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graphie physique, apprirent aux lettrés que si l'on pouvait lire l'histoire de la terre sans être un savant de profession, on ne pouvait la comprendre qu'en ne séparant jamais l'étude des formes actuelles de la considération du passé, qui les a engendrées. Ainsi il jetait le pont entre la géologie et la géographie, en prouvant par le fait la fécondité d'un accord entre ces deux domaines du savoir humain. Et ce pont amena, à la suite des géographes, vers la vision de quelques rayons de science et de vérité, un monde inattendu, celui des amis du paysage, ravi de voir ceux-ci prendre une vie nouvelle, avec la révélation des cycles de changements dans lesquels chacun d'eux est perpétuellement entraîné.

Historien de la terre, de Lapparent n'eût pu considérer son œuvre comme complète, s'il n'avait exposé aussi les caractères des espèces minérales qui composent l'écorce et le rôle qu'elles y jouent. Ce fut la raison d'être de son Cours de minéralogie; ses élèves le lui réclamaient d'ailleurs. Il réussit en le présentant sous la forme la plus élémentaire, à faire pénétrer dans l'enseignement les doctrines cristallographiques de Bravais, si bien complétées par Mallard. Il facilita du même coup aux géologues, l'accès des méthodes optiques de la pétrographie moderne. L'oeuvre eut la chance de paraître juste au moment où le progrès des études optiques venait de remettre en question le système cristallin de la plupart des espèces, rendant ainsi surannés presque tous les ouvrages de minéralogie déjà publiés, et de nouvelles éditions devinrent rapidement nécessaires. Chacune enregistra de nouveaux progrès. Dans la 2e édition, la partie optique reçut de nouveaux développements et l'auteur, utilisant les beaux mémoires que, dans l'intervalle, Mallard avait publiés, put présenter, sur les groupements cristallins, l'isomorphisme et le polymorphisme, un essai succinct

de synthèse, susceptible de se résumer dans deux curieuses propositions: d'abord que la nature, par une sorte de tolérance systématique, admet des matériaux légèrement dissemblables à la construction d'un même édifice minéral; ensuite que, par des combinaisons d'individus de même espèce, qui réalisent la conquête d'une symétrie supérieure à celle de chacun d'eux, elle semble s'ingénier à placer les minéraux dans les conditions les plus propres à garantir leur résistance aux agents extérieurs de destruction.

La troisième édition fit de larges emprunts aux traités de MM. Tschermak, Renard, Lacroix. La quatrième mit à profit les travaux de M. F. Wallerant, sur les groupements cristallins. Par ces travaux, quelques obscurités qu'avaient pu laisser subsister les théories anciennes, semblaient dissipées, en même temps qu'un ordre très séduisant s'introduisait dans le sujet si difficile et si compliqué des macles. La nouvelle doctrine, loin de rien répudier d'essentiel dans l'œuvre poursuivie d'Hauy à Mallard, empruntait à ce dernier la féconde notion de symetrie-limite, pour en faire, par une heureuse extension, le pivot de toutes ses conceptions.

Ce qu'il y a de plus surprenant dans le Cours de minéralogie de de Lapparent, c'est qu'en quelques années il put en donner quatre éditions. Il sut, malgré l'aridité légendaire du sujet, faire apprécier des lecteurs de langue française la beauté de l'édifice doctrinal de la minéralogie, son incomparable degré de précision, et la merveilleuse harmonie des phénomènes matériels dont l'étude de la matière cristallisée fournit la preuve éclatante. C'est ainsi qu'il était apprécié dans le NEUES Jahrbuch für MINERALOGIE, par la plume autorisée de Max Bauer (1): « Von allen anderen Lehrbüchern der

(1) Max Bauer: Neues Jahrbuch für MineralOGIE. 1890, p. 19.

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französischen Litteratur ist das vorliegende dem Gebrauch von Fachmineralogen wohl das geeignetste ».

L'ensemble des traités de de Lapparent sur la minéralogie, la géographie et la géologie constitue par son importance une série didactique telle, qu'aucun savant n'en écrivit jamais dans aucun pays, une œuvre à la fois personnelle et complète, où il serait difficile de signaler un chapitre déplacé, indigne des voisins: partout l'auteur a su rester à la hauteur du sujet. Ses volumes eurent une vogue que les ouvrages de science pure ont rarement acquise, et le distingué secrétaire général de la SOCIÉTÉ BELGE DE GÉOLOGIE, M. Vanden Broeck (1) pouvait dire : « que l'apparition des nouvelles éditions de ces livres constituait de véritables événements scientifiques ».

Les succès qu'il obtint par ses livres, n'étaient dépassés que par ceux qu'il devait à sa parole. Il était de ces hommes qui savent se faire écouter, possédant le talent de charmer leurs auditeurs et le don plus rare de maintenir sous le charme leurs interlocuteurs désarmés. Mais ces dons précieux et ces talents enviés ne constituaient pas de Lapparent tout entier : il avait en réserve d'autres qualités pour ceux qui l'approchaient dans l'intimité, et pour ceux, plus nombreux, qui le rencontraient dans les sociétés savantes, où il fréquentait assidûment. Il s'y épanchait librement et volontiers, et c'est dans ces moments d'épanchement, dans le laisser aller familier de paroles volantes, ou dans le feu des critiques, que l'on voyait se dégager le fond de son caractère. Sans doute l'amour de la science en constituait le trait essentiel, et il le témoignait assez par l'attention extrême avec laquelle il suivait les communications ; ses remarques frappées au coin du jugement attestaient à la fois de la vivacité de son intelligence et de la net

(1) Vanden Broeck: SOCIÉTÉ BELGE DE GÉOLOGIE, T. 19, p. 281. IIIe SÉRIE. T. XVI.

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teté de ses vues, comme aussi de la solidité et de la généralité de ses connaissances. Mais son penchant pour l'ordre et la lumière n'était pas moins vif que son sentiment pour la science: il excellait dans une discussion à mettre en relief le résultat acquis, à isoler les points essentiels, à rendre simples pour tous, les exposés diffus et complexes. Ses relations étaient faites de courtoisie, de droiture, d'affabilité ; et son intervention était ;; d'autant mieux venue dans les réunions que, loin de chercher à imposer ses vues personnelles, à la façon des esprits sectaires, de Lapparent restait toujours préoccupé de découvrir ce qu'il y avait de bon dans les idées de ses confrères. Il s'employait alors à les faire accepter. Limpide ou enjoué, pressant ou entraînant, il n'avait de traits acérés que quand il se croyait en face de l'erreur conquérante. Esprit ouvert et séduisant, aux sentiments indépendants et au coeur dévoué, il semble que de Lapparent n'ait vécu que pour rendre aux autres la route plus plane et plus sûre.

Mais parmi les multiples sociétés qui bénéficièrent de son activité et de son dévouement, une mention spéciale est due à la SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE : elle fut la première à faire appel à lui, et il se donna à elle sans arrière-pensée. Pour cette petite patrie, il avait les sentiments d'un fils, et d'un fils qui tenait pour sa mère « La géologie, disait-il à ses confrères au début de sa carrière (1), est une bonne mère, qui n'a pas coutume d'élever ses enfants dans la crainte et le tremblement. La science géologique s'apprend au grand air, en face de la nature et loin de tout appareil. Tous ceux qu'elle réunit sur le terrain, quel que soit leur age, partagent les mêmes fatigues, endurent les mêmes intempéries, se réjouissent au même soleil et

(1) Sur les progrès récents de la géologie, BULL. SOC. GÉOL. DE FRANCE, 1868, T. XXV, p. 560.

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s'assoient à la même table ». Cette commensalité devait laisser chez lui une empreinte qui ne s'effacerait pas. Aucune science, disait-il encore, n'établit entre les hommes des liens aussi étroits et aussi solides, << aucune ne peut mieux contribuer à effacer les préjugés, et à produire cette union si désirable qui, née sur le terrain de la science, ne tardera pas à prévaloir dans toutes les autres branches de l'activité humaine » (1). Par ses réunions, en effet, où la discussion est libre et vivante, par ses excursions où assistent les maîtres et les élèves, par l'habitude de travailler en commun et de vivre de la même vie, la Société géologique a su établir entre ses membres des liens de fraternité cordiale d'une rare puissance, une confraternité scientifique dont tous sont jaloux de Lapparent demeura toujours parmi eux le modèle. Au sortir des bancs de l'école, il avait été ému de se trouver soudain à la Société géologique, au côté de ses maîtres, entre Élie de Beaumont, Constant Prévost, de Verneuil, Hébert, Gaudry; il avait senti quel prestige leur présence assidue donnait aux séances, et quel honneur, quel contrôle précieux c'étaient pour les jeunes de parler devant de tels maîtres. Il n'oublia jamais cette leçon et donna à ses confrères, entre autres exemples, celui de l'assiduité. L'intérêt des séances lui tenait fort à coeur, et il y contribuait largement par des communications, par des exposés où, remettant de nouvelles questions à l'étude, il imprimait un stimulant énergique à l'activité de tous. Son influence allait grandissant dans les conseils de la Société à mesure des services qu'il y rendait, et son autorité lui permettait semblablement de diriger une discussion ou de railler au besoin l'humeur belliqueuse de certains de ses confrères, amis des combats au point que « l'on serait parfois tenté

(1) de Lapparent : BULL. SOC. GEOL. DE FRANCE, T. XXVIII, p. 799.

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