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raient-ils laisser troubler à la pensée de cette mort d'un Dieu, quand l'Eglise leur montre déjà, sur le mystérieux métal de ses Cloches, la complète victoire que cette mort va remporter d'un seul coup sur tous les ennemis de l'humanité ? Toutefois, jusqu'à ce que cette victoire sera remportée, et durant le temps où se livrera ce formidable combat, que les Cloches se taisent; car aussi bien, si elles se faisaient entendre, ne voit-on pas qu'en vertu du mystère de leur consécration, elles exprimeraient comme accompli ce qui n'est encore qu'en attente: nous voulons dire la victoire de JésusChrist sur le démon et sur la mort? Voilà pourquoi, durant ces trois derniers jours de la grande semaine des mystères, l'Eglise uniquement appliquée à adorer en silence les secrets conseils de Dieu qui a voulu que le démon, en opprimant son Fils bien-aimé, pût croire un instant avoir à jamais assuré sa redoutable puissance; l'Eglise, disons-nous, en renouvelant dans son deuil, la mémoire de tous ces mystères, ne devait point prévenir l'heure de Dieu par un signe quelconque où serait exprimée la définitive victoire de Jésus-Christ. Elle s'ensevelit donc dans sa douleur, et témoigne, par toutes les circonstances de son culte, qu'elle veut se refuser jusqu'à l'ombre même d'une consolation.

Mais après avoir ainsi pleuré, durant trois jours, la mort de son divin Epoux; voyez-la revêtir tout à coup, dans l'office du SamediSaint, des vêtements de joie et d'allégresse, et se préparer à faire entendre dans ses chants la première annonce de la Résurrection. Et c'est ici surtout qu'elle éprouve le besoin de célébrer ce triomphe désormais accompli, par le glorieux Signal qu'elle a consacré pour cet objet plus encore que pour tout autre. Que toutes les Cloches s'ébranlent donc à ce moment solennel; qu'elles disent hautement, et sur tous les accords, la victoire de Jésus-Christ sur la mort et sur l'enfer; qu'elles ne craignent plus de présenter aux démons de l'air la mystérieuse figure de leur entière défaite et de leur ruine éternelle la rédemption du monde est accomplie; le Christ est vainqueur, et la mort à jamais détruite. C'est-à-dire, en un mot, que s'il convient, à raison des mystérieuses figures de sa consécration, que la Cloche demeure silencieuse durant le temps que se livre en

core ce formidable combat entre le Fils de Dieu humilié et tous les démons de l'enfer, il n'est pas moins convenable qu'après l'heureuse issue du combat, et quand enfin la mort de Jésus-Christ est devenue victorieuse, que l'Eglise produise de nouveau son glorieux Signal qui est en quelque sorte l'étendard même de cette victoire.

Telle est, ce nous semble, la raison symbolique du silence que l'Eglise impose aux Cloches durant ces trois mémorables jours que la liturgie catholique consacre à la représentation ou, pour parler plus exactement, au renouvellement rendu en quelque sorte présent et sensible des ineffables humiliations de la Croix.

Quant à tous les autres temps de l'année, la Cloche a constamment le privilége d'annoncer et même de glorifier, au milieu des chrétiens, le grand mystère de la mort d'un Dieu, dont elle porte sur elle le merveilleux signe, et d'où elle tire, ainsi que nous l'avons vu, toute sa dignité et toute sa force. Au reste l'Eglise a voulu, ce semble, achever de déclarer un si frappant symbole et le rendre de plus en plus sensible dans tout l'ensemble de ses formes liturgiques, quand elle a établi dans beaucoup de lieux, et nommément à Rome, par un décret de Benoît XIV, du 19 décembre 1740, l'usage de sonner les Cloches tous les vendredis de l'année, à la troisième heure qui suit le milieu du jour, afin de rappeler aux fidèles, qu'en ce jour et à cette heure le dernier soupir d'un crucifié a sauvé le monde.

L'explication que nous venons de donner n'offre peut-être d'autre intérêt que celui de découler naturellement du symbolisme de la consécration de la Cloche. Aussi est-ce uniquement à ce titre que nous la présentons ici, sans prétendre infirmer par là, en aucune sorte, celles qu'en donnent généralement dans leurs écrits les liturgistes du moyen âge.

Quoi qu'il en soit, les considérations qui précèdent pourront servir à relever, dans l'esprit de quelques chrétiens la sainte dignité de nos Cloches; et c'est surtout là le but que nous nous proposons dans ce travail.

'Cette pratique avait déjà été introduite par saint Charles dans les églises de Milan.

CHAPITRE III.

EXPOSITION THÉOLOGIQUE DU PLUS MERVEILLEUX DES PRIVILÉGES DE LA CLOCHE; ET SOLIDE RÉFUTATION DE TOUTES LES DIFFICULTÉS QU'ON A OPPOSÉES DANS CES DERNIERS TEMPS POUR EN CONTESTER L'EXISTENCE.

Mais la Cloche n'est pas seulement un instrument qui mérite notre vénération par sa sainteté ; elle n'a pas de moindres droits à notre confiance par la puissante protection qu'elle nous assure. De même que l'ancien peuple de Dieu faisait dépendre le succès de ses armes de la présence de l'arche d'alliance dans le camp d'Israël, et qu'il lui semblait à bon droit que combattre autour de l'arche, c'était avoir Dieu lui-même pour chef et pour défenseur; de même croyons-nous aujourd'hui que le sacré Signal de l'Eglise nous protége avec non moins d'efficacité contre un grand nombre de fléaux dont nous menace à chaque instant la puissance essentiellement malfaisante des démons.

Qu'il puisse paraître permis à des hommes exclusivement nourris de la littérature ancienne, grecque ou romaine, et dès lors peu familiarisés avec le caractère surnaturel et divin de l'Eglise, de juger qu'il n'y a pas la moindre apparence que le métal de la Cloche possède une vertu quelconque, en dehors de ses propriétés naturelles ; et qu'en lui attribuant, dans leur opinion, un pouvoir extra-naturel, les catholiques n'ont fait qu'hériter de la croyance des païens, par rapport à la puissance merveilleuse attribuée par eux aux in

struments d'airain qui servaient dans les temples; on aura toujours lieu de s'étonner qu'il y ait des chrétiens, encore qu'ils soient séparés de l'Eglise, qui partagent sur ce point le préjugé dont nous parlons, et qui trouvent en effet aussi absurde la croyance des catholiques que vaine et grossière la superstition des païens 1.

Au reste, c'est seulement à ces derniers que nous nous adressons ici, à cause qu'admettant avec nous l'autorité de la sainte Écriture, ils sont bien obligés de reconnaître que des vérités bibliques, manifestement révélées de Dieu, ne laissent pas d'être des faits divins, pour avoir été longtemps auparavant chez les païens autant de formes mensongères d'un culte superstitieux. Ainsi, pour ne parler que d'un seul détail de ce culte ancien du polythéisme, on connaît toutes les cérémonies qui s'y accomplissaient au moyen de l'eau : toutes ces aspersions, toutes ces lotions qui revenaient sans cesse dans le cours de leurs sacrifices. En faudra-t-il conclure que l'eau ayant ainsi servi de matière à d'innombrables superstitions chez ies païens l'usage qu'on en fait dans le culte chrétien n'en saurait être plus sacré? Et faudra-t-il croire que ce qui a été une erreur dans le paganisme ne puisse devenir une vérité sous la lumière de l'Evangile? Mais alors, que deviendra la sainteté du baptême lui-même, et avec le saint baptême, toute cette mystérieuse dispensation de l'eau qui entre, comme on sait, d'une si merveilleuse manière, dans l'économie de la régénération et de la sanctification des hommes par Jésus-Christ?

C'est une chose digne de remarque, de voir le grand respect qu'inspiraient encore à Luther, après même son apostasie, les divers sacramentaux en usage dans l'Eglise de son temps, tels, dit-il, que la consécration et l'aspersion de l'eau ut sunt aquæ consecratio et aspersio: où il ne pouvait s'empêcher, ajoute-t-il, de reconnaître de véritables effets de sanctification, à cause de la parole de Dieu et de la prière dont ces éléments divinement transformés avaient reçu la vertu, par le ministère de l'Eglise : Neque enim negare pos

1 C'est le langage de Hospinien et de la plupart des écrivains protestants sur le sujet que nous traitons.

sumus, creaturam quamlibet per verbum Dei et orationem sanctificari, quod apostolus Paulus nos docet '.

Nous ne citerons point d'autre exemple; mais il suffit pour nous autoriser à écarter cette question préjudicielle, et à conclure avec Ange Rocca, que beaucoup de formes religieuses employées dans le culte des faux dieux du paganisme, et, sous ce rapport, pleines de superstitions et de mensonges, n'ont eu pour ainsi dire qu'à chapger de sanctuaire et de temple, pour revêtir, sous l'action surnaturelle d'une religion sainte et divine, le caractère sacré de la vérité Multa ab ethnicis, falsa religione ac superstitione deceptis fieri solebant, quæ deinde a christianis et ecclesiasticis præsertim viris, falsa religione ac superstitione omnino ablata, in usum pium ac sanctum translata fuerunt 2.

En un mot, nous convenons volontiers, puisque la chose est d'ailleurs certaine, que les païens attribuaient à leurs instruments d'airain, et à ceux surtout qui se trouvaient placés dans les sanctuaires des dieux, une merveilleuse puissance. Mais que ce fût chez eux une vaine persuasion habilement entretenue par la fraude des prêtres du polythéisme; ou que les démons eux-mêmes, dans le but de retenir de plus en plus les peuples dans les superstitions impies où ils les avaient plongés, suspendissent, par un satanique dessein, les cruels effets de leurs malices habituelles, autant de temps que résonnait en effet l'airain de leurs temples, à cause que les hommes, qui leur étaient d'ailleurs entièrement vendus, avaient mis, par une superstition nouvelle, une sorte de religieuse confiance dans le son de tels instruments; sera-ce un motif suffisant, ou seulement raisonnable, pour jeter d'avance une sorte de discrédit sur une croyance analogue qu'on viendra à découvrir dans le christianisme; ou ne suffira-t-il pas au contraire, du moins pour des chrétiens, de considérer qu'une telle croyance est conforme à l'enseignement de l'Eglise la plus répandue, la plus nombreuse et la plus fortement constituée parmi les églises chrétiennes, pour

De captiv. Bab., cap. de extrem, unct.

2 Var. lect., cap. 4

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