Sayfadaki görseller
PDF
ePub

est rapide le mouvement de révolution que la main imprime à ce vase, moins il laisse couler l'eau qu'il contient. » Aristote, lui aussi, cite (1) cette observation; Empedocle l'invoquait, assure-t-il, lorsqu'il attribuait le repos de la Terre au mouvement du Ciel. Plutarque, de son côté, aurait pu inspirer le Pseudo-Bède ; selon lui (2), c'est le mouvement de révolution de la Lune qui supprime la gravité de cet astre et l'empêche de choir au centre du Monde. Mais il est fort douteux que le Pseudo-Bède ait pu connaître ces auteurs.

«

Moins remarquables assurément que la première, les autres hypothèses proposées par le Pseudo-Bède n'en sont pas moins tirées de raisons purement naturelles : <<< La seconde consiste à supposer que les eaux demeurent au-dessus du Ciel sous forme de vapeurs semblables aux nuées que nous voyons pendre ici-bas. La troisième suppose que, par l'effet de l'éloignement du Soleil, qui est la source principale de chaleur, le ciel aqueux s'est congelé et est devenu cohérent. »

C'est seulement après avoir énuméré ces diverses explications naturelles que le Pseudo-Bède mentionne l'explication surnaturelle d'Isidore de Séville: « Enfin, dit-il, on peut résoudre la difficulté par la puissance divine; les eaux sont retenues en leur lieu par la volonté de Dieu, à l'aide d'un procédé inconnu des hommes. >>

L'auteur du De constitutione mundi liber rapporte ici l'explication théologique d'lsidore sans lui donner la préférence sur les arguments purement physiques; il semble même que son rationalisme s'accommode mieux de ces derniers. On éprouve souvent une impression du même genre lorsque cet auteur rapproche l'opinion des docteurs chrétiens de celle des philosophes païens,

(1) Aristote, Tepi Oúpavoû тò B, ay; De Cælo et Mundo, lib. II, cap. VIII. (2) Plutarque, Περὶ τοῦ ἐμφαινομένου προσώπου τῷ κύκλῳ τῆς σελήνης, Ζ; De facie quae apparet in orbe Lunae, VI.

lorsqu'il écrit, par exemple, le passage suivant (1) : « Au-dessus de ces eaux sont les cieux spirituels qui contiennent les vertus angéliques; selon d'autres, il n'y a rien que le vide. »

Ce n'est pas que le Pseudo-Bède soit le moins du monde incroyant ou hétérodoxe. Il se montre, au contraire, lorsque l'occasion lui en est offerte, adversaire décidé de l'hérésie. C'est ainsi qu'il maintient très nettement (2) la doctrine enseignée dans l'Église au sujet de l'âme humaine à l'encontre des systèmes proposés par diverses autres philosophies.

Parmi les opinions erronées qu'il s'attache à réfuter se trouve celle qui devait, à partir du xe siècle, à la faveur de l'autorité d'Averroès, lutter continuellement, au sein des nations occidentales, contre l'orthodoxie chrétienne. « Il est des philosophes, dit notre auteur (3), selon lesquels il existe une Ame du Monde unique, qui remplit toutes choses, pénètre tout, vivifie tout. » <<< Certains, dit-il encore (4), prétendent qu'il existe une seule âme, qu'ils nomment l'Ame du Monde ; c'est elle qui anime tout, infuse en chaque chose des puissances conformes à la capacité de cette chose. Aux astres, elle donne la raison; aux hommes, seuls êtres parmi les choses périssables auxquels elle trouve une tête ronde et une face levée vers le haut, elle donne la raison comme elle l'a donnée aux corps célestes et, en outre, la sensualité; toutefois, ceux qui contemplent à l'excès les choses divines cessent d'éprouver aucune sensualité pour les choses animales. Aux autres animaux, l'Ame du Monde donne les deux facultés de sentir et de végéter; aux arbres et aux herbes, elle donne seulement la végétation. De même qu'un visage unique peut se mon

(1) Bède le Vénérable, loc. cit., col. 894: De supercælestibus aquis. (2) Bède le Vénérable, loc. cit., coll. 903-904 : De certa animæ origine. (3) Bède le Vénérable, loc. cit., col. 890: Cur stellæ videntur.

(4) Bède le Vénérable, loc. cit., coll. 902-903.

trer en plusieurs miroirs, que plusieurs visages peuvent se refléter en un seul miroir, de même une âme unique se trouve en toutes choses et, partout, elle est en possession de toutes ses puissances, bien qu'elle les exerce diversement dans les divers corps selon l'aptitude de chacun d'eux.

» Selon cette opinion, un homme ne saurait être pire qu'un autre, car en tous les corps réside une même âme qui est, par sa propre nature, bonne et immaculée; seulement, on peut dire que cette âme est plus profondément dégénérée en un corps qu'en un autre, parce que la raison y est dominée davantage par la sensualité qui lui est associée; en quelque corps, en effet, que se trouve l'Ame du Monde, ce corps est pour l'âme un lieu de déchéance.

» Selon cette même opinion, l'homme ne meurt jamais, en ce sens qu'il ne saurait subir la séparation de l'âme, séparation par laquelle l'âme quitterait les quatre éléments en lesquels tous les corps se résolvent. .On dit que l'homme meurt lorsque l'âme cesse d'exercer en lui ses puissances de la manière qu'elle les exerçait jusque-là.

On ne peut pas ne pas être frappé de la précision avec laquelle notre auteur expose la théorie néo-platonicienne de l'Ame du Monde; sans doute, nous connaissons la source à laquelle il a puisé; son exposition reproduit en grande partie les pensées et, parfois, les expressions mêmes de Macrobe; mais il montre, avec une netteté que l'on ne rencontre pas dans Macrobe, comment la doctrine néo-platonicienne conduit à identifier entre eux tous les intellects humains, et, contre cette théorie monopsychiste, il s'élève avec une remarquable fermeté. Il est bien vraisemblable qu'il écrit après les tentatives hérétiques de Macarius Scotus et de

l'Abbaye de Corbie, et que son intention est de les combattre (1).

Le De mundi constitutione fait à Bède de nombreux emprunts; au sujet des marées il lui emprunte (2) ce que le prêtre de Wearmouth avait écrit des vives-eaux et des mortes-eaux qu'il nomme, comme son prédécesseur, malina et lædones; mais, tout aussitôt, il y joint des erreurs qui seraient bien surprenantes de la part d'un homme qui aurait passé sa vie sur les côtes de la Mer du Nord. Il professe qu'il se produit trois reflux en vingt-quatre heures, et il ajoute : « dodrantem et semiunciam hora durat », tandis que le prêtre de Wearmouth, précisant le retard diurne de la marée, avait dit : « Quotidie bis adfluere et remeare, unius semper hora dodrante et semiuncia transmissa, videtur. » Il est clair que ce passage-là a été copié sur celui-ci, mais par un homme qui n'avait aucune idée des lois du flux et du reflux.

Bède avait affirmé que les marées suivaient le mouvement de la Lune. L'auteur du De mundi constitutione liber met sous l'influence de la Lune non pas la marée diurne, mais un autre phénomène, purement imaginaire, par lequel la mer croîtrait pendant sept jours, et décroîtrait pendant les sept jours suivants. C'en eût été assez, à défaut d'arguments plus formels, pour prouver que le Livre de la constitution du Monde céleste et terrestre n'a point été écrit par Bède; qu'il a été composé par un auteur qui s'est inspiré, sans le bien comprendre, du traité du prêtre de Wearmouth.

Bien qu'il ne nous soit connu que sous un nom d'emprunt, tout à fait invraisemblable, l'auteur de cet écrit ne nous en a pas moins laissé un document des plus

(1) A propos du pré-Averroïsme de Macarius, Renan cite le De mundi constitutione liber, mais il le croit de Bède le Vénérable (Ernest Renan, Averroès et l'Averroïsme; essai historique ; Paris, 1852; pp. 101-102).

(2) Bède le Vénérable, loc. cit., col. 885: Exustiones.

intéressants pour l'histoire des doctrines astronomiques au Moyen Age.

Le Pseudo-Bède a connaissance de la théorie selon laquelle le mouvement rétrograde des astres errants n'est qu'une apparence, la marche réelle de ces astres étant une marche directe d'orient en occident, mais plus lente que celle des étoiles fixes. Il attribue cette théorie à Aristote et aux Péripatéticiens : « Ce que nous venons de dire, écrit-il (1), est conforme à l'opinion de ceux qui font mouvoir le firmament d'orient en occident, tandis qu'ils font tourner les planètes d'occident en orient. C'est l'opinion qu'affirment les Platoniciens. Aristote, au contraire, et les Péripatéticiens prétendent que les planètes tournent dans le même sens que le firmament, mais que le firmament les surpasse en vitesse, de telle sorte qu'elles semblent marcher en sens contraire. Selon cette opinion, plus une planète est distante de la Terre, plus elle tourne rapidement; Saturne est la plus rapide des planètes ; il lutte de vitesse avec le firmament, à ce point qu'en deux ans et demi, le firmament ne le dépasse que d'un signe. La Lune, au contraire, qui est la plus infime des planètes, est aussi la plus lente... Ceux-ci enseignent donc que la Terre est immobile et que tous les astres tournent dans le même sens autour d'elle. Cicéron acquiesce à cet avis; il dit, en effet, que le son le plus aigu est produit par l'extrême vitesse de la rotation du firmament, tandis que le plus grave est produit par la Lune, à cause de l'extrême lenteur de sa révolution. »

Il est bien vrai qu'au Songe de Scipion, Cicéron tient ce langage (2); mais il s'en faut bien qu'il entende adhérer par là à l'opinion de ceux qui font tourner tous les astres d'orient en occident, car il vient d'ensei

(1) Bède le Vénérable, loc. cit., col. 895: De saltu Lunæ. Cf. col. 891; De transitoriis.

(2) M. Tullii Ciceronis De re publica, lib. VI (Somnium Scipionis, § 18).

« ÖncekiDevam »