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Mer de Weddel, les explorateurs se dirigeront en droite ligne vers le sud et essaieront non seulement d'atteindre le Pôle austral, mais de traverser de bout en bout tout le continent antarctique.

Une expédition accessoire, comprenant un deuxième navire, visitera la Terre Victoria, y établira des dépôts de vivres et recueillera les premiers explorateurs pour les ramener en Europe, s'ils ont réussi à traverser toutes les terres antarctiques en passant par le Pôle. Le point de départ du premier bâtiment sera probablement les Iles Orkneys, tandis que le second partira de la Nouvelle Zélande.

La distance qui sépare la Terre de Coats du Pôle Sud est d'environ 1800 kilomètres à vol d'oiseau; elle est donc supérieure de 500 kilomètres à celle qui la sépare de la Terre Victoria ou de la Terre du Roi Edouard.

Le lieutenant Filchner estime à 2500 000 francs les frais de sa double expédition qui a l'appui moral de l'Empereur Guillaume et du Prince régent de Bavière. Il a déjà réuni un grand nombre de souscriptions, dont une, celle d'un anonyme, membre de la Société de géographie de Berlin s'élève, à elle seule, à 375 000 fr.

L'explorateur pense partir en octobre prochain, date à laquelle il aura terminé la relation de son voyage au Tibet et se trouver l'été suivant dans la Mer de Weddel. Il a déjà engagé des pourparlers en vue de l'acquisition des deux navires nécessaires. Ce sont deux bateaux servant à la pêche aux phoques, l'un de 550, l'autre de 250 tonnes.

La nouvelle que le lieutenant Filchner adopte pour son expédition le plan même du Dr Bruce avec pour base d'opération la Terre de Coats, a causé un certain étonnement dans les milieux anglais.

Mais le lieutenant Filchner a tenu à dissiper tout malentendu. Son but principal n'est pas de conquérir le Pôle lui-même, mais d'explorer la région qui sépare

la Mer de Weddel de la Mer Ross. Il donne comme preuve de ses bonnes intentions et de son désintéressement à ce sujet la date éloignée de son départ d'Europe. Si l'on songe que pratiquement il n'a pas encore commencé ses préparatifs, on conçoit qu'il n'ait guère la perspective de se mettre sur les rangs des conquérants immédiats du Pôle Sud. Rappelons d'ailleurs que les trois organisateurs allemands, écossais et anglais sont en très bonne relation et tout disposés à se porter secours quand l'occasion s'en présentera.

En terminant ce long exposé historique, nous ne pouvons que souhaiter bonne chance à ces hommes intrépides qui, pour faire avancer la science et procurer un peu de gloire à leurs pays, n'hésitent pas à se lancer dans l'inconnu et à éprouver des fatigues énormes. Pour que cet article fût complet il serait nécessaire de dire l'utilité de toutes ces expéditions au point de vue scientifique. Qui sait si même plus tard on n'arrivera pas à en tirer parti au point de vue industriel? La presqu'ile de l'Alaska dont le climat est si rigoureux est maintenant habitée par une population très florissante, on y trouve des villes prospères organisées avec tout le confort moderne. Le Spitzberg lui-même n'est-il pas habité tout le long de l'année, fournissant un charbon excellent à des contrées plus méridionales?

Rappelons ce que disait Cook il y a plus d'un siècle et quart: « Le danger qu'on court à reconnaître une côte dans ces parages est si grand que, j'ose le dire, personne ne se hasardera à aller plus loin que moi et ainsi les terres qui peuvent être plus au sud ne seront jamais reconnues. »

Or, malgré la prédiction du grand navigateur, ces terres ont été reconnues, des hommes y ont passé des hivers entiers et même des années sans plus souffrir du climat qu'on souffre dans plusieurs autres régions

déshéritées de notre globe. Ils ont fait des excursions de plusieurs mois sur ce sol glacé, franchissant des centaines de kilomètres. Ils ont découvert à fleur de terre des traces de charbon. La rapidité de leur course ne leur a pas permis de faire une étude assez détaillée pour reconnaître s'il n'existe pas des gisements de

minerais.

Mais quand le premier engouement sera passé, quand les explorateurs, au lieu de vouloir simplement gagner un record, visiteront le pays tranquillement, sagement oserons-nous dire, alors les profits au point de vue scientifique et peut-être industriel seront certainement considérables. D'ici là, il est nécessaire que nous ayons du continent antarctique une connaissance plus sûre que celle que nous pouvons en avoir actuellement, et c'est à quoi vont travailler activement de hardis explorateurs, prêts à affronter les dangers qui causaient tant d'horreur à des marins aussi énergiques que Cook et ses compagnons.

Abbé TH. MOREux,
Directeur de l'Observatoire de Bourges.

LE

MONISME PSYCHOBIOLOGIQUE

(1)

Emmanuel Fichte faisait preuve de clairvoyance, lorsque, dans sa lettre à Zeller, il écrivait, il y a une trentaine d'années, que le point culminant de la grande bataille qui se livrait alors dans tous les domaines du savoir était dans cette alternative: Qui a raison des mécanicistes athées ou des théistes finalistes (2)?

Si l'on avait fait à cette époque le recensement des forces en présence, le parti du mécanicisme aurait eu pour lui, dans les milieux scientifiques, une forte majorité. Presque tous les biologistes étaient de ce côté.

C'était le moment où la doctrine darwinienne, patronnée en Allemagne par Haeckel, suscitait de si fanatiques enthousiasmes. Le déterminisme matérialiste voyait de beaux jours.

(1) Conférence faite à l'Assemblée générale de la Société scientifique de Bruxelles, le 5 avril 1910.

(2) Alle Particulargegensätze sind heute untergegangen, gleichsam verschlungen von dem Grundgegensatze der mechanistischen Weltansicht und der teleologischen; oder kürzer und verständlicher von Theismus und Atheismus. Der grosse Kulturkampf, welchen die Gegenwart durch alle Verzweigungen ihrer wissenschaftlichen Bildung durchzustreiten hat, gipfelt definitif in jener höchsten oder letzten Alternative, ob in der physischen wie in der moralischen Welt lediglich die blinde Nothwendigkeit eines zwingendden Naturgesetzes walte, also was man als zwecklosen Zufall zu charakterisiren das Recht hat oder ob im Gegentheil das sichtbare Universum wie die innere Welt des bewussten Geistes nach ihrer gesammten Thatsächlichkeit in letzter Instanz allein erklärbar und begreiflich werde durch die Annahme eines (irgendwie zu denkenden) absolut intelligenten Princips (Fragen und Bedenken, Sendschreiben an Zeller, Leipzig, 1876). »

Plus n'était besoin, à en croire les tenants de la science positive, de recourir à une âme pour expliquer la vie. L'être vivant n'est, disaient-ils, qu'une machine très compliquée; il n'y a rien en lui qui ne soit du ressort de la physique et de la chimie.

Les réalités psychiques étaient traitées comme des qualités négligeables, des épiphénomènes, comme on les appelait, incapables d'agir efficacement dans le déterminisme causal qui entraîne le monde.

On pensait tenir la formule magique qui résolvait d'une manière définitive le problème de l'évolution : la sélection naturelle dans la lutte pour la vie devait rendre compte de tout.

L'homme tout entier descendait de l'animal, c'était chose entendue. Et donc, la spiritualité de l'âme, la liberté, la vie future, tout comme la création de l'homme par Dieu, étaient rangées parmi les légendes mythologiques. La science matérialiste n'avait pas assez de mépris pour les arriérés qui s'attardaient encore à admettre de pareilles niaisieries!

Tout allant dans le monde comme si Dieu n'existait pas, disait-elle, passons-nous de Dieu la nature se suffit à elle-même. Done aucun dualisme, ni dualisme d'esprit et de matière, ni dualisme de créateur et de créature, mais le monisme complet admettant une seule et même réalité dans tout l'Univers : la Matière.

Les choses, on le sait, n'ont pas marché dans la suite au gré des matérialistes (1).

Bon nombre de biologistes, étudiant sans parti pris les phénomènes vitaux, se sont convaincus de la faus

(1) Quelques-unes des phases de la réaction antimécaniciste et antidarwinienne ont été signalées dans les articles précédemment publiés dans cette même REVUE (janvier et avril 1910): Un demi-siècle de Darwinisme, et dans le Bulletin de Philosophie biologique des ÉTUDES du 20 janvier 1910 : La Constitution de l'être vivant.

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