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si elle leur est nécessaire pour justifier la mission et la succession de leurs pasteurs, pourquoi la regarder comme une tache? « Si leur vocation, comme dit » du Moulin, ne peut être contestée, puisqu'ils » étoient pasteurs des anciennes églises, » pourquoi supposer qu'elle est nulle, en réordonnant tous ceux qui l'ont reçue, comme on ordonne les nouveaux introduits en l'Eglise, et les inconnus? Je sais bien que Calvin dit, parlant de cette ordination (1): « Que reste-t-il, sinon que leur prêtrise soit » un sacrilège damnable? Certes c'est une trop grande imprudence à eux de l'orner du titre de sa» crement. » Il parle ainsi à cause que notre ordination donne aux prêtres la puissance de sacrifier Christ. Et c'est au même sens que du Moulin la rejette. Mais nous n'avons qu'à mettre à part pour un moment ce que nous appelons prêtrise. Il auroit fallu, selon les principes de du Moulin, renoncer à cette puissance de sacrifier Christ, et à toutes les autres que les Protestans nous accusent de donner mal-à-propos dans nos ordinations. Mais enfin il ne falloit ni mépriser, ni réitérer comme nulle, notre imposition des mains, puisqu'elle est le titre des Protestans mêmes pour justifier leur vocation ordinaire et leur succession. Qui ne voit que du Moulin n'a songé, comme nous l'avons dit, qu'à éluder la difficulté par ce fantôme de succession? Pour M. Jurieu, il décide nettement avec M. Claude, par un principe aussi éloigné de celui de du Moulin, que l'orient l'est de l'occident. Ils abandonnent de bonne foi la succession, et ils se retranchent à soutenir que (1) Instit. liv. iv, ch. xix.

le ministère appartient au peuple fidèle. Chaque société, disent-ils, a naturellement le droit de pourvoir à ses besoins, et de choisir elle-même ses conducteurs. L'Eglise est dans ce droit naturel; JésusChrist ne l'en a dépouillée par aucune loi. Ainsi les peuples, étant mal conduits par des pasteurs qui enseignoient l'idolâtrie, ont eu droit de faire d'autres pasteurs qui leur prêchassent la pureté de l'Evangile.

Il est donc manifeste, de leur aveu, que c'est ici comme le centre et le nœud de toutes les controverses. Voici un point qui suffit pour décider sur les deux églises. Si le ministère appartient au peuple fidèle, en sorte qu'il ait un plein droit de dégrader les anciens pasteurs et d'en mettre d'autres en leur place, les Protestans pourront dire que les auteurs de leur réforme n'ont fait qu'user de leur droit : mais si le ministère est successif, selon l'institution de Jésus-Christ, en sorte que le corps des pasteurs ait à jamais, par cette institution, une puissance sur le peuple indépendante du peuple même; s'il est vrai que nul ne puisse jamais être pasteur sans avoir été ordonné par ceux qui ont l'ordination succesşive, en remontant jusqu'aux apôtres ; il faudra avouer qu'indépendamment du détail de la doctrine, la Réforme n'est toute entière elle-même qu'une usurpation du ministère, et une révolte des peuples contre leurs pasteurs.

Pourquoi donc affecter de mépriser cette question fondamentale? pourquoi répondre par un air dédaigneux à des raisons précises? On ne cache jamais bien sa foiblesse par la hauteur. Est-ce donc

une question indifférente, et indigne des docteurs protestans, que de savoir la forme que Jésus-Christ a donnée à son Eglise? S'il a donné la disposition du ministère au peuple, il n'en faut pas davantage à la prétendue Réforme; elle est victorieuse pour la principale question, et l'Eglise catholique ne doit plus alléguer son autorité. Mais si au contraire Jésus-Christ a rendu le ministère essentiellement successif, et indépendant du peuple, c'en est fait de cette Réforme; l'édifice est en ruine de toutes parts. Vous voulez toujours, me répondra quelque Protestant, nous attirer dans cette question, pour éluder l'examen de la doctrine que nous faisons par l'Ecriture. Hé! ne savent-ils pas en leur conscience que chaque jour nous allons au-devant d'eux pour examiner, l'Ecriture en main, tout le détail des controverses? C'est nous qui les cherchons. Ils refusent de nous écouter. Diront-ils encore que nous craignons l'éclaircissement? Mais au moins mettons cet article du ministère avec les autres : il n'est pas moins important. Qui est-ce qui fuit le jugement de l'Ecriture, ou ceux qui n'ont pour eux qu'un raisonnement de philosophie sur une prétention de droit naturel pour toute société humaine, ou ceux qui offrent de montrer par l'Ecriture l'institution formelle de Jésus-Christ? On nous accuse d'aimer mieux traiter cette question que les autres. Mais outre qu'on a encore plus écrit parmi nous sur les autres que sur celle-là, d'où vient que les Protestans se sentent si fatigués de cette question? Nous invitons avec empressement nos frères à examiner une question qui suffit seule pour décider sur les

deux églises, et qui par conséquent abrège des discussions infinies pour ceux qui ne peuvent passer leur vie dans l'étude. Cette méthode est naturelle. Voilà l'effet d'une sincère charité. Bien loin de fuir, c'est aller au but par le chemin le plus court et le plus praticable. C'est ainsi qu'il faut soulager les esprits, et chercher des moyens, pour éclaircir la vérité, qui soient proportionnés à tous les simples. Mais nos frères eux-mêmes, d'où vient qu'ils craignent et supportent impatiemment cette question si courte et si décisive? Appréhendent-ils de trouver que Dieu, par une seule question claire et sensible, répande sur toutes les autres une lumière qui ouvre trop tôt leurs yeux? appréhendent-ils de voir si clair dans cette question, qu'il sera nécessaire de croire sans voir, et de se soumettre humblement sur toutes les autres? Qu'ils sachent que la crainte de reconnoître qu'on s'est trompé, est la plus incurable et la plus funeste de toutes les erreurs.

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CHAPITRE II.

Le ministère des pasteurs n'est en rien dépendant du droit naturel des peuples.

Il faut faire justice aux auteurs Protestans. Quoiqu'ils prétendent que le ministère soit à la disposition du peuple fidèle, ils ne veulent pourtant pas qu'il soit une simple commission humaine, que le peuple donne. Ils conviennent que le ministère est divin, et que c'est la volonté de Dieu qui le communique.

Ainsi, au lieu que nous soutenons que la mission divine est attachée à l'imposition des mains deș pasteurs, ils prétendent qu'elle est attachée à l'élection populaire. C'est ce que M. Claude a développé nettement en répondant aux Préjugés. « Dieu a mis sa » volonté, dit-il sur ce sujet, en dépôt entre les » mains des hommes ; et cela même qu'il a institué » le ministère ordinaire dans l'Eglise, contient une >> promesse d'autoriser les vocations légitimes qu'on » feroit des personnes à cette charge. Nous sommes » d'accord sur ce point. Il ne s'agit que de savoir qui » est le dépositaire de cette volonté, ou les seuls » pasteurs, ou tout le corps de l'Eglise. Ceux de la » communion Romaine prétendent le premier, et » nous prétendons le second (1). »

Il est certain qu'on ne peut bien proposer l'état de la question qu'en l'expliquant ainsi. Mais cette explication suffit pour renverser tout ce que ce ministre a dit sur le droit naturel des peuples. Le ministère est une commission divine; les ministres de Jésus-Christ sont ses envoyés. Il faut que chacun d'eux puisse dire personnellement: C'est Jésus-Christ qui m'envoie ; c'est Jésus-Christ qui me fait parler. Si les Protestans soutiennent que Jésus-Christ confie son ministère à ceux que le peuple choisit, c'est à eux à montrer qu'il l'a voulu et qu'il l'a promis. Où est donc cette promesse, dont parle M. Claude, pour les pasteurs qui n'ont jamais eu l'imposition des mains? Il n'est plus question d'un droit naturel pour lequel le peuple n'ait pas besoin d'un titre formel et positif; il est question d'une promesse du Sauveur. (1) Réponse aux Préjugés, pag. 437.

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