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de la criminalité. Le nombre de délinquants augmente d'année en année; la gravité des délits s'accroît à mesure que se développe l'ingéniosité des malfaiteurs; le flot de la récidive monte toujours. Les crimes passionnels, les attentats dus à la dépravation ou aux perversions morbides se répètent avec une fréquence effrayante; la criminalité alcoolique, cette criminalité aveugle, qui s'attaque surtout aux êtres sans défense, aux enfants et aux femmes, fait chaque jour de nouvelles victimes. Les vols financiers ne se comptent plus; la criminalité juvénile se développe en nombre, en gravité, en précocité comme se multiplient, hélas, aussi l'alcoolisme et les suicides d'enfants (1).

La Société a les criminels qu'elle mérite, disait Lacassagne; rien n'est plus juste. Et pour n'esquisser que quelques traits du sombre tableau de l'étiologie criminelle, je signalerai parmi les facteurs essentiels de l'accroissement de la criminalité : l'affaiblissement du sentiment religieux, la pénétration dans les masses de théories destructrices de l'ordre social, l'éducation de l'enfance, fondée sur les bases fragiles et instables de la morale humaine, la revendication au nom du progrès et la défense au nom de la science de principes antisociaux qui mettent en péril l'existence même de la race, l'influence détestable d'une ploutocratie qui croit qu'en ce monde tout se paie et s'efface par de l'argent, les progrès de l'alcoolisme, la fréquence des tares vénériennes dont l'action néfaste pèse si lourdement sur la génération actuelle, enfin l'influence délétère de la littérature moderne.

La publicité sensationnelle organisée autour du

(1) Le nombre des suicides a une tendance à s'accroître chaque année, notamment dans les grandes villes; l'accroissement des suicides est surtout prononcé pour les jeunes gens au-dessous de 20 ans. Une statistique récente donne pour Saint-Pétersbourg une proportion de 19% de suicides au-dessous de 20 ans, en 1907, au lieu de 12% en 1905. Parmi la population scolaire, le nombre de suicides en 1907 est de 40 au lieu de 13 en 1904.

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crime, ne trouble-t-elle pas profondément les indécis, les dégénérés, les meurtris de la vie, par ces hideuses reproductions de crimes auxquelles certaines feuilles illustrées semblent devoir leur vogue et par ces descriptions, abondant en détails suggestifs et macabres, que le journal moderne lance dans ses éditions spéciales? Et que dire de ce reportage judiciaire effréné qui amène à l'audience un public friand d'émotion, avide de scandale, venant se complaire au spectacle de cet accusé qui s'effondre, et se délecter des misères intimes étalées au grand jour comme, jadis, les citoyens romains accouraient au cirque voir souffrir les victimes jetées aux bêtes?

Et l'on s'étonne de constater dans une société soumise à tant de ferments d'énervement et de dissolution, que la marée criminelle monte irrésistiblement ? Est-il surprenant, par exemple, que les crimes passionnels et les délits commis par des adolescents, se multiplient quand le roman, le théâtre et le journal s'efforcent de créer autour de leurs auteurs une atmosphère de sympathie, d'excuse, j'allais dire d'admiration?

Au péril grandissant de la criminalité, la Société a le devoir d'opposer une action vigoureuse. Tout en reconnaissant l'importance primordiale d'une prophylaxie sociale éclairée qui, seule, peut atteindre le mal dans ses racines, elle se doit de recourir à une répression énergique, en utilisant les armes si parfaites que la police scientifique moderne met à sa disposition. Car il ne faut pas se le dissimuler, si le danger criminel grandit avec le nombre de délits, il revêt surtout un caractère de spéciale gravité, par le fait de l'ingéniosité et de l'habileté professionnelle toujours croissantes des malfaiteurs. La diffusion de l'instruction, la vulgarisation des notions scientifiques, les conditions de la vie moderne ont créé une génération nouvelle de criminels, intelligents et adroits dans la conception et l'exé

cution de leurs actes, prudents, attentifs à éviter les moindres fautes, utilisant les derniers procédés de la science, possédant un outillage merveilleux, plus dangereux aussi et plus brutaux, car ils sacrifient sans merci la victime qui trouble leurs opérations ou l'audacieux qui s'oppose à leur fuite.

Mais si le xxe siècle a vu naître des artistes en criminalité comme il a vu fonder des écoles de cambrioleurs, il a vu se produire aussi, par une réaction naturelle de défense sociale, une organisation policière et judiciaire scientifiques, résultat fécond de l'oeuvre considérable accomplie, en ces vingt dernières années, dans le domaine de l'anthropologie criminelle.

Parmi tant d'armes nouvelles pour assurer la découverte du coupable et l'arrestation des criminels, pour établir leur identité et rechercher leur passé judiciaire, la méthode des empreintes digitales a été évoquée à son heure, répondant à une nécessité indiscutable et n'ayant failli à aucune de ses plus audacieuses pro

messes.

Puisse cet exposé vous avoir démontré que, basée sur des éléments scientifiques qui ne peuvent changer et ne sauraient tromper, la dactyloscopie possède en elle la certitude absolue, indispensable, dès que l'on veut toucher à la liberté humaine. Puisse-t-il vous avoir convaincu du rôle prédominant qu'elle est appelée à jouer dans l'enquête criminelle moderne, quand dégagée des hésitations et des imperfections du début, la dactyloscopie judiciaire pourra, dans la plupart des cas, nous révéler le nom du criminel, en analysant la signature digitale que, fatalement, il doit abandonner sur les lieux de son crime.

Dr L. VERVAECK, Médecin de la Prison de Bruxelles.

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LA PEUR DE L'ENFANT

DANS LES CLASSES DIRIGEANTES (1)

Des dix plaies qui désolèrent l'Égypte, celle qui mit le comble à l'épouvante de la nation, et arracha à l'obstination du Pharaon l'édit libérateur d'Israël, fut le coup porté à la population par l'extermination des premiers-nés. En ces temps-là, les époux n'entrevoyaient pas de perspective plus délicieuse que des fils et des filles leur faisant une couronne d'honneur et se pressant autour de leur table, comme les jeunes pousses au pied de l'olivier. Qui, alors, eût prévu des jours où une pluie de sauterelles semblerait plus redoutable que la disparition des enfants, où, prévenant les coups glaive vengeur, des instigations criminelles et contre nature mettraient à la mode le dépeuplement volontaire des foyers?

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d'un

Le mal cependant ne date pas d'hier on en trouve des traces dans la Bible, et la Grèce en souffrit au Ive siècle avant notre ère. Sparte, notamment, connut ce que nous appellerions aujourd'hui une crise de la famille, et même une crise du mariage, que le Gouvernement essaya vainement d'enrayer par des faveurs légales trois enfants libéraient les citoyens de certaines corvées; quatre, les affranchissaient de tout

(1) Conférence faite à l'assemblée générale de la Société scientifique le 22 avril 1909.

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impôt (1). Quant aux esclaves, ils étaient en cela comme en tout le reste à la merci de leur maître.

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A son tour, Rome, amollie par un paganisme égoïste et jouisseur, trouva dans l'opulence même le principe de sa ruine elle n'eut plus ni la force d'aimer que demande l'union conjugale, ni la force d'élever les enfants qui en sont le fruit; et l'empereur Auguste fit une tentative inutile pour multiplier les mariages et accroître les familles (2).

La préoccupation de maintenir, dans leurs républiques idéales, soit l'aisance moyenne qu'ils prétendaient assurer à tous les citoyens, soit l'égalité des biens qui devait, pensaient-ils, prévenir tous les conflits sociaux, inspira aux deux plus illustres philosophes de l'antiquité, des vues et des conseils opposés aux familles nombreuses, Platon charge le pouvoir souverain de veiller efficacement à ce que dans son État idéal le nombre des foyers demeure invariablement le même (3); Aristote réglemente l'âge du mariage, et les conditions qui permettent de laisser la vie aux enfants (4). Infatuation statique, qu'excuse l'enfance de la science économique, mais qui s'égarait en cherchant l'ordre et la paix où elle ne pouvait trouver que la paralysie, la corruption et la mort.

Sous une image qui serait plaisante, si la réalité n'était si triste, un poète ovidien de quelque mérite nous a dépeint la peur de l'enfant dans la Rome décadente. C'est la « complainte d'un vieux noyer » (5).

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Jadis, en des temps meilleurs, les arbres rivali

(1) P. Guiraud. La population de la Grèce ancienne. REVUE DE PARIS, 1 novembre 1904.

(2) Lex Julia, de ordinibus maritandis, à joindre à la Lex Papia Poppaea. (3) Les lois, 1. 5, c. 8-10.

(4) Voy. Pöhlmann. Geschichte des antiken Komunismus und Socialismus, t. 1, p. 601 ss.

(5) Nux. L'élégie fut publiée parmi les œuvres d'Ovide. L'auteur, dont le nom est inconnu, appartient au siècle d'Auguste.

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