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dans tous les tremblements de terre, et soit dans la région centrale soit au loin. Dans la ville de Marseille, par exemple, éloignée de quarante kilomètres du centre du phénomène, certaines maisons n'ont rien ressenti, tandis que dans d'autres quartiers la secousse a provoqué une panique.

De même l'influence funeste des failles peut s'expliquer par l'obstacle qu'elles opposent au passage régulier de l'onde séismique. Toutefois il semble que les régions soumises aux tremblements de terre soient en général traversées par des failles et par conséquent que, outre leur action mécanique, ces cassures aient aussi une action géologique dans le phénomène. La région du tremblement de Provence est traversée par plusieurs failles sur lesquelles M. Paul Lemoine a attiré d'abord l'attention, mais cet auteur exagère probablement leur influence; et d'après la carte de MM. Repelin et Laurent, géologues marseillais qui ont étudié la région attentivement, quelques-unes de ces failles ne seraient pas aussi étendues qu'on l'avait d'abord supposé.

Donc, à mon avis, pour faire progresser la théorie des tremblements de terre il ne faut pas essayer de délimiter la région sinistrée autour de cassures de l'écorce terrestre, il faut étudier l'onde séismique avec soin et chercher d'où elle peut provenir tant par une étude mécanique que par une étude géologique du terrain; mais, comme l'a fait remarquer M. Repelin, cette étude géologique ne doit pas se borner à la surface, il faut étudier les couches profondes. En effet, si l'on peut expliquer le dégagement d'énergie qui produit l'onde séismique par un phénomène volcanique ou chimique interne, on peut aussi l'expliquer par un craquement de couches géologiques comprimées, analogue à ces petits tremblements de terre artificiels qui se produisent dans les mines par suite de la détente subite de l'élasticité des terrains creusés. Ces tremblements artificiels sont fréquents dans la région minière voisine de Marseille, autour des villages de Gréasque et Cadolive, ils ébranlent quelquefois une étendue de plusieurs kilomètres. Dans tous les cas, toute région géologique disloquée doit être favorable par ses cassures tant au passage de laves en fusion qu'à une détente élastique des terrains, et c'est probablement pour cela qu'il est si difficile de décider si un tremblement de terre provient d'une cause volcanique ou d'une détente de terrains comprimés. Dans la région provençale affectée par le sinistre du 11 juin 1909, se trouve une coulée de basalte provenant d'un ancien volcan tertiaire; cette coulée de lave ne se trouve pas au centre de la région sinistrée et ne paraît III SÉRIE. T. XVIII.

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pas être intervenue directement dans le phénomène. Une abondante source d'eau chaude coule également sur le bord de la région sinistrée, dans la ville d'Aix.

Comme l'a dit M. Repelin, il faut étudier les couches géologiques profondes pour découvrir l'origine et la cause du tremblement de terre; l'origine des secousses se trouve, en effet, sous le sol à une certaine profondeur qu'il n'est pas facile de déterminer. Pour le tremblement de Provence, M. José Comas Solà trouverait soixante kilomètres de profondeur d'après un calcul basé sur le tracé du séismographe de Barcelone; quelqu'intéressant que soit ce calcul au point de vue théorique, une telle profondeur me paraît bien difficile à admettre, car de l'examen des lieux sinistrés ressort pour moi l'impression que l'origine de la secousse est à peine à une dizaine de kilomètres de profondeur. Je déduis cela de l'intensité relative du choc vertical et du choc horizontal; mais l'intensité des secousses est grandement influencée par la nature du terrain et les observations ne sont pas toujours précises, de sorte qu'il n'est pas facile de préciser exactement la profondeur.

Le choc vertical dans les tremblements de terre a donné lieu à de nombreuses discussions, on a nié son existence et surtout on nie souvent qu'il soit capable de projeter en l'air des objets. Je ne suis point de cet avis, les observations faites dans le tremblement de Provence montrent l'existence d'un choc vertical intense qui a projeté des objets ou des pierres à une hauteur de plusieurs centimètres, peut-être même de plusieurs décimètres. La raison invoquée contre la possibilité de ces projections ne me paraît pas valable: il faudrait, dit-on, une accélération supérieure à celle de la pesanteur et les tracés des séismographes n'indiquent jamais une accélération aussi grande. Ce raisonnement ne me paraît pas conforme aux lois de la mécanique, car pour projeter en l'air à une certaine hauteur un objet placé sur un support il faut lui communiquer non une accélération mais une vitesse déterminée, laquelle, dans un choc, peut dépendre de diverses circonstances, notamment de la masse et des propriétés élastiques du support sur lequel cet objet est placé.

Le choc vertical est un indice de l'origine profonde du tremblement de terre, il se rencontre violent sur un espace trop étendu et se propage trop loin pour pouvoir être attribué d'une manière générale à une réflexion de secousses horizontales sur des cassures de terrains inclinées. Mais l'existence d'une secousse verticale en un lieu donné ne prouve pas que l'origine du trem

blement de terre soit verticalement sous ce point, car la secousse verticale se propage comme l'horizontale, celle du tremblement de Provence a été enregistrée jusqu'à Barcelone.

L'origine du tremblement de terre doit donc être cherchée par une étude comparative de la secousse verticale et de l'horizontale, ainsi que de la direction prépondérante de cette dernière.

On est porté à placer le centre d'un tremblement de terre au point où les dégâts des habitations sont le plus intenses; d'après l'observation du tremblement de Provence, je soupçonne fort que c'est une erreur. Au centre même la secousse est surtout verticale; l'origine de l'onde séismique ne pouvant être un point mathématique, même la région centrale ne doit pas recevoir une secousse uniquement verticale; de plus, la Terre n'étant pas une masse homogène, des secousses horizontales réfléchies peuvent aussi atteindre cette région. Mais la secousse verticale doit être là prépondérante; or une secousse verticale, si elle n'est pas excessivement violente, est moins dangereuse pour nos habitations que le choc horizontal qui en frappant la base des murailles fait vibrer violemment tout l'édifice et le disloque complètement. Au centre même du tremblement de terre, les dégâts quoique importants peuvent être moindres qu'autour et cela doit être pris en considération dans la détermination exacte de la région centrale.

Pour la détermination de cette région il serait fort important d'avoir des observations précises et assez nombreuses faites dans la région sinistrée elle-même. Les observations faites au loin avec les séismographes de précision ont déjà donné des résultats très intéressants, mais elles donneront difficilement la position exacte du point central, parce que dans les calculs mathématiques basés sur ces observations on est obligé de supposer que la Terre est homogène ou composée de couches homogènes dont la densité varie suivant une loi simple; on ne peut pas tenir compte de la complication que présentent généralement les divers terrains géologiques autour de la région sinistrée. Les observations précises manquent toujours dans cette région, les séismographes aujourd'hui employés sont trop coûteux pour y être installés en nombre suffisant, trop délicats pour bien fonctionner sous l'action de secousses violentes. Pour parer à ces inconvénients, j'ai imaginé un nouveau séismographe, composé d'une tige plantée dans le sol que le choc de l'onde séismique doit faire vibrer; un crayon placé au sommet. de cette tige enregistre sur un papier la direction et l'intensité

de la secousse. Ces appareils étant très peu coûteux et n'exigeant aucune surveillance, on pourrait en installer un certain nombre dans les régions exposées aux tremblements de terre et avoir ainsi d'utiles observations.

A défaut d'observations données par des séismographes spécialement appropriés à ce but, on pourrait quelquefois obtenir quelque chose de mieux que par l'examen des édifices écroulés, en observant dans la campagne les déplacements de pierres placées sur le sol. En certains endroits, j'ai trouvé des pierres brisées, déplacées par projection, ou des rochers écaillés ; l'examen de ces faits ne vaut pas, à cause des irrégularités du sol, une observation faite avec un appareil préparé à l'avance, mais il peut donner de meilleures indications que l'écroulement des maisons.

En résumé, de l'étude du tremblement de Provence résulte, à mon avis, ce qui suit:

1° Pour faire progresser la théorie des tremblements de terre, encore fort imparfaite, il faut tenir grand compte de l'action mécanique de l'onde séismique, soit dans les divers terrains soit au contact de terrains différents, et ne pas confondre cette action mécanique avec une influence géologique.

2° Il ne faut pas se contenter d'étudier la géologie de surface, mais rechercher quelle doit être la constitution des couches profondes dans lesquelles se trouve l'origine de l'onde séismique.

3o Les observations recueillies dans un pays sinistré d'après l'écroulement des édifices sont très imparfaites; l'observation des petites pierres projetées ou cassées pourrait quelquefois donner des indications plus exactes, mais il serait encore plus utile d'obtenir des observations avec des séismographes simples et peu coûteux que l'on pourrait installer en nombre suffisant dans les régions exposées aux tremblements de terre. Je propose d'essayer dans ce but un séismographe à tige vibrante qui, au lieu d'enregistrer le mouvement du sol, ce qui est toujours délicat, indiquerait l'intensité et la direction de la secousse.

Afin de répondre à une question qui m'a été posée plusieurs fois, j'ajouterai que la théorie qui attribue les tremblements de terre à des mouvements analogues à ceux qui aux époques géologiques ont formé les chaînes de montagnes est, à mon avis, trop générale; si on peut l'appuyer sur des statistiques reportées sur des cartes à petite échelle, d'autre part elle n'explique pas les détails du phénomène et paraît donc avoir besoin de quelques modifications ou, si l'on préfère, de quelques développements:

Ces mouvements de terrains seraient actuellement très lents, et ils ne se produiraient pas sans que, de temps en temps, des écra sements, des détentes d'élasticité surviennent ici où là, provoquant un dégagement d'énergie libre et par suite une onde séismique. Ce dégagement d'énergie serait la cause immédiate du tremblement de terre, tandis que la lente modification de l'écorce terrestre en serait la cause éloignée.

LOUIS FABRY.

II

LA NOMENCLATURE SCIENTIFIQUE

ET LA

LANGUE INTERNATIONALE

Dans une excellente brochure, MM. les professeurs Couturat, Jespersen, Lorenz, Ostwald et Pfaundler (1), ont plaidé en faveur de l'introduction de la langue internationale ido dans la science et ils ont démontré d'une manière irréfutable la nécessité, en même temps que la possibilité de cette introduction.

La L. I. appliquée à la nomenclature scientifique donnerait à celle-ci une précision et une rigueur toute mathématique.

C'est ce théorème que je me propose de démontrer ici. Ma démonstration enseignera de plus comment il faut utiliser les principes linguistiques de la L. I. dans l'élaboration des lexiques scientifiques.

Rappelons tout d'abord que la langue scientifique, aussi bien que le langage populaire, est fondamentalement constituée par des racines, la plupart nominales ou verbales. Or, on sait que les racines scientifiques sont essentiellement internationales il suffit donc, en général, pour obtenir la racine sous sa forme internationale, de débarrasser les formes nationales des accents et des lettres inutiles, dont elles sont plus ou moins ornées ou défigurées.

(1) La langue internationale et la science. Considérations sur l'introduction de la L. I. dans la science. Un vol. in-8° de 66 pages. Paris, Ch. Delagrave, 1909.

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