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il s'agit de masses rocheuses qui peuvent avoir un kilomètre et plus d'épaisseur, on conçoit toute la puissance de cette action d'écrasement.

De fait, on constate très souvent que le flanc renversé a subi une grande diminution d'épaisseur, que certaines couches de roches tendres y ont disparu ou se sont accumulées en lentilles, et que d'autres bancs durs sont fragmentés dans le sens de la longueur; la roche paraît s'être cassée plutôt que de subir l'action d'étirement. Mais il n'en est pas toujours ainsi et d'autres constatations semblent indiquer un processus tout différent; nous avons eu l'occasion de voir de façon très détaillée, au col du Sanetsch, un pli couché de plus de dix kilomètres d'envergure, dont le noyau jurassique était enveloppé de couches crétacées (Voir planche II, fig. 2). Le noyau de malm jurassique présente une charnière qui est restée en arrière de six kilomètres par rapport à la tête du pli dans les couches crétacées; de plus, celle-ci présente des ondulations multiples et a un pendage général vers le bas. Ces deux faits ne nous semblent pas explicables par l'hypothèse d'une poussée, mais indiquent plutôt un écoulement de la matière en chute libre; le pli se serait d'abord dressé vers le haut, puis déversé latéralement et les bancs auraient glissé jusqu'à ce qu'un obstacle vint arrêter leur chute; ainsi s'expliquent logiquement et le dénoyautage et les contournements externes de la tête du pli.

Nous réserverons le nom de plis couches pour ceux dont le flanc renversé est manifeste, tandis que nous appellerons nappes les superpositions anormales d'écailles de l'écorce sur d'autres plus récentes, dans lesquelles il n'y a pas trace de flanc renversé et laminé. Comment ces dernières peuvent-elles se produire ? Tout simplement par la substitution d'une faille oblique, dite faille inverse, au flanc renversé du pli couché. La

A

compression latérale d'une portion de l'écorce, au lieu d'amener un bombement, produit une rupture dans une série de terrains, et cette rupture permet le chevauchement, l'une sur l'autre, des parties autrefois juxtaposées.

Naturellement la progression d'un paquet, qui peut avoir des kilomètres d'épaisseur, laisse des traces: tantôt ce seront des lambeaux de la masse inférieure qui seront entraînés, lambeaux de poussée comme les appelaient Cornet et Briart, nappes de charriage d'après d'autres auteurs; tantôt la masse se ploiera sur elle-même, arrêtée par un obstacle; tantôt enfin elle se subdivisera et ses éléments se charrieront mutuellement.

Ce sont les théories relatives aux nappes et plisnappes, dont l'extension dans la chaîne alpine s'est révélée grandiose, qui forment l'objet principal de la suite de ce travail.

DESCRIPTION D'UNE COUPE TRANSVERSALE
DANS LES ALPES OCCIDENTALES

Chacun sait qu'un système montagneux comporte une série de plis grossièrement parallèles, dont le resserrement ou l'épanouissement en plan dépend beaucoup des obstacles qui se sont présentés lors de sa formation; la coupe transversale d'une chaîne est donc variable dans ses accidents, mais présente, dans ses grandes lignes, une certaine homogénéité.

Le profil que M. le professeur Schardt avait choisi pour le voyage qu'il dirigeait, peut être cité comme tout à fait classique ; il embrasse le Jura et le plateau Suisse, qui ont subi le contre-coup de la surrection alpine, avant d'aborder la montagne.

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Elles sont la reproduction simplifiée en certains points de coupes publiées par M. le professeur Schardt, qui nous a gracieusement autorisé à les reproduire.

I. Le Jura neuchâtelois se compose de plis des terrains jurassique, crétacé et tertiaire, largement séparés l'un de l'autre par des synclinaux en forme de bassins évasés à fond plat. On pourrait donc s'attendre à ne rencontrer en coupe que de molles ondulations. où les bancs rocheux présenteraient une allure sinusoïdale. Il n'en est pas du tout ainsi; les replis sont énergiques et fréquemment compliqués de chevauchements; des voûtes surbaissées ont leurs flancs verticaux, sinon renversés.

L'ensemble, comme nous le faisait remarquer notre directeur, a l'apparence d'une peau plissée, dont les rides s'atténuent rapidement en profondeur; nous avons eu plusieurs occasions de constater ce caractère superficiel des plis. A la combe Girard, près du Locle, profonde gorge d'érosion : les couches dressées verticalement se couchent brusquement dans leur partic supérieure; cette rupture des bancs est due à la poussée au vide et, par conséquent, est postérieure au creusement du ravin.

Ailleurs, près de « Vue des Alpes », col qui domine le bassin synclinal de la Sagne, un anticlinal nous présente un exemple frappant de l'influence de la nature des roches sur les allures tectoniques. La voûte, très régulière d'abord, se complique soudain d'une faille sur chaque flanc ; cet accident est vraisemblablement dû à ce que, par la poussée, la matière argileuse d'une assise intermédiaire s'est accumulée sous l'anticlinal et a fini par le faire crever, et par soulever le chapeau qui la recouvrait.

Citons encore un exemple frappant de phénomène superficiel.

Des travaux de terrassement avaient, près du Locle,

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récoupé une petite colline située en plein synclinal tertiaire; cette coupe montrait une lame de terrain dur sous-jacent, qui était venue percer les terrains meubles de la surface. Tandis que ceux-ci avaient pu se plisser sous la pression latérale, la roche non élastique sous-jacente s'était brisée et avait pénétré dans les couches qui la surmontaient. Rien ne trahissait cet accident en surface.

Par ces divers exemples, le professeur Schardt nous amenait à concevoir qu'il ne faut point trop séparer la tectonique des autres phénomènes géologiques; que bien souvent les allures compliquées des plis sont des phénomènes de surface, résultant du libre jeu des forces de compression. Ainsi nous habituait-il sur une échelle modeste à l'hypothèse simple et grandiose, par laquelle il explique d'autres parties des Alpes.

II. Le plateau suisse.- Nous traversâmes le plateau suisse de Neuchâtel à Bulle, par Morat et Fribourg; la coupe représentée planche I est prise plus à l'ouest parce que celle que nous suivîmes eût été trop étendue. Les cultures, les forêts et les laisses morainiques de la période glaciaire y recouvrent la majeure partie du terrain, que les eaux découpent beaucoup moins : il ne se prête donc guère à un examen rapide. Nous pûmes cependant vérifier que la suite de petites collines qui s'alignent parallèlement aux lacs de Neuchâtel et de Bienne est formée de terrains sédimentaires en place, très approximativement horizontaux. Ce sont donc des témoins de l'ancien niveau des dépôts marins et lacustres, attaqués par l'érosion continentale; ces dépôts ont été creusés au-dessous du niveau actuel des rivières, puisqu'il y a tant de parties lacustres dans le réseau fluvial.

D'aucuns attribuent ce surcreusement au travail des grands glaciers quaternaires; ce pourrait être admissible pour les lacs débouchant des Alpes, comme le lac

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