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rent plus s'allumer sans que tous les membres de la communauté n'en reçoivent la joyeuse nouvelle et ne pensent à former un souhait de bonheur en faveur de frères souvent ignorés. Sentinelle attentive à tous les accidents qui peuvent mettre en péril la sûreté publique, que l'ennemi se montre, que l'incendie éclate, que les fleuves débordent, la Cloche jette aussitôt l'alarme dans tout le pays d'alentour, et amène sur les lieux menacés des forces nombreuses dont le concours parvient souvent à repousser une attaque imprévue, ou à triompher de toute la fureur des éléments déchaînés. Dès qu'elle s'ébranle pour célébrer un grand événement national, tel qu'une victoire, un traité de paix, un anniversaire de douleur ou de gloire, une même pensée occupe, un même sentiment anime, un même mouvement emporte tout un peuple. C'est l'étincelle électrique dont la commotion se fait sentir à la fois à tous les anneaux de la chaîne. Ainsi, la Cloche rapproche l'homme de l'homme, unit les divers membres en un même corps, et en resserre les liens par une bienveillance mutuelle et une touchante fraternité.

Comme point central des souvenirs d'enfance et des charmes du pays natal, cette même Cloche affecte délicieusement l'âme des sensibilités les plus nobles et les plus pures. « Demandez au jeune » étudiant qui revient des écoles publiques, au soldat qui rentre » dans ses foyers, à l'émigrant qui rapporte au toit héréditaire >> les moyens de subsistance qu'il est allé gagner à la sueur de son visage dans des terres étrangères; demandez-leur pourquoi leur » cœur bat plus vite, pourquoi leurs yeux se mouillent de larmes, quand ils commencent à entrevoir, à travers le feuillage des » vieux ormes, au-dessus de la fumée du hameau, le clocher que >> leurs songes leur ont représenté tant de fois dans les longs jours

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de l'absence, quand arrivent à leur oreille les premières ondu>> lations de la cloche qu'ils craignaient tant de ne plus entendre? >> Ah! c'est que ce clocher a prêté son ombre aux jeux innocents » de leur enfance; c'est que cette cloche les a appelés aux leçons » du bon pasteur, les a conviés au banquet divin; c'est qu'avec » celui-ci elle a pleuré les funérailles d'un père; c'est qu'avec » celui-là elle a frémi de joie sur le berceau d'un nouveau-né.

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Nous parlons surtout ici du village, parce que c'est au village » que ces impressions sont le mieux senties, et malheur à lui si jamais il les laissait s'affaiblir et s'effacer! Il perdrait, avec ses mœurs simples et sa foi naïve, les seules jouissances véritables qu'il lui soit donné de goûter et qui peuvent adoucir la rigueur de ses privations. Car la Cloche est tout pour l'habitant des campagnes elle est sa règle, son moniteur et son guide. C'est elle qui marque la division du temps, qui indique les heures de la › réfection et du sommeil, du travail et du repos. »

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Enfin comme source de progrès dans l'architecture chrétienne, comme inspiratrice de tant de conceptions hardies qui ont élevé si haut les règles de l'art, la Cloche revendique encore à bon droit, sous ce rapport, une abondante part de gloire. « Sans la cloche, » effet, qui doit les dominer pour parler de plus haut et de plus > loin aux peuples émus, nos temples auraient-ils pris vers le ciel un essor si élevé ? Les verrions-nous porter jusqu'aux nues ces voûtes hardies, suspendues dans les airs plus que soutenues sur » ces colonnes fuyantes qui semblent moins, par leur admirable lé» gèreté, les lier à la terre que les lancer dans l'espace? Non, ils auraient gardé les proportions lourdes et ramassées des basiliques primordiales, avec leurs cintres abaissés, leurs enceintes écra» séès, où la vie est étouffée faute d'air et de lumière. L'histoire » est là pour nous montrer l'élévation successive de nos portiques » se développant selon les progrès de l'art nouveau qui venait les › animer et les embellir. Sans la cloche, aurions-nous ces gra» cieuses campanilles, ces flèches aériennes, ces tours majestueuses, > imposantes par leur masse gigantesque ou étincelantes de mille jours et découpées en élégantes dentelures, où le ciseau de l'ar» tiste s'est joué avec les prodiges, et qui font le plus bel ornement » du village comme la gloire et l'orgueil des métropoles. Otez-leur » ces monuments, que restera-t-il? Une morne uniformité d'édi»fices rangés sous un niveau monotone. Aussi, rien n'est triste » comme l'aspect de ces villes, reines sans diadême, assises dans

1 Mandement de Mgr GIRAUD sur les Cloches.

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» l'humiliation, dont aucun emblème divin ne surmonte les toits » découronnés, soit que la main du temps ou celle des hommes les » ait dépouillées de leur splendeur antique, soit que la nouveauté » de leur existence ne leur ait point permis de recueillir cette riche >> succession d'un autre âge. Là, point de ces dômes solennels >> dont le langage muet, mais éloquent, se fait entendre aux yeux. » Là, point de sons qui frappent l'oreille que le cri de la scie et le >> bruit de l'enclume. Là, surtout, point de voix mystérieuse qui » parle à l'âme. On sent le vide dans ces cités pleines de peuples c'est comme une froide impression de Dieu absent qu'on »> ne voit point régner par sa grandeur au-dessus des habitations de l'homme, et veiller par sa bonté aux besoins de ses enfants'. » Ce sont là, comme on voit, tout autant de points de vue, sans parler de beaucoup d'autres, qui pourraient servir de matière à de nombreuses considérations sur la Cloche. Mais nous nous hâtons d'avertir, dès le début, que ces divers aspects, sous lesquels il serait loisible de l'étudier, n'entrent point dans le cadre d'idées que nous nous proposons de développer ici. Notre intention, ainsi que l'exprime assez clairement le titre qui se trouve en tête de cet écrit, est de la considérer uniquement dans ses rapports avec la religion et dans les riches harmonies qu'elle a avec le culte catholique.

D'ailleurs comment ne pas voir que la Cloche emprunte à la pensée religieuse ce caractère de grandeur qui l'élève si fort au-dessus des plus belles créations de l'art; et que ce n'est qu'à raison des mystérieux rapports qu'elle a avec le culte catholique que s'attachent si instinctivement à son métal les innombrables sympathies dont les chrétiens l'environnent?

Ainsi que la croix, la Cloche de nos églises a le glorieux privilége de personnifier la religion catholique et ne serait-ce pas pour un tel motif que les ennemis de l'Eglise, impuissants à la détruire ellemême, ont toujours fait tomber sur ses plus chers emblèmes les coups qui ne pouvaient l'atteindre?

Que dire de la haine et de la fureur avec lesquelles les Turcs

• Ibid.

d'Europe et d'Asie entreprirent autrefois la destruction de toutes les cloches dont les empereurs chrétiens avaient enrichi les églises d'Orient? Au rapport de Jérôme Magius, auteur d'un traité sur les Cloches qu'il a composé durant sa captivité chez les Turcs, bien qu'il fût démontré aux infidèles qu'ils pourraient au besoin retirer d'immenses avantages de tels instruments de publicité qu'ils trouvaient en si grand nombre dans les églises chrétiennes des pays conquis, ils aimèrent mieux convertir leur métal en instruments de guerre et les renvoyer, par dérision autant que par haine, à leurs anciens maîtres, sous la forme de projectiles homicides.

A l'exemple des musulmans, les hérétiques des derniers siècles se montrérent à leur tour si ardents et si acharnés contre nos saintes Cloches, qu'il sembla, selon l'expression d'un auteur du temps, que dans leur délire impie ils eussent voulu sérieusement leur déclarer la guerre. Car ils ne se contentèrent point de les abattre, de les arracher des lieux où elles servaient depuis des siècles aux diverses nécessités de l'Eglise; leur fureur se porta à cette extrémité qu'ils les mirent en pièces pour le seul plaisir de les insulter et de les fouler aux pieds, espérant par là les confondre en quelque sorte avec la plus vile poussière, et faire disparaître à jamais de la vue des hommes cet indigne objet de la superstition et de l'ignorance 1.

Nous ne parlerons pas d'un troisième ennemi de l'Eglise qui a également trouvé, il y a moins d'un siècle, et dans notre propre patrie, une sorte de volupté toute féroce à détruire les Cloches qui avaient échappé à la fureur des hérétiques ou qui avaient été réta– blies dans des temps moins mauvais par la piété des fidèles. Le même sentiment d'hostilité contre la religion produit inévitablement partout et toujours de semblables effets. Aussi, en voyant l'instinct satanique qui pousse les divers ennemis de l'Eglise à faire cesser en tous lieux les saintes sonneries de nos Cloches, nous devons comprendre qu'il y a dans ces sacrés instruments de la religion de secrètes harmonies qui retentissent comme un mystérieux écho jusqu'au fond des cœurs.

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Ce sont ces harmonies qui vont faire l'objet principal de cette étude liturgique. Mais il convient auparavant de traiter, dans un premier chapitre, quelques questions qui se rattachent à l'origine des Cloches, afin de mieux faire connaître par là ce sacré signal de la religion dont nous étudierons ensuite exclusivement le symbolisme dans les six chapitres qui suivront.

La première gloire de la Cloche se tire de l'antiquité même de son origine. C'est en sa faveur une considération qui la rend déjà souverainement recommandable, qu'elle remonte par son histoire aux âges les plus anciens de la société religieuse, et qu'elle se trouve nécessairement liée à une institution de la loi mosaïque dont Dieu lui-même a été l'auteur.

par

Sans doute, si nous considérons la Cloche au point de vue de la forme qu'elle revêt dans son moule, ou sous le rapport des sons. tout particuliers dont elle frappe l'air, son invention ne remonte pas à plus de quatorze ou quinze cents ans de date. Mais si nous venons à la considérer comme l'instrument adopté et consacré la religion pour annoncer les cérémonies du culte public, nous en trouvons la première idée et pour ainsi dire l'origine dans ces paroles de Dieu au législateur de son peuple : « Quand vous célébre>> rez les jours de fêtes, vous sonnerez de la trompette. Les prêtres >> enfants d'Aaron exécuteront eux-mêmes celte prescription de » ma loi, et la transmettront fidèlement aux héritiers de leur sa» cerdoce pour être observée dans toutes les générations à ve

» nir 1. >>

De là vient que lorsque les envoyés de la Synagogue chargés de reconnaître les temps véritables étaient descendus des montagnes d'observation d'où ils venaient d'apercevoir la nouvelle lune, et que le président de ce corps auguste s'était assuré de la certitude de leurs témoignages, les trompettes sacerdotales annonçaient à tout le peuple les sabbats et les néoménies du Seigneur; et de nombreux lévites proclamaient, au son des instruments sacrés, les saintes solennités de la loi. Dieu lui-même n'avait point jugé indigne

1 Num. X.

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