une augmentation du salaire des collaborateurs de l'industrie laitière dans deux provinces: l'ile du Prince-Édouard et la Colombie britannique. L'existence de la production industrielle des dérivés du lait dans l'une et dans l'autre de ces régions était purement nominale en 1891, la première complant à cette date quatre fabriques, la seconde une seulement. Au cours des dernières années du XIXe siècle, il s'est fondé quarante-quatre établissements dans l'ile du Prince-Édouard et sept en Colombie. Mais l'industrie laitière est une profession qui exige un assez long apprentissage. Il fallut faire venir du dehors des hommes au courant du métier et leur allouer des salaires assez élevés. Dans les autres régions du Canada, par suite des progrès de

(1) Dans la province d'Ontario, dont la moyenne particulière était la plus élevée de toutes, le salaire des ouvriers de l'industrie laitière se montait à 255 dollars par campagne, contre 230 pour la Prairie, 213 dans l'ile du PrinceÉdouard, et 182 seulement à Québec. En Colombie, région où, il est vrai, la saison de fabrication dure deux mois de plus qu'ailleurs, le taux des gages des ouvriers de fabrique était exceptionnellement élevé : 482 dollars.

(2) La diminution des salaires était en 1901 de 8% en Ontario, de 17 % à Québec et de 20% dans l'Ouest. En Nouvelle-Écosse et au Nouveau-Brunswick, où la fabrication n'a jamais été très développée, il n'y avait pas de changement appréciable. Enfin il y avait augmentation de salaire en Colombie (10%) et dans l'ile du Prince-Édouard (50%).

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l'outillage et malgré l'augmentation considérable de la production, la demande de main-d'oeuvre a été plutôt inférieure à l'offre aussi les gages du personnel se sont-ils abaissés. Toutefois depuis quelques années, vu le succès obtenu par l'enseignement technique, un gérant ayant fait des études professionnelles sérieuses gagne aisément 75 dollars par mois, salaire notablement supérieur à celui qu'il aurait touché il y a vingt ans, tandis que les simples praticiens et les manoeuvres reçoivent au maximum 40 dollars.

Les efforts déployés par les associations d'industrie laitière pour conquérir un débouché en Angleterre n'ont pas été vains, et le marché britannique s'est graduellement ouvert aux produits canadiens, surtout en ce qui concerne le fromage. D'après les statistiques de la douane anglaise, les expéditions canadiennes, qui représentaient en 1892 près de 47 % (1) des importations de fromage au Royaume-Uni, prenaient en 1904 plus de 70 % de ce trafic (2). Pendant la même période, le contingent de la Belgique et celui de la Nouvelle-Zélande augmentaient légèrement, celui de la Hollande et de la France restait stationnaire, enfin celui des États-Unis diminuait de moitié (3).

En ce qui concerne le beurre, le Danemark a conservé la supériorité qu'il avait acquise il y a trente ans vis-à-vis des autres pourvoyeurs de la consommation britannique. Si de 1895 à 1904 le Canada a sextuplé le montant de ses envois de beurre en Angleterre, distançant la Hollande et la Suède, et menaçant dans leurs débouchés la France et la Russie, il n'a pu dépasser encore ni le Danemark, ni l'Australie (4). Les résultats obtenus n'en sont pas moins satisfaisants dans leur ensemble.

(1) 59 000 tonnes sur un total de 125 000.

(2) 103 000 tonnes sur un total de 150 000.

(3) Contingent de ces cinq pays dans le total des importations de fromage en Angleterre pour l'année 1904: États-Unis, 20 000 tonnes; Hollande, 16 000 tonnes; Belgique 5000 tonnes; Nouvelle-Zélande, 3200 tonnes; France, 2000 tonnes.

(4) Contingent des principaux pays dans le total des importations de beurre en Angleterre :

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L'augmentation du débouché de l'industrie laitière canadienne sur le marché de Londres se complète par une amélioration beaucoup plus marquée de la qualité des produits. Le relèvement des cours témoigne des progrès réalisés dans cet ordre d'idées de 1895 à 1904. A la première de ces deux dates, le beurre danois se vendait à Londres 22 cents 1/4 la livre, le beurre australien 19 cents 3/4 et celui du Canada 17 cents seulement. Dix ans plus tard, les prix des deux premiers types ont augmenté de 3/4 de cent, et le cours du troisième s'est élevé de 2 cents. En tenant compte du renchérissement général du beurre sur le marché londonien, la marque canadienne a donc gagné 1 point 1/4 au cours de la période considérée. Tout porte à croire que ce progrès n'est pas le dernier, et qu'avant peu d'années le beurre et le fromage canadiens égaleront en qualité les produits similaires du Danemark et de la Hollande.

La comparaison entre les exportations de l'élevage proprement dit et celles de l'industrie laitière tourne à l'avantage de cette dernière branche de la production agricole. Bien que supérieur à l'industrie laitière par la valeur de son rendement total, l'élevage n'est pas encore parvenu à se créer au dehors et spécialement au Royaume-Uni un débouché extérieur comparable à celui du beurre et du fromage canadiens (1). Mais, réserve faite de l'espèce ovine, qui semble condamnée à une déchéance irrémédiable, tout fait espérer qu'il n'en sera pas toujours ainsi. L'ampleur considérable prise par l'élevage dans les provinces de l'Ouest au cours des cinq premières années du présent siècle, semble indiquer que la Prairie canadienne deviendra avant longtemps le grand entrepôt de bétail vivant et de viandes conservées du Royaume-Uni, laissant par une division du travail tacite aux provinces de Québec et d'Ontario la charge de pourvoir la métropole britannique en produits de l'industrie laitière.

(1) La valeur des viandes fumées ou salées exportées du Canada pendant l'année 1906 s'élevait à 15 millions de dollars, et celle des animaux vivants à 13 millions et demi de dollars. Les chiffres correspondants pour le beurre et le fromage sont 7 et 24 1/2 millions de dollars respectivement

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BIBLIOGRAPHIE

I

COURS D'ANALYSE INFINITÉSIMALE, par CH. J. DE LA VALLÉE POUSSIN, tome 1, 2 édition, 1909. Louvain, UystpruystDieudonné. Paris, Gauthier-Villars.

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La première édition de ce livre était excellente; celle-ci est un vrai bijou. Dès l'origine, la notion de borne et celle de plus grande limite sont introduites, d'où une grande simplification dans la preuve du théorème de Cauchy relatif à l'existence de la limite d'une suite.

L'auteur donne ensuite les théorèmes sur les fonctions continues (Cauchy et Weierstrass) puis, en 18 pages (p. 40 à p. 58), une excellente théorie des Ensembles. L'on sait assez que cette théorie s'impose à qui veut creuser la notion de fonction. Il faut seulement éviter les excès, ce que M. Poincaré nomme le « Cantorisme». C'est bien ce que fait M. de la Vallée.

Ces notions, introduites par Cantor, permettent, après la théorie élémentaire de la dérivée, de donner la théorie savante du nombre dérivé (Dini, Scheffer, Lebesgue).

Nous arrivons, après les questions élémentaires classiques, à la définition de l'intégrale. Pour les fonctions simples, ayant un nombre fini de discontinuités finies dans un intervalle fini, M. de la Vallée, par une ingénieuse remarque, améliore l'exposé ordinaire. Puis nous voici en présence du chapitre le plus étonnant de ce livre entre les pages 230 et 272, l'on trouve tout ce que nous possédons de plus moderne et de plus profond sur l'intégrale. D'abord les travaux de Riemann et de MM. Jordan et Darboux. Puis la mesure des ensembles de MM. Borel et Lebesgue. Enfin

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l'intégrale de M. Lebesgue, dont la définition est meilleure que celle de Riemann (1).

Ce chapitre, où M. de la Vallée a mis de l'originalité et une grande force synthétique, sera remarqué par les savants. C'est une très belle amélioration de la première édition, qui donne un très grand relief à ce cours.

Les questions élémentaires, la géométrie, les liens entre la continuité et la convergence uniforme sont très bien exposés. A la fin du volume on trouve les définitions les plus générales des lignes rectifiables et des aires quarrables, définitions reposant sur la notion de « variation bornée» due à M. C. Jordan, et sur les notions de M. Lebesgue. La théorie des fonctions implicites est fort bien présentée, mais je préfère, pour ma part, l'exposé de M. Goursat (2). Cet exposé a l'avantage d'introduire la féconde méthode des approximations successives dont M. Émile Picard a tiré un si grand parti dans des domaines divers. (Il me fallait bien trouver l'occasion d'une petite critique !) Je signalerai encore le théorème sur l'interversion de l'ordre des dérivations (p. 120). L'énoncé est plus précis que les énoncés ordinaires.

Quant à la règle de l'Hospital, un bel exemple nous rappelle avec quel soin il faut conduire les opérations de passage à la limite.

En deux mots, le livre de M. de la Vallée Poussin est original et classique. Les débutants peuvent et doivent s'en servir, en omettant les chapitres difficiles. Et ceux-ci seront utiles même aux géomètres.

Nous souhaitons voir bientôt la seconde édition du tome 11 et l'apparition du tome III. En écrivant comme il le fait, l'auteur rend grand service.

L'on remarquera que plusieurs questions sont traitées de façon plus simple que dans la première édition. C'est dire le soin avec lequel cet ouvrage est composé.

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Vte R. D'ADHÉMAR.

(1) Tout récemment, dans les CoMPTES RENDUS de l'Académie des Sciences, M. Painlevé insistait sur le fait que la notion de M. Lebesgue n'est pas artificielle et conduit à des résultats intéressants dans la théorie générale des fonctions.

(2) Société Mathématique de France, 1904.

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